Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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LETTRE OUVERTE D’UN CITOYEN NÉGRO-MAURITANIEN AU PRÉSIDENT GHAZOUANI

Mr le Président, votre excellence. Je m’adresse à vous en simple citoyen qui se pose des questions et s’indigne des inégalités sociales dont sont victimes les Noirs de Mauritanie. J’ai lu Gobineau, Richet, Mengele et Hitler pour ne citer que les plus exécrables des théoriciens de l’inégalité des races. Je garde en mémoire les jugements fallacieux d’Ibn Khaldoun sur les Noirs. Je reste convaincu que le savant arabe a une forte influence sur les mentalités de certains compatriotes maures. Je ferai remarquer que la pratique dans l’administration mauritanienne est conforme à cette idéologie dont les dégâts historiques ont affecté l’humanité entière. Le nationalisme, quelqu’il soit, expose le monde au danger. Le racisme et les discriminations en tout genre, répandent la haine et le désespoir. J’ai observé l’expérimentation de cette théorie absurde par Botha et le dénouement heureux que Mandela a pu en faire au prix du sacrifice de toute sa vie. La Mauritanie, par une volonté soutenue, un manège morbide et un cynisme sans commune mesure, continue à entretenir cette discrimination, ce racisme primitif contre les Noirs. Il y a toujours eu un responsable au sommet de l’État et c’est lui le vrai coupable. J’accuse tous les présidents mauritaniens depuis l’indépendance à ce jour, à part Khouna et Sidioca, d’être les responsables de cette situation. Je ne vais pas revenir sur les dérapages macabres de certains que je ne nommerai pas ici, parce qu’ils ne méritent ce souvenir que devant un tribunal correctionnel. Tant que nous y sommes, parlons de l’actuel locataire du palais. Aujourd’hui, le seul et unique responsable de ce racisme s’appelle Ould Ghazouani. Mr le Président, vous avez la possibilité de vous rattraper et corriger ces injustices. Vous ne pouvez pas nier l’évidence que vous êtes dans la continuité des oeuvres de vos prédécesseurs. Tous les hauts gradés et officiers des corps militaires sont exclusivement maures, comme le confinement les recrutements de ces dernières années. Vous n’êtes pas sans savoir que de plus en plus de voix s’élèvent parmi les maures, pour s’indigner face à ce danger latent qui guette l’existence de notre pays. Un dialogue national, c’est bien, mais la culture du mérite c’est encore mieux. Si vous regardez autour de vous, vous remarquerez que plusieurs personnes qui vous ont précédé à ce fauteuil ne sont plus de ce monde. Ainsi sera votre destin, le mien et celui de tous, nous répondrons alors à nos actes. Libre à vous d’agir en toute impunité, avant la date fatidique du rendez-vous Final.Pensez-vous un instant que ces concours où aucun noir n’est admis représentent une supériorité intellectuelle ? N’avez-vous pas fait les études primaires et secondaires avec des Noirs? Vous en avez connu des élèves plus forts que vous, d’autres moins, des êtres humains tout court. Des officiers noirs, vous en avez côtoyé de vaillants et illustres camarades. Vous ne pouvez pas continuer à trahir votre conscience en parrainant ces faits obscurantistes. Mr le Président, votre responsabilité est lourde, très lourde même. Vous êtes le garant de l’égalité des citoyens, de la survie du pays et du rassemblement de la population autour d’un idéal commun de paix et de justice. J’ai pris connaissance de ce dialogue inclusif qui n’inclut pas les victimes des injustices dans les débats. Il ressemble énormément aux débats français au cours desquels tout le monde peut participer, sauf l’intéressé. Le résultat est qu’on occulte la question et on déplace le débat, on résout un problème qui n’existe pas, ce qui revient à en créer un autre. Je n’attends pas grand-chose de ce dialogue où on ne désigne pas les maux par des mots, mais par des borborygmes pour ne pas susciter la colère du roi. Avez-vous une fois vu quelqu’un cracher dans sa propre assiette ? La majorité des participants à ce débat vivent du système et les voix sincères des autres sont si minoritaires qu’elles seront inaudibles. Le racisme, ce n’est pas un projet d’avenir, c’est un crime contre l’humanité. Cordialement.

Bacca.

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*Ma communauté, notre éveil s’impose!

Tu es sur une piste qui n’est pas la bonne pour expliquer les situations et les analyses qui en découlent.Un constat: Les negro-mauritaniens jugent qu’ils sont discriminés, parceque ceux qui organisent les concours favorisent tel ou tel à cause de la parentèle, la corruption parfois les décideurs riches ou politiciens.Donc tu es d’accord que ceux qui les organisent sont injustes car aucun noir n’y figure même quand c’est dans une langue où ils peuvent competir en l’occurrence le français. Bien que le concours soit public cela ne t’offense pas de regarder le résultat flagrant de discrimination. La fonction publique c’est l’intérêt général et l’égalité des chances. Si l’état ne sévit pas pour corriger l’inégalité qui se répète de plus en plus et de plus en plus, des voix surgissent pour la dénoncer. Si les noirs sont victimes de cette mauvaise gouvernance au plus haut sommet de l’état ne faut il pas la dénoncer et dire la vérité? Ayons le courage de dire haut la vérité. Aujourd’hui il faut dénoncer un état de fait injuste et à caractère racial, qui ne fait que se répéter et le pouvoir ne réagit pas, donc il est complice, il est le vrai coupable. Il faut aller au fond des choses ne soyons pas une communauté injuste et combattons notre égoïsme notre égo qui nous conduisent à être aveuglé par notre suprématie, nous payerons un jour notre passivité que nos regrets n’y pourront rien.

*Ahmed Salem Deida*

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POUR UNE MAURITANIE DE DEMAIN

Nous sommes heureux que l’épaisse obscurité qui empêchait d’entrevoir la VÉRITÉ de l’exclusion négrière dans toutes les sphères administratives se fasse voir.Le brouillard se dissipe, l’éclaircie paraît et le soleil brille sur la terre bénie de Mauritanie.Nous sommes contents que nos cris d’exclusion dans l’armée, la garde, les services de sécurité surtout aux niveaux des intenses de prises de décisions.Nos cris d’hier se trouvent ralliés par un nombre important de compatriotes conscients des méfaits de ces dérives longtemps pratiquées par un système suprématiste au sommet des pouvoirs décadents.Nous sommes reconnaissants à ceux qui les premiers ont osé, ouvrir cette boîte de Pandore.Enfin, les yeux glauques s’ouvrent pour voir, la lumière encore jaune, briller dans les consciences des négationnistes.Certainement d’autres voix se joindront à cette prise de conscience, cette force montante et cette unité nationale, qui s’élèvent pour atteindre toutes les couches sans exclusive.Depuis plus de 40ans, une politique intense d’exclusion de negros-mauritaniens et des hartani était planifiée avec malice programmée et exécutée insidieusement au debut, pour devenir envahissante et extrême, puis extravagante.Dans les années 60 à 80, seule le mérite était le critère d’admission dans les écoles, dans les formations professionnelles, les recrutements et nominations.Les années 86, s’installait un critère de 60% pour les arabes dits arabisants et 40% pour les autres dits francisants (negro- mauritaniens, hartani et arabes). Ce fait déjà laissait apparaitre un début de dérive. Nous l’avions signalé dans le cadre de la formation à l’ENSP de Nouakchott.Continuant à grignoter ce nombre passa rapidement de 60 à 80% ne laissant plus aux francisants dont les arabes que 20%. Ainsi le déséquilibre se creusait partout, notamment dans les armées et de sécurité pour enfin éliminer dans ces instances de décisions l’apparition de tête noire. Le blanchissement de ces instances, de la diplomatie, des banques, des instances supérieures (ministères, Directions, Wilayas). Une politique d’élimination systématique s’installa partout. Ce qui devrait arriver ne tarda pas à frapper le plus aveugle, une admission de 100% d’une seule langue, d’une seule ethnie et une monochromie insolente apparaissait dans toute sa hideuse image. Les instances supérieures de l’armée, des forces de sécurité, de la garde, des banques, des médias et d’autres encore furent monolithiques. L’exclusion au niveau des écoles d’excellence, les instituts professionnels, les bourses internes et externes des bacheliers atteignit son paroxysme au cours de ces dernières décennies.Cette situation inique renforça drastiquement les problèmes douloureux du passif humanitaire, de l’esclavage et de la pauvreté.Pourtant, depuis fort longtemps ceci fut dénoncé par des patriotes, qui naguère ont été traités d’ennemis de la nation, des pariats, des citoyens à éliminer. Il fallait être fou, pour oser dénoncer une injustice. Certains chauvins n’hésitaient même pas à proposer le poteau pour ces “extrémistes” noirs et arabes, qui osaient ternir l’image de la belle Mauritanie. Cette Mauritanie dont tout le haut doit être tout blanc et le bas, tout noir. Pour les gens de la haut toutes les richesses, le pouvoir et l’opulence, les gens d’en bas, la pauvreté, l’exécution, la sueur, la souffrance, auxquelles s’ajouteraient l’ignorance entretenue dans des écoles publiques délaissées, vetustes et parfois détruites.Cette situation devenue insupportable, mêmes pour les nihilistes d’hier, devient pour les consciences patriotiques inimaginable. Ils se demandent comment, sommes-nous arrivés à ce niveau? Ce qui n’est nullement pas étonnant, depuis que des idéologues chauvins ont mis à genou le pouvoir militaire, contrôlé les instances de décisions et pris en otage les richesses du pays, pour les mettre au service de la denigrification de la Mauritanie. Pour ces derniers, il faut écraser les noirs et la plus belle des fonctions du negro-mauritanien et du hartani, c’est, celui d’être à son service, à ses pieds et ainsi, être corvéables.Dès lors, qu’on soit conscient de l’extrême ignominie de cette politique désastreuse, qui n’a que trop duré, il faudrait renverser le vase. Déconstruire intelligemment, mais rapidement ce qui avait été cousu de gros fil blanc, au cours de ces dernières années. Ainsi, il devient impérieux de recruter 80% de noirs pour l’armée, la garde, les forces de sécurité, les écoles d’excellence, professionnelles. Que 80% des ministères, des DG des grandes sociétés, des banques et des hautes responsabilités au sommet de l’état soient aux mains des hartani et des negros- mauritaniens dans les prochaines dix années. Ainsi, l’équilibre rompue hier sera rétablie et la méritocratie sera ouverte. Ce qui permettra aux pays de revenir dans une sérénité et reprendre son rôle mondialement reconnu, celui de TRAIT-D’UNION entre le Nord et le Sud de l’Afrique. Ainsi, la Mauritanie serait cette charnière humaine et géographique pour rayonner dans la splendeur de sa diversité culturelle et biologique retrouvée.Aujourd’hui, il faut oser prendre le taureau par les cornes, en organisant des assises pour discuter et résoudre tous les problèmes épineux. Nommer les hommes et femmes issus de ces communautés, tout en faisant appel aux compétences importantes de la diaspora. Notre pays est capable de traverser cette étape sans épreuve insurmontable. Comme l’Allemagne, il convient pour les mauritaniens de briser le mur, pour être ensemble et construire leur nation. Quand on prend conscience, qu’on se précipite directement sur la montagne, il serait plus qu’inconscient de ne pas faire marche-arrière et de déconstruire pour mieux construire en équilibrant les forces productives et décisionnelles.La Mauritanie ne sera belle, épanouit et en paix, que lorsque tous ses enfants se sentiront pleinement mauritaniens libres et égaux.Saidou Abdoulaye Ba.Pour l’égalité, l’équité et la sérénité.

Nouakchott le 3 avril 2021.

Saidou Abdoulaye Ba

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FLAMNET—AGORA: La CVE ou l’ascendance de la médiocrité et du quiproquo !

altLa CVE ou l’ascendance de la médiocrité et du quiproquo ! « Aujourd’hui, la stratégie de diversité des partis negro-mauritaniens a montré ses limites et cette thèse ne tient plus. Alors, sans plus tarder toutes nos organisations doivent s’auto-dissoudre pour former un seul grand bloc sous un titre expressif, par exemple : Bloc pour la défense et la promotion des droits et des intérêts des négro-africains », ainsi, j’écrivais dans un texte : Après la déception, le temps de se remettre en cause. Un texte écrit immédiatement après la lamination des partis de la mouvance negro-mauritanienne aux élections législatives et locales. J’aime croire que ce texte avait inspiré au moins un des membres du groupe des signataires de la fameuse charte de la CVE, qui, à son tour avait demandé l’unité. Seulement, l’unité que nous préconisions devait se reposer avant tout sur la compréhension profonde, l’engagement et la détermination imparable pour résoudre le problème de la cohabitation des différentes communautés mauritaniennes. Malheureusement, des carences persistent au sein de la communauté politique noire nous empêchant d’avancer dans le bon sens. Nous devons comprendre que l’unité n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour atteindre nos objectifs. Alors, Il faudrait s’accorder sur la nature des problèmes, du genre d’organisation choisir et déterminer des critères de choix du leadership qui seront conformes aux objectifs d’organisation identifié. En effet, une des erreurs commises par nombre d’entre nous est d’assumer que tout le monde, à l’intérieur de la CVE, a la même appréhension de la situation politique dans notre pays. Si certains font semblant de comprendre, ou même de parler de discrimination de temps à autre, il est évident que dans leur manière de faire ou de se comporter, il s’avère qu’ils ne croient pas fondamentalement à la problématique de la question nationale en Mauritanie. A l’opposé, d’autres ne conçoivent la raison d’être de leur engagement militant que dans un combat déterminé contre le racisme d’Etat et les injustices qu’il engendre. Alors Ce sont là donc deux thèses, deux conceptions opposées, presque irréconciliables, de ce que doit être l’orientation du combat de la CVE qui s’affrontent : celle qui pense que le pouvoir Mauritanien est basé sur un système discriminatoire et esclavagiste et qu’il faut y résister, car « résister c’est le début de la victoire » disait Adolf Perez Esquive. Et l’autre qui est convaincue que l’Etat Mauritanien vit une crise de démocratie et qu’il suffirait d’avoir des élections plus ou moins transparentes pour changer le cours des évènements en Mauritanie. Pendant que les premiers croient à la « confrontation » contre le système oppressif, par des manifestations, des protestations ou même dénonciations, les seconds, eux, privilégient la voix du « soft power ». Chose qui ressemble beaucoup plus à la compromission et/ou à la soumission au pouvoir qu’à toute autre chose, dans un pays où la discrimination raciale et la dictature militaire priment sur la volonté démocratique. Alors, Cette question de fond aurait dû être à la base de toute discussion préalable à l’unité. Cependant, le désir d’unité primat sur toute autre préoccupation objective. En effet, pour les acteurs politiques de la mouvance negro-mauritanienne, il fallait réaliser le sursaut au sein de la communauté victime quelque soient les lacunes du candidat choisi. A l’instar de tous ceux qui ont étudié la question de l’oppression, nous savons qu’une des étapes de la libération du peuple passe par le renforcement de sa détermination et sa confiance en elle-même. Par conséquent, ces élections présidentielles devaient servir d’opportunité pour relancer l’espoir de notre peuple. C’est principalement pour cette raison que le président Samba Thiam et ses alliés avaient accepté le choix du candidat de la CVE aux élections présidentielles. Et ceci, malgré toutes les irrégularités, manipulations et subterfuges constatés pendant le processus de désignation. A la différence de ceux qui s’agitent pour obtenir le pouvoir, le contrôle de la CVE et la domestiquer pour des raisons que tout le monde peut imaginer, pour le simple plaisir d’avoir le pouvoir (les réalistes), le camp des non-signataires de la charte croit à une cause a des motivations beaucoup plus nobles, et certainement aussi plus audacieuses : idéologie d’égalité, de justice et de reconnaissance éradiquer les injustices raciales et sociales, quel qu’en soit le prix. Ainsi sont-ils plus prêts aux sacrifices. Les présidents Ibrahima Mokhtar Sarr et Samba Thiam sont les symboles vivants de ce sacrifice. Les candidats privilégiés à la médiocrité peuvent tenter de salir leur personne, mais l’histoire est là pour magnifier leur honorable rôle dans cette politique de défense des opprimés. Aujourd’hui, il est plus que clair que les motivations du groupe CVE signataire de la charte n’étaient que pour utiliser l’unité dans l’objectif d’une promotion individuelle. Nous sommes convaincus que si le président Samba Thiam était choisi, ce groupe ne serait pas resté dans la CVE. Pour preuves, les révélations récentes dans les réseaux sociaux faites par certains responsables de la CVE contre les présidents Ibrahima Mokhtar Sarr et Samba Thiam. Mais aussi, pour s’en convaincre, on peut relire le communiqué du bureau exécutif du MPR en date du 16 mars 2019, quand se préparaient les assises constitutives de la CVE, dans son dernier paragraphe où l’allusion à la défection ne laissait pas de mystère. Ce paragraphe parle de la coalition et qui donne l’indication de la possibilité de sortir de cette coalition. Il déclarait, en effet que le MPR travaillait à la « mise en place d’une coalition… tout en restant attentif aux opportunités d’une vraie alternance ». En termes limpides pour les non-initiés, si le candidat désigné par la CVE n’est pas issu des rangs du MPR, l’alibi de la possibilité d’alternance serait tout pertinent pour signer leur ralliement à un certain O/ Boubacar ou tout autre candidat bon teint. Autre qu’un certain Samba Thiam ! On avait saisi le message, mal codé, mais notre aspiration à la solidarité agissante de notre base a prévalu. Nous avons franc jeu. Comme c’est toujours le cas d’ailleurs, mais seulement loin de toute tentative de solder au rabais notre cause. En d’autres termes, Cela voudrait dire qu’une coalition dirigée par toute autre personne qui n’est pas issue du MPR, ne serait pas une vraie alternance, donc donnerait droit de claquer la porte et rejoindre d’autres candidats avec lesquels ils partagent la même vision. Par ailleurs, il ne serait pas surprenant de voir la CVE signataire de la charte de la discorde de rejoindre la majorité présidentielle. Surtout que cette question a été déjà introduite pendant une des dernières réunions de la CVE au complet. Quoi qu’il en soit, nous pensons que l’unité n’est bénéfique que si elle défend la cause en vue de la résolution de la question nationale en Mauritanie. Pour ceux qui pensent utiliser l’unité pour se faire désirer par le pouvoir, nous disons avec Charles Stewart Parnell « Il est inutile de compter sur le gouvernement…vous ne devez compter que sur votre propre détermination… Aidez-vous en vous soutenant les uns les autres…fortifiez ceux qui, parmi vous, sont faibles, unissez-vous, organisez-vous… et vous gagnerez… Une fois que vous auriez pris cette question en main, c’est en ce moment-là, pas avant, qu’elle sera résolue. »

Mamadou Barry FPC USA

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SI ET SEULEMENT SI ELY SAVAIT…. Langues nationales: 5 arguments pour en finir avec l’idéologie d’Ely Mustapha

LE MATHÉMATICIEN DR MOUHAMADOU SY REMET PROFESSEUR ELY SUR LES X.

SI ET SEULEMENT SI ELY SAVAIT…. Langues nationales: 5 arguments pour en finir avec l’idéologie d’Ely Mustapha

Ceci est une note qu’il m’a semblé nécessaire d’écrire à la suite d’une lecture de l’article tout récent du Pr Ely Mustapha à propos de la transcription des langues mauritaniennes non arabes, à savoir le Bambara, le Pulaar, le Soninké et le Wolof. Pour être exact, je préciserais que le Bambara n’a pas été discuté par l’auteur; mais je crois que si inclure cette langue avait traversé l’esprit de ce dernier, elle subirait certainement le même sort que celui infligé à ses sœurs.Je vais tenter de souscrire à la brièveté minimale permise par l’argumentation que je m’apprête à dérouler, et proposer donc au lecteur quelques points à l’intérieur desquels je ne manquerai pas de reprendre et discuter certaines idées véhiculées par l’auteur; dans certains cas je quantifierai la teneur en erreur de celles-ci. Voici donc des arguments qui montrent, avec le plus de clarté qu’il m’a été possible de donner, combien le contenu de l’article de Ely Mustapha va à l’encontre des faits et combien absurde est son idée de transcrire les dites langues en caractères arabes plutôt que de continuer à utiliser le système latin qui, pour lui, est un échec total.

1- Argument utilitaire: Tout d’abord, j’ai besoin que Ely Mustapha soit d’accord que les lettres, comme éléments de base d’une langue, existent indépendamment du système alphabétique utilisé pour transcrire cette langue. Ainsi, même si on avait pas d’écriture pour le Français, rien qu’en ralentissant son expression orale en disant “MOUTON”, on arrivera à distinguer les syllabes, et enfin à isolé les éléments incassables que sont les lettres. Et pour cela, on n’a pas utiliser une représentation écrite, mais juste une expression orale naturelle. Ce qui justifie bien le caractère indépendant des lettres vis à vis du système alphabétique. Si aujourd’hui le Français adopte un autre système alphabétique, cela ne changerait en rien l’existence de la lettre “A” bien qu’elle sera écrite différemment suivant le goût du nouveau système, tout comme si Ely Mustapha décide de changer de prénom, ce ne sera pas pour autant qu’il en perdra une jambe ou poussera un troisième œil: la nature du professeur ne dépend pas du choix du prénom qu’il porte, il sera d’accord du même rapport d’indépendance chez les langues et leurs transcriptions. Ayant compris ce fait, la question devient donc quelle transcription pour telle langue. Prenons le cas du Pulaar; une langue que je connais bien (je crois qu’un bon connaisseur des autres langues visées pourra faire une même analyse). Le Pulaar compte 31 sons primordiaux correspondant à l’idée qu’on a construite de la lettre. Si on veut voir, du point de vue utilitaire, lequel des systèmes arabe ou latin est plus indiqué pour servir de base à sa transcription, la meilleure façon de le faire est de déterminer la masse des lettres Pulaar dont les sons sont déjà représentés dans chacun des systèmes choisi. Dans l’alphabet latin de base, on trouve 22 sons fondamentaux du Pulaar (lettres) (a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, r, s, t, u, w, y). Cela fait 70.97% des lettres du Pulaar. Dans l’alphabet arabe, on en trouve 16 (a, b, t, j, h, d, r, s, dh, f, k, l, m, n, w, y); ce qui fait 51.61% des sons fondamentaux du Pulaar. Rien qu’à ce niveau, l’intérêt du Pulaar est assez clair: de l’arabe et du latin, le choix est vite fait. Mais revenons un peu à l’analyse, car ce n’est pas tout! Imaginez un instant une langue qu’on va appeler A ayant juste 5 lettres (ou sons fondamentaux) et les partagent toutes avec avec le Pulaar, et une autre appelée B ayant 25 lettres mais en partagent seulement 5 avec le Pulaar. Laquelle des deux partage le plus avec le Pulaar? Certains pourront imaginer qu’elles sont à égalité vis à vis du Pulaar, mais il n’en est pas ainsi. En effet, c’est la langue A, bien que partageant le même nombre de lettres avec le Pulaar que la B, qui partage le plus! On s’en rend compte quand on se met former des mots dans les deux langues A et B. Dans A, on aura que des mots dont le son est Pulaar-compatible, et ce par la constitution au niveau fondamental de A, tandis que dans B les 5 lettres partagées ont toutes les chances d’être diluées dans les 20 autres, et donc la formation des mots tendra à affaiblir le rapport initial entre B et Pulaar. Ce qui fait que dans la comparaison, ce ne sera pas seulement les quantités partagées qui doivent intervenir mais aussi les masses initiales des langues de comparaison doivent entrer en jeu, tel que expliqué ci-dessus. En concret, il faut un coefficient qui modélise cela, et il n’y a pas mieux que le rapport entre ces deux masses initiales pour former ce coefficient. Ainsi, vu que les lettres arabes sont au nombre de 28 et celles latines au nombre de 26, pour mettre l’équité dans l’étude il faut multiplier la ‘parenté’ Pulaar-Latin par 28/26 (environ 1.0769) et obtenir un taux de 76.429% pour Pulaar-Latin contre les 51.61% pour Pulaar-Arabe. Donc, environ 25% de différence effective en faveur du Latin. Ceci est évidemment appelé à s’amplifier dans la formation des mots.

2- Argument pragmatique: La diaspora issue des communautés locutrices des langues visées par Mustapha est plus nombreuse dans des pays utilisateurs du système latin (Pays francophones ou anglophones africains, France, Angleterre, Espagne, Italie, USA, Belgique, Canada) pour des raisons qu’on sait tous. Leurs descendants utilisent ce système. Donc il sera beaucoup plus simple pour eux d’aller à la recherche des 23.6% restants, en lisant Pulaar en lettres latines, que le contexte leur fournit souvent gratuitement. Tandis que le peu d’enfants de la diaspora des dites communautés présente dans les pays utilisateurs du système arabe, quand bien même auront la maîtrise de l’arabe, auront bien du mal à combler les 48.4% manquantes, trop importantes pour que le contexte suffise à les leurs suggérer. Et de toute façon, ceux-ci sont minoritaires et risquent bien de savoir déjà s’exprimer en Français pour des raisons que l’on connait. Ensuite, être transcrite en caractères latins, pour une langue, c’est tisser une parenté avec les langues les plus puissantes du monde telles que l’Anglais, l’Espagnol, le Français etc… et partager 76% de ses fondements avec celles-ci est un avantage dans leur apprentissage, et pour rien une langue telle que le Pulaar (et ses sœurs visées) ne renoncera à une telle position. Elle va plutôt l’exploiter jusqu’à la dernière graine d’énergie.

3- Argument culturel: Contrairement à ce que prétend Ely Mustapha, le système latin n’a pas été un échec, au contraire! Il faut tout ignorer du processus de la transcription de ces langues et l’histoire des combats culturels menés, pour tenir ces propos. La littérature en Pulaar s’est beaucoup développée dans cette transcription. Une production de qualité s’est mise en place, les éditions Binndi e Jande, les éditions ARED, les éditions Papyrus Afrique sont des exemples de plateformes qui ont servi de trait d’union entre les écrivains et penseurs comme Yero Doro Diallo, Murtudo Diop, Aboubacry Moussa Lam pour ne citer qu’eux et les locuteurs qui ne se lassent pas de s’abreuver de toute cette production littéraire. Des livres de tout genre, Histoire, art, littérature, Sciences foisonnent aujourd’hui, et dans les coins de rue de Dakar, de Bamako, de Conakry ou de Nouakchott, il suffirait d’ouvrir les yeux pour observer des transactions dont l’objet à troquer est un livre écrit dans une de ces langues. Je ne citerai pas ces mensuelles qui sortent en Pulaar à Nouakchott, ni les nombreuses classes qui utilisent cette transcription pour apprendre et maîtriser ces langues, ni l’entrée depuis deux décennies presque des lettres pulaar (‘extra-latines’) dans le numérique. On peut se procurer des claviers en Pulaar, on peut écrire le Pulaar sur toutes les plateformes numériques.

4- Argument géographique Il faut savoir que ces langues, en particulier le Pulaar, sont transfrontalières. Elles sont présentes dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest et pour certaines, dans quelques pays de l’Afrique centrale; cohabitant avec d’autres langues. Ces pays peuvent se servir du même argument pour vouloir transcrire les langues présentes sur leurs territoires dans un seul système, cela risque fort de ne pas être le système arabe, alors Pr Ely Mustapha, irez-vous jusqu’à vouloir que le Pulaar soit écrite à la rive gauche du Sénégal différemment qu’à la rive droite? D’ailleurs, proposerez-vous aux maures Sénégalais d’écrire en caractères latins pour les mêmes soucis de standardisation?

5- Argument administratif: Toute la littérature citée plus haut et qui est disponible dans ces langues, devra donc disparaître ou être traduite (ce qui nous retarderait beaucoup) alors que beaucoup de nouvelles œuvres sont à faire. Ceci n’est pas envisageable. L’ACALAN (Académie africaine des langues) est une institution de l’OUA qui reconnait et adopte ces caractères.

Dr Mouhamadou Sy University of Virginia

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