Avril 89, peur sur la ville! Par Bocar Daha Kane- FLAM-Europe de l´Ouest- Bordeaux- France
Début avril 1989 : Des paysans du village de DIAWARA sont tombés sous les balles des mauritaniens (des gardes d’après le Sénégal, -des éleveurs d’après la Mauritanie). Le ministre sénégalais de l’intérieur se rend en Mauritanie pour s’entretenir avec les autorités mauritaniennes sur le sujet. Le ministre mauritanien de l’intérieur fait le déplacement porteur d’un message de son président à son homologue sénégalais. Malgré ce balai diplomatique, la situation s’envenime et devient explosive. Des sénégalais s’en prennent aux mauritaniens, pillent surtout les boutiques. La guerre des ondes s’installe. Radio Mauritanie annonce que Ould Merzoug diplomate mauritanien à Dakar est grièvement blessé ainsi qu’un autre diplomate. L’atmosphère devient surchauffée ; un climat anti-sénégalais en particulier et anti-nègre en général s’installe en Mauritanie.
24-04-89 : Des bandes de badauds exclusivement Hratin, parcourent tous les quartiers de la ville et font la chasse aux nègres. Devant les domiciles, tous les noirs aussi bien mauritaniens qu’autres nationalités sont priés de brandir la carte nationale d’identité. Cette chasse à l’homme se solde par des centaines de morts.
Le soir, le ministre de l’intérieur le fameux Djibril Ould Abdallah annonce gravement à la télévision que les mauritaniens « tiédis » sont considérés comme traitres à la nation. Le lendemain, 25-04-89 : Des bandes de tueurs se déploient presque au même instant dans tous les quartiers de Nouakchott. Elles s’attaquent systématiquement aux nègres sans discernement. Ainsi d’anciens ministres, de hauts fonctionnaires en activités, des diplomates d’ethnie noire n’ont pas échappé à l’action des bandes. Il faut souligner que des maures enturbannés précédaient ou suivaient ces tueurs pour les encadrer. A chaque fois que ces bandes rencontraient de résistance, la police intervenait pour briser celle-ci. Cette activité macabre dura toute la journée. Une brume épaisse couvre toute la ville. On entend de temps en temps des sirènes des ambulances qui circulent dans toutes les directions guidées par les voitures de la police.
La morgue de l’hôpital nationale est jonchée de cadavre. Plusieurs salles de l’hôpital sont également remplies de blessés et de moribonds. On voit partout en ville de scène horrible et vraiment on se croirait à une époque révolue.
Des scènes pareilles se déroulent dans presque toutes les grandes villes du pays, notamment à Nouadhibou. Dans cette localité, les massacres se déroulent non seulement sur terre mais également en mer. Le bilan de ces deux jours de folies se chiffre à environ un millier de morts….
Le lendemain les blessés sénégalais sont évacués à Dakar et le rapatriement des mauritaniens vivants au Sénégal et des sénégalais vivants en Mauritanie, commence. Ces blessés sont acheminés au centre traumatologique où ils reçoivent à leur arrivée la visite du président Abdou Diouf. Ce dernier dans un discours musclé, les larmes aux yeux, stigmatise le comportement des autorités mauritaniennes. Aussitôt dans presque toutes les villes du Sénégal, des bandes de tueurs massacrent des mauritaniens notamment des maures. Là également des scènes horribles de barbarie sont à déplorer. L’homme perd sa raison, guidé par son instinct animal il répand partout la mort la plus atroce et sème la désolation. Les morts se comptent par milliers, et les biens pillés se chiffrent à des centaines de millions….