Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Si j’étais Ibrahima Sarr, si j’étais Samba Thiam

Si j’étais Ibrahima Sarr, si j’étais Samba ThiamTijane Bal – Que l’on m’autorise deux précisions préalables avec l’espoir de lever toutes équivoques éventuelles. La première est que ces lignes sont un simple billet d’humeur.

Merci aux lecteurs (éventuels) de ne les lire qu’à cette aune. La seconde est que seul le souci de l’ordre alphabétique explique qu’Ibrahima Sarr soit systématiquement cité en premier tout au long de ce texte. Il ne faut y voir aucun parti pris. Ni aucune prévention à l’égard des Thiam en général.

Vous représentez deux figures importantes de la communauté négro-mauritanienne. Votre rapprochement ne constitue donc pas un événement anodin. Certains considéreront que ce rapprochement vient à son heure. D’autres attendront de voir. Les uns et les autres ne manqueront pas de se demander ce qui a rendu possible aujourd’hui ce qui ne l’a pas été si longtemps.

La déclaration du 12 juillet représente assurément un tournant. Le mot « réconciliation » en est d’ailleurs absent. Célébrant des « retrouvailles de la famille nationaliste négro-africaine », Monsieur Abou Hamidou Sy lui a préféré un vocable plus neutre.

Il est vrai que la notion de « réconciliation » suppose une rupture préalable alors que celle de retrouvailles laisse plus de place à l’interprétation. Des esprits critiques pourraient faire observer que « la famille » n’est pas au complet. L’un de ses membres, et non des moindres-les FLAM pour ne pas les nommer- ne semble pas avoir été approché par les « médiations de bonnes volontés » évoquées dans la déclaration. Du coup, on ne peut que constater un vide sur la photo de famille.

Le 15 mai dernier, vous déclariez, Samba Thiam, qu’entre votre organisation, les FPC, et les FLAM, « la rupture est totale ». La formule pourrait être jugée abrupte. Il vous est également arrivé de flétrir ceux que vous appelez les « dissidents » et de proclamer la péremption des FLAM dans la foulée de votre repositionnement.

Votre évolution n’a rien d’absurde. Pour autant, n’était-il pas plus démocratique de prendre acte des différences d’approches dans le respect du pluralisme ? De vous à moi, rediriez-vous la même chose? Vous savez mieux que personne qu’en politique, le « définitif » peut, à l’usage, s’avérer n’être que provisoire. L’actualité qui a inspiré ces lignes, en est une illustration.

Passons. L’heure est pour l’instant aux retrouvailles. Apparaitront plus tard des questions banales du genre : que ne l’ont-ils fait plus tôt ? D’où vient la bouderie ?

Il n’est jamais plaisant ni aisé de revenir sur les raisons d’un différend. Surtout au moment où on le solde en se réconciliant.

Mais ce pourrait être une démarche salutaire. La déclaration du 12 juillet actant votre réconciliation fait état « de simples divergences stratégiques » pour expliquer les désaccords passés. Si les motifs de la discorde ne sont en effet pas rédhibitoires, ils pourront être exposés d’autant plus facilement sans risques de réveiller des rancunes.

Votre mésentente a pu surprendre tant vous aviez des choses en partage : un engagement commun, le combat politique qui en découle, hélas la prison et ses affres. Tous ces facteurs auraient pu vous rapprocher.

Il est vrai qu’on pourrait aussi, à l’inverse, considérer que des épreuves aussi traumatisantes que la prison, la promiscuité, la torture, et la déshumanisation qui vont de pair ne sont pas les meilleurs vecteurs d’entente et d’harmonie. Les témoignages de rescapés ayant partagé votre sort ont livré une tragique réalité, propre à altérer les esprits, pervertir les comportements individuels et collectifs et ruiner toute sociabilité. Il n’est donc pas étonnant que le calvaire de l’enfermement ait pu laisser des séquelles et corroder les relations les plus solides. Cette triste réalité est à porter à votre décharge.

Votre réconciliation est, de ce point de vue, la preuve qu’il est possible, malgré tout, de réparer les fractures que l’action politique et ses conséquences, voulues ou subies, génèrent quelquefois. Elle incite à une forme d’optimisme. Nul doute toutefois que l’optimisme du moment cèdera le pas très vite à des questionnements : « Et maintenant » ? « Et après » ?

Après ? Il conviendra de pointer les changements à venir, de les rendre visibles d’en dessiner les contours et d’en imprimer le rythme sachant que pour être prometteuses, les avancées devront être structurelles et pas seulement individuelles. On touche très vite aux limites de l’interpersonnel. Restaurer, s’il y a lieu, de bonnes relations personnelles est nécessaire. Pas suffisant. Nécessaire car il arrive que les désaccords sur les principes dérivent en inimitiés personnelles.

Pas suffisant car acteurs du processus en cours, vous gagnerez à (dé)montrer que ce qui se joue dépasse vos personnes et a vocation à s’inscrire dans un projet collectif. Les difficultés ne devraient pas être insurmontables. Vous pourrez faire valoir, avec des chances de convaincre, que tout bien considéré, vos retrouvailles sont plus conformes à l’ordre des choses que certains attelages récents.

Vos trajectoires personnelles, vos prises de position antérieures (et actuelles) pourraient facilement venir à votre rescousse et témoigner d’une communauté de vues sur l’essentiel.

Cela étant, il est à craindre que la bonne volonté ne suffise pas à faire oublier le contexte de vos retrouvailles. La période préélectorale que vit le pays est propice au soupçon. Il est donc vraisemblable que votre réconciliation soit jugée suspecte à la lumière des circonstances. Il vous appartient de la déconnecter des contingences du moment et de l’inscrire dans la durée.

Par ailleurs, vous concéderez que vos situations politiques respectives sont, pour le moins, différentes. La vôtre, Ibrahima Sarr, semble a priori plus confortable. Vous êtes à la tête d’une formation politique reconnue, présente dans l’espace public et représentée à l’assemblée nationale. Le parti de Samba Thiam est, quant à lui, en quête d’une reconnaissance qui, semble-t-il, peine à intervenir.

A cet égard, Samba Thiam, comment expliquez-vous la persistance de vos difficultés à faire reconnaitre votre formation alors qu’à l’origine, les choses semblaient si bien engagées ? Pour reprendre une expression triviale : il est où le problème ?

Sans que ceci explique cela, aviez-vous seulement intégré à votre démarche le fait que l’espace politique que vous entendiez investir, au regard de votre credo, pouvait être occupé ? Par Ibrahima Sarr précisément.

Quant à vous Ibrahima Sarr, loin d’être une critique, il relève du simple constat que vous êtes perçu comme un homme du sérail, pas totalement extérieur au champ institutionnel, ni même en marge. Vous êtes, à ce titre, en situation d’apporter à Samba Thiam une certaine visibilité institutionnelle dont la non reconnaissance prive son parti. A titre d’illustration, réserver à celui-ci une place de choix sur vos listes, dans la perspective des scrutins à venir, serait un geste politiquement fort. A supposer que les FPC le souhaitent bien évidemment.

Samba Thiam, si, dans l’hypothèse où vous envisageriez de prendre part aux élections, votre parti devait passer le cap des candidatures, arrivera le temps des programmes. Sur ce sujet, les «recommandations » faites à Monsieur Birame Ould Abeid dans un précédent « Si j’étais Birame » vaudraient mutatis mutandis pour vous-même comme pour Ibrahima Sarr.

Un programme monothématique, axé par exemple sur la seule question négro-africaine, comporterait le risque d’installer ou de conforter l’idée d’une alliance raciale et/ou communautaire autour d’un credo racial et/ou communautaire ou à dominante raciale et/ou communautaire. Ce qui, bien entendu, ne signifie pas que cette dimension devrait en être absente.

Pour le reste, l’histoire et l’actualité regorgent de duos de « frères ennemis » : le Zoulou Buthelezi et le Xhosa Mandela, le Shona Mugabe et le Ndebelé Nkomo, le Berbère Ait Ahmed et l’Arabe Ben Bella, le Nuer Riek Machar et le Dinka Salva Kir, les Palestiniens Mahmoud Abbas et Ismael Haniyé……Et la liste aurait pu être bien plus longue.

Vous avez eu le courage de dire vos divergences, de cerner l’«essentiel des contentieux et des malentendus » qui vous ont éloigné les uns des autres, « vos stratégies différentes », des « options » dont vous reconnaissez que certaines furent « parfois antinomiques ».

Il vous appartient à présent d’éviter ce que vous avez appelé les « surenchères contre productives » et ce qu’un analyste a nommé les « dispersions fatales ». C’est à ces conditions que vous parviendrez à consolider la « dynamique de réconciliation et de partenariat » que vous avez amorcée afin de répondre « aux vœux d’unité de votre base ».

De quoi l’avenir de vos retrouvailles sera-t-il fait ? Seul l’avenir le dira. Incha Allah.

Tijane Bal

cridem

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L’Unité re-questionnée …(Par Samba Thiam)

L’Unité re-questionnée …(Par Samba Thiam)La plupart des pays confrontés au problème d’Unité nationale, ou de violations massives des droits humains, tentent, chacun à sa manière, de panser les blessures, de trouver la catharsis nécessaire pour ressouder les fractures inter-communautaires…

Notre pays, à travers son gouvernement, à l’opposé de cette tendance visant à mettre du baume sur les plaies, lui choisit de nier les problèmes, d’opter pour la fuite en avant ou la répression ! Empêcher la délégation des veuves des militaires assassinés de se rendre à Genève s’inscrit dans cette logique.

La rengaine du discours officiel à laquelle nous sommes habitués, généralement servie aux visiteurs étrangers est que l’esclavage n’existe plus ; la question de la diversité culturelle ? un faux débat –puisque mise en pratique à travers chants et danse, et celle du “passif humanitaire”-euphémisme du génocide- un problème résolu, dépassé …

Et pourtant ces questions demeurent et constitueront des boulets à nos pieds, et l’obstacle majeur à notre cohésion et à toute réconciliation nationale, tant qu’elles ne seront pas correctement résolues.

La question du passif

L’on se souvient il y a quelques années le Maroc entamait sa réconciliation nationale a travers la justice transitionnelle… La Tunisie et la Guinée Conakry, à leur tour, lui emboîtaient le pas…

Si la Tunisie remonte à plus haut dans l’histoire et traite de la période comprise entre 1955 à 2016, la Guinée, elle, se limite pour l’instant, à “l’évènement du 28 septembre”, survenu en 2009 sous Dadis Kamara, alors Président de la junte militaire putschiste.

Nous avons encore en mémoire la commission Vérité et Réconciliation de l’Afrique du Sud post- apartheid, puis les cas du Chili et de l’Argentine aujourd’hui derrière nous, pour l’essentiel résolus…Ces cas enseignent que le temps n’efface pas ces questions mémorielles.

Partout donc il souffle un vent du changement, de réconciliation, partout sauf chez nous où l’on s’enfonce dans la fuite en avant, à travers dénis, dénégations et négation …

Pendant qu’ailleurs on tente de revisiter le cours d’un passé douloureux , de retrouver les places où sont ensevelies à la sauvette des dépouilles de victimes, notre chef de l’Etat, lui, choisit de berner nos veuves, de barrer la route à toute investigation sur les dizaines de fosses communes découvertes, d’en effacer toutes traces en rasant les repères, d’intimider et interdire toute manifestation interne , tout acte de souvenir . Il ordonne de bloquer toute plainte, de plomber toute bouche, d’étouffer toute voix qui tente de soulever ces questions !

Ainsi, croit- il, naïvement, pouvoir gommer des mémoires ces tragédies survenues entre 1986 et 1992. C’est peine perdue car elles y resteront à jamais gravées. Nous n’oublierons pas …

Si en Guinée-Conakry on a parlé de 150 morts dans un stade, des dizaines de femmes violées et de disparues, ce qui s’est produit en Mauritanie pendant cette terrible période est sans commune mesure avec le cas guinéen … Ce fut un véritable génocide, méthodiquement planifié.

La question culturelle ou de la diversité culturelle …

Aujourd’hui chez nos voisins du Maghreb l’élite arabe au pouvoir, après des années de crispation, a décidé de reconnaître l’existence du peuple berbère par l’officialisation de la langue et de la culture berbère. Le Maroc en fut le pionnier, l’Algérie, pétrie d’un nationalisme à fleur de peau, après moult hésitations, vient de suivre…Elle s’ouvre à un débat en train de prendre corps qui porte à la fois et sur le rôle et la place de la langue Française dans le système éducatif algérien et sur la nécessité de “découpler la langue arabe du conservatisme religieux”( A. Dourari) pour lui restituer sa capacité, aujourd’hui perdue, à produire le savoir.

Chez nos voisins tunisiens le débat porte plus loin ; il questionne l’identité arabe du peuple tunisien, à l’origine, un melting-pot constitué de grecs, de romains, de Turcs, de Français, de berbères, de Noirs et d’arabes … Là où, pour baliser l’avenir, nos voisins maghrébins marquent un temps de pause pour évaluer et réfléchir, les mauritaniens, à travers l’aile la plus chauvine, “hystérisent” le débat dès que les questions sérieuses sont abordées… pour s’enflammer, au moindre vent, pour des causes extérieures à la Mauritanie, et encore …de façon sélective !

Au lieu de s’attaquer à nos problèmes de fond on nous distrait avec des chansonnettes sur la résistance nationale, bricolée sur un récit national à sens unique, falsifié …

Pendant que d’autres peuples se penchent sur la revalorisation de leur patrimoine culturel, le développement des langues maternelles en vue de l’apaisement identitaire, notre élite et nos gouvernants se refusent à toute évaluation, à tout examen sérieux et lucide de la situation passée et présente pour, obstinément, poursuivre le projet assimilationniste de la composante non arabe du pays… perçue comme une menace à la pérennité du caractère arabe (décrété) du pays !

L’obstacle le plus sérieux à notre cohésion nationale et au Changement en général réside ,en réalité, dans le complexe aryen, inavoué, de race supérieure qui régit sournoisement nos rapports inter-communautaires…Ce complexe explique et sous-tend ces désastreuses et dangereuses pratiques politiques au plus haut niveau de l’Etat et le silence général de l’élite sur ces questions de fond ,empêchant, en partie, ce pays d’entrer de plain-pied dans le concert des nations modernes.

En effet si notre Ecole va très mal c’est en raison, essentiellement, de ce soubassement, teinté d’idéologie ; tout le monde pâtit de la déconfiture de notre système scolaire, c’est certain, mais les Ecoliers, Elèves, Etudiants négro-africains et Haratines, sacrifiés, en pâtissent bien plus. Pendant ces quatre dernières années, sur les 100 premiers au Bac C, leur nombre d’admis varie entre 1 et 5 ! Dans tous les examens et concours récemment organisés ils sont laissés pour compte (médecins spécialistes 3/64, Ingénieurs sortant 3/18, Ecole militaire 1/30, magistrats* 0/20 etc.). Dans toutes les séries et partout ailleurs l’échec est général, massif, patent.

Les corps de commandement de l’Armée et de la Police nationales sont simplement nettoyés, le recrutement à la base, attentivement scruté ethniquement ; les promotions à l’EMIA et à la base de Rosso reflètent la même réalité… Pour masquer le déséquilibre ethnique dans les groupes exposés, les cameramen zooment sur quelques têtes nègres, placées sciemment au premier rang, et balaient d’un faisceau rapide le reste du groupe… Dans les séminaires, ateliers, colloques, symposiums, nous sommes là juste comme un appoint, un accessoire. Ce faisant on a, délibérément, perdu de vue que pour constituer la Mauritanie, le colonialisme français a assemblé deux aires culturelles distinctes, deux peuples aux traditions et habitudes mentales différentes, deux entités politiques historiques indépendantes, des mémoires nationales …

Il nous faut revenir à l’histoire…

Malgré cette situation gravissime, il se trouve, hélas, des nègres et intellectuels sans scrupules, qui roulent pour le parti au pouvoir et les partis satellites, renforçant ainsi un Système qui les opprimait, trompant au passage de pauvres hères, dont il collectent, moyennant quelques ouguiyas, les cartes d’identité… A côté de tout cela, l’inaction déroutante des plus concernés !!!

Il est devenu urgent pour nous mauritaniens honnêtes, soucieux du devenir de ce pays, d’examiner et débattre la question du vivre-ensemble, pour en déterminer le type, si toutefois il est encore partagé…

Les compatriotes arabo-berbères veulent-ils vivre avec les Négro-africains ? Si oui, sous quelle forme et quelle condition ? Dans la poursuite de cette tentative obstinée d’assimilation des autres à tout prix, ou dans le respect des identités respectives ? Dans l’accaparement de tous les secteurs de la vie publique par les uns ou dans le partage équilibré du Pouvoir ? Au travers de l’Unité ou de l’Unitarisme ?

Ces questions méritent d’être tranchées au plus vite, car la fracture entre communautés nationales s’aggrave tous les jours un peu plus ; la tension extrême créée par cette discrimination aiguë que vit actuellement la communauté négro-africaine et les dérives du gouvernement en tout genre suscitent , en ce moment, un débat intense et légitime dans les réseaux sociaux, pour lequel toutes les options doivent rester ouvertes…

Pour ma part, j’ai toujours pensé que les fondamentaux du vivre-ensemble supposaient, nécessairement, le respect de la diversité culturelle, ethnique, religieuse, l’égalité des chances et l’équité …

Un de nos intellectuels affirmait, non sans justesse, malgré une posture partisane (soutien aux touaregs de l’Azawad) que, “Si l’on ne peut vivre ensemble qu’au prix de l’oppression à l’égard d’une composante, c’est une position pas raisonnable et qui, surtout, n’est pas tenable”.

Il nous faut nous ressaisir.

 

Samba Thiam

Président des FPC

29 Juillet 2018

 

*Dans ce concours, contrairement à la pratique habituelle fixée par la loi, au lieu de présenter l’épreuve de langue en fonction des options –Français / Arabe-, tout le monde fut contraint de composer en arabe !!! Cette fois encore, comme pour l’arabisation totale du secteur de la justice, un quidam s’est levé et en a décidé ainsi !

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Reconstruction de la famille nationaliste, un impératif pour les negro-mauritaniens

altLa déclaration conjointe  paraphée le 12 Juillet dernier entre l’AJD/MR et les FPC constitue sans nul doute un jalon important dans la résistance negro-mauritanienne. Après des décennies de stratégies divergentes, d’options parfois antinomiques et de dispersions fatales, l’unité tant souhaitée est enfin entrain de se matérialiser. Le mérite en revient à tous ceux qui y ont cru, en particulier aux infatigables médiateurs, aux militants des deux formations mais surtout aux icônes de la résistance; Ibrahima M Sarr et Samba Thiam qui, par leur esprit de dépassement ont apporté un cinglant démenti aux détracteurs des leaders de notre communauté ; celles de tous les opprimés en Mauritanie. 

Pouvait il en être autrement pour ces deux monuments qui ont tout sacrifié pour la cause; familles, carrières, ambitions…?

Cette retrouvaille est d’autant plus vitale que le système qu’elle combattait est entrain d’atteindre ses objectifs. La marginalisation politique, l’exclusion économique et l’oppression culturelle des negro-mauritaniens est à son apogée.

La cohabitation harmonieuse entre nos communautés est devenue une illusion, l’unité nationale un mirage et  l’Etat une chimère.

Le racisme d’Etat jadis sournois est aujourd’hui patent; les tenants du Système ne s’embarrassent plus de scrupules  ou de ruse; désormais c’est à visage découvert qu’ils opèrent. Non satisfaits de nous avoir réduit à  presque rien ; les gouvernants  cherchent  à nous achever en allant à l’assaut de nos terres de culture.

A ce tableau sombre s’ajoute le désarroi causé par les divagations de  l’opposition; avec toutes les monstruosités auxquelles on assiste. 

En vérité, le Système n’est pas confronté, tout se passe comme si on voulait  remplacer un des rouages; le tuteur, en l’occurrence le chef de l’Etat. C’est peut être la les vœux d’une partie de l’opposition, un changement qui ne bouleverse pas  les équilibres et ne remet pas en cause les acquis du système.

S’il est compréhensible qu’une frange de la classe politique conglomère pour maintenir le statu quo, il est tout à fait légitime pour les victimes de s’unir pour le bouleverser.

C’est ce que ne  semble pas assimiler certains acteurs politiques noirs en Mauritanie. 

De peur d’être traités d’extrémistes, de nationalistes étroits  ou de racistes  ces derniers s’abstiennent de plaider pour le regroupement des forces negro-mauritaniennes. Or, l’histoire nous enseigne que toute lutte d’émancipation victorieuse est portée d’abord par la fédération des forces des principales victimes. C’est par la suite que d’autres entités  rejoignent ce noyau initial; des progressistes de tout bord, des religieux, des artistes et même des repentis parmi les oppresseurs. En somme, suivant le modèle des cercles concentriques. C’est ce qui s’est produit en Afrique du Sud avec l’ANC, le PAC, le SAIC (South African Indian Congress),

le Parti communiste, la COSATU, l’église …idem pour les États Unis avec NAACP, Black Panthers, Black Muslims, les églises … Dans le dernier cas, après avoir porté leur espoir tour à tour sur le parti républicain puis le parti démocrate; les Afro-Américains se résolurent à ne compter d’abord que sur leurs propres forces.

En Mauritanie, la famille nationaliste négro-africaine et les organisations haratines authentiques doivent être le socle sur lequel se fonde toute contestation de l’ordre en vigueur. A ce premier bloc se joindront les forces progressistes arabo-berbères, les organisations de droit de l’Homme, les associations culturelles noires, les vraies oulémas, et même les repentis du système …

Ce rapprochement entre AJD/MR et FPC a été unanimement salué par la communauté negro-mauritanienne et au-delà. Mais les réactions ne doivent pas se limiter à de simples satisfécits dans les réseaux sociaux on dans des  des discussions informelles. Il faut consolider ce partenariat en apportant sa pierre à l’édifice. Pour tous ceux qui prétextaient le manque d’unité pour s’engager dans la lutte, vous n’avez plus d’excuses. Un noyau existe il faut renforcer.

Faut il rappeler, qu’il y a un peu plus de 35 ans, de jeunes nationalistes negro-mauritaniens excédés par la fragmentation des organisations politiques noires et les querelles de clocher entre leurs leaders astreignaient quatre organisations; l’UDM, le MPAM, l’ODINAM et le MEEN à fusionner pour donner les FLAM. Un exemple à méditer.

 

Abou Hamidou Sy

FPC/Amérique du Nord

 

 

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Le Sionisme et l’Esclavage deux poids deux mesures

Le Sionisme et l’Esclavage deux poids deux mesuresJe ne vois pas la différence entre les Israéliens et les esclavagistes de chez-nous. Au contraire, je vois deux intersections entre deux “doctrines” pratiquées au nom d’une religion et, toutes les deux, perpétrées dans le monde arabe, par ou contre les Arabes. Elles ont néanmoins une similitude : perpétrer les crimes contre l’humanité.    

Mes cousins (de culture) arabes aiment souvent dire que la communauté internationale pratique toujours la politique de deux poids deux mesures, en ce qui concerne Israël et ils taxent les USA de tous les maux car, ils n’ont pas soutenu la cause arabe. S’il y en a une ! Les arabes, tous les arabes et les esclaves des arabes ont tout donné pour défendre la Palestine.    

Ils ont donné leur argent, leurs âmes, leur temps et surtout leur salive ! Al Jazeera n’a qu’une seule mission : servir la cause arabe. Elle s’en acquitte admirablement bien car, elle démasque, amplifie et même, quelques fois, dédouble toutes les pratiques sionistes qui visent les Arabes pour mettre à nu leurs caractères non-orthodoxes. Mais, au nom de l’Islam, notre héroïque tribune ne prononce aucun mot sur l’esclavage pratiqué par ces mêmes Arabes ! Mais, chers arabes, chers musulmans qu’a-t-on fait contre l’esclavage pratiqué de nos jours par l’Etat Mauritanien (l’Etat des arabo-berbères) ? Contre plus de 50% de musulmans Mauritaniens, et le racisme d’Etat pratiqué par cette même Mauritanie contre les Noirs de Mauritanie, toutes ethnies confondues.    

Des Mauritaniens sont partis faire allégeance à Kadhafi pour avoir de l’argent et, donc, continuer à avoir la main mise sur ce pays. Au juste, qu’a fait “le révolutionnaire” contre l’esclavage en Mauritanie et au Soudan !?

Des mauritaniens sont partis soutenir Gaza pour sublimer leur complexe d’arabité ! Ces “bonnes volontés” n’ont-elles pas pris le soin de comparer Gaza à la Kebba , Tarhil, Dar Beydha… ? Les enfants de Gaza sont nourris, soignés et ils dorment dans des maisons en dur…. D’accord, ils vivent tout le temps sous les menaces de représailles. C’est vraiment horrible, inhumain et condamnable… !    

Mais nos enfants (haratines) ressemblent à des chimpanzés qui vivent dans une forêt classée, menacés par la mort chaque seconde des suites de « représailles » des puces, des microbes, bref de la pauvreté et de l’ignorance.

Ils dorment à même le sol dans des baraques qui ne les protègent ni contre le vent, ni contre la pluie ni contre la chaleur et encore moins contre les microbes. Au même moment où nos “cadres” se payent le luxe d’aller à Gaza apporter “notre” soutien à des gens qui ignorent les réalités de notre Mauritanie. J’allais dire notre Afrique du sud des années soixante !    

Je n’ai jamais entendu l’ambassade de la Palestine qui fonctionne par nos impôts ou celle de la Syrie condamner l’esclavage ou la déportation dont souffre depuis toujours la communauté noire de Mauritanie ! Est-ce qu’ils sont au courant de cette population largement visible dans les rues de Nouakchott et dans tout le pays, et singulièrement invisible dans les milieux officiels : à la Présidence , à la primature, aux mesures individuelles prises par le conseil des ministres et à Bruxelles… ?

Nos Faqihs parlent de tout sauf de l’esclavage. Les Imams, principaux responsables de la survivance des pratiques esclavagistes, ont défilé pour Gaza alors qu’ils ont toujours humilié, violer, spolier nos mères et nos cousines ! Alors, voila deux poids deux mesures :    

Les Mauritaniens sont contre l’occupation israélienne des terres arabes. Ils chantent haut et fort que le peuple palestinien, meurtri par la guerre, a le droit de recouvrer sa liberté. Ces mêmes Mauritaniens s’accordent à priver des milliers de haratines et de négro-mauritaniens, meurtris par l’exclusion, le racisme et la xénophobie, de recouvrer leurs droit a la liberté !!!!!    

«Dieu ne change pas la réalité des gens tant qu’ils n’ont pas changés ce qu’il y a dans leur propre intérieur». La Mauritanie est pour les Mauritaniens, pas pour les Libyens ni les Syriens et encore moins les “tout-riens”, prêts à tout pour se faire de l’argent, même s’ils sont ce qu’ils sont par la manipulation et la tricherie à travers mêmes les voies de ces haratines qu’ils ignorent !    

Et ceux qui sont dévoués à soutenir Gaza ont ignoré les propos du prophète Mohamed (P.S.L.), malgré leur Islamisme politicien : «le bien que vous pouvez faire faites-le pour vos proches» ! Sauf si vos proches ne sont pas nous ! Nous, qui vous avons fait boire et manger. Nous, dont vous avez amplement profité de l’ignorance, dont vous êtes pourtant responsables, pour nous avoir utilisé contre nos cousins Négro-africains en 89. Nous, que vous utilisez toujours pour se réclamer Majorité dominante dans ce pays !

Et quoi en contre partie de tout cela ? Vous vous êtes partagés les terres, la mer, les pierres et les postes. Et nous, nous avons partagés la dérision, la peine, l’exclusion et l’angoisse …

Ceux qui ont volé notre argent et qui ont construit les plus belles villas à Tevragh Zeina, sont toujours ambassadeurs, conseillers, directeurs…dans une hypothétique dynamique de lutte contre la gabegie. Pourquoi n’a-t-on pas pensé à libérer et nommer Ahmed Ould Khatry ? Pourquoi on le donne publiquement comme exemple de prévaricateurs ? Il fait partie d’une entité qui ne mérite pas pudeur. Une communauté dont les femmes ont été violées en plein jour par des fils de «grandes familles».

Elles ont donné des enfants qui on vécu dans l’humiliation. On a spolié leurs héritages sous prétextes que les biens de l’esclave appartiennent à son maître ! Que reprochent- on aux Israéliens qui ont, eux aussi, leur prétexte historique !    

Les Palestiniens on subi tous les torts. Ils ont vécu dans la merde, mais, ils ont choisis la lutte pour défendre leur dignité…. Et nous, autres créatures de Dieu, pourquoi avions-nous mérité ce sort ? Quel crime avons-nous fait pour être punie ainsi ? Est-ce parce que Dieu nous a créé noirs ? Non ! C’est parce que ce monde n’est que chimère ! La justice de Dieu est dans l’au-delà, pas sur cette terre. C’est pourquoi seuls les médiocres ont une place dans ce soi-disant pays ! Ils n’y a que des soi-disant faqihs, Imams, nobles, cadres, Hommes d’… et j’en passe !    

Nous n’avons rien à envier aux juifs d’Israël. Les pratiques sont les mêmes et nos plaies sont plus visibles dans nos Kebbas et nos Adwabas. Nous n’avons pas de maisons et nous ne sommes pas dans des villes mais dans des dépôts d’ordures là-bas … appelés : Dar El Beidha, Makka ! Riadh et Dar Naïm(juste des noms). Alors qu’en Palestine, il y a de belles villes et villas, les populations vivent malgré tout.

Ils se battent pour mieux vivre alors que nous, Hratine de Mauritanie, on nous interdit de solliciter la vie et de dire notre souffrance et de dénoncer notre exclusion érigée en système et d’avoir des noms comme Abou Nidal, Chellah, pour ne pas dire Biram , Samory ….!

Brahim Ould Bilal Ould Abeid   Vice Président SOS Discriminés   brahimabeid@ yahoo.com
source kaw toure facebook 

 
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Mauritanie: pourquoi ces indignations sélectives de notre classe politique?

Mauritanie: pourquoi ces indignations sélectives de notre classe politique?Le récent article de l´historien et chercheur sénégalais Tidiane N´diaye, l´auteur du livre ”Le génocide oublié” qui parle de la traite et de l´esclavage des Noirs dans le monde arabo-musulman, sur la question palestinienne, attribué injustement et insidieusement au président des FPC le camarade Samba Thiam, a suscité une véritable levée de boucliers dans la classe politique arabo-berbère du pays.

Des nationalistes arabes, des chauvins, des islamistes et autres petits racistes et terroristes en ont profité pour cracher leur venin, leur haine, leur racisme primaire sur le président Samba Thiam et à travers lui notre parti politique.

Ces réactions épidermiques sont révélatrices d´un fait, le chauvinisme panarabiste de certains de nos compatriotes arabes qui n´hésitent jamais à parler de nous, en nous colorant d´une couleur qui n´existe que dans leur structure de conscience, traduisant leur paradigme, qui est celui de l´idéologie raciste du Système d´Etat mauritanien.

Notre position de principe a toujours été de soutenir toutes les bonnes causes et de dénoncer toute injustice sans tenir compte de l´appartenance ethnique ou raciale de la victime ou de l´auteur des crimes.

Un certain nombre d’événements, plus ou moins récents, ont eu un tel retentissement dans notre pays, qu’ils laissent bien des Mauritaniens perplexes.

Les réactions internes que ces événements ont entraîné et entraînent encore, la passion qu’ils déclenchent suscitent bien des questions, qu’on ne peut s’empêcher de poser. On ne peut également ne pas faire remarquer que s’il est légitime en effet de compatir aux souffrances du peuple palestinien, syrien, irakien car à notre sens, la compassion est normale vis-à-vis de tous ceux qui souffrent.

On ne peut ne pas s’interroger sur le caractère discriminatoire et sélectif des actes posés.

– Pourquoi, en effet, la classe politique arabo-berbère exprime-t-elle, aussi visiblement, aussi passionnément sa solidarité avec le peuple palestinien, irakien depuis toujours, pour rester muette devant le martyr du peuple noir victime de l’apartheid ? – Pourquoi organise-t-on, ici et là, des marches, des quêtes en faveur des enfants irakiens, palestiniens et reste-t-on indifférent devant le malheur des enfants des camps de rapatriés anciens déportés devenus réfugiés dans leur propre pays.

Comment expliquer le silence assourdissant et complice de cette même classe politique sur le sort tragique des réfugiés Noirs Mauritaniens qui croupissent toujours dans des camps au Sénégal et au Mali à quelques pas de la frontière ?

– Pourquoi jamais marche ni manifestation ne furent envisagées pour se démarquer (à défaut de les dénoncer) des actes génocidaires du régime raciste pendant les années de braise entre 1986 et 1990, dossier toujours pendant et actuel?

L’acte d’humanité ou les questions de principes peuvent-ils revêtir un caractère sélectif?

– Pourquoi enfin les événements extérieurs ont-ils plus de retentissements chez nous, que nos propres problèmes internes ?

– Pourquoi, surtout, la question de l’unité nationale-question centrale et grave- ne mobilise-t-elle pas autant d’énergie ?

Qu’est-ce qui nous importe au fait ?

L’insistance de la Mauritanie sur la question palestinienne ou syrienne ? C’est là autant de questions qui montrent que nos grilles de valeurs, notre sensibilité, notre philosophie même de la vie en dépit de toutes les dénégations sont différentes.

Il faut oser le reconnaître, oser l’accepter et le prendre en compte dans tout schéma de mise en place d’un cadre de coexistence. Et, pour nous, toutes ces considérations viennent justifier à posteriori amplement l’option de l’autonomie des régions proposée par notre parti, les FPC.

Il est temps de comprendre que l’exclusion est en soi économiquement mauvaise, socialement corrosive et politiquement explosive. A bon entendeur….chahut!

La lutte continue!

Kaaw Touré –Porte-parole des Forces Progressistes du Changement.

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