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Réponse de la CENI aux «demandes urgentes visant à assurer la liberté, la transparence et l’intégrité des élections »
AMI – La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a exprimé sa satisfaction quant au comportement positif des candidats à la présidentielle de 2024 à l’égard des efforts de la Commission visant à organiser des élections transparentes, libres et équitables.
Dans la lettre qui suit, la CENI répond à un certain nombre de propositions formulées par les mandataires de cinq candidats à la présidentielle 2024.
« A Messieurs :
– Teslem Yessar, mandatrice du candidat El-Ide Mohamed Mbareck,
– Abderrahmane Hamoudy, mandataire du candidat Otouma Antoine Souleimane Soumaré,
– Abdallahi Abou Diop, mandataire du candidat Biram Dah Abeid,
– Cheikh Kintou, mandataire du candidat Mamadou Bocar,
– Ohamed Lemine Chouaïb, mandataire du candidat Hamady Sidel Mokhtar.
Objet : Réponse de la Commission électorale nationale indépendante à votre lettre «Demandes urgentes visant à assurer la liberté, la transparence et l’intégrité des élections »
Date : 1er juin 2024
Messieurs les mandataires,
C’est avec beaucoup de satisfaction et d’intérêt que nous avons reçu votre lettre contenant 12 demandes dont la satisfaction représente pour vous « une indication prouvant le sérieux de la Commission et de sa volonté réelle de remédier aux déséquilibres et aux lacunes enregistrés lors des élections précédentes, et une preuve de sa volonté de coopérer avec ses principaux partenaires et de répondre à leurs demandes ».
La Commission électorale nationale indépendante apprécie votre initiative et la considère comme une étape importante qui est au cœur de la préoccupation de la Commission, qui est de fusionner tous les efforts en un seul creuset, afin d’organiser la prochaine élection présidentielle, dans une atmosphère compétitive, transparente, libre et équitable.
À cet égard, vous pouvez compter sur la disponibilité de la Commission à répondre à toutes vos demandes contenues dans la lettre, à moins qu’elles ne contredisent les dispositions légales et les règlements relatifs à l’organisation et à la conduite du processus électoral :
1. En ce qui concerne la demande d’audit complet de la liste électorale, nous attirons votre attention sur le fait que la Commission a immédiatement publié la liste provisoire, dans le but de la placer rapidement et de manière transparente, sous les yeux des candidats et des électeurs, pour examen et dépôt de plaintes et de griefs, avant l’expiration du délai légal spécifié, et d’annoncer la liste définitive des électeurs. Vous recevrez la liste actuelle sur disquettes, dans un format exploitable par l’information, une fois toutes les données complètes, en coordination avec l’Agence nationale du registre de la population et des documents sécurisés. Tout en confirmant que le Comité est prêt à recevoir toute proposition qui répondrait à vos demandes à cet égard.
2. En ce qui concerne le découpage des bureaux au sein de chaque centre, et votre approche du niveau de neutralité du critère de l’ordre alphabétique, le comité a adopté, et cela correspond à votre souhait, l’ordre croissant des numéros nationaux au lieu de l’ordre alphabétique.
3. Sièges des centres de vote :
Dans la mesure du possible, la Commission a veillé à ce que les centres soient situés dans des bâtiments publics. Pour ce faire, les coordonnées géographiques par GPS seront utilisées comme garantie.
À cet égard, les publications et documents du comité ont explicitement demandé à ses comités régionaux et locaux de louer des locaux neutres aux frais de la Commission.
4. Le Comité accorde une attention particulière aux personnes très déterminées et aux personnes handicapées en les impliquant largement dans les processus de sensibilisation et de mobilisation et en répondant rapidement à toutes leurs demandes.
La semaine dernière, le comité a accepté la demande d’organisations militantes de personnes à besoins spécifiques (patients souffrant d’insuffisance rénale) d’ouvrir un bureau à l’école pour aveugles, qui se trouve à proximité des cliniques de d’hémodialyse. Les personnes qui souhaitaient s’inscrire – et uniquement celles qui souhaitaient s’inscrire – l’ont fait en personne et de leur plein gré.
Il n’y a pas lieu, à notre avis, de parler de « contrainte », de « pression » ou de « surcharge», car la conservation des bureaux d’origine reste possible pour ceux qui le souhaitent.
5. Au cours des deux dernières réunions, nous avons expliqué en détail l’approche adoptée pour la formation des bureaux de vote et le mécanisme de coordination avec tous les partenaires à cet égard. Nous croyons fermement que les missions de la Commission, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, mettront en œuvre vos recommandations et reviendront avec des résultats qui permettront de surmonter les lacunes et les déséquilibres enregistrés lors des élections de 2023.
6. L’acquisition de lecteurs d’empreintes digitales de haute qualité (99%) nécessite un montant financier de plus de 50 milliards d’ouguiyas pour couvrir les 4500 bureaux de vote prévus.
Outre le coût financier élevé, le temps nécessaire à la lecture des empreintes digitales aura un impact négatif sur la mobilité des files d’attente et la fluidité du vote.
7. La Commission prendra des mesures pour faciliter l’accès des mandataires des candidats aux comités régionaux et de moughataas. En ce qui concerne l’accès aux bureaux de vote, vous savez que le législateur a précisé les représentants des candidats dans chaque bureau.
8. Le système informatique de la Commission électorale assure la publication immédiate des résultats, dans un souci de transparence et de clarté. L’envoi des copies des procès-verbaux aux mandataires des candidats peut et doit être de la responsabilité des représentants des candidats dans les bureaux.
9. Les résultats sont centralisés et validés, conformément à des dispositions légales explicites et strictes.
La publication instantanée sur la plateforme “myceni” est une adaptation consciente de la rapidité, de la clarté et de la spontanéité des logiciels numériques.
Nous considérons la réservation et l’attente comme un recul et un retour à une case qui a été dépassée par la réalité et décrié par la technologie contemporaine.
10. Dans la dixième exigence, le Comité demande explicitement et légitimement l’application du texte de loi, et dans les ateliers de formation pour les chefs et les membres des bureaux, le Comité s’efforcera d’imposer l’application stricte des textes juridiques, conformément à son devoir, à votre recommandation et à votre observation de fond.
11. En ce qui concerne la possession de téléphones et de matériel photographique par les électeurs, la Commission réitère sa volonté d’empêcher tout ce qui peut affecter la volonté de l’électeur, à condition que cette volonté s’accompagne d’un effort vigoureux de facilitation et non de harcèlement des électeurs – sauf à constater des infractions contraires aux textes légaux régissant les scrutins.
12. La Commission réaffirme son engagement à continuer d’exploiter toutes les applications et tous les moyens techniques disponibles afin de garantir la transparence du scrutin, tout en tenant compte de l’immensité du pays et de l’accès inégal à de nombreux services et applications.
En conclusion, je voudrais exprimer mon appréciation pour la forme et le contenu de la lettre et reconnaître votre soutien à la Commission dans ses efforts pour organiser des élections libres et transparentes.
Veuillez accepter mes sincères remerciements et ma gratitude.
Dah Ould Abdel Jelil
Nouakchott, 03 juin 2024
FLAMNET-RETRO: Chronique de la Question Nationale en Mauritanie – à travers les Mémoires de Ould Daddah,” la Mauritanie contre vents et marrées ” par Bara Ba
J’ai lu les mémoires de Ould Daddah – ” La Mauritanie contre vents et marrées” .
Je voudrais partager avec vous,chers lecteurs ,son temoignage sur juste un aspect de ces mémoires touchant la question culturelle . Mon intention est de montrer combien cette question fut récurrente et chargée . Combien également les gouvernements arabo-berbères louvoyérent , à chaque fois qu’elle se posât avec accuité, voire avec passion le plus souvent, trainant les pieds de report en report , pour qu’enfin on l’enterra , pour de bon .
J’aimerais aussi montrer comment par glissement, volontairement choisi , on est passé de la dimension politique –Question nationale à la dimension culturelle –question de langues-, pour ne retenir , en définitive, que cette dernière ; et cela même présentement chez la plupart de nos leaders politiques arabo-berbères !
A ceux qui s’obstinent à penser que le problème nègre a été ou demeure juste un problème culturel , les faits retracés par Ould Daddah les controdisent formellement en soutenant le contraire à travers les confessions qu’il nous fait , ici même dans ces pages .
Cette question est d’essence politique , fondamentalement .
Dans ce témoignage que je rapporte ici , le plus fidélement autant que possible , je ne manque pas, de temps à autre , de faire ici et là, mes propres commentaires , à certains propos . Vous saurez faire la différence .
Ecoutons plutôt Mokhtar Ould Daddah .
Le Congrès d’Aleg 1959 , Congrès – départ de la dérive , et à partir duquel Ould Daddah remonte .
“ Pendant ce Congrès un débat houleux , voire passionné s’était engagé sur la Question nationale . Le groupe Négro- Africain proposait la solution fédéraliste , à défaut exigeait des garanties constitutionnelles; le Groupe recommandait en outre l’adhésion de la Mauritanie à la Fédération du Mali , position sur laquelle ils étaient même soutenus par le groupe des maure de l’Est .
La Question n’ayant pas trouvé de solution fut donc suspendue , en raison de son acccuité pour être confiée , au groupe parlementaire , au sortir du Congrès.
Il était question , nous confie Daddah qui rapporte les choses , de procéder à une révision constitutionnelle qui serait favorable à la minorité ( entendez Négro-Africains ) suite à leurs inquiétudes exprimées à propos de l’évolution du pays.
“Les Noirs disaient , nous rapporte Daddah , que si la régle démocratique selon laquelle la majorité numérique impose sa loi à la minorité était appliquée telle quelle chez -nous , la majorité maure pourrait dans certains domaines importants , imposer des mesures qui léseraient la minorité. Pour prémunir cette dernière contre de telles éventualités, des garde-fous , des garanties devaient être prévues dans la constitution”.
Il ajoute plus loin , que puisque ” le Président de la République serait toujours maure , théoriquement , il fallait instituer une vice -présidence dont le titulaire serait issu de la vallée “.
Il fallait donc réviser la constitution dans le sens d’un exécutif bi-céphale.
Le groupe parlementaire se mit donc au travail , et après d’âpres discussions , se mit d’accord , pour l’essentiel , sur la proposition. Il fallait passer à exécution .
Mais Ould Daddah , en fait secrétement hostile à l’idée , saborda la proposition le 8 Mai 1959, pour la raison qu’il révéle ici lui même :” les rivalités entre les candidats potentiels à la vice-Présidence empêchaient tout accord sur une personnalité acceptable par tous les représentants de la Vallée “, disait-il .
Puisqu’il y’avait rivalité entre différents postulants , il fallait enterrer l’idée , soutient apparemment Daddah . Raison fallacieuse , s’il en fut , qui cachait mal un cynisme et une hypocrisie manifeste, en vérité ! car Daddah ignorait délibéremment les recommandations des Négro-Africains et les principes arrêtés par le groupe parlementaire , stipulant « que le candidat Négro-Africain issu de la Vallée devrait être élu , au même titre que le Président de la République , pour bénéficier d’une plus grande légitimité ».
Pourquoi exigea –t-il un consensus autour d’un candidat pour ressortissants de la vallée qui n’avait pas de raison d’être, logiquement parlant, alors que ce critére n’avait pas été retenu par le groupe parlementaire chargé de la question ?
Pourquoi n’avoir pas imaginé plutôt, organiser des primaires entre les candidats, ou simplement les laisser compétir , et que le meilleur gagne ?
Non ! la vraie réponse est qu’en fait Ould Daddah ne souhaitait pas résoudre ce problème , et cette apparente dissension au sein des Nègres fut un prétexte , une aubaine …pour enterrer l’idée .
Ould Daddah évacua donc ainsi la Question , de maniére cavaliére.
Cette question politique , comme on le verra , allait toutefois ressurgir de manière récurrente , mais déviée… ou rebaptisée “ question culturelle “ , à travers l’Arabisation .
Alors que la Communauté de la vallée du fleuve n’avait pas fini de s’inquiéter sur son avenir , le second Congrès de 1961 – congrès de l’unité- adopta le principe de l’officialisation de la langue Arabe , attisant le feu comme par provocation . Ce qui naturellement accrut l’inquiétude nègre, et suscita une atmosphére encore plus tendue .
Ould Daddah le confirme en page 294 , décrivant l‘atmosphére du Congrès : ” d’un côté , les maures dans leur écrasante majorité voulant l’officialisation et l’application immmédiate de cette mesure . Quant aux noirs de la vallée , ils ne voulaient pas l’entendre évoquer “.
Ce fut là le point de départ de l’appelation “probléme culturel” occultant la dimension politique fondamentale initiale .
Manière subtile de faire oublier aux Négro-Africains, (par diversion ?) la dimension politique de la problématique négre ? Sans nul doute !
Cette question , à son tour , – officialisation de la langue Arabe – fut différée au cours des assises , comme du reste celle de la suppression de la chefferie traditionnelle , pour avoir suscité de vives controverses , une tension élevée , par l’ambiance surchauffée pendant les assises du Congrès .
Les seuls points de “convergence” au cours de ce Congrès furent : l’admission du principe de « prédominance du Parti sur l’Etat », l’adoption du régime présidentiel_ c’est à dire la suppression du Régime parlementaire_ ( début de la dérive autocratique), et la révision des accords avec la France .
Le Bureau Politique National (BPN) élu fut chargé , au sortir du Congrès , de trouver des solutions à la question culturelle , laissée en suspens , pour l’horizon du Congrès 1962 .
Ainsi le BPN , à son tour, mit en place une commission chargée d’étudier les question qui s’étaient posées au Congrès . Cette commission était composée de Youssouf Koita, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, Dr Racine Toure , Mohamed Ould Cheikh.
Pas de solution pendant toute l’année 1962 où la question des garanties constitutionnelles fut resoulevée de nouveau, simultanément à l’officialisation de la langue Arabe.
Le BPN -nous relate Ould Daddah- y consacra , aprés le retour des travaux de la commission , plusieurs réunions dont la plus longue dura une semaine du 27 juill au 2 Août 1962). Les discussions achoppérent , toutes “.
Nouvelle commission mise sur pied-encore- en juillet 1962, chargée de “la mise en forme des garanties constitutionneles accordées à chaque Ethnie ( notez la filouterie …comme si l’inquiétude, ou le besoin de garantie existait de part et d’autre !) , de l’officialisation de la langue arabe, l’institutionalisation d’une vice Présidence de la république dont le titulaire n’appartiendrait pas à la même Ethnie que le chef de l’Etat, mais serait élu dans les mêmes conditions que lui ; l’identification de critéres légaux pour l’équité au recrutement aux fonctions publiques , l’Organisme paritaire veillant au respect des garanties “ , fin de citation .Tel fut l’exposé de motifs du travail confié à la commission .
On croirait entendre les FLAM !
Les quatre membres précédents de la commission antérieure sont renforcés par Dah Ould Sidi Heiba , Kane Tidjane , Kane Elimane , Mohamed Mamoune , pour constituer une nouvelle commission.
Celle-ci à son tour crée une Sous-commmission technique ; laquelle sous commission technique adopte les propositions suivantes : Rejet du bilinguisme Arabe peu viable par manque de cadres , rejet de l‘unilinguisme français ,vu les différences sociales et politiques et la mutilation culturelle qu’il entraine , formation de maîtres bilingues , perspective d’une réforme du Secondaire .
Notez encore la filouterie , par cette maniére de louvoyer !
Ces propositions sont soumises au BPN pour adoption ; mais discussions, longues , âpres et passions exacerbées empêchent tout accord . Nouveau report…encore.
La question ( en suspens ) est reportée donc , pour le Congrès de 1963 . Aucune solution, à la fin des travaux de celui-ci ; elle alors reconfiée au BPN ( nouveau ) qui charge sa commmission d’orientation de la tâche .
Octobre 1965 … le problème refait surface mais de maniére plus aigue; L´assemblée nationale désormais inféodée à Ould Daddah vote une loi en 1965 réorganisant L´Enseignement secondaire , entendez rendant obligatoire l ´Enseignement de l´Arabe à partir de la 6éme , à côté du Français . La suite vous la connaissez ;… Manifeste des 19 , émeutes à Kaëdi , Boghé . Discours musclé et plein de menace de Ould Daddah face à l’agitation Négro-africaine ; discours Daddah dirigé contre les 31 cadres Noirs soutenant la gréve scolaire de 1966, et les 19 signataires du Manifeste.
Désapprobation à ce discours côté Négre , et en réaction … démission du Président de l’assemblée nationale ( Mamoudou Samboly Ba ) et des membres Noirs du Gouvernement. Daddah refusera ces démissions sur le coup, par stratégie , mais sanctionnera de maniére humiliante plus tard Mamoudou Samboly, et Elimane Kane .
Sanction, à pas de course , des 19 cadres signataires du Manifeste qui soutenaient l’action des Eléves Noirs .
Il faut dire que Ould Daddah tenta d’abord de faire prendre la mesure de sanction contre les 19 par le BPN ; « ce fut un échec , du fait d’un profond désaccord tranché entre la tendance maure et Négro- africaine, nettement divisée sur la question en deux blocs , à l’exception de un ou deux maures qui soutenaient le clan négre_ » c’est toujours Ould Daddah qui parle .
Ayant échoué au niveau de cette plus haute instance , Ould Daddah fait prendre la mesure en Conseil de Ministres, plus inféodé .
Le Pays est en pleine crise . La tension ne baisse pas .
Nouvelle Commission nationale en juin 1966, choisie par le BPN, au sortir du Congrès d’Aioun , dont l’objectif était ,disait- on “de maximiser tous les aspects de relation entre les deux communautés nationales, en faisant le point de la situation et en dégageant les perspectives d’avenir “, de réaliser en même temps “un bilinguisme plaçant l’Arabe au même pied que le Français .” sous le couvert de la “repersonnalisation dépouillée de tout chauvinisme et de toute xénophobie “. Fin de citation.
Nouvelle sous-commission (encore !) chargée de traduire ces idées en terme de réforme.
Seck Mame N´diack, Mohameden Ould Babbah, Baro Ali, Mohamed El Moctar O/ Bah , Ahmed Ben Amar , Baro Abdoulaye , Abdellahi O/ Maouloud O/ Daddah , en seront les membres designés.
Remise des travaux trois mois plus tard au BPN ; désaccord ?, insatisfaction ? Daddah n’en dit rien dans son livre. En tout état de cause rebelotte ; le BPN décide d’en reconfier l’étude approfondie à une sous-commission technique…encore une autre !
Babacar Fall, Mohameden O/ Babbah, Elimane Kane , Ba Alassane , Mohamed El Moctar O/ Bah, Sidi Mohamed O/ Deyine, Abdoulaye Baro, Salem Fall , Ely O/ Alaf, en seront les membres . Cette sous-commission fait les recommandations suivantes :
Accent mis « sur la recherche de l’efficacité et de la justice , repersonnalisation dépouillée de tout chauvinisme , renforcement et consolidation de l’unité nationale , ne pas couper l’enfant de son milieu ». Sur la base de ces recommandations , nait la réforme de 1968 instituant la 1ére année du primaire entiérement arabisée, puis celle de 1973 , où les 2 éres années seront entiérement arabisées ; pour le cours élémentaire et cours moyen, l’horaire sera moitieé Arabe , moitié- Français .
Cette réforme consacra , en 1978 , l’échec le plus massif des écoliers Négro-africains.
Vous aurez compris que si cette question culturelle n’a cessé de rebondir , sans trouver de solution c’est bien parceque Ould Daddah n’y tenait pas , en réalité . Son projet de reéquilibrage ethnique au sein de l’Administration – les maures étaient lésés par le fait colonial- la repersonnalisation de l’homme mauritanien , entendez maure-arabe , lui tenait trop à coeur .
Ce fut pourquoi également , je me permets ici une digression , il jugea et sanctionna différemment les personnalités qui, disait -il, avaient été impliquées dans les émeutes de 1966 . Ainsi, faisant semblant d’être à égale distance de ces leaders en cause, que sont Mohamed Ould Mohamed Salah (appelé ministre des Maures par la vox populis ) et Mohamed Ould Cheikh ( appelé ministre des Noirs) tous deux têtes de pont de son régime ,Ould Daddah opta , en fait , pour un parti pris manifeste en faveur…de la réaction.
Mohamed Ould Cheikh qu’il dépeignait comme généreux et progressiste fut sacrifié au profit de Mohamed Ould Mohamed Salah qu’il dépeignait comme traditionnaliste et conservateur . Il limogea tous les partisans de Mohamed Ould Cheikh , tel Yahya Ould Menkhouss et Bamba Ould Yazid , sans toucher à ceux de Mohamed Ould Mohamed Salah…Qu’il réhabilitera du reste plus tard au congrés d’Aioun…
Des hommes justes , progressistes et généreux – dépeints par lui- même comme tels-furent limogés parcequ’ils avaient eu le courage de leurs idées face au problème nègre, et pensé comme le groupe nègre dans la gestion de cette question politico-culturelle, Ould Daddah choisit donc de liquider le clan progressiste au profit du clan réactionnaire et raciste … le tout sous le couvert de l’équité …quelle filouterie !
Je me suis permis cette digression pour mieux vous éclairer sur le penchant et les motivations sécrétes du marabout, lecteur ,… mais revenons à nos moutons .
De 1958 à 1978 , cette question culturelle sera donc balottée de commissions en sous-commissions ; Daddah avait lu Clémenceau.
Elle continuera de l’être de 1978 à 2000 .
Sous la pression sociale des Négro-Africains , le systéme à filiére ( Arabe /Francais ) est institué sous Ould Haidalla . Léger changement , légére concession .
Mais là également , au fil des années et des manigances de maitres d’Ecole partisans d’une Mauritanie Arabe, la filiére française se retrécira comme une peau de chagrin dans les Ecoles du Sud, que l’on arabisera un peu plus , chaque année après l’autre , en dépit de la liberté de choix proclamé .
Ould Taya , le plus grand despote de tous les temps arrive entre-temps , radicalise l’Enseignement de l’Arabe ; 90% des Ecoles mauritaniennes sont arabisées , les 10% restant ont toutes les peines du monde à dispenser les quelques cours de Français encore existant , de 1984 à 1999.
Au bout de son oeuvre , l’impasse et un gâchis énorme pour des générations d’écoliers sacrifiés .
Suite à ce constat d’échec Ould Taya entreprend une nouvelle réforme …celle de 2000, sous prétexte ‘’ d’unifier le système’’; Il fera supprimer l’Institut des langues, qui pourtant réussissait,…on ne supprime pas quelque chose qui reussit à moins de….… .
Mais , comme toujours l´idéologie de la Mauritanie Arabe- permanent soubassement des politiques racistes – prend le pas sur la raison ; L’unification se fait à nouveau au détriment des Ecoliers Négro- Africains .
En effet, dans cette nouvelle réforme l’Enseignement des matiéres définies comme « matiéres culturelles » comme la philosophie , la langue , l’histoire , la géographie , l’instruction civique , la morale et la religion , sera dispensé en Arabe. Les 2 premiéres années du primaire _ comme ce fut pour la réforme de 1978 _ sont entiérement arabisées . Les Ecoliers engagés dans cette réforme sont aujourd’hui ,en 6 éme année , leur niveau plus bas que jamais . Encore des sacrifiés de la vie …des sacrifés à vie !
Il ressort de ce témoignage , pour conclure , que manifestement Ould Daddah lui-même reconnaissait l’existence du problème nègre –comme problème politique qui se posait en termes de garanties constitutionnelles , voir de partage du pouvoir. Ce fut progressivement que l’aspect culturel prit le pas sur l’aspect politique , comme certaines forces l’avaient conçu , pour conduire à l’appelation « probléme culturel ». Ce glissement ne se fit par hasard . Il et ne fut ni gratuit ni innocent , nous l’avons dit !
A entendre encore aujourd’hui beaucoup de leaders politiques , comme Mohamed Ould Maouloud de l’UFP (cfrt récente déclaration )… comme Conscience et Résistance qui ne retient de notre problématique que l’aspect culturel et humanitaire (déportés,)… comme Ould Daddah Junior dont le mutisme de carpe sur ces questions est encore plus révélateur, nous sommes frappés par la continuité de pensée !
Cette dimension politique que nos leaders politiques s’évertuent à nier ou à gommer , Ould Daddah lui même , à travers ses Mémoires , la reconnaît pourtant . Seul CHBIH Ould Cheikh Malainine osa, par honnêteté, faire entendre une voix discordante. La fuite en avant n’a jamais réglé les problèmes … Elle contribue plutôt à toujours les aggraver , en les faisant durer.
Depuis 1958 il en fut ainsi ; même idéologie de domination , même négation de l’autre personnalité de la Mauritanie , même obstination absurde à vouloir assimiler les Négro- Africains …mais également , même résistance timide, timorée et velléitaire du Négro- mauritanien . Hélas !
Sommes-nous suffisamment indignés par notre Condition dans ce pays ?
A chacun d’en faire l’examen de conscience.
La lutte continue !
BARA BA
Dakar- Sénégal
Sources : FLAMNET-ARCHIVES- mars 2007
Sur les propos de Abdoulaye Mamadou Ba, dit Blé, maire de Bababé
Sur les propos de Abdoulaye Mamadou Ba, dit Blé, maire de Bababé et président de la Zone Franche, j’aimerai bien apporter des éléments de réponse.
D’abord, la Mauritanie appartient à toutes les communautés socioculturelles qui la compose. Toutes ces communautés doivent être traitées de manière équitable. Donc il ne doit y avoir qu’une et ses sbires qui détiennent tous les pouvoirs.
Le système est allé tellement loin dans la discrimination profonde, dans sa manière d’écraser que vous voulez faire croire aux populations que tout ce que nous obtenons du pouvoir, c’est de l’aumône. Ce discours que vous défendez, monsieur le maire, en disant en substance que « nous sommes responsables de ce qui nous arrive » en faisant allusion aux peu de peuls dans les postes à responsabilité est une énormité sans nom.
Le pire dans vos propos, c’est de dire de manière pas très subtile d’ailleurs que, les Harratines ont pris la place des peuls, bien-sûr en paraphrasant votre ami ministre et puis en le confirmant par vos propres propos. La dangerosité de ces dires, c’est de faire croire qu’entre les discriminés, certains méritent des places plus que d’autres, ou si, par exemple, un Sonniké est à un poste de responsabilité, c’est qu’il a pris la place du wolof. De cette façon, vous créez délibérément un sentiment de rancune, de concurrence malsaine entre des communautés pourtant toutes discriminées. Ainsi, au lieu de combattre ensemble ce système qui fait de nous des orphelins, l’énergie sera plutôt mise sur des combats de coq entre discriminés.
Dire que « Samba Thiam Rewi ko e hardaane », Mbele Hardaane wonaa neɗɗo? wala c’est une manière de souligner que c’est « une alliance contre nature », alors que, s’il y a bien une alliance qui vaille et doit être, c’est bien celle entre les opprimés et tous les épris du changement. Ainsi bien, vous essayez de nous refuser le droit de lier nos forces pour faire tomber ce système politique discriminatoire, de sorte à concrétiser notre rêve d’une Mauritanie juste et meilleure. Samba Thiam contrairement à vous et vos semblables a toujours dénoncé les injustices pendant que, vous les approuvez, que vous les cautionnez et que vous les légitimez. Il a toujours œuvré pour que la Mauritanie soit à toutes ses filles et fils, pendant vous niez la schizophrénie du système en place.
Son ratio pour le bien-être de la communauté et la de Mauritanie est de loin bien plus significatif et valeureux que votre politique du ventre.
Le seul responsable de cette Mauritanie à terre, c’est encore une fois le système et ses acolytes. Nous n’accepterons pas que vous vous servez de nos faiblesses pour nous monter les uns contre les autres. Vous savez pertinemment bien que notre unité SERA la destruction de ce château de carte.
Dieynaba NDIOM
FLAMNET-RÉTRO: De l’identité des Haratines ! par Bara Ba
Les Haratines, cette force montante, constitueront, de plus en plus, un enjeu important dans l’évolution future des rapports de force inter- communautaires. Voilà pourquoi ce groupe ne laisse personne indifférent . Voilà pourquoi, également, le doute, la réflexion et un questionnement qui traversent actuellement certains segments de ce courant sur la meilleure voie devant mener à leur liberation interpellent chacun de nous. Lorsque j’ai lu la réponse de Samory à Nany, suite à une lettre, naïvement, adressée aux Nations-unies, j’ai décidé, à mon tour d’entrer dans le débat . à ma manière. Prenant d’emblée le contre-pied de Ould Nany, je pose que la libération de l’esclave – tout esclave- passe par une rupture ombilicale d’avec le maître , nécessairement.
Cette rupture ombilicale d’avec le maître se justifie en raison de la nature même de la relation d’intérêt maitre-esclave, par essence conflictuelle, antagonique; En effet l’un cherche à asservir, à aliéner une liberté, l’autre cherche à recouvrer cette liberté, à se soustraire à l’asservissement. On entend souvent dire, comme par définition, que « l’esclave est celui-là qui manque de tout, qui fait tout et qui n’a aucun droit, et que le maître est celui qui a tout, qui ne fait rien et qui a tous les droits ».
Par ailleurs l’histoire enseigne qu’en général, l’esclave recouvre rarement sa liberté, par la volonté du maître, ou au gré de celui-ci ! L’esclave se libère ou rompt les chaînes de servitude, par la seule force de sa volonté, dans certaines conditions favorables.
Il me paraît alors normal et tout naturel, pour revenir au cas mauritanien, que le ? “haratine -abeid ?”, pour se libérer, empruntât, lui aussi, cette même voie de rupture; il devra, pour se faire, s’affranchir du lien tribal , psychologique et économique .
J’ai dit s’affranchir du lien tribal car celui-ci participe de l’instrumentalisation du groupe Haratine par le montage, à dessein, d’une « majorité maure », dont les bénéfices et retombées positives reviennent presqu’exclusivement au seul sous- groupe dominant Bidhaan! La tribu, en fait, constitue un carcan subtil qui entretient un semblant de relations affectives inter-membres destiné, en réalité, à maintenir l’esclave dans la dépendance, sentimentalement et socialement .
Autre chaîne dont il faudrait se défaire: ce mensonge « religieux », grossier, déliberement entretenu par le maître, afin de renforcer la dépendance psychologique de l’esclave, qui stipule que ?’ ne pas obeir à la volonté du maître conduirait au purgatoire”; que le maître serait celui- là, seul , capable de lui garantir le paradis, chose au dessus du pouvoir même des prophètes !
Enfin dernière dépendance à briser, et non des moindres, la dépendance économique; ?’l’autonomie économique” de l’esclave vis-à-vis du maître est indispensable pour sa véritable libération. Il est heureux de constater que ce processus est dejà en marche en milieu urbain, forcé par les sécheresses des années 70; à ce niveau les Haratines qui vivent en milieu urbain ont un rôle majeur à jouer, dans le réveil de la multitude, encore endormie dans le fin fond du pays !
Rompre donc, en conclusion, les chaînes tribale, psychologique et économique , afin d’accéder à l’affranchissement définitif et irréversible, telle me paraît être la seule voie qui puisse mener vers la liberté ; mais attention à ne pas tomber dans l’illusion que cette liberté, une fois conquise, conduirait automatiquement à l’émancipation du haratine et surtout à sa pleine citoyenneté; il en faudrait beaucoup plus !
Tant que demeurera le racisme anti-Noir il serait illusoire de nourrir un tel espoir .
Sans l’élimination de la discrimination raciale, érigée en Système, contre les Négro -mauritaniens ( Haratines et Négro- africains ), les Haratines, en se libérant de l’esclavage, changeraient, simplement, de type de « ghetto » ; ils auront quitté le ?’ghetto” de l’esclavage pour retomber dans celui du racisme, ni plus ni moins !.
Voilà pourquoi ils devront comprendre que la voie la plus courte pour leur libération et émancipation totale passe, nécessairement, par la fin du racisme d’Etat .
Voie toute politique, on en convient !
Cette approche, on le voit, milite, par voie de conséquence, si tant est qu’elle est bien comprise, pour un changement dans la stratégie actuelle, adoptée jusqu’ici par certains leaders Haratines, axée essentiellement sur la dimension exclusive « droits de l’homme », qui se mène comme en vase clos ! L’engagement politique militant est nécessaire, qui prendrait en charge toutes les dimensions de la lutte devant mettre fin à l’esclavage …
Ici se situe mon incompréhension à voir certains militants activistes de cette cause, se tenir en marge des chapelles politiques, comme par évitement, alors que les choses restent fortement imbriquées !
Bien entendu cet « engagement politique » ne se fera pas sans un choix .difficile, voire douloureux !
En effet cet engagement politique et militant suppose, au préalable, une clarification sur « l’identité des Haratines » !
Qui sont -ils ? Négro-africains ? Arabo-berbéres ? Une entité spéciale à part ? ou encore juste une classe sociale tout court ?
Il leur appartiendra de se définir, de déterminer leur identité ou ce qu’ils souhaitent devenir. Alors seulement se dégagerait une stratégie claire et adaptée, pour leur libération et émancipation !
Nous avons dit que ces choix ne seront pas sans douleur, ni sans passion et sans heurts, car le front Haratine n’est plus ce qu’il paraît , c’est- à -dire uni .
J’ai encore en mémoire certains propos de leaders Haratines, teintés d’une sorte de dilemme douloureux qui définit le Hartaani comme objet d’un double rejet, coincé entre « le mépris des uns et l’esclavage des autres », coincé entre« un déni de statut dans un cas, et un déni d’humanité dans l’autre », pour emprunter cette formule à quelqu’un.
J’avoue pour ma part ne pas bien comprendre ce dilemme, fondé sur des termes aux effets négatifs certains , mais dont les préjudices moraux et sociaux respectifs sont sans commune mesure, l’un de l’autre !
J’ai aussi entendu parler d’une certaine terminologie, comme de « Hartaani arabe », assumée de surcroît , que je trouve doublement absurde .
En s’identifiant au maître, l’esclave, quelque part, ne retardait-il pas ou pire, n’hypothéquait-il pas par là même, les chances mêmes de sa libération?
En second lieu, il m’avait toujours semblé que, biologiquement, l’Arabe était de race sémitique et le Hartaani nègre!
Hartaani arabe** ? Peulh arabe ? ces notions étaient pour moi un non sens, et cachaient une vaste tromperie !
J’affirme qu’il est faux de prétendre que le Hartaani « est essentiellement de culture arabe ».
Le fond culturel du Hartaani est nègre, encore une fois, fait de vestiges sur lesquels se sont déposés, progressivement, des éléments de culture arabe.
Il suffit pour s’en convaincre d’observer l’habitat du Hartaani, d’observer son pas de danse rythmé par la “Taballa”, ses cérémonies festives qui rappellent étrangement celles de fin des travaux champêtres, cette manière bruyante et joyeuse de s’éclater, toute sédentaire, ces coeurs de l’Est qui vibraient au moindre grincement des cordes « noires » de Banzouman Sissoko, et j’en passe .
Ce sont là, sans aucun doute, des débris de culture négro- africaine, ensevelie sous le limon de l’apport arabo-berbère .
Le Hartaani est donc de culture hybride ; il n’est pas culturellement arabe mais « linguistiquement » arabe, comme le soutenait à juste titre quelqu’un, récemment à Flamnet. Et la nuance est de taille !
Ce fond culturel nègre est si présent chez le Hartaani, que l’intégration des Haratines en milieu négro- africain ne posait pas de problème. Cela est prouvé au Sénégal voisin, et cela a également été prouvé dans la région du Tooro où les évènements de 86 /89 ont révélé des groupes entiers insoupçonnés de Haratines qui s’étaient complétement fondus dans les populations Négro-africaines locales ; ces « Hartaanis assimilés » , se sont vus forcés de se démarquer, de s’expurger des villages sur exigence de l’Armée , afin d’éviter de se faire réprimer ou déporter .
Si l’intégration a pu être ainsi possible et même aisée dans ces milieux, c’est bien parce que le fond culturel nègre était là, enfoui dans leur inconscient collectif, qui ne demandait peut-être qu’à revivre !.
Alors, Hartaanis arabes ? Hartaanis nègres , ou « awlad hartaani » tout court ?
Quand le choix sera fait, les leaders du mouvement se devront alors d’identifier le camp des forces-partenaires ou des alliés naturels .
Il est à penser qu’ils se rangeront au coté de ceux avec qui ils partageaient cette commune discrimination profonde, cette commune oppression subie, cette commune exclusion imposée, côtoyant les forces avec lesquelles ils partageaient aussi, « cette communauté de résistance continue et de lutte opiniâtre pour la liberté et l’indomptable esperance » , pour citer Césaire .
Alliance du camp des opprimés dans leur marche pour l’émancipation et la conquête d’une pleine citoyenneté , non pas pour opprimer, à leur tour, qui que ce soit, mais pour jeter les bases d’un Etat de droit , respectueux de la dignité des uns et des autres, sans distinguo.
Une nation ne peut pas vivre moitié libre, moitié esclave, disait A Lincoln .
J’ai déjà dit que ces choix ne seraient pas sans passion, ni sans heurts.
De jeunes loups émergeaient enfin, au discours controversé, et dont la virulence du propos dérange les cercles du pouvoir, agace les figures de proue du mouvement .
Entre autres, Biram Ould Dah Ould Abeid – sorte de Malcom X des Haratines -.
Ould Abeid qui se voit accusé de précipiter la violence alors qu’il est, lui même, la victime première de cette violence exercée par ceux- là mêmes qui l’accablent aujourd’hui, et pourtant le condamnent à l’inhumaine indignité de l’esclavage !
Ould Abeid fait face, présentement, à la même situation qu’avait vécue Martin Luther King Junior, auprès des Blancs du Sud ( Etats-Unis), pendant les campagnes chaudes du “Civil rights movement”.
Je crois que Ould Abeid, tout comme Samory ( en plus timide ), tente d’une certaine manière, de s’inspirer de la méthode et des justifications du Dr King.
King rappelait, à travers une lettre écrite à partir de sa cellule de prison à Birmingham, la nécessité de ?’créer la tension?’, seule façon, disait -il, « d’amener en surface l’injustice vécue par les négros, et d’aider les honnêtes gens à se hisser au dessus de l’esclavage et du racisme, et à tendre vers la fraternité ».
Une différence essentielle toutefois entre les deux hommes, King, lui , bénéficia d’une complicité interne de taille à la maison blanche, en la personne de Lyndon B Johnson qui incita au jeu de rôle « inside-outside »*** ; circonstance favorable très éloigné de Ould Abeid, quand on sait que le « Président des pauvres » tergiversait et hésitait encore à s’attaquer aux problèmes de fond , en s’offrant quelque diversion !
King , songeur , soulignait par ailleurs sa déception à l’endroit « des Whites moderate »( Blancs modérés ) qui restaient plus dévoués à l’ordre qu’à la justice ; qui préferaient la paix négative -qui est absence de tension -, à la paix positive -ou présence de justice. Whites moderate qui, constamment, vous disent, ajoutait -il,« je suis d’accord avec vous sur vos objectifs, mais je ne puis être d’accord avec vos méthodes » !
Ces « whites moderate » sont symbolisés, chez nous, par Ould Nany et ce type de professeurs à l’image des Ould Bilal, Ould Maouloud et consort et qui sont légion …
Miské , Yehdih Bredeleil , Babaha, Mohameden Ould Babah symbolisaient le KKK !
Daddah et Jemil, eux, avancaient, masqués . mais non loin des seconds.
Ould Abeid, Samory, et tous ces jeunes loups, se devraient, je crois , de méditer cette maxime de Césaire , « une révolte qui n’est que révolte conduit à une impasse historique » !
Hartaanis arabes, Hartaanis-négro-africains ou « awlad Hartaani » tout court ?
La problématique est posée, qu’il appartiendra aux haratines de trancher !
Bara Ba – Militant FLAM- Dakar Sénégal
Le 30 Mars 2010
Notes
** Certains esprit retors se plaisent à arguer que « tous les Haratines ne sont pas noirs, et que tous les Bidhaans ne sont pas blancs » !… Nous fondons nos assertions sur l’immense majorité, et n’avons que faire de quelques rares cas d’exception isolés !
Aussi, ces quelques Bidhaans qui sont noirs de peau, se sentaient-ils ou se considéraient-ils dans leur tête , comme Noirs ? certainement pas !
*** « role inside -outside » .le Président Johnson s’etait entendu secrétement avec M L King dans la distribution des rôles : King devait agiter le système de l’exterieur en lui donnant le pretexte d’apporter les changements de l’interieur !
TEXTE DE NIZAR QABBANI. Un texte qui a fait l objet de controverse,
Nizâr Qabbâni est un célèbre poète syrien, né le 21 mars 1923 à Damas, et décédé le 30 avril 1998, à Londres.
Non, nous ne sommes pas des Arabes. Assez de mensonge, de tromperie, de fraude, de faiblesse, d’impuissance et de peur.
Le Syrien n’est pas un Arabe, l’Irakien n’est pas Arabe, l’Égyptien n’est pas un Arabe, le Libanais n’est pas un Arabe, le Jordanien et le Palestinien non plus.
Nous sommes des Levantins, nous sommes des Byzantins, des syriaques, des Chaldéens, des Assyriens, des Coptes, nous sommes les descendants des Mésopotamiens, des Phéniciens, des Pharaons, nous sommes du Levant et de son peuple autochtone.
Nous ne sommes pas des Arabes.
Assez de viol, et de falsification de l’Histoire, de la géographie, de la vérité et de la réalité.
Les descendants de l’Arabie sont les Arabes – et pour rester fidèle à l’Histoire – nous disons qu’il y a des tribus arabes qui sont devenues chrétiennes mais l’arabité de la minorité ne saurait se généraliser à la majorité Levantine qui n’a jamais été Arabe.
Même si nous sommes arabophones, cela ne veut pas dire pour autant que nous sommes des Arabes.
L’Américain qui parle anglais n’est pas un anglais pour autant, le brésilien qui parle portugais n’est pas portugais pour autant, et l’Argentin qui parle espagnol n’est pas espagnol pour autant.
Ce sont des langues coloniales héritées d’un passé colonial.
Même si nous parlons arabe, nous ne sommes pas des Arabes et nous ne ressemblons en rien aux Arabes, ni dans la pensée, ni dans le goût, ni non plus dans la civilisation.
Eux, leur terre est le désert alors que la nôtre elle est celle du lait, du miel, de la figue, de l’amande, de la pomme et du raisin.
Nos ancêtres avaient cultivé la terre et s’y sont enracinés et ils y sont devenus « des Authentiques » quant à vous, vous êtes des nomades, vous ne semez point et vous n’y êtes jamais enracinés.
Nos ancêtres avaient planté la vigne, fabriqué du vin et cultivé la musique, ils ont fait la fête, ils ont dansé, ils ont construit des civilisations et ont écrit des livres, vos grands-parents ont bu du sang et ils le font toujours, ils ont dansé sur des cadavres de certains d’entre eux et ont abattu certains d’entre eux pour faire la fête et ils le font toujours.
Ils ont détruit les civilisations et brûlés des livres et ils le font toujours.
Que ce soit dans l’Histoire ancienne ou dans l’Histoire contemporaine, nous ne vous ressemblons point.
Notre passé est fait d’épopées, de science, et de gloire, quant à vous, votre passé est une trahison, votre présent est une trahison et votre avenir est une trahison.
Nous ne vous ressemblons en rien, ni par notre passé humain, ni par notre passé chrétien, ni par notre passé musulman.
Les musulmans de mon pays, sont des musulmans aimants de la science, de la vie, alors que vous avez élevé des peuples emplis de haine, de complexes, de maladies, qui adorent la mort.
Notre passé est une civilisation, une science, une littérature, une musique, une poésie, votre passé est fait de sang, d’invasions, de haine et de convoitises.
Celui qui est devenu musulman dans mon pays, après l’invasion arabe, a gardé sa noblesse sociale, ses traditions, et ses coutumes et même celui qui a vécu parmi nous est devenu l’un des nôtres du point de vue social, nous avons mangé ensemble, dansé ensemble, ri ensemble et pleuré ensemble, mais vous, vous ne changez jamais. 1400 ans et vous ne changez jamais et quand vous vous êtes rendu compte que vous n’arriverez pas à nous changer, vous avez détruit notre pays, notre patrimoine, notre coexistence et vous nous avez détruit.
Le musulman Levantin n’a plus foi en vous, vous le dégoûtez plus que vous l’êtes pour un chrétien Levantin.
Nous vous avons enseigné, construit vos villes, vos hôpitaux et vos universités et préservé votre langue.
Si seulement nous ne l’avons pas fait, si seulement nous vous avons laissé à la justice de Dieu et votre destin plus foncé que votre pétrole.
Nous étions un pont entre vous et l’Occident et vous êtes devenus un outil entre les mains de l’Occident pour détruire notre orientalité.
Nous vous avons connu à travers vos fruits, un passé barbare, fait d’humiliations et de fractures.
Rappelez-nous une seule victoire à vous ? Ou une seule gloire à vous ?
Vos victoires se réduisent à l’anéantissement de l’Autre, du frère à frère, du fils à son père pour le pouvoir, ou pour une femme, ou pour un chameau, ou encore pour un âne.
L’Occident vous a écrasé, celui-là même que vous taxez d’infidèle et vous lui léchez quand même les pieds pour qu’il préserve vos trônes, et voler ensuite les deniers des pauvres pour remplir ses ( l’Occident ) banques.
On en a assez et on ne couvrira plus jamais cette farce à partir d’aujourd’hui.