FLAMNET- AGORA : Sommet de la ligue arabe à NKTT, un camouflet pour les nationalistes arabes par Abou Hamidou Sy des FPC Amérique du NORD.
C’est une lapalissade de dire que notre pays n’est pas en mesure d’abriter une rencontre de grandes envergures. Nous n’en avons ni les infrastructures adéquates, ni la logistique nécessaire, encore moins la culture organisationnelle. Pourquoi diantre, sommes nous donc laissés embarqués dans cette aventure? Est ce pour d’éventuelles retombées économiques ? Pour la géo-politique régionale ou internationale ou tout simplement pour la consommation interne? Y’ avait il un agenda caché, un but inavoué? Une chose est certaine; le président Mohamed O. Abdel Aziz tenait à ce sommet de la ligue arabe à NKTT. Il nous avait promis qu’il se tiendrait même s’il le faut … sous une tente. Et il n’était pas seul dans cet entêtement …
Il n’est un secret pour personne qu’organiser ce sommet est perçu par la plus part de nos compatriotes arabo-berbères comme le parachèvement d’un processus de construction identitaire entamé des le lendemain de notre indépendance. Apres avoir imposé la langue arabe à l’école, dans l’administration, l’armée… jusqu’aux enseignes des commerces, quoi de plus naturel que de couronner le tout en conviant ses “proches” certifier cet accomplissement. Si tout s’était déroulé comme espéré, cette rencontre devrait être une affirmation de l’identité arabe de la Mauritanie. Assertion souvent contestée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Malheureusement ce qui devait être une consécration, un argument de plus aux yeux des nationalistes arabes a vite tourné au fiasco. Je me demande si mon compatriote El Wely O. Sidi Haiba parle du sommet qui s’est tenu à NKTT le 25 juillet ou d’un autre sommet arabe dans son imaginaire, tellement le bilan qu’il en fait contraste avec la réalité. Le constat est limpide: a part l’émir du Quatar qui était en villégiature dans la zone, aucune tête couronnée n’a répondu présent. N’eut été les africains l’honneur n’aurait été sauvé. Sans vouloir verser dans la caricature, cette rencontre fait plus penser à un sommet de l’Union Africaine. En effet, la haute représentation des pays africains présents ( Comores, Soudan, Djibouti et Deby au nom de l’UA) rappelle plus Malabo ou Kigali, il ne manquaient qu’un Mugabe ou deux Sassou N’Guesso.
Nul doute que touts les vrais patriotes mauritaniens sont outrés par cette déconfiture. Cela fait de la peine de voir l’honneur de notre pauvre pays bafoué de la sorte pour quelques hypothétiques petro-dollars ou autres prestiges illusoires.
Dans la culture mauritanienne toutes ethnies confondues, ne pas honorer une invitation est un signe de manque de respect, à la limite du mépris. Et c’est à cela que nous ont soumis nos cousins arabes.
A une chose Malheur est bon dit on, j’ose espérer qu’enfin le débat longtemps différé aura lieu au sein de la vaillante communauté maure et particulièrement son intelligentsia prise en otage par une minorité arabo-fantaisiste. Il est temps d’évaluer cette aventure arabe; qu’est ce qu’elle a apporté au peuple mauritanien en termes de cohésion nationale, d’essors économiques et de rayonnement culturel.
Ce débat a déjà eu lieu au Proche-Orient. En Israël, les Tcherkesses longtemps classés parmi les arabes (parce que musulmans) se sont battus pour être dissociés de ces derniers; passant ainsi du statut arabe à la catégorie « autre ».
Au Liban, les Maronites ( chrétiens “arabes” ) ont toujours revendiqué une filiation avec les phéniciens pour se distinguer de la communauté musulmane qui proclame son “arabité”.
Par contre en Mauritanie, une partie de nos compatriotes arabo-berbères continue à vivre une anxiété identitaire chronique, qui fait que s’ils ne sont pas arabes, ou associés aux arabes ils ne peuvent être rien d’autre.
C’est pourquoi les différents régimes qui se sont succédés en Mauritanie nous ont habitué à toutes sorte d’aberration en matière de choix stratégiques. Notre pays s’arrange le plus souvent a se retrouver dans des organisations moribondes ou des ensembles sans lendemains: UMA, partenariat Euro-méditerranéen, ligue arabe…
Résultat, la Mauritanie s’est retrouvée sans prendre garde isolée des ensembles sous-régionaux dynamiques avec des opportunités économiques certaines et une importance géo-stratégique reconnue que les puissances étrangères privilégient au détriment de la coopération bi-latérale.
Abou Hamidou Sy
FPC/Amérique du Nord.