Reconstruction de la famille nationaliste, un impératif pour les negro-mauritaniens
La déclaration conjointe paraphée le 12 Juillet dernier entre l’AJD/MR et les FPC constitue sans nul doute un jalon important dans la résistance negro-mauritanienne. Après des décennies de stratégies divergentes, d’options parfois antinomiques et de dispersions fatales, l’unité tant souhaitée est enfin entrain de se matérialiser. Le mérite en revient à tous ceux qui y ont cru, en particulier aux infatigables médiateurs, aux militants des deux formations mais surtout aux icônes de la résistance; Ibrahima M Sarr et Samba Thiam qui, par leur esprit de dépassement ont apporté un cinglant démenti aux détracteurs des leaders de notre communauté ; celles de tous les opprimés en Mauritanie.
Pouvait il en être autrement pour ces deux monuments qui ont tout sacrifié pour la cause; familles, carrières, ambitions…?
Cette retrouvaille est d’autant plus vitale que le système qu’elle combattait est entrain d’atteindre ses objectifs. La marginalisation politique, l’exclusion économique et l’oppression culturelle des negro-mauritaniens est à son apogée.
La cohabitation harmonieuse entre nos communautés est devenue une illusion, l’unité nationale un mirage et l’Etat une chimère.
Le racisme d’Etat jadis sournois est aujourd’hui patent; les tenants du Système ne s’embarrassent plus de scrupules ou de ruse; désormais c’est à visage découvert qu’ils opèrent. Non satisfaits de nous avoir réduit à presque rien ; les gouvernants cherchent à nous achever en allant à l’assaut de nos terres de culture.
A ce tableau sombre s’ajoute le désarroi causé par les divagations de l’opposition; avec toutes les monstruosités auxquelles on assiste.
En vérité, le Système n’est pas confronté, tout se passe comme si on voulait remplacer un des rouages; le tuteur, en l’occurrence le chef de l’Etat. C’est peut être la les vœux d’une partie de l’opposition, un changement qui ne bouleverse pas les équilibres et ne remet pas en cause les acquis du système.
S’il est compréhensible qu’une frange de la classe politique conglomère pour maintenir le statu quo, il est tout à fait légitime pour les victimes de s’unir pour le bouleverser.
C’est ce que ne semble pas assimiler certains acteurs politiques noirs en Mauritanie.
De peur d’être traités d’extrémistes, de nationalistes étroits ou de racistes ces derniers s’abstiennent de plaider pour le regroupement des forces negro-mauritaniennes. Or, l’histoire nous enseigne que toute lutte d’émancipation victorieuse est portée d’abord par la fédération des forces des principales victimes. C’est par la suite que d’autres entités rejoignent ce noyau initial; des progressistes de tout bord, des religieux, des artistes et même des repentis parmi les oppresseurs. En somme, suivant le modèle des cercles concentriques. C’est ce qui s’est produit en Afrique du Sud avec l’ANC, le PAC, le SAIC (South African Indian Congress),
le Parti communiste, la COSATU, l’église …idem pour les États Unis avec NAACP, Black Panthers, Black Muslims, les églises … Dans le dernier cas, après avoir porté leur espoir tour à tour sur le parti républicain puis le parti démocrate; les Afro-Américains se résolurent à ne compter d’abord que sur leurs propres forces.
En Mauritanie, la famille nationaliste négro-africaine et les organisations haratines authentiques doivent être le socle sur lequel se fonde toute contestation de l’ordre en vigueur. A ce premier bloc se joindront les forces progressistes arabo-berbères, les organisations de droit de l’Homme, les associations culturelles noires, les vraies oulémas, et même les repentis du système …
Ce rapprochement entre AJD/MR et FPC a été unanimement salué par la communauté negro-mauritanienne et au-delà. Mais les réactions ne doivent pas se limiter à de simples satisfécits dans les réseaux sociaux on dans des des discussions informelles. Il faut consolider ce partenariat en apportant sa pierre à l’édifice. Pour tous ceux qui prétextaient le manque d’unité pour s’engager dans la lutte, vous n’avez plus d’excuses. Un noyau existe il faut renforcer.
Faut il rappeler, qu’il y a un peu plus de 35 ans, de jeunes nationalistes negro-mauritaniens excédés par la fragmentation des organisations politiques noires et les querelles de clocher entre leurs leaders astreignaient quatre organisations; l’UDM, le MPAM, l’ODINAM et le MEEN à fusionner pour donner les FLAM. Un exemple à méditer.
Abou Hamidou Sy
FPC/Amérique du Nord