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Regard critique post- dialogue (suite) : les vraies conclusions : par SAMBA THIAM président des FPC
Au cours de ce dialogue national , deux ateliers ont essentiellement polarisé l’attention générale (où j’ai consacré les ¾ de mon temps ); l’un portait sur les réformes constitutionnelles et l’autre sur l’Unité nationale ( question négro-africaine et question haratine ) ; la question de l’Unité fut débattue longuement , avec passion, tout le long des assises . Dans le premier atelier, les points ayant fait objet de consensus , à tout le moins de majorité, forte , étaient le sénat ( dissolution ), le 3e mandat (rejet , même dans les rangs de l’Upr , à l’exception des caciques et griots de l’Udp), le refus d’ouvrir la limite d’âge (75 ans ) pour les candidats à la présidentielle . D’autres points sont restés clivants , tels le changement de drapeau et de l’hymne national -points de details – auquel j’avais souscrit, mais pour des raisons totalement différentes de celles de l’Upr, telle, enfin, la création du poste de vice-président …Pour ce poste , la conclusion fut tirée de manière originale par un compatriote arabo-berbère qui, avec humour et ironie, la résuma ainsi : ‘’Je constate que tous les Arabes qui se sont exprimés sur la question sont contre l’institution de la vice -présidence , et que la quasi-totalité des Négro-africains sont , au contraire, pour . Les premiers sont contre , pensant que si le poste était crée, il le serait pour les Négro-africains , et ces derniers étaient pour , pensant que si la vice-présidence était retenue , elle leur reviendrait, tout naturellement …’’. La salle rit , mais d’une rire jaune , car cet ‘’état d’esprit’’ , subtilement ressorti par ce compatriote , traduisait le malaise réel qui relançait , avec amertume, l’acuité de la question du ‘’ vivre-ensemble’’. (Notons au passage que les haratines furent divisés sur la question… )
Dans le second atelier ‘’ l’Unité nationale’’ retint l’attention ; elle fut débattue , longuement , avec passion , pour aboutir à la conclusion – toutes opinions transversales confondues – sur la nécessité d’enseigner et d’officialiser les langues nationales d’une part et , d’autre part, résoudre la question haratine .
Voilà , en résumé , les points essentiels, focaux, qui furent les véritables conclusions du dialogue national . D’autres points ont été portés récemment à la connaissance du public , mentionnés dans le projet de révision constitutionnelle en perspective du référendum , entre autres, la redistribution des membres du conseil constitutionnel – qui constitue une illusion, un leurre pour mieux ferrer l’opposition ; en effet la neutralité du conseil constitutionnel pendant les compétitions électorales ne peut découler, véritablement, que de l’indépendance totale de la justice et non de ce type d’artifice…les cas du Burundi , de la Côte d’Ivoire et récemment du Gabon sont là pour le prouver . On note dans ce projet d’autres points comme la fusion d’institutions islamiques – point superficiel – qui fut sans intérêt pour la majorité des participants .
A l’exception du point relatif à la dissolution du Senat , tous les autres points présentés dans ce projet de révision constitutionnelle sont de pure invention , et résultent de négociation menée en catimini et dans l’opacité totale ; ils ne reflétaient donc ni les conclusions véritables des assises , ni l’avis de la commission générale de suivi du dialogue national . Il ne s’agit donc là , ni plus ni moins, que d’une supercherie… L’esprit et la lettre des assises nationales ont été trahis…
Au vu de ces manœuvres du régime, iL appartiendra donc , à partir de maintenant, aux uns et autres de juger et décider de l’attitude à adopter face au référendum, en perspective, au contenu falsifié , très éloigné des conclusions réelles du dialogue national …
Pour notre part c’est tout décidé .
Samba Thiam Pr des FPC
Nouakchott, le 24 Novembre 2016
FLAMNET-AGORA : Journée de réjouissance ou de deuil ? Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibecar
Le mois de novembre, qui symbolisait pour nous, pendant trente ans les moments de joie et d’allégresse, les moments d’euphorie pour l’unité nationale et cette communauté de destin fondée sur l’islam, des moments de souvenir des pères fondateurs et bâtisseurs, des moments d’espoir d’une vie meilleure, a perdu tout son charme et toute sa fierté depuis ce fameux 28 novembre 1990 où la tristesse a remplacé la joie et le désespoir. A la joie de l’indépendance et de la liberté se sont désormais mêlées la souffrance morale et la détresse de la cruauté, pendant ce jour mémorable.
En ce mois de novembre 1990, des centaines de nos frères négro-mauritaniens, civils et militaires ont été froidement exécutés. Plusieurs centaines d’âmes croyantes exécutées sans aucune raison valable, ou morts sous la torture. Certains ont été abattus de sang froid en public, leurs corps exposés pendant très longtemps devant leurs proches, empêchés de leur donner une sépulture, d’autres ont été enterrés vivants comme à Azlatt et à Jreida. Certains ont été pendus comme à Inal et à Rach Tachedbit dans le département de Rosso au 1er BCP, d’autres morts sous la torture à Nouadhibou et ailleurs.
Les viols ne se comptaient pas, certains viols avaient été effectués devant les parents des intéressées, d’autres devant les enfants des intéressées. Les pillages, les humiliations et les bastonnades étaient monnaie courante.
Les victimes dans les unités de l’armée nationale, un peu moins de trois cents hommes, dont plus de la moitié (154) dans la seule fosse commune d’Inal. Inal qui est tout un symbole car c’est ici où sont tombés nos premiers martyrs, sur le champ de bataille le 9 décembre 1975, dont l’adjudant-chef Abdallahi Sy dit lehrour de la gendarmerie, un foutanké du gorgol, le premier martyr des forces armées nationales et le brigadier Mohamed Ould Mahmoudi Ould Moussa MLE 2147 un guerrier du Tagant, premier martyr de la Garde nationale. Ils sont morts pendant la lâche attaque surprise de l’armée algérienne et quelques mercenaires du Polisario, qui a déclenché la guerre du Sahara où nous avons perdu plus de 2000 martyrs oubliés par la République.
Auteurs bien connus
Les tueries au niveau de l’armée nationale ont fait l’objet d’un rapport incriminant une poignée d’officiers. Etabli dans les règles de l’art en mai / juin 1991, par une commission plurielle composée de cinq officiers, dirigée par le chef d’état-major national adjoint, ce rapport avait fait toute la lumière sur ce massacre. Le chef de l’Etat, après lecture de ce rapport, avait été d’une grande naïveté, en demandant à son ministre de la Défense de voir avec la cour suprême la possibilité d’une solution interne, à l’amiable, impliquant des sanctions disciplinaires accompagnées de réparations matérielles.
Le ministre de la Défense a, par lettre N° 0056 du 17 juin 1991, posé deux questions, on ne peut plus absurdes, au président de la cour suprême, dont voici la teneur : « Les chefs d’états-majors détiennent-ils des prérogatives en matière de poursuites des militaires ayant commis des crimes et des délits? La sanction disciplinaire peut-elle se substituer à la sanction pénale ? » La cour suprême toutes chambres réunies, à son audience du lundi 15 juillet 1991, a par délibération N° 95/91 donné l’avis suivant : « Incompétence des chefs d’états-majors en matière de poursuites des militaires ayant commis des crimes ou des délits et impossibilité quant à la substitution de la sanction disciplinaire par la sanction pénale. »
En novembre 1990, à la Garde nationale, sur les seize victimes de ce massacre, plusieurs sont morts sous la torture. Pendant l’occupation de la vallée, dans le département de Boghé, des gardes avaient exécuté froidement un gendarme et plusieurs soldats de l’Armée nationale en tenue et en position régulière, et au lieu d’être sanctionnés, ils ont été récompensés. Ils avaient aussi massacré dans la forêt de BAKAW, plusieurs personnes dont des femmes et un bébé.
Dans le département de Maghama, dans la zone de Sangué Lobali, pendant ces années de braise, les unités de la Garde ont semé la terreur en coupant les têtes de certaines victimes avec lesquelles ils s’amusaient à terroriser les populations des villages riverains. Au niveau de la Garde nationale, il n’y avait jamais eu d’enquête concernant ces massacres, mais les auteurs présumés sont très bien identifiés. Malheureusement, les statistiques des massacres et viols chez les civils, pendant l’occupation de la vallée, ne sont pas répertoriés avec précision. Les ONG qui s’intéressent à ce dossier sont divisées, démunies et diabolisées et les ayant droits sont toujours terrorisés.
Le seul crime des victimes de ces massacres était d’être nées toucouleurs ou soninkés du Gorgol. Car les soninké du Gorgol, contrairement à ceux du Guidimagha plus conservateurs, étaient assimilés par le pouvoir à des toucouleurs, à cause des métissages et de la symbiose qui existaient entre ces deux composantes. Il parait que le but de ce génocide, car on ne peut l’appeler autrement, était de terroriser les ‘’kwars’’ (terme générique désignant le snégros-mauritaniens), afin de les amener à traverser volontairement le fleuve pour s’installer définitivement au Sénégal, considéré par les stratèges nationalistes du pouvoir, comme étant leur vraie patrie.
Certes, les kwars ont été complètement terrorisés au point où ils ne savent plus à quel drapeau se vouer, et où ils n’ont plus que des mains pour applaudir et des voix pour soutenir sans réserve, les gouvernements d’hier et d’aujourd’hui, qui protègent les bourreaux en légalisant l’impunité. Mais, heureusement pour la Mauritanie, les kwars n’ont pas encore traversé le fleuve « Sanhaja ».
Epuration ethnique
Les proches des victimes de cette épuration ethnique, sont depuis plus de 25 ans dans l’expectative. L’avenir de la Mauritanie vaut plus que la vie de tous les officiers, sans exception aucune, en activité ou à la retraite, à plus forte raison d’une poignée d’officiers génocidaires, qui prennent en otage depuis un quart de siècle la justice de tout un peuple, mettant en péril toute la République, et à l’ égard desquels la moindre sympathie ou le moindre sentiment de pitié constitue à lui seul un très grand péché.
Depuis 25 ans, les poursuites contre les auteurs de ces massacres sont suspendues, la justice mise en veilleuse, avec la bénédiction de beaucoup des oulémas et des notables de la République Islamique de Mauritanie. Depuis un quart de siècle, les ayant droits sont privés de justice par ces dictatures militaires qui se succèdent et se ressemblent, soutenues par les baathistes et les nasséristes à tour de rôle.
Depuis 25 ans, les parents des victimes n’ont même pas le droit de pleurer leurs morts, ni de chuchoter les noms de leurs centaines de martyrs, ni de murmurer leurs profonde douleur, ni de prier publiquement pour le repos de leurs âmes. Pourtant tous les auteurs présumés de ces crimes sont connus et beaucoup de témoins sont encore en vie et prêts à témoigner pour Allah devant les juridictions compétentes.
Toute la procédure judiciaire a été bloquée par le premier parlement issu de la démocratie militaire, composé majoritairement de tribalistes arabo-berbères et négro-mauritaniens dont des oulémas, qui avait voté presque à l’unanimité, sous l’impulsion du président du CMSN ère nouvelle, déçu par la réponse de la cour suprême en juillet 1991, et soutenu par des nationalistes arabes, le 14 juin 1993 la loi 93-23 portant amnistie et qui légalise l’impunité et l’arbitraire, dont voici la teneur :
Article premier : Amnistie pleine et entière est accordée :
-1/ Aux membres des forces armées et de sécurité auteurs des infractions commises entre le 1er janvier 1989 et le 18 avril 1992 et relatives aux événements qui se sont déroulés au sein de ces forces et ayant engendré des actions armées et des actes de violence.
-2/ Aux citoyens mauritaniens auteurs des infractions suites aux actions armées et actes de violence et d’intimidation entrepris durant la même période.
Article 2 : Toute plainte, tout procès- verbal et tout document d’enquête relatif à cette période et concernant une personne ayant bénéficié de cette amnistie sera classé sans suite.
Cette loi d’amnistie votée par cette assemblée monolithique, élue dans les conditions que l’on sait, qui n’a d’ailleurs pas plus de légitimité que le CMSN, composée de « députés » béni-oui-oui, dont certains sont plus militaristes que les militaires, et dirigée par un officier, ancien membre du CMSN, ancien ministre de l’intérieur, sans doute pour donner la cadence, est nulle et non avenue. Particulièrement en ce qui concerne les auteurs de crimes de sang, puisque contraire à la charia qui est constitutionnellement, le fondement du droit mauritanien. Seuls les ayant droits peuvent pardonner et seulement dans les cas du ghissas (loi du talion). Les cas de houdoud (châtiment pour un péché) ne peuvent faire l’objet ni de pardon ni de grâce et doivent être exécutés immédiatement.
Des officiers génocidaires ont été décorés les 28 novembre. Décorer les bourreaux, c’est encourager l’impunité, travestir l’histoire, maudire un peu plus cette journée mémorable, insulter davantage la mémoire de nos martyrs, humilier et frustrer les ayant droits, et renvoyer aux calendes grecques les mots comme réconciliation nationale et comme justice tout court.
Le 28 novembre 2015, les festivités pour la commémoration du 55ème anniversaire s’étant délocalisées à Nouadhibou, la cérémonie nationale va s’approcher de la principale nappe de sang de nos martyrs, du point culminant de la barbarie. Elle va se dérouler à 255 km d’Inal, le symbole de l’atrocité, l’adresse de la boucherie, le souvenir du cérémonial solennel de la pendaison de nos 28 valeureux soldats, l’incarnation du génocide.
Elle va se dérouler au commandement de la première région militaire, responsable de ce massacre. Elle va se dérouler à Nouadhibou, notre capitale économique, elle aussi entachée par le sang des dizaines de nos martyrs de novembre 1990. Cette année, notre drapeau national sera hissé publiquement et solennellement, en présence du chef de l’Etat, des membres du gouvernement et des hautes personnalités, dans une mare du sang de nos frères martyrs.
Journée souillée
Le 28 novembre ne peut plus constituer une fête nationale pour notre peuple. On ne peut pas fêter le sacrifice de nos 28 martyrs pendus, pendant ce jour mémorable. Leur sang avait entaché à vie l’anniversaire de notre indépendance, et souillé notre drapeau national. On ne peut pas fêter la pendaison de toute une communauté, de toute une culture. On ne peut pas fêter la pendaison de l’humanité tout entière.
Le sang de ces 28 âmes croyantes sacrifiées comme des moutons ce 28 novembre 1990, par leurs frères d’armes dans une ambiance incroyable, interpelle notre conscience religieuse, notre conscience nationale, notre conscience citoyenne, notre conscience patriotique. La réponse au génocide et surtout au sacrifice d’INAL doit être responsable et contribuer à apaiser les esprits, à consolider la cohésion nationale, le patriotisme, et surtout à renforcer la foi en Allah, après que justice soit rendue. Le fait d’ignorer le génocide est pire que le génocide. Le fait de nier la pendaison est pire que la pendaison. De grâce pleurons le 28 novembre. Exigeons la vérité. Exigeons la justice. Pleurons. Pleurons.
Aussi le 28 novembre 2001, la Mauritanie avait livré le citoyen Mohamedou Ould Sellahi, brillant informaticien, aux USA en violation flagrante de notre constitution. Cet innocent moisit depuis une quinzaine d’années dans les geôles de la plus grande puissance du monde, qui le maintient en prison, hors de son territoire pour tricher, par excès de zèle, malgré son acquittement par la justice américaine. Cette honteuse livraison a souillé un peu plus cette journée mémorable.
On peut consacrer la journée du 25 novembre, encore intacte, à la fête. Date de la création de nos forces armées, premier acte de souveraineté nationale de notre pays. On peut réserver ce jour à la joie de l’indépendance et de la liberté, avec ses discours, ses musiques, ses chants, ses cérémonies officielles, ses défilés, ses levées des couleurs. Et instituer la journée du 28 novembre comme journée des martyrs ou journée de la cohésion nationale, pour partager la souffrance morale et la détresse de tous ceux qui ont souffert, ou qui souffrent de la cruauté de leurs propres concitoyens.
Avec une pensée particulière pour les victimes du génocide, et nos 2000 martyrs oubliés, morts les armes à la main pour défendre notre intégrité territoriale entre le 9 décembre 1975 et le 12 juillet 1979, et surtout les 28 pendus de l’anniversaire. Cette journée du 28 novembre sera une journée de prière, de recueillement et de pardon pour une meilleure harmonie, une meilleure concorde nationale. Pour que cette folie ne recommence jamais.
Les plaies provoquées par le génocide sont très profondes et ne peuvent se cicatriser que suite à un procès juste et transparent, et qui doit réparer administrativement les calvaires vécus par les ayant droits pendant ces 25 ans d’expectative. Le peuple doit connaître toute la vérité, rien que la vérité au sujet de ce massacre. Tenter de dissimuler cette tuerie, c’est comme essayer de cacher le soleil.
L’approche timide choisie pour régler le problème de ces tueries, par le pouvoir en place, en distribuant des miettes aux ayant droits, est contre-productive. Les amalgames créés par l’ajout sur la liste des victimes du génocide, des noms des auteurs des putschs sanglants du 16 mars 1981 et du 8 juin 2003 sont inacceptables et ridicules. La prière à Kaédi ressemble plus à une provocation qu’à un acte d’apaisement. On ne peut réaliser notre unité nationale tant que la justice n’est pas rendue aux ayant droits. Pourtant les parents des victimes sont prêts à pardonner. Mais pardonner quoi ? Pardonner à qui ? Pardonner comment ? Il est indécent de demander pardon avant de rendre justice.
Il ressort de ce qui précède que nous sommes majoritairement des musulmans non pratiquants, citoyens d’une république semi-laïque en voie de disparition, dirigés depuis le 10 juillet 1978 par des gouvernements irresponsables et hors-la-loi. Qu’Allah protège notre chère Mauritanie. Allah donnez-nous des yeux qui voient le meilleur, un cœur qui pardonne le pire, un esprit qui oublie le mal, et une âme qui ne perd jamais la foi.
Source: http://lecalame.info
REGARD CRITIQUE POST- DIALOGUE : PAR SAMBA THIAM PRESIEDENT DES FPC.
Dans le document final de l’accord politique on a, de nouveau, parlé comme dans toutes les réformes administratives, politiques et scolaires précédentes ‘’ du renforcement de la langue arabe ‘’. Il faut soutenir ce renforcement de la langue arabe , mais le soutenir pour la nationalité arabo-berbère …Il n’est plus question de l’appliquer aux Négro-africains car , pour ces derniers , ce ‘’renforcement’’, dans le passé et le présent récent, s’est toujours traduit par davantage d’exclusion . Avec ce ‘’renforcement de la langue arabe’’ on a cherché à faire de l’unitarisme plutôt que l’unité ; Obstinément, on s’évertue à vouloir gommer l’autre identité du pays . Oui donc au renforcement de la langue arabe, mais pour les Arabo-berbères ;au titre du respect de l’ identité négro-africaine qui s’impose et exige, enfin, l’enseignement et l’officialisation immédiate des langues nationales wolof , pulaar , soninke et bambara au même titre que l’arabe ; identité pour identité…
Il n’y a pas de majorité en matière d’identité, tout comme il n’y a pas de majorité en matière de vérité. Rappelons au passage que le stade de promotion ou du choix des caractères pour la transcription de ces langues est un stade dépassé.
L’élite arabo- berbère ne semble pas se résoudre à admettre que l’Unité nationale suppose la reconnaissance de l’autre et dans son identité et dans son altérité! Qu’elle requiert l’égale dignité, l’acceptation et le respect réciproque, l’équité et l’égalité des chances devant les opportunités.
Voilà pourquoi nos langues pulaar , soninke , wolof et bambara doivent être érigées en langue de travail et d’alphabétisation des masses pour en faire de bons citoyens et des acteurs de développement avertis. L’indépendance culturelle, tant prônée , ne doit pas rester sélective . Elle doit rimer avec l’indépendance culturelle de tous , sans esprit partisan …
IL ressort par ailleurs du même accord politique que l’on s’acheminerait vers une consultation référendaire autour de certains points , dont les emblèmes nationaux , à modifier . Il nous semble plutôt que le contenu central de ce référendum, s’il avait lieu , doit d’abord porter sur la question fondamentale, première, du‘’ vivre ensemble’’ à trancher .Voulons-nous , oui ou non, vivre ensemble ‘’? Sur quelles bases, si la réponse devait être affirmative ? A quel prix ? Car comme le soulignait Yehdih : << Un pays est d’abord fondé sur une volonté des diverses parties de coexister , de vivre ensemble , dans la paix . Sans ce choix et cette volonté c’est une partie perdue >>.
Tout le reste constitue des points corollaires à cette question . S’il advenait que la réponse du peuple fût oui, alors forcément la constitution devra être ouverte afin d’y insérer les principes régulateurs du vivre –ensemble qui touchent à la redéfinition du pays ( la Mauritanie est un pays islamique , arabe et négro-africain ), à sa re-caractérisation ( la Mauritanie est bi-raciale , multi ethnique et pluriculturelle ) et aux principes , affirmés, d’équité et d’égalité en droits et devoirs des communautés et des groupes nationaux en présence .
Au sortir du dialogue national inclusif il y a lieu nous semble-t-il, pour rassurer sur la volonté réelle de changement de politique, de poser un certain nombre d’actes concrets qui répondent à des attentes pressantes. Il s’agit , entre autres , de déclarer l’officialisation de toutes les langues nationales , d’acter la représentativité des langues et cultures dans les médias nationaux , de rectifier le processus d’enrôlement à travers une recomposition plus équilibrée et des commissions techniques régionales et de la commission centrale de supervision; de ramener les refugiés du Mali enfin, de geler provisoirement toute occupation ou cession de terres, en attendant la mise en place d’une réforme globale plus juste . Ces points ne requièrent pas de débat particulier pour relever plutôt de l’initiative du Président de la république.
Si la Mauritanie connait depuis les années 60 des problèmes récurrents, c’est en raison du projet, inavoué, tenace, d’assimilation du groupe négro-africain… impossible à réaliser. On a cherché- on cherche toujours- à copier la réalité du Maghreb, où les populations noires sont reléguées au bas de l’échelle sociale, assujetties aux basses besognes, totalement effacées de la superstructure…C’est une voie sans issue parce que notre histoire et nos trajectoires respectives sont totalement différentes …
L’histoire des populations noires du Maghreb ( 80 millions d’âmes si on inclut l’Egypte ) est complètement différente de celles des populations noires du Waalo , du Tekrour, du Guidimakha . Les premières sont le produit de la traite négrière , surajoutées au substrat négroïde – groupe des vaincus assimilé- ; les secondes( les négro-africains )- autochtones sur la terre de Mauritanie -, ont, quant à elles , vécu libres, avec leur organisation sociale et politique propres ; celles -là ont gardé intactes leur culture, celles-ci ont été assimilées, acculturées et déracinées au double sens du terme .
Telle est la première raison qui justifie pourquoi il faut renoncer à copier le Maghreb…
La seconde raison tient à la proximité du Sénégal et du Mali voisins qui, par l’osmose permanente entre populations, rend tout projet d’assimilation voué à l’échec ; à moins d’un rideau de fer à nos frontières…
Et puis il y a la condition des haratines appelée à évoluer, en raison du vaste mouvement des peuples et des idées induit par la mondialisation…
L’intelligence de la situation , la bonne compréhension, lucide, de ces faits doit nous amener à modifier notre vision et sur les choses et sur notre devenir en commun qui ne peut plus se fonder sur des rapports de domination au travers de projet assimilationniste … Les tenants d’une telle entreprise doivent y renoncer, encore une fois … en dépit de ce que postule la loi de ‘’proximité’’ entre groupes humains . Ces gens doivent enfin intégrer cette vieille donne que ‘’ les hommes naissent libres et égaux en droits ’’, et qu’ils restent fiers de leurs cultures respectives.
Cette reconversion des mentalités devra également s’accompagner d’un changement de perspective…
Efforçons-nous de changer de perspective , ce serait tout bénéfice…
Au lieu de nous entre-déchirer sur un gâteau miniscule, que les uns veulent accaparer pour eux seuls ,à tout prix, travaillons plutôt à en augmenter la dimension… Autrement dit, mettons- nous, ensemble, au travail pour créer plus de richesses , assez de richesses… suffisantes pour le plus grand nombre …
Comment y parvenir ?
En ouvrant les opportunités, en octroyant plus de liberté, en libérant davantage les énergies … Si l’on donnait les mêmes possibilités au lumpen prolétariat du groupe arabo- berbère- laissé pour compte- que l’on accordait aux éléments négro-africains et haratines les plus dynamiques et les plus talentueux les mêmes possibilités et les mêmes opportunités , immanquablement nous accroitrions notre richesse en densifiant notre classe moyenne …En nous départissant de toutes considérations subjectives , pour ne retenir , dans le choix des hommes, que le profil . Des hommes dynamiques , des hommes d’éthique , des hommes talentueux , trempés dans la transparence…
Cette richesse, ainsi créée, détendra nos rapports sociaux assez tendus du moment, et réduirait, ipso-facto , la dépendance actuelle du plus grand nombre et, en dernière conséquence , la quantité de frustrations et de rancœurs accumulées toutes ces années qui, inévitablement, conduisent au conflit, à la violence… Alors que nous devrions nous atteler à panser la plaie des tragiques évènements du passé , à construire la paix ; et la paix ne peut se bâtir durablement sans l’éradication de ces innombrables inégalités et injustices, flagrantes . Aujourd’hui nous vivons tous, nantis comme démunis tous confondus, un stress permanent né de l’inquiétude et de l’angoisse grandissantes d’un lendemain incertain .Changeons donc de perspective …
Changeons de perspective en choisissant de vivre dans la gaieté , la fraternité , le partage …Partager les richesses, partage la joie et les peines ,partager les plaisirs et les douleurs , la souffrance et l’aisance …La vie est si courte !
Une problématique dernière qui aurait dû figurer en bonne place dans le document final : comment venir à bout du désordre généralisé si nous devions conserver le modèle d’Etat centralisé actuel ? On ne peut rien construire dans le désordre …
Samba Thiam
Inspecteur de l’Enseignement Fondamental
Président des Forces Progressistes du Changement (FPC)
1 Novembre 2016.
www.flamonline.com
DIALOGUE ET DISCRIMINATION RACIALE EN MAURITANIE:
Certains esprits malveillants disent que les nominations racistes de ce lundi au sein de la police sont le fruit du” dialogue national”.! Quelle mauvaise foi! Décidément certains compatriotes ont une mémoire courte. Ont-ils oublié que c´est cette politique de discrimination raciale que dénonçait “Le manifeste du Négro-mauritanien opprimé” de 1986 et qui nous a valu la diabolisation, la dénonciation, la répression la plus sanglante et cinglante de l´histoire politique du pays, jusqu´à l´élimination physique de ceux que nous comptions de plus cher dans notre mouvement et jeté d´autres sur le chemin de l´exil pendant des décennies. Et dans ce même Manifeste nous affirmions essentiellement trois choses :
1- Il y a un problème de coexistence entre les communautés Arabe et Négro-africaine. Nous démontions la mécanique d´un système de discrimination raciale en ce qu´il exclut la composante négro-africaine et haratine de tous les processus de décision. Chiffres á l’appui, nous administrions – s´il en était besoin- les preuves de cette marginalisation et en dévoilions les rouages. Ce problème, disions-nous, ne résultait pas d´un antagonisme naturel latent ou spontané entre communautés, mais plutôt d´un système politique visant à diviser le peuple en exacerbant les préjugés inter-ethniques. Une politique volontairement et exclusivement panarabiste, privilégiant la communauté Arabe á tous les points de vue au détriment de la communauté Noire.
2- Nous attirions l´attention du régime sur l´urgence qu´il y avait à reconnaître, et donc á prendre en charge ce problème pour juguler tout risque de confrontation que pourrait entraîner sa persistance.
3- Enfin, nous préconisions dans la dernière partie du Manifeste un vaste débat national où tous les mauritaniens s´essaieraient autour d´une table afin de résoudre par eux-mêmes, par les vertus et du dialogue et de la concertation, l´ensemble de ces problème.
Nous avions peut-être eu tort d’avoir raison avant tout le monde, c’est à dire d’avoir osé défier seuls les périls à l’époque où la vaillance n’était pas la denrée la plus commune. Nous, on est plutôt honorés d’avoir suscité des vocations dans la défense de la justice et de l’égalité, mais aussi d’avoir crée des émules. La lutte ne vient pas de commencer, nous l´avions commencé avant l´avènement de la toile de facebook, avant que la parole ne soit libérée au pays, avant la liberté de la presse ne soit une réalité, avant que la “démocratisation” ne soit décrétée. Nous avons combattu ce Système sous le régime militaire pur et dur et au moment où certains de nos procureurs d´aujourd´hui applaudissaient le dictateur de Nouakchott, courbaient l´échine ou rasaient les murs devant la terreur du Système. Aujourd´hui chacun peut jouer au héros ou au grand combattant de la liberté parce que les temps et le contexte ont changé. Nous continuons toujours la lutte avec la même fermeté, la même détermination tout en étant attachés à nos principes et convictions les plus profondes. Nous ne devons jamais faiblir, car il est des instants qui font l´histoire. Et nos camarades tombés ou qui ont sacrifié leurs vies, leurs familles, leurs carrières professionnelles, leurs études pour cette lutte ont fait à jamais l´histoire de la Mauritanie. Une autre Mauritanie est incontournable, il est un honneur d´être dans ce camp de refus et de résistance.
Si le régime actuel est de mauvaise foi et persiste dans sa politique raciste et de déni, nous ne pouvons que prendre acte mais nous avons fait notre devoir en tant que force d´alerte et de proposition pour le reste l´histoire jugera la responsabilité des uns et des autres dans le démembrement du pays.
La lutte continue!
Kaaw Toure
FLAMNET-AGORA : Dialogue National en Mauritanie : Quel intérêt pour les FPC ?
Pour avoir pris la décision de participer aux assises du dialogue national en Mauritanie convoquées par le président mauritanien, Mohamed Abdel Aziz, les Forces Progressistes du Changement (FPC) et leur président Samba Thiam sont victimes de critiques. Des attaques que je trouve injustifiées, quand on sait faire une analyse politique objective des luttes de libération nationale.
En effet, en général, la lutte pour …l’égalité passe, inévitablement, par quatre étapes :
– Prise de conscience
– Dénonciation
– Proposition
– Exécution
La lutte des organisations noires pour la résolution de la question nationale en Mauritanie ne fait pas exception à cette règle. Chez nous, la prise de conscience correspondait à la période des années 60-80 où une minorité de cadres noirs avait senti le danger dans l’inégalité de traitement entre nos différentes communautés nationales. Avec la création des Flam en 1983, la lutte de libération des noirs de Mauritanie entrait dans sa deuxième phase dite de dénonciation. Ensuite, les années 80-2010 ont vu l’intensification des critiques contre le système de discrimination raciale autant à l’intérieur qu’en dehors du pays. Notamment, gràce à la présence et l’activisme des membres des Flam dans tous les forums internationaux, en Afrique, en Europe et en Amérique.
Le retour des Flam en Mauritanie et sa transformation en parti politique, les Forces progressistes du changement (FPC), marque l’avant-dernière étape de notre lutte pour l’égalité. Aujourd’hui, armées de leur programme d’autonomie, dans l’intérêt de tous les mauritaniens, les FPC sont en mesure de prêcher la bonne parole à l’intention de tous les citoyens du pays. La nouvelle mission du Président des FPC est de porter le discours de manière agressive et stratégique en direction de toutes les populations mauritaniennes. Un discours qui devra s’entendre partout dans le pays, au niveau de nos villes, villages, hameaux et campements. C’est dans cette optique qu’il faudrait comprendre la participation des FPC au dialogue national de Nouakchott. Une participation inévitable compte tenu de l’évolution naturelle, conditionnée par le pouvoir ‘’d’une main invisible ou divine’’, que ni Samba Thiam, président des FPC, ni même Mohamed Abdel Aziz président du pays ne contrôlent la conduite.
Mamadou Barry
FPC- Amerique du Nord