Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Témoignage: Avril 1989, je me souviens de ma déportation par Ibrahima Aly Dia dit Yaya Maabel- FLAM-Europe de l´Ouest -Paris-France

altC’est toujours un moment émouvant de repenser à toutes les exactions commises par le système raciste mauritanien dont les séquelles sont visibles à nos jours, de revivre cet instant qui ne rappelle pas des jours glorieux. Célébrer cette journée que nous avions vécu dans la douleur, est un devoir de mémoire, un devoir pour tout mauritanien épris de justice. Je crois qu’ il faut surtout vivre cet évènement pour le porter à sa juste valeur. Le vivre personnellement ou être un proche de ceux qui l’ont subi donc être mauritanien. Il ne faut pas être un mauritanien de papier ou à la quête de ce précieux sésame pour être en règle sur un territoire donné et venir scander des slogans qui ne sortent que des lèvres. Pour ceux qui étaient mobilisés à cette manifestation du 24 avril 2011 à Paris, les cris sortaient du coeur et cela se sentait, se lisait sur les visages. Le 29 mai, jour inoubliable pour mes compagnons d’infortune de la traversée du désert.

Après une semaine de tractation entre la police, la gendarmerie et la garde nationale, on finit par arrêter tous les négro-mauritaniens de la région du Tagant pour les rassembler au commissariat de Tidjikjat. Transféré à la prison, je me retrouvais dans la même cour que les ba’athistes. Voyant comment ces derniers sont traités: bien habillés, ayant tout à leur disposition même des esclaves, je fus dégouté et voulus entamer une grève de la faim. En regagnant ma cellule, je rencontre un grand frère sur qui nous comptions beaucoup et croyions être épargné par les arrestations, feu Sileye Gacko de Kaédi chez qui tout le monde se réunissait chaque soir.  Après un long silence, il me dit :” tu as tort de ne pas manger. J’ai entendu tes plaintes mais saches qu’on ne restera pas longtemps ici. Soit on va être déportés au Sénégal ou mourir ici mais nous n’aurons plus la même vie qu’avant”. Avant même de finir ma phrase, car je ne sais pas ce que j’ai pu répondre mais avant même de terminer ma phrase,  je me retrouve jeté à terre et traîné jusque dans ma cellule. On m’interdit d’ouvrir la bouche toute la soirée; Je ne revis plus Sileye qui lui est décédé après notre départ.


Le lendemain, on me ramène rejoindre les autres camarades rassemblés au commissariat et entassés dans une pièce de 10m2. Et c’est de là bas, vers 13h, sous un chaud soleil qu’on nous fit monter tous dans un camion, sans nous laisser le temps d’emporter quoique ça soit,  pour la route de l’exil. Cet exil que certains qualifient de « doré ». Certains qui n’ont jamais connu ces affres,  cette humiliation, certains qui ont utilisé et ce prétexte de déportés ou de militants des FLAM pour pouvoir travailler en France, aller acheter des maisons, faire des va et vient entre ici et l’Afrique et même ramener des épouses, frères voire des neveux, beaux-frères, nièces, etc. Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Aujourd’hui le fait que nous soyons divisés les arrange.  Au lieu de jouer aux sapeurs pour essayer d’éteindre cet incendie, ils jouent aux pyromanes parce que cela les arrange. Nous mauritaniens, refusons cette division, rassemblons nous et unissons nos forces pour lutter contre ce système pour qui cette division réconforte son installation au gouvernail de notre pays. Plus jamais un 24 avril dans la division.  Je rappelle que lors des déportations, le régime avait procéder ainsi: on a utilisé des hommes de tenues négro-mauritaniens pour arrêter leurs frères et lorsque tous les civils ont été arrêtés, tués ou déportés ce fut leur tour de suivre les autres. Cela devait nous servir de leçon mais hélas….

Et la lutte continue !

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