Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Libre Expression. Le Président de la République est tenu par la Constitution de pacter avec quiconque dans l’intérêt supérieur du pays et la stabilité de ses citoyens

Libre Expression. Le Président de la République est tenu par la Constitution de pacter avec quiconque dans l'intérêt supérieur du pays et la stabilité de ses citoyens Maître Takioullah Eidda – Depuis quelques jours, certains allèguent que selon des documents, qui seraient saisis lors de la présumée élimination d’Oussama, et rendus publique par l’Office of the Director of National Intelligence (ODNI), la Mauritanie aurait été tentée de ne pas user de son droit de poursuite contre la nébuleuse d’Al-Qaïda si celle-ci, et ses groupes affiliés, évitent la Mauritanie et s’engagent à ne pas commettre d’actes de violence sur son sol.

Évidemment, nous sommes ici dans le conditionnel, conditionné à la véracité de cette histoire, à dormir debout, notamment à son contenu, mais aussi à son contenant et, bien sûr, à la source de sa divulgation.

Mais à supposer, pour les fins de la discussion, que cette information repose sur un minimum de crédibilité, il n’en demeure pas moins que la Mauritanie a l’obligation constitutionnelle d’agir de la sorte pour défendre la stabilité au pays et la paisibilité de ses citoyens, et ce, compte tenu de la situation chaotique dans laquelle se trouvait son armée et la nature des rapports de forces avec ses ennemis.

I- Forces de défenses et de sécurité quasi-inexistantes avant 2012
La Mauritanie de feu Mokhtar Ould Daddah n’existait que dans l’imagination subjective de ses soutiens nostalgiques et inconditionnés. Tellement elle était faible, pauvre en ressources humaines, cruellement sous développée, sans moyens, sans administration structurée, sans perspective et, bien évidemment, sans armée.

Malheureusement, l’arrivée des militaires au pouvoir n’a fait qu’empirer cette douloureuse réalité. Et pour cause: chaque militaire qui prenait le pouvoir n’avait de souci que d’affaiblir les institutions, particulièrement celle de l’armée, dans le but de faire le vide autour de lui et enfin de compte garder son emprise au sommet du pouvoir.

Fragilisée, clochardisée, délaissée et affamée, l’armée mauritanienne n’avait d’existence réelle que le nom et le mythe. D’ailleurs, les coups d’État de 1978, 1981, 1984, 2003 & 2005 l’avaient largement démontré.

Tout comme l’avaient démontré les actes terroristes qui ont suivi, à savoir celui du 24 décembre 2007, veille de Noël, où quatre touristes français sont froidement assassinés. Deux jours plus tard, trois soldats mauritaniens sont tués dans la base militaire de Al-Ghallaouia.

Actes après lesquels les organisateurs du Paris-Dakar décident, le 5 janvier 2008, d’annuler la course «mythique». Dans la nuit du 1er février 2008, le « V.I.P », la plus grande boîte de nuit de Nouakchott, et l’ambassade d’Israël mitoyenne, sont pris pour cible, une Française et deux Franco-mauritaniens blessés. Puis, l’enlèvement de trois espagnols sur l’axe Nouakchott-Nouadhibou. Ces attaques ont été revendiquées par la nébuleuse d’Al-Qaïda.

Et la cerise sur le gâteau de la barbarie fut servie le 14 septembre 2008 à Tourine, où 11 militaires de la deuxième région, incluant le capitaine Dié ould Abidine, sont tombés dans une embuscade tendue par un groupe se réclamant de la mouvance d’Al-Qaïda. Et pour l’anecdote suite à l’attaque de Tourine, des privés avaient été appelés à fournir la logistique pour les unités militaires parties en renfort auprès des soldats tombés au champ d’honneur, tellement l’armée ne disposait d’aucune ressource!

Alors, comment la Mauritanie dans un été pareil pouvait entrer en guerre frontale contre ces groupes d’Al-Qaïda, lesquels étaient lourdement armés, aveuglés par les discours théologiques wahabistes et excessivement riches, grâce aux financements de certains pays du Golf et aux rançons payées par les pays occidentaux en échange de leurs ressortissants pris en otage? Comme on dit: «toujours braves ceux qui ne sont pas dans la bataille» ou encore «ceux qui sont dans les salons fastueux de Nouakchott».

II- Les rapports de force doivent dicter la nature du comportement

Quoi qu’on dise, le fait de discuter avec son ennemi, qu’il nous est impossible de vaincre ou incapable d’affronter, est un acte de lucidité, de sagesse et de réalisme.

D’ailleurs, tous les pays occidentaux ont négocié, directement ou indirectement, avec Al-Qaïda! Les pays voisins aussi. On a qu’à citer l’Algérie (la loi sur l’amnistie), le Mali, le Niger, le Bourkina, le Tchad … et j’en passe.

Car, confronter un ennemi fantôme, n’est pas une tâche facile: le Nigéria et le Tchad l’ont appris à leurs dépends et, d’ailleurs, continuent aujourd’hui à en payer le lourde prix!

Quant à moi, si l’information attribuée à l’Office of the Director of National Intelligence (ODNI) s’avérait le moindrement crédible, cela me rassure sur le leadership en Mauritanie, car il démontre, par cet acte, un degré passablement avancé, de bon jugement, de lucidité, de réalisme, voire de patriotisme, au cœur desquels se trouve la quiétude des citoyens, la paix et la stabilité du pays.

Après tout, tout au long de l’Histoire, toutes les grandes puissances de ce monde ont pacté avec le diable dans l’intérêt supérieur de leurs pays et le bien-être de leurs nations.

Conclusion

Dans le but de garantir l’intégrité du territoire et la protection des citoyens, le Président mauritanien est tenu par un devoir constitutionnel qui l’oblige à prendre toutes les mesures nécessaires, eu égard aux circonstances, y compris négocier avec des groupes qualifiés de terroristes ou descendus de la planète Mars!

Évidement, cela ne veut pas dire qu’il est d’accord avec leurs méthodes, leurs idées ou leurs objectifs, mais uniquement pour gérer une situation de crise et d’urgence dans lesquelles des vies humaines sont en danger éminent, et contre lesquelles il ne dispose pas des moyens nécessaires pour les confronter autrement.

Maître Takioullah Eidda, avocat

Québec, Canada

cridem

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