Parti d´Opposition ou de contribution ? L´éternel dilemme des Hommes politiques
Les démocraties achevées de type occidentale se caractérisent par la vitalité du débat politique. Les idéologies, les courants de pensée, projets de societés …sont en perpétuelle confrontation les uns les autres et leurs lignes de démarcation ne prêtent à aucune confusion. Selon les cas on assiste à un antagonisme de type: Gauche/Droite; Labor/Conservateur; CDU/SPD; Démocrate/Républicain; Likoud/Travailliste .. .Il en découlent des visions, des stratégies et des programmes à contours précis. Le champ politique y est lisible et l’électeur opére le cas écheant un choix averti. Les formations politiques sont distribuées d’une facon cohérente sur l’échiquier politique. Celles qui ont rallié le plus de suffrage exercent le pouvoir, les autres sont dans l’opposition.
Dans les démocraties tropicales par contre c’est un véritable capharnaum. Les partis politiques font légion; plus d’une centaine dans la plupart des pays d’Afrique francophone.Ceux-ci ne sont que des agrégats d’individus mûs par les mêmes solidarités sociales. Les affiliations à ce genre de formations se font par affinité ethnique, tribale ou clanique. L’idéologie est floue, le programme vague et le projet de société inexistant.
Le chef de parti incarne à la fois l’idéologie et le programme. On parle ainsi de parti de Ould Daddah, le parti de Ould Maouloud, le parti de Kane etc…
En veilleuse la plupart du temps l’activité politique n’y reprend que pendant la période électorale qui se termine toujours par une raclée. C’est alors que commence un long et méandreux sentier qui débouche inéluctablement aux portes du pouvoir.
Ce tableau peu reluisant est encore plus sombre en Mauritanie, où des Hommes ont fait de la politique une véritable profession (lucrative?). Passés maitres dans l’art de l’intrigue et de manigances de toutes sortent, ils n’hésitent un instant à monnayer leur faction pour quelques prébendes.
Il est cependant dans notre pays des formations loin de ces hideux agissements. Il s’agit d’une poignée partis politiques essayant bon an mal de jouer le rôle qui leur échoi; celui d’animer la vie politique en tentant de rallier les masses à leurs causes.
Mais lorsque ces derniers commencent à arpenter des sentiers sinueux vers le pouvoir la démocratie est en danger.
Il ne fait aucun doute que l’AJD/MR est un grand parti et ses dirigeants engagés et intégres, mais l’option de rejoindre la majorité présidentielle est très malvenue. Elle est politiquement injustifiée et stratégiquement inopportune. Et risque d’envoyer un mauvais signal aux masses négro-mauritaniennes. En effet, en politique seule la perception compte. Quelques soient les motivations derrière cette décision, aux yeux de l’opinion Ibrahima Sarr et compagnie n’ont fait que comme les autres …
Elle est injustifiée pour une simple raison :en politique plus que partout ailleurs chaque acte posé doit être calculé en termes de retombées sur la cause que l’on défend. La question nationale étant la cheville ouvrière du programme de l’AJD/MR, l’on est en droit de se demander quelles sont les incidences de cette alliance sur cette question.Tout indique que ce important sujet n’est pas au centre des préocupations de Aziz. Lui qui a fait de la lutte contre la pauvreté et la gabégie son leitmotiv.
Quelques soient les points d’accord des différentes parties, l”AJD/MR ne dispose qu’aucun moyen de coercition sur Aziz et par conséquent ne peut influer sur les décisions d’un côté ou d’un autre.
Stratégiquement , l’AJD/MR n’a pas tiré lecon de sa déconvenue lors des dernières élections. C’est justement à cause de ses accointances avec Aziz que les électeurs ont sanctionné le candidat Sarr et la prochaine fois il est certain qu’il ne s’en relevera pas.
En démocratie, il est demandé aux citoyens de temps à autre d’ exercer un choix entre différents programmes par le biais d’élections. En Mauritanie, un certain nombre de partis ont jugé le processus normal et les régles justes, Aziz a gagné; il n’a pas besoin d’aide pour gouverner.
Dans une démocratie, les perdants doivent apprendre à s’opposer en jouant le rôle de contre pouvoir qui leur revient. Lorsque les partis d’opposition se bousculent aux portillons du pouvoir là est le début de la tyrannie.
La lutte continue
Par Abou Hamidou Sy- Tampa Florida FLAM Amérique du Nord