Monthly Archives: April 2020
Urgent/Arrestation de l’auteur présumé du kidnapping et du viol de 3 filles à Tevragh-Zeina
Tawary – L’on apprend d’une source sécuritaire que les services de la police nationale ont réussi aujourd’hui, vendredi 24 avril, à mettre la main sur l’auteur présumé du kidnapping et du viol de trois mineures commis dans les semaines passées dans le quartier chic de Tevragh-Zeina.
Le suspect a reconnu aux enquêteurs les faits qui lui sont reprochés, selon la source précitée. Selon les informations qui nous sont parvenues, il s’agit d’un homme de nationalité française âgé de 38 ans et natif de Nice. Il opérait à bord d’un véhicule tout terrain.
L’enquête a été confiée à une équipe composée des éléments des brigades des mineures de Nouakchott-Ouest supervisée par une officière. L’arrestation de cet homme est le fruit d’un travail minutieusement préparé, a-t-on remarqué.
Et des sources d’ong des droits humains, ce quartier comme d’autres zones dans des villes de la capitale a enregistré au courant des derniers semaines plusieurs cas de viols et d’agressions sexuelles sur des enfants et des jeunes filles.
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L’adresse à la Nation du Président de la République à l’occasion du mois béni de Ramadan
A l’occasion du mois béni, le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani, a fait une adresse à la Nation dans laquelle il a souligné que le Ramadan intervient cette année à un moment où, à l’instar des autres pays du monde, notre pays fait face à la pandémie du coronavirus.
Il s’est félicité des efforts engagés dans la lutte contre ce fléau ; efforts couronnés, jusqu’ici, de succès, grâce, tout d’abord, à la mansuétude et l’aide d’Allah et, ensuite, à la prise de conscience, au sens de responsabilité et à la preste réactivité des citoyens aux dispositions préventives ainsi qu’à la solidarité, à l’entraide et à l’esprit de sacrifice du corps médical et des forces armées et de sécurité dont l’action a été une parfaite illustration de l’élan d’engagement national.
Le Président de la République a convié les Ulémas, les médecins et les hommes de culture qui animent ce mois par la diffusion des enseignements de notre religion islamique et de ses valeurs de tolérance, à mettre l’accent sur les dangers du covid-19 et sur la nécessité d’observer constamment les règles de précaution et les mesures de prévention, dans le respect scrupuleux des consignes et des recommandations des experts de santé.
Voici le texte intégral du discours :
« Au Nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux Prière sur Son Honorable Prophète Citoyens, Citoyennes,
Nous accueillons, demain, mes chers citoyens, le premier jour du mois de Ramadan, mois béni au cours duquel le Coran a été révélé pour guider les gens sur le droit chemin, mois aussi de bonté, de bénédiction, de miséricorde et du pardon.
En cette heureuse occasion, je vous adresse mes chaleureuses félicitations, implorant Allah le Tout Puissant de nous aidé à observer son jeûne, d’exaucer nos prières nocturnes subrogatoires et d’accepter nos bonnes actions.
Citoyennes, Citoyens.
Le Ramadan de cette année intervient à un moment où, à l’instar des autres pays du monde, nous faisons face à la pandémie du coronavirus. Cependant, Allah en soit loué, nous faisons partie, jusqu’ici, des pays les moins affectés par ce fléau grâce, tout d’abord, à la mansuétude et l’aide d’Allah, et grâce, ensuite, mes chers concitoyens, à votre prise de conscience, à votre sens de responsabilité et à votre preste réactivité aux dispositions préventives ainsi qu’à la solidarité, à l’entraide et à l’esprit de sacrifice de notre corps médical et de nos forces armées et de sécurité dont l’action a été une parfaite illustration de cet élan d’engagement.
Je remercie Allah pour le rétablissement de la dernière personne infectée par le coronavirus dans notre pays, tout en réaffirmant que le danger persiste encore en raison de l’intensification et de la propagation de ce fléau, même si cela est à des degrés différents, dans de nombreuses régions du monde. Je tiens à affirmer que le risque pandémique existe toujours, en raison de la croissance et de la propagation de cette maladie, bien qu’à différents niveaux, dans de nombreuses régions du monde, y compris la nôtre. Par conséquent, cette situation implique, de notre part, davantage de vigilance et de précaution.
A cet effet, je convie nos Ulémas, nos médecins et nos hommes de culture qui nous ont habitués à animer ce mois par la diffusion des enseignements de notre religion islamique et de ses valeurs de tolérance, ainsi que par la sensibilisation et l’éducation à la santé, à élargir leurs actions, cette année, en mettant l’accent sur les dangers de ce fléau et sur la nécessité d’observer constamment les règles de précaution et les mesures de prévention, et de respecter scrupuleusement les consignes et recommandations sanitaires et toutes autres dispositions prises dans ce sens.
Citoyennes, Citoyens
La consolidation de notre unité nationale et le renforcement de notre solidarité sur la base des insignes valeurs et enseignements que véhicule le Ramadan, ne sont pas seulement un moyen efficace pour faire face aux dangers de la présente pandémie, mais également un préalable indispensable à la réalisation de notre aspiration à la justice sociale et au développement économique durable.
C’est pourquoi, en ce mois béni, je vous invite à promouvoir les valeurs de tolérance, de fraternité et de solidarité, implorant Allah le Tout Puissant d’épargner à notre pays et à l’ensemble du monde cette pandémie, et de nous faire revivre encore le mois béni, et à toute la Oumma islamique, dans la paix, la bénédiction et la félicité.
Je vous remercie.
Que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur vous»
AMI
Souleymane Bachir Diagne, Philosophe : « L’humain vaincra par sa science et sa raison le Covid-19»
Kassataya-Auteur de nombreux travaux d’épistémologie critique sur la pensée et la logique inhérente aux mathématiques, en particulier l’algèbre (« Boole, l’oiseau de nuit en plein jour », 1998) et aux pratiques philosophiques dans le monde musulman (« Comment philosopher en Islam ? », 2008), Souleymane Bachir Diagne présente le profil idéal pour, si besoin en est, « réconcilier » science et foi dans l’analyse de la pandémie de coronavirus. Depuis New York où il est en confinement, le philosophe sénégalais nous livre sa lecture de la crise.
Tout d’abord, vous êtes actuellement à New York devenue l’épicentre de la pandémie à coronavirus. Comment vivez-vous cette situation ?
Les huit millions et demi de New-yorkais que nous sommes nous trouvons tous soumis au même régime et aux mêmes directives du Gouverneur de notre État : rester chez soi, ne sortir que quand cela est absolument nécessaire et, dans ce cas, en respectant les mesures barrières de distanciation sociale et en portant un masque.
C’est évidemment extrêmement contraignant et anxiogène, mais tout le monde comprend qu’il faut ce qu’il faut et que devant ce fléau, il est crucial d’être et de rester responsable et discipliné : pour soi et pour les autres.
Depuis quelques jours, il semble que les choses aillent mieux et que l’extraordinaire discipline manifestée par les New-Yorkais, contre toute attente pour qui connaît l’esprit de cette ville globale, soit en train de payer.
Cela est dû aussi beaucoup à la qualité du leadership du Gouverneur de l’État, Andrew Cuomo, et du Maire de la ville, Bill de Blasio. Ils donnent quotidiennement la bonne information, disent les choses telles qu’elles sont, basent leurs décisions sur les faits, sur la science et les meilleures estimations possibles, en en appelant à l’esprit de responsabilité des citoyens.
Pour ce qui me concerne personnellement, et je vous remercie de votre question, je m’adapte à cette situation du mieux possible. Je vis avec ma femme et notre fille dans des conditions qui rendent le confinement chez nous supportable.
En ce sens, nous avons de la chance et nous en rendons grâce à Dieu. Comme je rends grâce à Dieu pour la chance d’avoir un métier qui me permet de travailler chez moi via internet. Je discute en ce moment les thèses et mémoires de mes étudiants par zoom, et j’essaie de terminer les mille et un articles et autres contributions qui figurent sur mon interminable liste de choses à faire.
Et bien entendu, je suis à l’écoute de ce qui se passe chez nous, au Sénégal. En étant fier de l’esprit dans lequel notre pays fait face, de notre État, de notre classe politique, de la manière dont nos professionnels de la santé et nos excellents scientifiques de l’Institut Pasteur montent au créneau.
Si nous manifestons la discipline et l’esprit de responsabilité que la situation exige, nous ferons mentir les Cassandre qui nous prédisent le pire. Dieu fasse que ce soit le cas !
Face à ce genre d’épidémie (comme la peste), nos ancêtres étaient très fatalistes, s’en remettant généralement au Ciel. Aujourd’hui, avec le coronavirus, l’humanité fait plus confiance au discours scientifique qui pourtant a, pour le moment, échoué à trouver un remède à la maladie. Comment expliquez-vous cette situation ?
La victoire sur le coronavirus sera remportée lorsque l’humanité disposera d’un médicament dont il sera empiriquement établi qu’il est efficace et surtout d’un vaccin qui protègera tout le monde. Et ce sont des hommes et femmes de science que nous attendons l’un et l’autre.
Il est heureux que la foi en la science et en la raison s’affirme ainsi en ces temps où l’obscurantisme prospère. Chez les fanatiques de tous bords bien sûr, mais aussi, par exemple, chez ceux qui considèrent que le discours des scientifiques sur le changement climatique n’est que cela justement : un discours comme un autre que valent d’autres opinions.
Il est également heureux que les hommes et femmes de science travaillent à vaincre la pandémie dans une collaboration internationale qui dit la grandeur de l’humain. On peut faire le constat que cette collaboration est réelle et que, même s’ils n’ont pas disparu, les égoïsmes de laboratoires concurrents, de nations en compétition s’effacent devant l’urgence et devant le sens qui aujourd’hui habite toute l’humanité de son unité et de sa fragilité. C’est une affaire de temps mais l’humain vaincra par sa science et sa raison. Insha’Allah !
Comment « réconcilier » foi et science dans l’analyse de la situation actuelle ?
D’abord en prenant conscience qu’il n’est pas besoin de les réconcilier car elles ne sont pas en contradiction. Prenons cette parole coranique : « Ô compagnie de djinns et d’humains, si vous pouvez sortir du domaine des cieux et de la terre, alors faites-le.
Mais vous ne le pourrez qu’en vertu d’un pouvoir » (55 :32). Un des commentaires proposés de ce verset, et c’est un commentaire auquel je souscris pour ma part, consiste à dire qu’il indique aux humains que les limites à leur curiosité scientifique et à leur inventivité technique sont des limites de fait et non des limitations d’interdiction.
Si vous pouvez, allez-y, est-il ainsi dit. Poursuivez le savoir, arrachez-vous au monde fini pour embrasser de votre science l’univers infini ; mais en même temps que vous découvrirez ainsi les choses au dehors, prêtez attention à l’intérieur de vous à la source même de votre pouvoir de connaître. Pour le croyant, le désir de science n’est pas autre que sa foi.
Parlons maintenant plus précisément et plus concrètement de cette question en rapport à notre situation et à la crise que nous vivons. Prenons le hadith qui est sans doute aujourd’hui le plus cité dans les sociétés musulmanes, la parole du Prophète (psl) qui dit que si l’épidémie (la peste, dans le cas d’espèce) se déclare dans une contrée, il ne faut pas s’y rendre, mais que si l’on s’y trouve déjà, il ne faut pas en sortir.
Que nous dit ce hadith ? D’abord que la religion est bon sens, raison et science puisque c’est ce qui s’exprime dans ce propos prophétique. Le meilleur épidémiologiste ne dit pas autre chose.
Pour ce qui est du monde musulman, quelle comparaison faites-vous avec l’épidémie de peste du temps du Calife Omar, notamment sur la question du destin et de la fatalité ?
Justement l’une des versions de la tradition prophétique concernant la peste explique qu’elle a été rappelée au temps du Calife Omar. L’histoire, que je résume rapidement, dit qu’Omar qui devait se rendre dans une ville de Syrie, a interrompu son expédition car la peste y sévissait.
L’expédition était suffisamment importante pour que certains des compagnons aient cru devoir l’encourager à poursuivre en lui disant : « Commandeur des croyants, essaies-tu d’échapper au décret de Dieu ? » Ce qu’ils entendaient par cette question, c’était qu’un report de l’expédition marquerait un manque de foi et une remise en question de la prédestination.
C’est à ce moment-là qu’un compagnon est arrivé et a rappelé cette parole prophétique qui mettait fin au dilemme. Omar a alors reconnu que la vérité s’était ainsi manifestée, qui devait être une leçon pour les musulmans de son temps et des temps à venir dont le nôtre.
Quelle est cette leçon qu’enseignent ainsi le Prophète (Psl) et le Calife Omar, qui est sans doute en Islam la figure accomplie du rationalisme de cette religion ? D’abord, on l’a dit, que forcer les choses en faisant valoir que l’on a foi dans le décret divin n’est pas ici cette remise confiante de soi à Dieu qui est le tawakkul : c’est simplement faire fi de cette vérité primordiale que la religion ne parle pas contre le bon sens.
Ensuite que la remise confiante de soi à Dieu bien comprise n’est pas le fatalisme. Il est demandé aux musulmans de dire « si Dieu le veut » dès qu’ils conjuguent leur action au futur. Ce n’est absolument pas une manifestation de ce qu’en philosophie on appelle « l’argument paresseux » et que Cicéron résume ainsi : que tu t’adresses au médecin ou non, l’issue est de toute façon déjà déterminée.
Dire « si Dieu le veut » n’est pas annuler l’effort de l’humain, c’est l’affirmer au contraire et l’exalter en déclarant que sa source est précisément ce « pouvoir » dont parle le verset déjà cité.
Seuls les hommes et femmes d’action, ceux et celles engagés dans la tâche de protéger la vie et de transformer le monde pour plus de justice, comprennent pleinement la signification de « si Dieu le veut » car ils comprennent que la foi en Dieu se traduit aussi en confiance en soi et en sa puissance d’agir.
Êtes-vous d’accord avec ceux qui disent que cette pandémie est d’abord une crise écologique ?
Si nous pensons à un équilibre global de la vie sur notre planète terre qu’il est urgent pour notre humaine condition en général d’établir ou de ré-établir, on peut en effet voir dans les différentes perturbations que nous connaissons et dans cette pandémie du Covid-19 autant de manifestations de la grande crise écologique à laquelle l’humanité fait face aujourd’hui.
Mais cela dit, il faut s’assurer que l’on identifie et nomme de manière précise l’ennemi qu’il s’agit de vaincre, la « bête » comme nous l’appelons à New York : c’est un virus, notre crise est donc sanitaire et doit être traitée comme telle. Il est important de faire cette précision contre les discours irrationnels, infondés et conspirationnistes qui circulent et qui disent par exemple que la cause de cette crise, c’est la rupture qu’introduit la technologie du 5G.
On a assisté, durant cette crise, à des scènes assez surréalistes (des médecins cubains et chinois qui volent au secours de l’Italie « abandonnée » par ses partenaires européens ; l’Amérique qui surenchérit pour racheter des masques chinois destinés à la France, Moscou qui envoie de l’aide médicale à ces mêmes États-Unis…). Quelle lecture faites-vous de ces événements ?
Nous voyons là le meilleur et le pire de la mondialisation. Le pire parce que quelqu’un contracte une maladie nouvelle à l’autre bout de la terre et quelques semaines plus tard l’ensemble de l’humanité se trouve menacée par un fléau.
Le meilleur parce que l’on découvre, comme le montrent les exemples que vous considérez, le sens de la solidarité humaine. Mon « prochain » n’est pas forcément mon « proche », celui qui me ressemble, mais celui que je considérais comme l’autre, l’étranger, le migrant. Le Royaume-Uni et tant d’autres pays européens découvrent à l’occasion de cette crise que leur corps médical est divers et qu’y sont représentés nombre de ceux que l’on dit « issus de l’immigration ».
Ce même Royaume-Uni, pour mettre au point un test, collabore avec notre Institut Pasteur dirigé par l’admirable Professeur Amadou Alpha Sall. Un exemple qui nous montre que dans la collaboration mondiale, l’Afrique n’apporte pas ses populations à tester, mais son intelligence et l’inébranlable force de vivre qui anime ses cultures.
Cette pandémie marque-t-elle l’échec des populismes ?
Cette pandémie, malheureusement, peut aussi renforcer le réflexe du « chacun pour soi » dont se nourrissent les populismes nationalistes. On le voit ici ou là. Mais elle devrait montrer la nécessité d’une véritable coordination et gouvernance mondiales.
Certains populismes accusent aujourd’hui l’Organisation mondiale de la santé d’avoir tardé à sonner l’alerte, et d’autres insuffisances, essentiellement pour se dédouaner de leurs propres erreurs.
Peut-être bien que tout n’a pas fonctionné comme il fallait et quand la crise sera passée ! Il faudra sans doute procéder aux réajustements qu’imposeront les leçons qui seront tirées de cette terrible crise. Mais ce qui est certain, c’est que le monde, contre les populismes et autres égoïsmes, a besoin de plus d’Organisation mondiale de la santé et plus de multilatéralisme et non moins.
Comment voyez-vous les chamboulements géopolitique et politiques que certains annoncent après cette pandémie ?
Prenons d’abord toute la mesure de ce qui nous arrive. Il est encore difficile de croire qu’en l’espace de juste quelques semaines, nous sommes passés du monde que nous connaissions et où les amis se donnent l’accolade à cet univers cauchemardesque où le mieux à faire les uns pour les autres est de nous écarter les uns des autres ! L’humain est un animal social or nous voilà obligés de vivre, pendant Dieu seul sait combien de temps, dans un monde inhumain.
C’est un basculement sans précédent que nous vivons. Nous savons que nous en sortirons. Mais nous pressentons aussi que ce ne sera pas simplement pour revenir dans « le monde d’avant », tel que nous le connaissions. Le « monde d’après » le Covid-19 devra être différent, ne serait-ce que parce que toute crise, surtout une de l’ampleur de celle que nous vivons, comporte des leçons dont il faut savoir tenir compte.
L’économiste français Thomas Piketty a raison de dire que « les grand bouleversements politico-idéologiques ne font que commencer ».
Ce qu’ils seront, l’avenir le dira mais d’ores et déjà il faut que nous prenions conscience de ce que tous ensemble nous voulons faire de cet avenir. Permettez-moi de dire que c’est le sens de la tribune que nous sommes un certain nombre à avoir signée dans une livraison récente de Jeune Afrique.
Regardons le spectacle du grand bazar qu’a été, qu’est encore, la recherche de d’équipements sanitaires si précieux quand il s’agit de sauver des vies menacées. Nous assistons à la lutte de tous contre tous pour acheter les mêmes produits auprès des mêmes vendeurs avec comme inévitable conséquence des renchérissements insensés sur les prix des masques, des respirateurs, maintenant des tests…
Les nations les plus riches renchérissent les unes contre les autres et cela va jusqu’au point où les différents Etats qui composent les Etats-Unis sont eux-mêmes en concurrence entre eux pour acheter ces équipements, et en concurrence aussi avec l’Etat fédéral américain ! Voilà, en pleine pandémie, le visage que présente le modèle néolibéral de développement. Un tel développement n’est pas humain.
Qu’il faille donc penser un autre modèle, une alternative qui mette en avant la santé plutôt que la rentabilité, et de manière générale la question sociale et la solidarité plutôt que le profit et l’égoïsme, qui tienne compte de cette vulnérabilité qui est notre condition et de l’urgence climatique dans laquelle nous vivons, c’est la direction dans laquelle il faut engager la réflexion sur « les grands bouleversements politico-idéologiques » que cette pandémie appelle.
Source : Le Soleil (Sénégal)
Propos recueillis par Seydou KA
L’Editorial du Calame : Règlement de comptes ?
Le Calame – Comme on s’y attendait, l’ex-Président Ould Abdel Aziz ne s’est pas présenté devant la commission d’enquête parlementaire. Non pas qu’il ait fait faux bond.
Il n’était tout simplement pas à Nouakchott et il n’y avait pas urgence. L’Assemblée nationale a élargi entretemps les domaines de compétence de ladite commission à d’autres dossiers tout aussi sulfureux. On peut donc un peu plus « charger la mule ».
Surtout que tous ceux qu’elle a appelés pour témoigner (trois anciens Premiers ministres, des ministres en activité ou en rupture de ban et divers autres hauts fonctionnaires), ont reconnu qu’ils n’étaient que de simples exécutants. Que tout se décidait en « haut lieu ».
Cela ne surprend personne, tant le pouvoir était concentré entre les mains d’un seul homme. Et lorsqu’il s’agissait d’affaires juteuses, l’intérêt du clan primait sur tout le reste. Ould Abdel Aziz va donc devoir assumer. Lâché de tous côtés et voyant ses flancs se dégarnir, va-t-il attaquer ? Ou plutôt se battre sur le plan juridique ? Il aurait, dit-on, commis un avocat français pour éclairer sa lanterne.
Répondre ou non à la convocation de la commission ? Est-il toujours « protégé » par la Constitution après son départ du pouvoir ? Moins circonspects, certains « constitutionnalistes » nationaux, à qui personne n’a rien demandé, se permettent depuis quelque temps d’affirmer qu’il ne peut comparaître devant la commission parlementaire puisque protégé par la Constitution…
De quoi je me mêle ? Ou étaient-ils, ces héros, lorsque ce même Ould Abdel Aziz qu’ils défendent urbi et orbi renversa notre premier président civil démocratiquement élu ?
Ou étaient-ils quand il brada notre ressource halieutique au profit de Polyhone Dong? Quand il fit détruire les plus vieilles écoles de Nouakchott, vendit leur terrain à ses proches et s’y employa de même avec le Stade olympique et l’école de police ? Ou étaient-ils quand il imposa au peuple un référendum illégal et supprimé tout aussi illégalement le Sénat, la chambre basse que la Constitution lui interdisait de dissoudre ? Quand il liquida l’Ener, la Sonimex, l’Agence d’accès universel et mis à genoux la Snim et la Somelec ? Quand il bradé le port et l’aéroport de Nouakchott au profit de ses fils et beaux-fils ?
Ces « honorables » juristes auraient mieux fait de se faire tout petits et oublier, tout comme les fonctionnaires qui acceptèrent de se compromettre avec un prédateur. Ou, pire, de l’aider à accomplir ses forfaits. Au lieu de crier haut et fort leur désaveu, taper du poing sur la table et rendre, à temps, dignement leur tablier, ceux-ci en sont aujourd’hui réduits à se cacher derrière l’argument de n’avoir fait qu’exécuter des ordres.
Ils n’en sortiront pas grandis et la dimension plurielle, partageable, de la responsabilité non plus. Un président des États-Unis, Harry S. Truman, eut, en son temps, la lucidité d’introduire dans le jargon politique la maxime « The Buck stops here», autrement dit, la responsabilité s’arrête ici, c’est à dire à son niveau. Président et chef de l’État, OuldAdel Aziz était de fait et en dernier ressort, le seul responsable de tout ce qui se faisait dans son administration. Il l’assumait. Il doit l’assumer à l’heure des comptes. Ceux-ci n’en seront pas pour autant réglés.
Ahmed Ould Cheikh
Le général Mohamed Ould Abdel Aziz: Incontrôlable ou incompris? (1ère partie)
Ely Ould Krombelé – Avant-propos
Cette adresse n’est pas une tribune encore moins un réquisitoire destinés à accabler un homme qui a déjà un genou à terre. Car depuis sa malheureuse et inopportune conférence de presse à son domicile nouakchottois, il semble que le nom de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz soit désormais associé à un climat soupçonneux et pourquoi pas manichéen du genre pour ou contre lui.
D’ailleurs un parent pour qui j’ai beaucoup d’estime, une fois mis au courant du projet du présent article, m’a dit “attention, sois prudent». Et il a raison. Je ne rentrerais pas dans ce jeu subtil, pour la simple raison que ceux qui vouent Aziz aujourd’hui aux gémonies, l’avaient hélas un moment comparé aux trois parques romaines, «maîtresses de la destinée humaine».
Le comble est que pour ces esprits étroits en panne d’inspiration, à la procédure inquisitoire, il n’est point facile de parler d’Ould Abdel Aziz sans une «insinuation latente” à l’égard du président actuel, Mohamed Ould Cheikh Ghazwani.
Eh bien, on peut parler d’Ould Abdel Aziz en bien ou en mal sans pour autant “épingler” Mohamed Ould Ghazwani, un président élu dont le souci est désormais le bien-être de sa population plutôt que d’inciter à tirer sur les corbillards…..
Alors que ces indigents de la pensée inique soient rassurés par le simple fait que je ne jouerais pas au carriérisme avantageux du célèbre griot maure Sedoum Ould Ndjartou qui suscitait une rivalité épique, mieux une émulation lucrative entre les guerriers Idowich du Tagant et les Oulad Mbarek ou leurs cousins les Oulad Nacer de l’Est-Mauritanien.
Là, dans le cas ponctuel de Mohamed Ould Abdel Aziz, il s’agit d’un ancien président de la République qui a raté “un virage” au crépuscule de sa vie politique, au moment même où tous s’attendaient à une sage décision de sa part. Triste sort pour notre “Wangrin” national, tout en admettant que l’erreur est humaine. Qui ne s’est pas trompé un jour dans sa vie, au moins une seule fois ?
Histoire injuste
C’est parce que tout homme est soumis à la sévérité du jugement de l’Histoire, qu’en toute chose, il faut considérer la fin. Quoique que vous fassiez, et selon que vous soyez «puissant ou misérable», l’Histoire ne retiendra de vous, le plus souvent que votre dernier soupir, votre dernier geste, votre dernier acte surtout quand celui-ci ou celui-là se prête à la condamnation de la doxa.
L’Histoire, encore elle, «cette vieille sorcière», dont on risque tous de rencontrer un jour le rôle funeste n’est heureusement pas une science exacte. Récit des événements du passé, elle s’érige d’abord en discipline subjective et somme toute “amorale».
Comme l’inconscient freudien qui prétend “nous gouverner et nous accusant de malades qui s’ignorent, elle refuse les auspices protecteurs, l’indulgence manifeste pour ne faire ressortir chez l’homme que le côté décadent, fallacieux, post-traumatique, un magma de représentations refoulées incompatibles alors d’avec les valeurs morales” que la société a érigées depuis des siècles en normes dogmatiques.
Au fait que retient-on de Napoléon Bonaparte? Non pas Austerlitz, ni même Aboukir, mais le plus souvent sa captivité sur l’île de Sainte-Hélène (où il finira ses jours), pour les uns, le rétablissement de l’esclavage aux Antilles pour d’autres; du géorgien Joseph dit Staline? Acteur incontournable du second conflit mondial, homme d’Etat avisé, que le goulag de Sibérie? Chez nous en Mauritanie, que vous inspire alors le grand bâtisseur et émir du Trarza Hédi Ben Ahmed Ben Demane ? Rien que….
Tertelasse.?!!! L’Histoire serait-elle tant injuste, aussi ingrate pour ne retenir chez les hommes (qui la font) que leur sombre destin, à savoir la faiblesse coupable d’un moment ou quelque erreur sur “l’échiquier», même après avoir surfé sur des lauriers?
Le “naufrage’’ récent de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a raté sa sortie de la scène politique et sociale, en cassant tous les codes de la déontologie et en donnant un alibi tranchant à ses concitoyens de disserter sur l’écriteau de son épitaphe, en bon ou mauvais président, se doit-il d’attirer notre attention.
Personnellement, j’ai cherché le moindre critère à décharge pour comprendre l’attitude de mon frère et ami Aziz et je doute d’en trouver. Sur ce cas précis, dois-je répéter. Voilà que nous sommes tous en droit de demander comment mais surtout pourquoi cette séance de masochisme ….ambiant, l’ancien président s’est-il infligée, suscitant de facto la désolation chez la majeure partie de l’intelligentsia et du parterre mauritaniens, composés entre autres de ses sympathisants, adversaires politiques ou détracteurs, toutes tendances confondues.
Le ver était-il longtemps dans le fruit? Qui est alors Mohamed Ould Abdel Aziz, cet homme qui nous a fait tant rêver avec des slogans probants au début, avant de faire chuter lui-même son buste du piédestal, en dopant du coup ses adversaires politiques d’abord et le simple citoyen lambda de la ferme volonté de l’auditionner devant une commission parlementaire pour “crimes économiques”?
1/De l’espoir au chaos
Un interlocuteur, qui semble baigner dans les secrets du microcosme politique nouakchottois depuis des lustres, m’a dit en ces termes, le mois de Mars dernier: «Ely, si ton ami Aziz n’était pas porté sur l’argent, il aurait été l’un des meilleurs présidents que l’Afrique ait produits, à l’instar de Kwamé Nkrumah du Ghana,Thomas Sankara, Jemal Abd Nasser, ou Mouammar Kadhafi “.
Et mon vis à vis d’ajouter: «Cet homme a le courage et l’allant patriotique suffisants, deux qualités indispensables aux dirigeants africains de nos jours, le plus souvent sous tutelle ou parapluie….exogènes. Téméraire, hargneux, impavide, iconoclaste, peu soucieux de son image, il est tout ça. Admettons.
Quant à la cupidité, c’est un fléau incurable qui englobe toutes les tares imaginables et surtout, elle est incompatible avec l’exercice d’un pouvoir irréprochable, synonyme de probité, de progrès social et économique. Cette cupidité est impardonnable si elle est couplée à l’avarice, comme on peut le constater chez l’ancien président.
Malheureusement, l’Histoire ne retiendra de cet officier que la grisaille, le côté tristement célèbre des événements dont il est l’acteur principal, à savoir les crimes économiques, qui ont abouti au détournement de centaines de milliards d’ouguiya.
Ainsi le nom d’Ould Abdel Aziz ne pourrait souffrir d’exception à cette logique que la discipline d’Hérodote semble nous imposer. D’ailleurs toi qui prétend connaître “ton Aziz” sous d’autres cieux probablement plus cléments et sincères, quand et d’où est-ce qu’il a contracté cet amour gargantuesque pour l’argent? Fermons les guillemets…..
Au début j’étais désemparé du fait que ce grand connaisseur de la scène politique mauritanienne puisse réduire le “naufrage” d’Ould Abdel Aziz à sa seule proximité d’avec le magot.
S’il y a de la vérité dans ce discours, il faut admettre également qu’un être humain c’est aussi l’assemblage de plusieurs circonstances psychique, intellectuelle, morale et sociale (éducation parentale, scolaire, fréquentation au moment de l’adolescence, à l’âge adulte surtout où la responsabilité se précise).
Ne dit-on pas que “l’homme naît naturellement bon et que c’est la société qui le corrompt” (Rousseau)? Mais enfin pour beaucoup de Mauritaniens et à propos de Mohamed Ould Abdel Aziz, “les faits sont faits’’, quelle que soit sa ligne de défense. Là, il ne s’agira pas de constater seulement les faits, gestes et dires de l’ancien président.
Nous devons pousser notre investigation au-delà des limites de la raison qui, pourtant, demeure notre seul instrument d’appréciation, notre baromètre de jugement, face au réel qui, lui par contre, risque à tout instant de nous surprendre. Car il y a chez Aziz plus de «visibilité compliquée que l’invisible pourtant simple».
En effet, dès qu’on évoque le cas spécifique de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, l’aiguille aimantée perd le Nord magnétique, la clepsydre se vide, le “temps suspend son vol’’. Même les observateurs les plus avertis, les journalistes objectifs, les commentateurs obstinés, et enfin les psys se noient en conjectures. Parce qu’Ould Abdel Aziz est une créature qui a sa propre weltanschauung, comme disent les penseurs Allemands.
C’est une “monade” insaisissable qui répond peu à la norme statistique sociale, et qui semble jouir de sa propre logique. Ah oui il y a la logique “illogique” de l’Ecole Mégarique, la logique constructive aristotélicienne et la très discutable logique azizienne. Alors Aziz serait-il un extraterrestre, un impérieux, un génie mégalo? Oui, il est un peu de tout ça.
Mais hélas, pourquoi en “petit homme vert», me diriez-vous, ses douze travaux d’Hercule échafaudés en deux mandatures, se sont tout simplement transformés en l’éternelle corvée des gnomes Joujé We Majoujé (Gog et Magog), ou plus prosaïque, en légendaire “service Denebja”? Pour comprendre le cheminement de la vie politique d’Aziz, il faut remonter à l’année 1994, dès son retour du Maroc, juste après son cours d’Etat-Major.
Où il voit que toutes les portes se sont refermées devant lui. Assis sur une pente raide, tirant le diable par la queue au moment où le cousin germain, feu Ely Ould Mohamed Vall, puissant directeur de la sûreté, brasse des millions par jour de la fédération des transports.
La hargne, le désir de se surpasser, l’ambition de se faire de l’argent coûte que coûte afin de dépasser “tous ces voleurs qui pillent les ressources de l’Etat’’ se précisent.
De 1994 à 2000, avant de reprendre le fameux Basep (bataillon présidentiel), qui lui permettra d’assouvir ses désirs, Aziz n’a pu se surpasser pour l’instant qu’en sport où il pouvait courir 20 km par jour sans se fatiguer.
Pour oublier les soucis et l”injustice”, la pratique sportive sera le seul remède, avant que les caves du palais ne s’ouvrent enfin pour lui. Ce qui est étonnant, c’est qu’à la fin de l’année 1980, je me souviens avoir amené Aziz au stade de Kaédi pour faire avec moi quelques tours du stade, et il n’a pu terminer les premiers 400 mètres que les mains déjà sur les hanches.
Quinze années plus tard, Aziz était capable de défier n’importe quel coureur de longue distance.!!!.Voilà une volonté digne d’un fantassin de l’Empire Ottoman! De 2005 (année du coup d’Etat contre Maawiya et qui a suscité tant d’espoirs) à 2007, il fallait laisser au ’’grand frère’’ Ely Ould Mohamed Vall le soin de diriger le pays.
De 2009 à 2019, il est inutile de vouloir réécrire l’histoire, nous la connaissons tous. Mais enfin ce qui est étonnant encore c’est le “naufrage” imprévisible d’Ould Abdel Aziz aussitôt après la passation de pouvoir entre lui et son frère, ami, compagnon d’armes Mohamed Ould Ghazwani.
Serions-nous en face d’une espèce d’homme incontrôlable comme le temps que nous subissons, ou d’un “géant” incompris des misérables créatures que nous sommes?
2/ L’ennemi de l’homme politique c’est d’abord sa famille, petite ou grande (Senghor?)
Selon les historiens, «si Hitler n’avait pas attaqué la Russie le 22 Juin 1941, peut-être qu’il serait mort dans son lit comme le dictateur espagnol Franco». Aussi si Aziz n’avait pas commandé le Basep (bataillon pour la sécurité présidentielle), il n’aurait probablement pas disposé de leviers pour conquérir le pouvoir. Aussi nous n’en serions probablement pas là pour parler de lui….
(A suivre, Inchallah)
Ely Ould Krombele, Vitry-sur-Seine, FranceÂ
cridem