Après la présidentielle : Vivement la décrispation !
La présidentielle du 22 Juin a vécu. Les institutions de préparation et de validation, CENI et Conseil constitutionnel, ont tranché : le candidat Ghazwani a remporté officiellement le scrutin. La page est donc tournée, en dépit des contestations et du rejet des résultats par les candidats malheureux de l’opposition. Celle-ci semble pourtant donner une chance au dialogue avec le pouvoir, pour, dit-elle, « sortir le pays de la crise ». Avec donc l’espoir que le nouveau président n’ait pas encore à gérer cinq voire dix années de tension politique, après la décennie subie sous son prédécesseur. Mohamed ould Abdel Aziz n’a jamais ménagé son opposition et celle-cile lui a bien rendu, répondant au mépris par le boycott. Nul n’a oublié les charges lancées, par le Raïs depuis Néma, capitale du Hodh El Charghi, lors de la célébration de la fête de l’Indépendance nationale en 2015. Jurant que l’opposition ne gagnerait jamais l’alternance et traitant ses leaders de gabegistes et autres noms d’oiseaux. Puis choisissant son dauphin et l’imposant par les urnes, après dix ans de crise ou tension politique, c’est selon, accentuée par l’organisation de très relatifs « dialogues » politiques, en 2014 et 2016. L’opposition en est sortie très divisée. Un pan acceptant de cautionner ce « débat », l’autre poursuivant la contestation. Conséquence : des élections municipales, législatives, régionales non consensuelles, en 2018 ; et une présidentielle de 2019 pratiquement en même mode.
Gagner le pari de la détente
Ould Ghazwani a donc gagné la présidentielle ; il lui reste à remporter le pari de la décrispation. Ses rivaux en ont montré le chemin : un vrai dialogue politique, inclusif et crédible, voie sage pour la démocratie en Mauritanie. Dans son discours d’investiture du 1er Mars 2019, Ould Ghazwani en avait d’ailleurs fait la promesse. L’opposition le prendra au mot. Elle qui a refusé de jouer dans la surenchère, n’entendant pas prêter le flanc aux extrémistes de tous bords et à tous ceux prêts à la massacrer, avec ses militants. Elle qui a clairement choisi la sagesse, contre la violence où voulait la conduire le pouvoir.
Une main ouverte est donc tendue. L’opposition et les observateurs en sont à scruter les premiers actes que va poser le nouveau président. Composition de son gouvernement, bien sûr, mais, aussi, gestes à l’endroit de l’opposition, un des piliers de la démocratie. A l’instar de tous les candidats de celle-là, n’a-t-il pas déjà abondé en promesses de consolider celle-ci, bâtir une Mauritanie unie, débarrassée de toutes les formes d’injustice, inégalité et gabegie ; instaurer une nouvelle gouvernance des ressources du pays ? Tous ont identifié les maux dont souffre le pays et préconisé, chacun en son programme électoral, une thérapie de choc pour sortir de cette situation.
Le diagnostic clairement posé, il faut passer au traitement. Les engagements doivent être respectés et mis en œuvre, pour le bien-être de tous les Mauritaniens. Les élections sont derrière nous, Ghazwani se doit d’être le président de tous. De ceux qui ont voté pour lui comme de ceux qui ont choisi d’autres candidats. C’est le sens de la démocratie. Il ne doit céder à aucune velléité de manœuvres de certains chauvins qui incitent, déjà, à régler les comptes de ceux qui ont boudé le dauphin d’Ould Abdel Aziz, notamment dans la Vallée. Elle est très loin d’avoir été la seule en cette attitude. Loin de toute stigmatisation, la sagesse commande, au président élu, de s’interroger sur les causes de ce vote de protestation, pour ne pas dire identitaire. Pourquoi les leaders de la Vallée n’ont pas réussi, malgré leur discours, leur argent, leurs menaces et leurs chantages, à convaincre les citoyens de voter pour le candidat du pouvoir ? That is the question…
Certains malins esprits s’érigeant en spécialistes des ballons d’essai et de la zizanie, font circuler d’irréalistes propositions de gouvernement, dangereuses, même, pour le nouveau Président. Osons espérer, a contrario, que Ghazwani sait où il va et comment conduire la Mauritanie à bon port. Nombre d’observateurs et d’analystes lui accordent de bonnes « prédispositions » au changement que la majorité des Mauritaniens, y compris au sein de la majorité, souhaitent. Il ne doit pas décevoir. Vivement la décrispation !
DL
le calame