Au Liberia, George Weah concède sa défaite face à Joseph Boakai
Jeune Afrique – « C’est le temps de l’élégance dans la défaite » : dans la soirée du 17 novembre, le président sortant du Liberia, George Weah, a admis que son opposant Joseph Boakai l’avait emporté lors de l’élection présidentielle du 14 novembre.
« Ce soir, le CDC [Coalition pour le changement démocratique, le parti de George Weah] a perdu l’élection, mais le Liberia a gagné. C’est le temps de l’élégance dans la défaite, a déclaré l’ancienne gloire du foot, au pouvoir depuis 2017, dans un discours tenu sur la radio publique.
Les résultats annoncés ce soir, bien que non finaux, indiquent que [Joseph Boakai] a une avance que nous ne pouvons rattraper. J’ai parlé au président élu Joseph Boakai pour le féliciter pour sa victoire. »
Alliances
Les résultats publiés vendredi par la commission électorale, après des votes dans plus de 99% des bureaux, donnaient 50,89% à Joseph Boakai, 78 ans, et 49,11% à George Weah. L’opposant bénéficiait d’un peu plus de 28 000 voix d’avance, après que quelque 1,6 million de bulletins ont été dépouillés. Environ 2,4 millions de Libériens étaient appelés aux urnes mardi, et la participation a dépassé les 65% selon les chiffres publiés sur le site de la commission électorale.
Des dizaines de partisans de Joseph Boakai ont célébré sa victoire vendredi, en dansant devant l’un des bureaux de son parti dans le quartier de Fiama à Monrovia. Vainqueur, l’ex-opposant prendra pour six ans la tête de ce pays d’environ cinq millions d’habitants. Ce vieux routier de la politique fut de 2006 à 2018 le vice-président d’Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue cheffe d’État en Afrique. Il a occupé une multitude de postes au sein de l’État ou du secteur privé.
Joseph Boakai a promis de développer les infrastructures, d’attirer les investisseurs et les touristes, et d’améliorer les conditions de vie des plus pauvres dans un pays où plus d’un cinquième de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale. Il a noué des alliances avec des barons locaux, dont l’ancien chef de guerre et sénateur Prince Johnson, qui avait soutenu Joseph Weah il y a six ans.
Revanche
Joseph Boakai s’est imposé malgré son âge face à un adversaire de 21 ans son cadet (57 ans), resté populaire parmi les jeunes, mais qui devait défendre un bilan critiqué. Il prend ainsi sa revanche contre celui qui l’avait largement battu au second tour en 2017, avec plus de 61% des voix, mais auquel ses détracteurs reprochent de ne pas avoir tenu sa promesse de combattre la pauvreté et la corruption.
Six ans plus tard, la compétition s’annonçait donc cette fois beaucoup plus serrée, et les deux hommes se sont présentés au second tour après être arrivés au coude-à-coude au premier, avec un peu plus de 43% et une avance de 7 126 voix pour l’ancienne star du football.
Cette élection était la première organisée sans la présence de la mission des Nations unies au Liberia – créée en 2003 et partie en 2018 – pour garantir la paix après les guerres civiles. Des affrontements pendant la campagne ont toutefois fait plusieurs morts et des incidents ont été rapportés entre les deux tours, faisant craindre les lendemains de l’élection, surtout en cas d’issue serrée.
Au-delà du choix de la personne appelée à diriger ce pays en quête de stabilité après les années de guerre civile qui fit plus de 250 000 morts entre 1989 et 2003, l’un des grands enjeux de l’élection était ainsi le déroulement régulier de l’élection et l’acceptation des résultats.
Les partenaires étrangers avaient émis une série de mises en garde contre tout agissement qui causerait des actes de violence ou qui saperait le processus. De nombreux observateurs étrangers et libériens ont suivi l’élection. Les missions de l’Union européenne et de la Cedeao ont salué le déroulement globalement pacifique du second tour.
Washington a félicité la victoire de Joseph Boakai et « l’acceptation pacifique des résultats » du président sortant George Weah, selon un communiqué du porte-parole du département d’État américain. « Les habitants du Liberia méritent des élections libres, transparentes et pacifiques », a ajouté Matthew Miller, alors que les messages de félicitations commençaient à affluer.
(Avec AFP)