Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Spécial 8 mars : Ces femmes qui font des métiers d’hommes

L’univers mâle s’ouvre de plus en plus aux Sénégalaises. Mécanicienne, ingénieur, taxiwoman, gardienne, policière… elles sont nombreuses aujourd’hui à boxer dans la même catégorie que les hommes. Reportage.

Les Sénégalaises ne militent pas que pour la parité. Aujourd’hui, elles sont nombreuses à travailler pour l’égalité professionnelle. Taxiwomen, mécanicienne, ingénieur, camionneuse, elles sont nombreuses à investir des métiers jusqu’ici exclusivement masculins.  Petit tour au garage mécanique «Femme-auto», sis à Liberté VI Extension.

Madame Bangoura, 34 ans, née Anna Guèye, est l’assistante technique dudit garage. Mère de famille, ce petit bout de femme, a blanchi sous le harnais au bataillon des matériels militaires du Sénégal. Diplômée d’un Cat 1 et 2, elle a intégré ce garage de 20 employés dont 8 femmes, en août 2008, à la suite d’une demande d’emploi. Vêtue d’une combinaison dont il est difficile de reconnaitre les couleurs à cause de la noirceur, Anna, comme l’appelle les intimes, a fait de son travail une religion. Casquette bien vissée sur la tête, elle avoue sa passion pour les “trucs d’hommes” depuis le bas âge. Petite, elle apprend à bricoler auprès de son frère ainé alors mécanicien. Très vite, elle est prise par le virus et décide plus tard d’en faire son gagne-pain. Malgré les difficultés rencontrés et les préjugés sur ce “genre de métiers”, Anna ne se décourage pas pour autant. Le plus important pour elle, reste sa passion pour le métier. Et surtout, de ne pas tendre la main. Car, pense-t-elle, il n’y a plus de métier exclusivement réservé aux hommes ou aux femmes. La mécanicienne se dit convaincu que tout ce que l’homme peut faire, la femme en a la capacité aussi.

C’est à l’âge de 12 ans que la jeune femme a arrêté ses études après avoir obtenu son Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee), pour se consacrer à ce métier. Native de Mont Rolland (Thiès) , la jeune dame, qui se dit femme au foyer accompli, a le soutien de son époux.

Tout sauf Imam

Khady Diatta, plus connue sous le nom de Madame Badji, est aussi une mécanicienne au niveau du garage «Femme-auto». Abondant dans le même sens que sa collègue Anna Guèye, Khady n’est pas le genre de femme qui pense que la mécanique est un métier d’homme. Pour elle, les femmes peuvent faire tous les métiers sauf la profession d’imam. Et avec l’évolution du monde, il n’y a plus de métiers réservés à un sexe. De l’avis de la jeune mécanicienne, beaucoup de femmes ont intégré le métier à cause de l’évolution de la société et de la technologie. Comme Anna, Khady est aussi une passionnée de la mécanique. Elle dit avoir appris le métier au Centre de formation professionnelle Sénégal-Japon, où elle a obtenu son Brevet de technicien industriel (BTI) en 2009. Spécialisée en mécanique auto, Khady est fière de son métier et le pratique depuis 7 ans sans aucune gène. Khady, mère de trois (3) enfants, la trentaine bien sonnée, travaille depuis 4 ans dans le garage. Son mari, enseignant en électromécanique au Centre de formation Sénégal-Japon, le soutient.

«Il n’y a pas de sot métier»

A l’opposé de Khady et Anna, Rokhaya Ndiaye, quant à elle, a choisi d’être taxi-sister par manque de possibilité. Rencontrée au centre-ville, la jeune mère, avec un visage serein et respectueux, n’aime point croiser les bras et attendre un emploi. Diplômée d’un Baccalauréat de série L, elle dit avoir mis un terme à ses études par manque de moyens car elle est un soutien de famille. Après avoir tapé à toutes les portes en vain, elle a décidé d’embrasser ce métier. A l’instar de Khady et Anna, Rokhaya ne croit pas à des métiers réservés à un sexe. Sa conviction est qu’il n’y a pas de sot métier. Taille moyenne avec un teint dépigmenté, cette habitante du quartier populaire de Pikine se dit fière d’exercer le métier de taxi-sister, en dépit des nombreuses difficultés qui plombent leur travail. Chaque matin à 8 heures, Rokhaya roule, après avoir fini son travail de ménagère. A 13 heures, elle marque une pause pour servir à manger aux enfants avant de reprendre à 15 heures pour finir à 20 heures.

Trouvée dans une station service de la place, située sur l’Avenue Bourguiba, A.D ( nom d’emprunt), pompiste, pratique cette profession depuis bientôt un an. Le regard méfiant (car elle a peur de parler à la presse sans l’autorisation de son patron), elle croit que l’avenir de ce métier se trouve entre les mains des femmes. Car, estime-t-elle, la gente féminine attire plus la clientèle que les hommes.

Femme ingénieure

Thérèse Mendy est aussi une de ces femmes qui sortent de l’ordinaire.  Célibataire, elle est stagiaire en qualité de superviseur de chantier dans une entreprise de Bâtiment et travaux public (Btp) de la place. Thérèse dit être une passionnée de génie civil depuis son jeune âge. Trouvée dans son chantier à l’unité 9 de Keur Massar, la jeune femme, veut encourager les femmes à s’investir dans la profession pour bousculer les préjugés.

Un sociologue de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar explique cette tendance des femmes à embrasser les métiers jusqu’ici dévolus aux femmes s’explique par le fait que «le monde évolue d’une manière rapide”. “Avec le développement de la technologie, les femmes veulent faire tout ce que les hommes faisaient. A cela, s’ajoute le chômage. De nos jours, c’est seulement la fonction d’imam que la femme ne peut pas faire. Je pense qu’il n’existe plus de métiers réservés uniquement à un sexe en dehors de diriger une prière», a-t-il soutenu.

 

Auteur: Cheikhou AIDARA – Seneweb.com

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