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FLAMNET- AGORA : Sommet de la ligue arabe à NKTT, un camouflet pour les nationalistes arabes par Abou Hamidou Sy des FPC Amérique du NORD.
C’est une lapalissade de dire que notre pays n’est pas en mesure d’abriter une rencontre de grandes envergures. Nous n’en avons ni les infrastructures adéquates, ni la logistique nécessaire, encore moins la culture organisationnelle. Pourquoi diantre, sommes nous donc laissés embarqués dans cette aventure? Est ce pour d’éventuelles retombées économiques ? Pour la géo-politique régionale ou internationale ou tout simplement pour la consommation interne? Y’ avait il un agenda caché, un but inavoué? Une chose est certaine; le président Mohamed O. Abdel Aziz tenait à ce sommet de la ligue arabe à NKTT. Il nous avait promis qu’il se tiendrait même s’il le faut … sous une tente. Et il n’était pas seul dans cet entêtement …
Il n’est un secret pour personne qu’organiser ce sommet est perçu par la plus part de nos compatriotes arabo-berbères comme le parachèvement d’un processus de construction identitaire entamé des le lendemain de notre indépendance. Apres avoir imposé la langue arabe à l’école, dans l’administration, l’armée… jusqu’aux enseignes des commerces, quoi de plus naturel que de couronner le tout en conviant ses “proches” certifier cet accomplissement. Si tout s’était déroulé comme espéré, cette rencontre devrait être une affirmation de l’identité arabe de la Mauritanie. Assertion souvent contestée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Malheureusement ce qui devait être une consécration, un argument de plus aux yeux des nationalistes arabes a vite tourné au fiasco. Je me demande si mon compatriote El Wely O. Sidi Haiba parle du sommet qui s’est tenu à NKTT le 25 juillet ou d’un autre sommet arabe dans son imaginaire, tellement le bilan qu’il en fait contraste avec la réalité. Le constat est limpide: a part l’émir du Quatar qui était en villégiature dans la zone, aucune tête couronnée n’a répondu présent. N’eut été les africains l’honneur n’aurait été sauvé. Sans vouloir verser dans la caricature, cette rencontre fait plus penser à un sommet de l’Union Africaine. En effet, la haute représentation des pays africains présents ( Comores, Soudan, Djibouti et Deby au nom de l’UA) rappelle plus Malabo ou Kigali, il ne manquaient qu’un Mugabe ou deux Sassou N’Guesso.
Nul doute que touts les vrais patriotes mauritaniens sont outrés par cette déconfiture. Cela fait de la peine de voir l’honneur de notre pauvre pays bafoué de la sorte pour quelques hypothétiques petro-dollars ou autres prestiges illusoires.
Dans la culture mauritanienne toutes ethnies confondues, ne pas honorer une invitation est un signe de manque de respect, à la limite du mépris. Et c’est à cela que nous ont soumis nos cousins arabes.
A une chose Malheur est bon dit on, j’ose espérer qu’enfin le débat longtemps différé aura lieu au sein de la vaillante communauté maure et particulièrement son intelligentsia prise en otage par une minorité arabo-fantaisiste. Il est temps d’évaluer cette aventure arabe; qu’est ce qu’elle a apporté au peuple mauritanien en termes de cohésion nationale, d’essors économiques et de rayonnement culturel.
Ce débat a déjà eu lieu au Proche-Orient. En Israël, les Tcherkesses longtemps classés parmi les arabes (parce que musulmans) se sont battus pour être dissociés de ces derniers; passant ainsi du statut arabe à la catégorie « autre ».
Au Liban, les Maronites ( chrétiens “arabes” ) ont toujours revendiqué une filiation avec les phéniciens pour se distinguer de la communauté musulmane qui proclame son “arabité”.
Par contre en Mauritanie, une partie de nos compatriotes arabo-berbères continue à vivre une anxiété identitaire chronique, qui fait que s’ils ne sont pas arabes, ou associés aux arabes ils ne peuvent être rien d’autre.
C’est pourquoi les différents régimes qui se sont succédés en Mauritanie nous ont habitué à toutes sorte d’aberration en matière de choix stratégiques. Notre pays s’arrange le plus souvent a se retrouver dans des organisations moribondes ou des ensembles sans lendemains: UMA, partenariat Euro-méditerranéen, ligue arabe…
Résultat, la Mauritanie s’est retrouvée sans prendre garde isolée des ensembles sous-régionaux dynamiques avec des opportunités économiques certaines et une importance géo-stratégique reconnue que les puissances étrangères privilégient au détriment de la coopération bi-latérale.
Abou Hamidou Sy
FPC/Amérique du Nord.
Pour une coopération plus éclairée : par SAMBA THIAM président des FPC.
Maintenant que le sommet arabe est fini, bien fini, l’auto congratulation passée, redevenons nous –mêmes et revenons à nos moutons …)
Pour une coopération plus clairvoyante
Unité nationale-radioscopie…
” Notre lutte n’était pas dirigée contre les Blancs eux- mêmes, mais contre la domination des Blancs, contre une politique hégémonique qui se reflète dans la composition raciale des principales structures du Gouvernement, à tous les échelons ” N. Mandela.
L’auteur de ces lignes, pour lever tout amalgame et toute ambiguïté, clarifie le sens et la direction de la lutte de l’ANC.
Lignes fortes, à résonnance particulière pour les militants des FPC–d’inspiration ANC- qui luttent aussi contre un Etat, contre un Système et non contre une communauté raciale quelconque; “un Système fondé sur des préjugés, des présupposés qui aboutissent à une hiérarchie’’ que définissait si bien A Césaire .
Résonnance particulière de ces lignes également chez les Négro-africains en général pour refléter ce qu’ils vivent au quotidien, à travers leur descente aux enfers qui se manifeste par leur élimination, graduelle et sans fin, de la superstructure et des principaux secteurs de la vie publique, amorcée dès l’indépendance.
Dès 1960, un Système est mis en place par Moctar ould Daddah, à travers le contrôle de quatre verrous essentiels -leviers du pouvoir:– le contrôle du pouvoir politique, du pouvoir culturel (la langue), du pouvoir militaire, du pouvoir économique et financier, que viendra couronner le monopole des médias. Un Système pernicieux, bien construit, à l’origine de l’Inégalité ethnique consacrée et institutionnalisée ’’actuelle, qui fera dire à un visiteur étranger de passage ‘’qu’en Mauritanie être Noir est un délit sans que cela ne soit inscrit nulle part’’ !
Le Gouvernement du Président Abdel Aziz, sur les traces de prédécesseurs imbus de la même idéologie, consolide et perpétue ce Système, en exécutant cette ‘’ politique hégémonique qui se reflète dans la composition raciale des principales structures du Gouvernement, à tous les échelons ‘’ dont parle Mandela. Ce gouvernement dans son empressement à asseoir définitivement et clôturer le Système, l’a profondément exacerbé, accentuant davantage la fracture communautaire …
Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer autour de nous pour constater la composition raciale du secteur de la justice, celui des (9) Ecoles spéciales, ou des commissions chargées de l’enrôlement biométrique, du corps de commandement des forces armées et de sécurité, des médias enfin. Des faits, rien que des faits que le Président, campant dans sa posture de déni habituel, s’efforçait de faire porter aux autres ( message à la nation en début et fin du ramadan, entre autres ).Au regard de ces faits, têtus, qui est-ce qui, en réalité, œuvrait dans le sens du “sectarisme’’ , du “racisme’’ ou de la ‘’ségrégation’’ ? Qui ‘’ divisait le peuple’’, à entendre nos “alter égo de Vichy’’, déclamer des slogans éculés, complètement déconnectés du réel?
A ce tableau d’iniquités décrit, vient s’ajouter ce découpage administratif et territorial des plus arbitraires et des plus injustes, depuis toujours. Citons en quelques cas significatifs à titre d’exemple :
L’Adrar : 62 658 habitants, 4 préfectures, 5 députés, 4 sénateurs (9 parlementaires)
Le Guidimakha : 267 029 habitants, 2 préfectures, 6 députés, 2 sénateurs (8 parlementaires)
Le Tiris Zemmour : 53.261 habitants ,3 préfectures, 4 députés, 3 sénateurs (7 parlementaires)
Le Gorgol : 335.917 habitants, 4 préfectures, 10 députés 4 sénateurs (14 parlementaires);
Le Tagant : 80.962habitants ; 3 préfectures, 5 députés, 4 sénateurs (9 parlementaires) .
Le Hodh Gharbi 294 109 habitants, 4 départements, 9 députés, 4 sénateurs
Au total, toutes régions comprises, on dénombre 203 parlementaires dont 150 Arabo-berbères (73 %), 20 haratines et 33 Negro africains .Le pays compte 55 préfectures au total, et seulement 7 pour la vallée du fleuve malgré sa forte densité !
De quelle ‘’Unité nationale’’ nous parle-t-on lorsqu’il n’existe d’équité nulle part, au regard de ces faits ?
‘’ Annihiler la force numérique et la force de travail que représentent les Noirs pour les transformer en simples instruments, sans qu’aucune possibilité ne leur soit laissée de sortir de cette situation ’’. N Mandela
Rien ne distingue ce but ultime de l’idéologie afrikaner, ici décrit, des objectifs politiques de la plupart des régimes mauritaniens, en particulier celui du Président Ould Abdel Aziz !
Voilà qu’après la main mise sur tous les leviers essentiels, le Système va boucler la boucle, à travers l’action du Président ould Abdel Aziz qui se tourne maintenant vers le dernier carré, jusque là préservé : les terres de la vallée du fleuve. Cela semble se dessiner à travers un comité interministériel, à pied d’œuvre depuis juin 2016, ouvert aux bailleurs de fonds, naturellement, mais qui restera sourd aux complaintes légitimes des populations concernées, comme toujours!
Pour une coopération plus éclairée…
Ce qu’il faut déplorer dans cette situation c’est qu’il se trouve, hélas, des partenaires internationaux qui, consciemment ou inconsciemment , accompagnent cette politique ; en effet, certaines institutions internationales, certains partenaires étrangers participent de cette dangereuse entreprise de spoliation, par leur apport multiforme dans ce secteur ; a travers leurs programmes d’appui, leurs financements …Or sans crever l’abcès, c’est-à-dire sans œuvrer au rétablissement préalable de la vérité sur l’occupation des terres-qui possède quoi-, sans affirmation claire du caractère intangible du droit de propriété, sans apaisement des rancœurs et des frustrations accumulées toutes ces années à cause des injustices nombreuses , il ne serait ni judicieux, ni raisonnable de s’engager dans ce secteur . Il serait illusoire de vouloir exploiter de manière efficiente et productive ce secteur agricole durablement ; illusoire d’espérer en tirer des bénéfices probants ; plutôt, on risquerait de créer ou précipiter les conditions d’instabilité explosive, sans plus. A titre d’illustration, peut–on légitimement envisager un projet d’exploitation ou d’extension des manguiers des femmes de Thiembene sans risques ? Serait-il moralement juste de s’approprier le fruit de leur labeur pendant des années, de transformer de facto un cas de flagrante injustice en fait accompli, définitivement accompli ?
Enfin il ne faut pas que la raison de sécurité l’emporte sur celle (des risques) du chaos social éminemment plus dangereux…
Attention toutefois, que l’on nous entende bien : la vallée du fleuve doit voir son potentiel agricole mis en valeur, exploité au bénéfice de tout le peuple mauritanien. Seulement, ce développement devra tenir compte de certains principes, reposer sur la concertation avec les populations concernées à associer, respecter l’espace vital des villages et certains droits séculiers (accès à la terre pour les paysans, accès au fleuve pour les pécheurs, couloirs de parcours et d’accès à l’eau pour les éleveurs). Ainsi et ainsi seulement, on s’acheminerait vers un développement réfléchi, apaisé, qui profiterait à tous. Voilà pourquoi nous pensons que tout plan d’exploitation de cet espace devrait se décliner en paliers, ci-après :
–La Zone du ‘’ Waalo’’- ou partie inondable- sera affectée aux populations locales que l’Etat accompagnera
– Les investisseurs nationaux et sous–régionaux se verront attribuer le moyen Dierri -12km du fleuve,
-Les Investisseurs internationaux (le grand capital ) occuperont le haut Dierri -20km du fleuve et au de-là-.
Enfin s’il y a réforme foncière, elle devra être une, la plus équitable possible, applicable du Nord au Sud, d’Est en Ouest avec la même impartialité.
D’ores et déjà nous ne pouvons que déconseiller fortement tout financement de projets agricoles de partenaires dans la vallée du fleuve, avec le statu-quo actuel ; tout comme nous décourageons les appuis au secteur de la justice dans laquelle Negro-africains et haratines ne se reconnaissent pas ; Ils n’y sont pas représentés, ne peuvent s’y exprimer (N-africains), ni en attendre des verdicts impartiaux. Une justice enfin, où on ne donnait pas aux juges honnêtes de dire le droit. A nos yeux l’appui visant à ‘’ rendre cette justice plus forte,’’ comme se le proposent certains partenaires au développement, mérite d’être questionné, car il ne serait pas de nature à favoriser la cohésion nationale, pour accentuer et consacrer la marginalisation des Négro-mauritaniens.
Pendant l’occupation algérienne Albert Camus eut à tenir ces propos sur la Justice française qui lui valurent bien des quolibets:‘’ entre votre Justice et ma mère je choisis ma mère’’, dit-il. C’était sa manière de dénoncer la justice française appliquée pendant la guerre d’Algérie, exigeant une autre justice plus conforme à celle incarnée par la rigueur et la droiture de sa vertueuse mère !
Citation qui ne saurait mieux traduire le ressenti actuel des Négro-africains à l’égard de la justice mauritanienne perçue comme une justice partisane au service d’une entité, une justice des riches et des puissants pourvoyeuses de cellules …Nous sommes des assiégés !
Nous sommes des assiégés, en survie !
Dans le livre titré ‘’ la vallée du fleuve Sénégal ’’ de B Grousse et Sidy M Seck, Ed karthalla 1991, le mauritanien Ba Boubacar Moussa révèle -page 265- : ‘’ dans un rapport confidentiel, le ministre de l’intérieur écrit’’ « Les halpulareen tentent de déstabiliser la Mauritanie en remettant en cause son arabité. La base sociale sur laquelle se développe ce particularisme tributaire de l’hégémonisme sénégalais, c’est la composition ethnique du peuplement local actuel, majoritairement halpulareen. En modifiant radicalement la composition de ce peuplement, on prive ce particularisme de toute possibilité de développement à moyen terme ».
C’est on ne peut plus clair !
La majorité des mauritaniens victimes des évènements Sénégalo-mauritaniens de 1989, expulsés du Sénégal se sont vus bloqués sur la ligne du fleuve, contraints et forcés de s’y installer alors qu’ils avaient, pour la plupart, émis le désir de regagner leurs régions d’origine…Ils furent autorisés à occuper villages et champs de Négro-africains déportés, non encore restitués à ce jour, comme pour le carré de manguiers des braves dames de Thiembene …
L’esprit du rapport confidentiel était en marche …
La déportation des populations négro-africaines au Sénégal et au Mali s’inscrit dans le même sillage ; comme le refus obstiné de ramener les (12000) déportés mauritaniens au Mali, qui participe de la même logique …
On le voit, le rapport était en application…La descente vers le Sud n’a donc pas été que ‘’spontanée’’ ou sous la poussée de la sécheresse, contrairement à certaines affirmations ; elle fut inspirée, suscitée et même encouragée… pour des motifs obscurs.
L’esprit de ce rapport-circulaire était en marche. IL est en marche, non plus localement, mais à l’échelle nationale avec le Président Abdel Aziz ; au niveau des forces armées et de sécurité, de la Police, de l’Administration, de la Justice, des Ecoles spéciales, des médias , à travers cet ’enrôlement biométrique aux commissions techniques mono ethniques et ces conseils de ministres ; l’esprit de cette circulaire se poursuit encore et se reflète jusque dans l’organisation du sommet arabe récemment à Nouakchott où nous avons été tenus absents ; Arabité oblige, toutes les émissions en langues nationales pulaar , soninke , wolof ont été suspendues , le temps d’un sommet… Or l’Unité ne peut se fonder sur l’assentiment des peuples en présence, dans l’acceptance et le respect réciproques. Dès lors qu’une des parties est perçue comme une gène, voire un boulet au pied l’Unité n’est plus viable !
Le Président, son compère de l’état major et la dame de la CUN, par leur action conjuguée, tentent de parachever au pas de course l’infâme projet, amorcé en 1960, considérablement aggravé par Ould Taya dans les années 1980. Le Président veut développer ce pays, ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise chose; ce qui est mauvais par contre est qu’il veuille le développer sans Nous,- nous Négro-africains et Haratines- chose inacceptable, encore une fois !
Un pays, une Nation, un Etat viable ne sauraient se construire de cette façon là…En conséquence toute coopération dans ces conditions devient donc questionnable.
Dans son allocution du 12 juillet 2016, l’ambassadeur des Etats-unis à Nouakchott, évoquant la question de l’esclavage, disait, je cite : «les histoires de nos deux pays ont de tristes similitudes. Comme la Mauritanie, nous luttons pour surmonter les séquelles de notre passé, et pour construire un meilleur pays pour tous les citoyens ». A cette différence qui échappait peut-être à son Excellence : si aux Usa l’esclavage a été vaincu c’est parce qu’il y eut des consciences torturées, des intellectuels et des hommes de foi qui n’en pouvaient plus de transiger avec leurs consciences, torturées ; ce n’était pas le cas en Mauritanie où l’on fait surtout semblant … En Mauritanie l’hypocrisie et le ‘’faire semblant’’ sont entrés dans les mœurs …
Isselmou O Abdel kader disait au cours d’une rencontre publique récente que 90% de l’économie de Kaédi était aux mains des familles maures ; Dire 90% de l’économie de toute la vallée du fleuve aurait été plus proche de la réalité ! « Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante, c’est une position pas raisonnable et qui, surtout, n’est pas tenable » soutenait Yehdih.
Il faut reprendre Aleg …
S’il s’était agi de corriger le déséquilibre issu du legs colonial on aurait compris ! C’eût été légitime, parce que c’eût été faire justice; mais l’on s’attela, plutôt, à éliminer la composante négro-africaine des sphères de la vie publique, totalement! Evidence, hélas, que le Pouvoir en place et une bonne partie de l’élite arabo-berbère s’obstinaient à nier! Or il ne pouvait y avoir d’unité ou simplement de rencontre avec l’autre sans la reconnaissance de l’autre dans son altérité …
Au vu de toutes ces données, appuyer ou financer donc le secteur agricole ou celui de la justice ou encore des forces armées et de sécurité mono ethniques actuelles, sans créer au préalable les conditions d’égalité, d’équité et de justice entre les composantes nationales dans ces secteurs, ne serait ni plus ni moins qu’aggraver cet état de siège. Ce serait apporter une caution à notre exclusion, soutenir et légitimer la domination d’une composante nationale sur les autres. Nous sommes des assiégés en état de survie ! Voilà pourquoi l’appui à ces secteurs doit être questionné, encore une fois…
Il faut reprendre Aleg qui fut un raté ! Il faut rediscuter des conditions de coexistence, du vivre ensemble. Les partenaires et amis de la Mauritanie se doivent donc de faire preuve de claire voyance et davantage de vigilance et de prudence dans leur coopération avec l’Etat ou le régime mauritanien, buté, de nature éthniciste, aux tendances autocratiques, répressives et prédatrices ….
Samba Thiam
Président des Forces Progressistes du Changement FPC
Nouakchott, le 31 juillet 2016
Pour une coopération plus éclairée (2eme partie) : par SAMBA THIAM président des FPC.
’’ Annihiler la force numérique et la force de travail que représentent les Noirs pour les transformer en simples instruments, sans qu’aucune possibilité ne leur soit laissée de sortir de cette situation ’’. N Mandela
Rien ne distingue ce but ultime de l’idéologie afrikaner, ici décrit, des objectifs politiques de la plupart des régimes mauritaniens, en particulier celui du Président Ould Abdel Aziz !
Voilà qu’après la main mise sur tous les leviers essentiels, le Système va boucler la boucle, à travers l’action du Président ould Abdel Aziz qui se tourne maintenant vers le dernier carré, jusque là préservé : les terres de la vallée du fleuve. Cela semble se dessiner à travers un comité interministériel, à pied d’œuvre depuis juin 2016, ouvert aux bailleurs de fonds, naturellement, mais qui restera sourd aux complaintes légitimes des populations concernées, comme toujours!
Pour une coopération plus éclairée…
Ce qu’il faut déplorer dans cette situation c’est qu’il se trouve, hélas, des partenaires internationaux qui, consciemment ou inconsciemment , accompagnent cette politique ; en effet, certaines institutions internationales, certains partenaires étrangers participent de cette dangereuse entreprise de spoliation, par leur apport multiforme dans ce secteur ; a travers leurs programmes d’appui, leurs financements …Or sans crever l’abcès, c’est-à-dire sans œuvrer au rétablissement préalable de la vérité sur l’occupation des terres-qui possède quoi-, sans affirmation claire du caractère intangible du droit de propriété, sans apaisement des rancœurs et des frustrations accumulées toutes ces années à cause des injustices nombreuses , il ne serait ni judicieux, ni raisonnable de s’engager dans ce secteur . Il serait illusoire de vouloir exploiter de manière efficiente et productive ce secteur agricole durablement ; illusoire d’espérer en tirer des bénéfices probants ; plutôt, on risquerait de créer ou précipiter les conditions d’instabilité explosive, sans plus. A titre d’illustration, peut–on légitimement envisager un projet d’exploitation ou d’extension des manguiers des femmes de Thiembene sans risques ? Serait-il moralement juste de s’approprier le fruit de leur labeur pendant des années, de transformer de facto un cas de flagrante injustice en fait accompli, définitivement accompli ?
Enfin il ne faut pas que la raison de sécurité l’emporte sur celle (des risques) du chaos social éminemment plus dangereux…
Attention toutefois, que l’on nous entende bien : la vallée du fleuve doit voir son potentiel agricole mis en valeur, exploité au bénéfice de tout le peuple mauritanien. Seulement, ce développement devra tenir compte de certains principes, reposer sur la concertation avec les populations concernées à associer, respecter l’espace vital des villages et certains droits séculiers (accès à la terre pour les paysans, accès au fleuve pour les pécheurs, couloirs de parcours et d’accès à l’eau pour les éleveurs). Ainsi et ainsi seulement, on s’acheminerait vers un développement réfléchi, apaisé, qui profiterait à tous. Voilà pourquoi nous pensons que tout plan d’exploitation de cet espace devrait se décliner en paliers, ci-après :
–La Zone du ‘’ Waalo’’- ou partie inondable- sera affectée aux populations locales que l’Etat accompagnera
– Les investisseurs nationaux et sous–régionaux se verront attribuer le moyen Dierri -12km du fleuve,
-Les Investisseurs internationaux (le grand capital ) occuperont le haut Dierri -20km du fleuve et au de-là-.
Enfin s’il y a réforme foncière, elle devra être une, la plus équitable possible, applicable du Nord au Sud, d’Est en Ouest avec la même impartialité.
D’ores et déjà nous ne pouvons que déconseiller fortement tout financement de projets agricoles de partenaires dans la vallée du fleuve, avec le statu-quo actuel ; tout comme nous décourageons les appuis au secteur de la justice dans laquelle Negro-africains et haratines ne se reconnaissent pas ; Ils n’y sont pas représentés, ne peuvent s’y exprimer (N-africains), ni en attendre des verdicts impartiaux. Une justice enfin, où on ne donnait pas aux juges honnêtes de dire le droit. A nos yeux l’appui visant à ‘’ rendre cette justice plus forte,’’ comme se le proposent certains partenaires au développement, mérite d’être questionné, car il ne serait pas de nature à favoriser la cohésion nationale, pour accentuer et consacrer la marginalisation des Négro-mauritaniens.
Pendant l’occupation algérienne Albert Camus eut à tenir ces propos sur la Justice française qui lui valurent bien des quolibets:‘’ entre votre Justice et ma mère je choisis ma mère’’, dit-il. C’était sa manière de dénoncer la justice française appliquée pendant la guerre d’Algérie, exigeant une autre justice plus conforme à celle incarnée par la rigueur et la droiture de sa vertueuse mère !
Citation qui ne saurait mieux traduire le ressenti actuel des Négro-africains à l’égard de la justice mauritanienne perçue comme une justice partisane au service d’une entité, une justice des riches et des puissants pourvoyeuses de cellules …Nous sommes des assiégés !
Nous sommes des assiégés, en survie !
Dans le livre titré ‘’ la vallée du fleuve Sénégal ’’ de B Grousse et Sidy M Seck, Ed karthalla 1991, le mauritanien Ba Boubacar Moussa révèle -page 265- : ‘’ dans un rapport confidentiel, le ministre de l’intérieur écrit’’ :
“Les halpulareen tentent de déstabiliser la Mauritanie en remettant en cause son arabité. La base sociale sur laquelle se développe ce particularisme tributaire de l’hégémonisme sénégalais, c’est la composition ethnique du peuplement local actuel, majoritairement halpulareen. En modifiant radicalement la composition de ce peuplement, on prive ce particularisme de toute possibilité de développement à moyen terme’’.
C’est on ne peut plus clair !
La majorité des mauritaniens victimes des évènements Sénégalo-mauritaniens de 1989, expulsés du Sénégal se sont vus bloqués sur la ligne du fleuve, contraints et forcés de s’y installer alors qu’ils avaient, pour la plupart, émis le désir de regagner leurs régions d’origine…Ils furent autorisés à occuper villages et champs de Négro-africains déportés, non encore restitués à ce jour, comme pour le carré de manguiers des braves dames de Thiembene …
L’esprit du rapport confidentiel était en marche …
La déportation des populations négro-africaines au Sénégal et au Mali s’inscrit dans le même sillage ; comme le refus obstiné de ramener les (12000) déportés mauritaniens au Mali, qui participe de la même logique …
On le voit, le rapport était en application…La descente vers le Sud n’a donc pas été que ‘’spontanée’’ ou sous la poussée de la sécheresse, contrairement à certaines affirmations ; elle fut inspirée, suscitée et même encouragée… pour des motifs obscurs.
L’esprit de ce rapport-circulaire était en marche. IL est en marche, non plus localement, mais à l’échelle nationale avec le Président Abdel Aziz ; au niveau des forces armées et de sécurité, de la Police, de l’Administration, de la Justice, des Ecoles spéciales, des médias , à travers cet ’enrôlement biométrique aux commissions techniques mono ethniques et ces conseils de ministres ; l’esprit de cette circulaire se poursuit encore et se reflète jusque dans l’organisation du sommet arabe récemment à Nouakchott où nous avons été tenus absents ; Arabité oblige, toutes les émissions en langues nationales pulaar , soninke , wolof ont été suspendues , le temps d’un sommet… Or l’Unité ne peut se fonder sur l’assentiment des peuples en présence, dans l’acceptance et le respect réciproques. Dès lors qu’une des parties est perçue comme une gène, voire un boulet au pied l’Unité n’est plus viable !
Le Président, son compère de l’état major et la dame de la CUN, par leur action conjuguée, tentent de parachever au pas de course l’infâme projet, amorcé en 1960, considérablement aggravé par Ould Taya dans les années 1980. Le Président veut développer ce pays, ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise chose; ce qui est mauvais par contre est qu’il veuille le développer sans Nous,- nous Négro-africains et Haratines- chose inacceptable, encore une fois !
Un pays, une Nation, un Etat viable ne sauraient se construire de cette façon là…En conséquence toute coopération dans ces conditions devient donc questionnable.
Dans son allocution du 12 juillet 2016, l’ambassadeur des Etats-unis à Nouakchott, évoquant la question de l’esclavage, disait, je cite : «les histoires de nos deux pays ont de tristes similitudes. Comme la Mauritanie, nous luttons pour surmonter les séquelles de notre passé, et pour construire un meilleur pays pour tous les citoyens ». A cette différence qui échappait peut-être à son Excellence : si aux Usa l’esclavage a été vaincu c’est parce qu’il y eut des consciences torturées, des intellectuels et des hommes de foi qui n’en pouvaient plus de transiger avec leurs consciences, torturées ; ce n’était pas le cas en Mauritanie où l’on fait surtout semblant … En Mauritanie l’hypocrisie et le ‘’faire semblant’’ sont entrés dans les mœurs …
Isselmou O Abdel kader disait au cours d’une rencontre publique récente que 90% de l’économie de Kaédi était aux mains des familles maures ; Dire 90% de l’économie de toute la vallée du fleuve aurait été plus proche de la réalité ! « Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante, c’est une position pas raisonnable et qui, surtout, n’est pas tenable » soutenait Yehdih.
Il faut reprendre Aleg …
S’il s’était agi de corriger le déséquilibre issu du legs colonial on aurait compris ! C’eût été légitime, parce que c’eût été faire justice; mais l’on s’attela, plutôt, à éliminer la composante négro-africaine des sphères de la vie publique, totalement! Evidence, hélas, que le Pouvoir en place et une bonne partie de l’élite arabo-berbère s’obstinaient à nier! Or il ne pouvait y avoir d’unité ou simplement de rencontre avec l’autre sans la reconnaissance de l’autre dans son altérité …
Au vu de toutes ces données, appuyer ou financer donc le secteur agricole ou celui de la justice ou encore des forces armées et de sécurité mono ethniques actuelles, sans créer au préalable les conditions d’égalité, d’équité et de justice entre les composantes nationales dans ces secteurs, ne serait ni plus ni moins qu’aggraver cet état de siège. Ce serait apporter une caution à notre exclusion, soutenir et légitimer la domination d’une composante nationale sur les autres. Nous sommes des assiégés en état de survie ! Voilà pourquoi l’appui à ces secteurs doit être questionné, encore une fois…
Il faut reprendre Aleg qui fut un raté ! Il faut rediscuter des conditions de coexistence, du vivre ensemble. Les partenaires et amis de la Mauritanie se doivent donc de faire preuve de claire voyance et davantage de vigilance et de prudence dans leur coopération avec l’Etat ou le régime mauritanien, buté, de nature éthniciste, aux tendances autocratiques, répressives et prédatrices ….
Samba Thiam
Président des Forces Progressistes du Changement FPC
Nouakchott, le 31 juillet 2016
Pour une coopération plus éclairée (1ere partie) : par SAMBA THIAM président des FPC.
Maintenant que le sommet arabe est fini, bien fini, l’auto congratulation passée, redevenons nous –mêmes et revenons à nos moutons …)
Pour une coopération plus clairvoyante
Unité nationale-radioscopie…
“ Notre lutte n’était pas dirigée contre les Blancs eux- mêmes, mais contre la domination des Blancs, contre une politique hégémonique qui se reflète dans la composition raciale des principales structures du Gouvernement, à tous les échelons ” N. Mandela.
L’auteur de ces lignes, pour lever tout amalgame et toute ambiguïté, clarifie le sens et la direction de la lutte de l’ANC.
Lignes fortes, à résonnance particulière pour les militants des FPC–d’inspiration ANC- qui luttent aussi contre un Etat, contre un Système et non contre une communauté raciale quelconque; “un Système fondé sur des préjugés, des présupposés qui aboutissent à une hiérarchie’’ que définissait si bien A Césaire .
Résonnance particulière de ces lignes également chez les Négro-africains en général pour refléter ce qu’ils vivent au quotidien, à travers leur descente aux enfers qui se manifeste par leur élimination, graduelle et sans fin, de la superstructure et des principaux secteurs de la vie publique, amorcée dès l’indépendance.
Dès 1960, un Système est mis en place par Moctar ould Daddah, à travers le contrôle de quatre verrous essentiels -leviers du pouvoir:– le contrôle du pouvoir politique, du pouvoir culturel (la langue), du pouvoir militaire, du pouvoir économique et financier, que viendra couronner le monopole des médias. Un Système pernicieux, bien construit, à l’origine de l’Inégalité ethnique consacrée et institutionnalisée ’’actuelle, qui fera dire à un visiteur étranger de passage ‘’qu’en Mauritanie être Noir est un délit sans que cela ne soit inscrit nulle part’’ !
Le Gouvernement du Président Abdel Aziz, sur les traces de prédécesseurs imbus de la même idéologie, consolide et perpétue ce Système, en exécutant cette ’’ politique hégémonique qui se reflète dans la composition raciale des principales structures du Gouvernement, à tous les échelons ‘’ dont parle Mandela. Ce gouvernement dans son empressement à asseoir définitivement et clôturer le Système, l’a profondément exacerbé, accentuant davantage la fracture communautaire …
Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer autour de nous pour constater la composition raciale du secteur de la justice, celui des (9) Ecoles spéciales, ou des commissions chargées de l’enrôlement biométrique, du corps de commandement des forces armées et de sécurité, des médias enfin. Des faits, rien que des faits que le Président, campant dans sa posture de déni habituel, s’efforçait de faire porter aux autres ( message à la nation en début et fin du ramadan, entre autres ).Au regard de ces faits, têtus, qui est-ce qui, en réalité, œuvrait dans le sens du “sectarisme’’ , du “racisme’’ ou de la ‘’ségrégation’’ ? Qui ‘’ divisait le peuple’’, à entendre nos “alter égo de Vichy’’, déclamer des slogans éculés, complétement déconnectés du réel?
A ce tableau d’iniquités décrit, vient s’ajouter ce découpage administratif et territorial des plus arbitraires et des plus injustes, depuis toujours. Citons en quelques cas significatifs à titre d’exemple :
L’Adrar : 62 658 habitants, 4 préfectures, 5 députés, 4 sénateurs (9 parlementaires)
Le Guidimakha : 267 029 habitants, 2 préfectures, 6 députés, 2 sénateurs (8 parlementaires)
Le Tiris Zemmour : 53.261 habitants ,3 préfectures, 4 députés, 3 sénateurs (7 parlementaires)
Le Gorgol : 335.917 habitants, 4 préfectures, 10 députés 4 sénateurs (14 parlementaires);
Le Tagant : 80.962habitants ; 3 préfectures, 5 députés, 4 sénateurs (9 parlementaires) .
Le Hodh Gharbi 294 109 habitants, 4 départements, 9 députés, 4 sénateurs
Au total, toutes régions comprises, on dénombre 203 parlementaires dont 150 Arabo-berbères (73 %), 20 haratines et 33 Negro africains .Le pays compte 55 préfectures au total, et seulement 7 pour la vallée du fleuve malgré sa forte densité !
De quelle ‘’Unité nationale’’ nous parle-t-on lorsqu’il n’existe d’équité nulle part, au regard de ces faits ?
A suivre…
Samba THIAM
Président des Forces Progressistes du Changement FPC
Nouakchott, le 28 Juillet 2016
FLAMNET- AGORA : Espérons ! par HOULEYE THIAM.
Le sommet Arabe nous dit-on
Tout doit aller comme sur les rails
Nouakchott en chantier
Les bidonvilles il faut les effacer
Une chance pour prouver notre Arabité
C’est une opportunité à ne pas rater
Pour exposer
Cette RIM, longtemps cachée
Les sommets sont en générale des rencontres de réflexion
Pour trouver des solutions
Et faire des corrections
Espérons
Que celui-là, ne sera pas centré sur les dattes d’Attar
La viande des chameaux de l’Adrar
Les belles routes et les poteaux solaires
Les zrigs servis sur les plateaux en vers
Mais qu’il se penchera sur la recherche des solutions
Aux multiples questions
Qui menacent l’humanité toute entière
Dans un monde à l’envers
Dans ce cadre
Nous pouvons citer
Sans risque de nous tromper
Le terrorisme
Le racisme
L’esclavagisme
Et L’absentéisme
Espérons
Que ce sommet se penchera sur le rôle de l’Arabe et L’Arabité dans cette folie collective Cette rencontre ne doit pas être, que festive
Espérons
Que ce sommet sortira enfin, le vrai visage de la Mauritanie
Qui est arc en ciel et jolie à voir
Même avec tous ses Kwars
Espérons enfin
Que nos hôtes verront que la Mauritanie est plurielle
Et belle
Et qu’elle n’est pas obligée d’être plus Arabe
Que les Arabes.
Houley Thiam