Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Projet d’identification des tombes : Sorimalé n’oublie pas

altLa décision du gouvernement mauritanien de procéder à la localiser des tombes des personnes disparus dans des conditions ambigües depuis 1960 suscitent souvenir et espoir chez les parents des victimes d’exécutions sommaires dans les années 1989. A l’époque, dans la localité de Sorimalé (commune de Niabina) la presse et les ONG de droits de l’Homme avaient révélé l’existence d’une fosse commune. Les habitants de Sorimalé, se souviennent toujours des victimes…

Le village est en bordure du fleuve Sénégal à quelques 15 Km de Niabina. Il a été rendu célèbre par les atrocités qui y ont été commises entre 1989 et 1991 et dénoncées par la presse indépendante et les organisations internationales des droits de l’Homme dont principalement « Agir Ensemble ». Dans la fosse commune à l’origine du scandale étaient enterrés Mamadou Thiawgou, Thierno Moctar et Samba Diouldé et à côté d’eux dans une autre tombe, Abou Ly fils de Mamadou Thiawgou, rappelle Ali Maya un ancien militaire et aussi un ancien garde que nous avons rencontré à son domicile à Sorimalé. Tout tremblotant, il explique que sa maladie fait suite aux tortures que lui ont fait subir les gendarmes après la mort d’un commerçant du village tué par des inconnus. Idem, ajoute t-il, pour Hamath Atoumani torturé également à mort pour les mêmes faits avant de succomber de ses supplices corporels. La liste des atrocités est longue selon Ali Maya qui cite quelques victimes, notamment : Ibrahima Samba Anne, conducteur de blindé tué et enterré à Inal en 1990, le militaire Abou Alassane Gaye à NBeïka, Amadou Diouldé Thiongane tué par des gardes dans la périphérie du village de Sorimalé puis enterré à côté d’un vieux four abandonné avant d’être déplacé à un endroit inconnu. Il évoque aussi le crime commis à l’endroit d’un malade mental du village de Sorimalé, Abou Guèye tué froidement par des gardes qui l’avaient croisé. Son corps repose depuis lors au cimetière du village. « Ici, de 1989 jus qu’en 91, les forces de sécurité avait la gâchette facile tirant sur des individus comme s’ils chassaient du gibier en plein village sous l’œil d’une population terrorisée » explique t-il quelques larmes aux yeux.

Sorimalé souffre toujours…


Sorimalé est un village meurtri par ces atrocités d’un tout autre âge. Ses habitants souffrent dans le silence de l’enclavement, du manque d’infirmier pour le poste de santé, puisque tous les professionnels de santé qui y sont affectés finissent par déserter les lieux pour des endroits plus cléments. Il faut dire que la vie dans le village est dure. Bien qu’au bord du fleuve, l’approvisionnement en eau est une véritable corvée pour ses habitants. Les foyers s’approvisionnent dans un puits du village et puiser pour ses femmes n’est pas chose aisée. Le marché est peu fourni et quand il l’est cela vient du côté sénégalais. Il n’y a pas d’électricité sauf quelques éclairages solaires. Le transport pour se déplacer à l’intérieur de la commune est difficile. Peu de véhicules circulent dans la zone obligeant les habitants à recourir régulièrement aux charrettes. L’Etat mauritanien y est quasi absent. En période d’hivernage le village est coupé de la commune de Niabina disons de tout le département à cause des eaux.
Pour l’histoire, les habitants de la commune de Niabina se souviennent des douloureux évènements de 1989 qui ont conduit à des déportations massives de citoyens Mauritaniens et des exécutions sommaires dans plusieurs localités de la commune jusqu’ici non élucidées. Si certaines tombes sont connues d’autres ne le sont pas et les familles endeuillées crient leurs douleurs. Mme Rougui Kowri Sy (Photo) n’arrive pas à oublier le décès de son mari à Nouadhibou en 1990, feu Adama Ibra NDongo électricien à la SNIM. Elle raconte : « Il a été arrêté une première fois avec d’autres avant d’être relâché. Quelques temps après, il est arrêté une seconde fois avant que je n’apprenne son décès en captivité trois jours plus tard. Pourquoi est-il mort subitement alors qu’il ne souffrait de rien ? Je ne sais pas jusqu’ici où il a été enterré ». Selon elle, Adama Ibra NDongo avait trois femmes et 10 enfants.
Abdoulaye Idi Ly (Photo), agriculteur de son état à Niabina, raconte pour sa part que son grand frère Demba Idi Ly et sa sœur Coumba Idi Ly ont été exécutés en 1989 froidement par des forces de sécurité mauritanienne à la berge du fleuve à « dirol » situé à l’est du village de Dawalel non loin de MBagne. (NDLR) : Dirol est une plaine définie comme une zone d’épandage du Sénégal. Selon lui au moment des faits il était en Libye où il gagnait son pain. « J’ai été informé du drame par lettre avant que je ne décide de rentrer précipitamment au pays ». A en croire Abdoulaye Idi Ly, le drame s’est passé au bord du fleuve au moment où ils voulaient traverser le fleuve tôt le matin à cet endroit-là. « L’histoire est connue de tout Niabina et personne ne sait avec précision où ils ont été enterrés sauf que c’est dans la zone de dirol. Il est possible que les corps soient finalement emportés par les eaux du fleuve sous la pression des forts courants. Jusqu’ici le deuil n’a pas été fait. Parce que à l’époque l’Etat ne communiquait pas et il était interdit de se regrouper même pour des condoléances ».

Reportage Moussa Diop –LE QUOTIDIEN DE NOUAKCHOTT

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Témoignages de leaders de la société civile à l’occasion du 20e ’anniversaire de l’AMDH

altDéputé Sid’Ahmed Ould Habott: Le prix des larmes….

« Mon témoignage je l’ai vécu, j’étais maire de F’dérick et quant les tortures ont commencé dans les casernes, j’ai commencé à réagir auprès des commandants des régions militaires. Je suis descendu à Nouadhibou pour m’informer des arrestations et des tortures. J’arrive à Nouakchott où il ya eu une série d’appel dont un appel répété de Maloum Ould Braham, secrétaire général de l’association des maires de Mauritanie. Au téléphone, il me dit monsieur le maire, le président du comité militaire veut rencontrer les membres du bureau de l’association des maires et nous attendions votre arrivée. Je lui réponds qu’il est urgent de rencontrer le président du comité militaire, parce que je viens de la 2e région et il se passe des choses très graves là-bas » dira-t-il Poursuivant son témoignage, il affirme « Dans notre réunion, à la salle des conférences du conseil municipal de Nouakchott, j’ai rendu compte de ce que j’ai vécu dans ma région. Je leur explique que cette audience est plus qu’opportune, car il est nécessaire de poser tout de suite ces problèmes des arrestations et des tortures qui sont entrain de prendre une ampleur catastrophique pour le pays. Parmi les intervenants membres du bureau, un seul s’est opposé à cette question, c’était le maire de Nouakchott à l‘époque. Il a dit non, nous n’allons pas voir le président du comité militaire, nous sommes une association de maires, nous n’avons pas le droit, nous ne sommes pas un parti politique pour parler de ces choses et si Mr Habott, le représentant d’Amnesty international, est ici où des ennemies de la Mauritanie sont ici, je vais tenir ce discours au président du comité militaire, il ne va pas prendre part à l’audience. »
Soutenant ces propos, il ajoute « Je l’ai dit monsieur le maire, nous savons dans quelles conditions tu as été élu. Vous étiez amené par une voiture 4/4 qui vous a cherché à Aouin pour vous parachuter à la tête de la mairie de Nouakchott et si vous avez un minimum de conscience, vous êtes le maire d’un tiers de mauritaniens. Des citoyens qui sont aujourd’hui torturés et qui meurent au moment où nous parlons. Il ya eu une dispute entre nous ; à la fin, nous sommes arrivés à un consensus. Le président Ould Sidi Baba propose à la fin pour que lui, le maire de Rosso à l’époque, Sow Deyna et moi, pour que nous puissions rencontrer le président du comité militaire en aparté et demander l’ouverture d’une enquête immédiate sur la question. C’était le consensus qui a été retenu. »
Il poursuit, « Dans cette audience élargie, il fallait aussi défendre les acquis démocratiques et encourager les militaires à avancer dans le processus de démocratisation. Quand nous avons rencontré le président du comité militaire, ce dernier a voulu faire venir son ministre de l’intérieur Cheikh Sidi Ahmed Ould Baba. J’ai rendu compte de ce que j’ai vécu dans la région du Tiris Zemmour et à Nouadhibou, mais aussi de l’ampleur des dégâts à Nouakchott et dans les autres régions, notamment dans le Brakna. Comme toute réponse, le président du comité militaire déclare que c’est de l’intoxication et que ce n’est pas possible. Je lui dis monsieur le président, je suis le maire d’une ville garnison de l’armée, j’’ai écouté les hommes de troupe. Les officiers et les sous officiers viennent dans mon bureau. Les interpellations des pères de famille que j’ai à eu confirmation à travers leurs femmes et leurs enfant, je ne peux pas retourner les voir, sans rien faire. »
Et le député d’ajouter « Je peux vous assurer que cette audience était extrêmement dure et je rends hommage à mes deux collègues (Sowa Deyna et Ould Sidi Baba) qui étaient d’un courage exceptionnel. Au finish, le président du comité militaire a dit que si c’était le cas, une commission d’enquête va être désignée pour rendre compte. Mais très sincèrement je suis sorti de la salle, les larmes aux yeux, sachant que ce président ne fera jamais l’enquête et convaincu qu’il est au courant de la situation actuelle du pays. Cet anniversaire nous ne pouvons pas lecélébrer, sans avoir une pensée pour eux. »
Il renchérit « Lorsque les événements se sont précipités par la mobilisation de l’intérieur et par la pression internationale en 1991, le projet de démocratisation que le Président Ould Taya a cédé aux peuples mauritaniens, est le prix de leurs larmes et de leur sang. C’est à cause de leurs sacrifices que nous devons ces acquis démocratiques. Ce n’est pas mon général d’aujourd’hui ni celui de demain, c’est le prix de leurs larmes et de leur sang qui ont fait cracher aux militaires le processus de démocratisation qui a été initié depuis 1991. Quand nous parlons de démocratie et droits de l’homme en Mauritanie, nous devons leur rendre un hommage historique et patriotique. »
Il revient sur la loi d’amnistie « S’agissant de la loi d’Amnistie que j’ai défendu bec et ongle contre la proposition de loi d’amnistie initiée par une dizaine de députés du PRDS, certains m’ont approché plu tard pour me demander pardon. Je leur ai dit que ce n’est pas à moi de pardonner, c’est au peuple mauritanien de vous pardonner, c’est à dire les veuves, les orphelins, les déportés et à l’unité de ce pays. Vous avez failli à votre devoir de parlementaires et de musulmans, demandez pardon à ceux qui ont été humiliés

Mamadou Sarr, SG du Fonadh : « Notre pays a connu de graves violations en droits humains »
alt« Il faut d’abord rendre hommage au premier président de l’AMDH, feu Diagana Mamadou. A cette époque, il était très difficile de se réunir. Les ordres des avocats ont eu le courage de former cette organisation qui a rencontré toutes les difficultés. Les organisations qui ont fondé le Fonadh ont été le fer de lance du combat pour la protection et la promotion des droits humains en Mauritanie. Le combat que l’AMDH a toujours mené a été un combat pour la promotion des droits de l’homme en Mauritanie.
Notre pays a connu de graves violations en droits humains et si c’état pas le combat de l’AMDH et des autres organisations de droits humains, certainement on ne serait pas là. A l’époque la seule organisation de droits de l’homme qui existait, était la ligue mauritanienne des droits de l’homme (LMDH), sinon toutes les associations avaient des difficultés à se faire reconnaître. l’AMDH, comme les autres associations qui forment le Fonadh, a une mission commune de combattre l’impunité, car malgré certaines avancées, nous constatons qu’il ya des dossiers pendants qui pour la paix civile et sociale du pays, méritent que les autorités mauritaniennes et la société civile coopèrent d’avantage pour trouver des solutions consensuelles à ces problèmes. »

Lalla aicha, président du CSSVDH: « Ceux qui disaient que notre combat était du faux, reconnaissent aujourd’hui notre lutte »
« En 1991 quand il fallait tenir une réunion, il fallait l’organiser en secret. Souvent c’était des militaires qui venaient nous surprendre pour nous amener en prison. Au commissariat on nous disait que les violations de droits de l’homme n’existent pas dans le pays. Ba Mariam Koita qui était à l’époque responsable des droits humains au niveau du pouvoir, connait les problèmes que nous avons rencontrés auparavant. Quand on devait aller à Vienne ou en Gambie parler de ces violations, il y’avait pleins de mauritaniens qui nous combattaient. Ils disaient que ce que nous disons est du faux. Je suis contente parce que le monde évolue, ceux qui disaient que notre combat était du faux, reconnaissent aujourd’hui notre lutte. Et ce sont ces mêmes personnes qui disent qu’il ya des avancées. Des avancées qu’on a eues avec beaucoup de chagrin et de sacrifice. Je suis émue quand je vois la fille de Ba Seydi , ici présente. Elle avait deux ans quand son père a été tué, aujourd’hui elle a 22 ans. Elle milite, car elle sait que son père a été tué de façon arbitraire.
Un jour où l’autre la vérité éclatera, car il ya des militants téméraires qui continuent le combat. »

Boubacar Messaoud, président SOS ESCLAVES: « Les 20 ans de l’AMDH, c’est l’âge des droits de l’homme en Mauritanie »


alt« Quand on a créé ces organisations, le problème qui était posé était le passif humanitaire, la déportation, les exécutions extrajudiciaires. Nous avons créé cette organisation (AMDH) comme tant d’autre sur la base des problèmes de dépassement des pouvoirs publics, sur les droits humains (déportation, impunité, crimes de sang). Il y’avait aussi l’esclavage qu’on refusait de reconnaitre et qu’on voulait nécessairement transformer en séquelle. Néanmoins, l’AMDH, dans sa composition comprenait les éléments de toute la communauté mauritanienne. Mais le pouvoir s’est évertué à mettre l’AMDH et les autres organisations dans un ghetto. Les 20 ans de l’AMDH, c’est l’âge des droits de l’homme en Mauritanie. Effectivement il ya une organisation qui a précédé l’AMDH, il s’agit de la ligue mauritanienne des droits de l’homme. Mais je dirais qu’à l’époque, elle était une organisation assujettie qui soutenait le pouvoir. Elle n’était plus en mesure de contrer le pouvoir, mais aujourd’hui elle s’est relevée et nous nous en félicitons. »

Maimouna Alpha Sy (veuve, secrétaire général du collectif des veuves): « Pourquoi ont-ils été tués ? »
alt« Je suis surprise quand on dit que le problème des veuves à été résolu. Je me demande comment, car il n’a même pas commencé. On lutte et on continuera à lutter tant que justice n’est pas faite. On veut la vérité totale. Pourquoi ont-ils été tués ? Parce qu’ils sont des noirs. Ce n’est pas de leur faute, c’est le bon Dieu qui leur a donné cette couleur. Cette épuration ethnique est une pure insulte. Nous réclamons le devoir de vérité, de justice, de mémoire.
On avait demandé un devoir de mémoire, on nous avait répondu que cela allait à l’encontre de l’islam, mais maintenant on en parle. Aujourd’hui, on parle d’indemnisation, alors que c’est le Président de la République lui-même, qui a dit qu’il va apporter une aide aux veuves et aux orphelins.
Et c’était à la demande de la présidente du collectif (Houlèye sall). Les gens l’ont transformé en indemnisation. Ils ont signé un protocole d’accord, avec je ne sais qui, en tout cas pas avec nous, pour dire que c’est fini. Ce n’est pas fini tant que la lumière n’est pas faite. Il faut savoir que le collectif des veuves luttera toujours tant que justice n’est pas faite. »

Témoignages recueillis par Dialtabé- QUOTIDIEN DE NOUAKCHOTT

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Hommage à Ceerno Tijjaani Alhajji Mammadu Siree par Cheikh Oumar Ba

altCeerno Tijjaani Alhajji Mammadu Siree, nous a quittés il y a un an, c’est-à-dire le 12 mai 2010, une date qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. L’homme qui consacra sa vie à la prière, à l’enseignement du Coran, de la charia et de la solidarité. Cet érudit islamique est né en 1940 à Sinycu Penaaka, environ de Boggee, en Mauritanie.Son père Alhajji Mammadu Siree l’avait confié à Ceerno Alhjji Mammadu Muusaa LIH, de Daara Halayve. C’est ce dernier qui l’a mis dans les mains de son fils, le feu, Ceerno Tijjani LIH, raison pour laquelle, Ceerno  Alhajji considère Ceerno Tijjaane LIH, comme son Ceerno. C’est auprès de Ceerno Haamiidu WELE qu’il a eu son ijaaza, (l’une des plus grandes distinctions dans le domaine de l’enseignement coranique) et qu’il a fait la charia puis la littérature arabe.

 C’est à Baabaave Looti, dans le Laaw qu’il s’était installé avec son duzal, (école coranique, et la loi islamique) entre 1965 et 1989, avant que le système raciste et esclavagiste mauritanien, géré par des beïdanes, le déporte avec ses élèves et avec l’ensemble de sa famille, vers le Sénégal ; comme ce fut le cas pour plus de 200 000 autres négro-mauritaniens. Après son exile forcé, il se réinstalla à Haayre Laaw et continua sa mission.

 Ce Ceerno avait toujours une centaine d’élèves qui, apprenaient auprès de lui. Parmi les plus connus de ses élèves, ses deux fils qui ont eu leur ijaaja : Ceerno Haamiidu SOH, a repris l’école de son père de Baabaave, Ceerno Sayku Umar SOH, celle de Haayre Laaw.

 Ceerno Tijjaane Alhajji Mammadu Ciree a octroyé la licence à plusieurs enseignants coraniques. Nous en citons certains, qui sont aussi parfois des imams de renommées :

Ceerno Saydu BAH ;

Ceerno Sileymani Haaruuna SOH,

Ceerno Abuu DEH, l’imam de Rosso Becth;

Ceerno Mammadu  AAW.

 C’est ce Ceerno, un homme de Dieu que l’Etat mauritanien raciste et esclavagiste a déporté en 1989.

Déporté avec toute sa famille, ses élèves. Les images qui lui restent de la déportation sont ses livres coraniques brûlés, les planchettes des ses élèves éparpillées partout dans les rues de Baabaave, par des gens qui se disent musulmans, qui se veulent un modèle de l’Islam dans le monde.

Ces racistes qui continuent les même pratiques sur les noirs (Haratines, Bambara, Sooninke, Wolof et Fulve), et font tout ce qui humilie, n’épargnant ni notables, ni sages, ni marabouts noirs. Pour eux, un noir est un esclave et doit l’accepter quelque soit son statut, son rang.

 Ces gardiens du système raciste et esclavagiste de la Mauritanie, en leur tête Moawiya Ould Sidi Ahmed TAYA et Gabriel Cimper et d’autres, ont des disciples qui continuent leur oeuvre.

Ce Ceerno s’était réinstallé à Hayre Laaw au Sénégal, recréa une autre école coranique, durant vingt ans, après la déportation. Tijjaane Alhajji Mammadu Siree fut pour les déportés un pivot, un logeur et un guide spirituel. Aujourd’hui, il est rappelé par le bon Dieu, il a rejoint son ami et collègue, mort dans les mêmes conditions, Ceerno Maamuudu Alfaa SOH, décédé à Njum, dans le Tooro, il ya un an.

 Je fais ce papier pour lui rendre hommage et rappeler au monde entier les conditions des noirs, en Mauritanie. Mes condoléances à sa famille, particulièrement à son neveu, beau fils, mon ami et camarade Aamadu Saajo SOH et sa femme.

Yoo Alla yurme, yaafomaa.

 Cheikh Oumar BAH, section Europe FLAM

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Avril 89, peur sur la ville! Par Bocar Daha Kane- FLAM-Europe de l´Ouest- Bordeaux- France

altDébut avril 1989 : Des paysans du village de DIAWARA sont tombés sous les balles des mauritaniens (des gardes d’après le Sénégal, -des éleveurs d’après la Mauritanie). Le ministre sénégalais de l’intérieur se rend en Mauritanie pour s’entretenir avec les autorités mauritaniennes sur le sujet. Le ministre mauritanien de l’intérieur fait le déplacement porteur d’un message de son président à son homologue sénégalais. Malgré ce balai diplomatique, la situation s’envenime et devient explosive. Des sénégalais s’en prennent aux mauritaniens, pillent surtout les boutiques. La guerre des ondes s’installe. Radio Mauritanie annonce que Ould Merzoug diplomate mauritanien à Dakar est grièvement blessé ainsi qu’un autre diplomate. L’atmosphère devient surchauffée ; un climat anti-sénégalais en particulier et anti-nègre en général s’installe en Mauritanie.

24-04-89 : Des bandes de badauds exclusivement Hratin, parcourent tous les quartiers de la ville et font la chasse aux nègres. Devant les domiciles, tous les noirs aussi bien mauritaniens qu’autres nationalités sont priés de brandir la carte nationale d’identité. Cette chasse à l’homme se solde par des centaines de morts.

Le soir, le ministre de l’intérieur le fameux Djibril Ould Abdallah annonce gravement à la télévision que les mauritaniens « tiédis » sont considérés comme traitres à la nation. Le lendemain, 25-04-89 : Des bandes de tueurs se déploient presque au même instant dans tous les quartiers de Nouakchott. Elles s’attaquent systématiquement aux nègres  sans discernement. Ainsi d’anciens ministres, de hauts fonctionnaires en activités, des diplomates d’ethnie noire n’ont pas échappé à l’action des bandes. Il faut souligner que des maures enturbannés précédaient ou suivaient ces tueurs pour les encadrer. A chaque fois que ces bandes rencontraient de résistance, la police intervenait pour briser celle-ci. Cette activité macabre dura toute la journée. Une brume épaisse couvre toute la ville. On entend de temps en temps des sirènes des ambulances qui circulent dans toutes les directions guidées par les voitures de la police.

La morgue de l’hôpital nationale est jonchée de cadavre. Plusieurs salles de l’hôpital sont également remplies de blessés et de moribonds. On voit partout en ville de scène horrible et vraiment on se croirait à une époque révolue.

Des scènes pareilles se déroulent dans presque toutes les grandes villes du pays, notamment à Nouadhibou. Dans cette localité, les massacres se déroulent non seulement sur terre mais également en mer. Le bilan de ces deux jours de folies se chiffre à environ un millier de morts….

Le lendemain les blessés sénégalais sont évacués à Dakar et le rapatriement des mauritaniens vivants au Sénégal et des sénégalais vivants en Mauritanie, commence. Ces blessés sont acheminés au centre traumatologique où ils reçoivent à leur arrivée la visite du président Abdou Diouf. Ce dernier dans un discours musclé, les larmes aux yeux, stigmatise le comportement des autorités mauritaniennes. Aussitôt  dans presque toutes les villes du Sénégal, des bandes de tueurs massacrent des mauritaniens notamment des maures. Là également des scènes horribles de barbarie sont à déplorer. L’homme perd sa raison, guidé par son instinct animal il répand partout la mort la plus atroce et sème la désolation. Les morts se comptent par milliers, et les biens pillés se chiffrent à des centaines de millions….

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Témoignage: Avril 1989, je me souviens de ma déportation par Ibrahima Aly Dia dit Yaya Maabel- FLAM-Europe de l´Ouest -Paris-France

altC’est toujours un moment émouvant de repenser à toutes les exactions commises par le système raciste mauritanien dont les séquelles sont visibles à nos jours, de revivre cet instant qui ne rappelle pas des jours glorieux. Célébrer cette journée que nous avions vécu dans la douleur, est un devoir de mémoire, un devoir pour tout mauritanien épris de justice. Je crois qu’ il faut surtout vivre cet évènement pour le porter à sa juste valeur. Le vivre personnellement ou être un proche de ceux qui l’ont subi donc être mauritanien. Il ne faut pas être un mauritanien de papier ou à la quête de ce précieux sésame pour être en règle sur un territoire donné et venir scander des slogans qui ne sortent que des lèvres. Pour ceux qui étaient mobilisés à cette manifestation du 24 avril 2011 à Paris, les cris sortaient du coeur et cela se sentait, se lisait sur les visages. Le 29 mai, jour inoubliable pour mes compagnons d’infortune de la traversée du désert.

Après une semaine de tractation entre la police, la gendarmerie et la garde nationale, on finit par arrêter tous les négro-mauritaniens de la région du Tagant pour les rassembler au commissariat de Tidjikjat. Transféré à la prison, je me retrouvais dans la même cour que les ba’athistes. Voyant comment ces derniers sont traités: bien habillés, ayant tout à leur disposition même des esclaves, je fus dégouté et voulus entamer une grève de la faim. En regagnant ma cellule, je rencontre un grand frère sur qui nous comptions beaucoup et croyions être épargné par les arrestations, feu Sileye Gacko de Kaédi chez qui tout le monde se réunissait chaque soir.  Après un long silence, il me dit :” tu as tort de ne pas manger. J’ai entendu tes plaintes mais saches qu’on ne restera pas longtemps ici. Soit on va être déportés au Sénégal ou mourir ici mais nous n’aurons plus la même vie qu’avant”. Avant même de finir ma phrase, car je ne sais pas ce que j’ai pu répondre mais avant même de terminer ma phrase,  je me retrouve jeté à terre et traîné jusque dans ma cellule. On m’interdit d’ouvrir la bouche toute la soirée; Je ne revis plus Sileye qui lui est décédé après notre départ.


Le lendemain, on me ramène rejoindre les autres camarades rassemblés au commissariat et entassés dans une pièce de 10m2. Et c’est de là bas, vers 13h, sous un chaud soleil qu’on nous fit monter tous dans un camion, sans nous laisser le temps d’emporter quoique ça soit,  pour la route de l’exil. Cet exil que certains qualifient de « doré ». Certains qui n’ont jamais connu ces affres,  cette humiliation, certains qui ont utilisé et ce prétexte de déportés ou de militants des FLAM pour pouvoir travailler en France, aller acheter des maisons, faire des va et vient entre ici et l’Afrique et même ramener des épouses, frères voire des neveux, beaux-frères, nièces, etc. Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Aujourd’hui le fait que nous soyons divisés les arrange.  Au lieu de jouer aux sapeurs pour essayer d’éteindre cet incendie, ils jouent aux pyromanes parce que cela les arrange. Nous mauritaniens, refusons cette division, rassemblons nous et unissons nos forces pour lutter contre ce système pour qui cette division réconforte son installation au gouvernail de notre pays. Plus jamais un 24 avril dans la division.  Je rappelle que lors des déportations, le régime avait procéder ainsi: on a utilisé des hommes de tenues négro-mauritaniens pour arrêter leurs frères et lorsque tous les civils ont été arrêtés, tués ou déportés ce fut leur tour de suivre les autres. Cela devait nous servir de leçon mais hélas….

Et la lutte continue !

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