Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

FLAMNET AGORA : Certes, ce n’était qu’un match de football…, par ABOU HAMIDOU SY.

La décision du président Aziz de faire arrêter le match de la super coupe le 28 Novembre dernier à l’heure de jeu, loin d’être un acte insolite banal, est pleine d’enseignements. Elle traduit en effet, d’une part l’inaptitude de la plus part de nos concitoyens à  se conformer aux règles et usages qui gouvernent la vie d’un Etat moderne et d’autre part à  appréhender la notion même d’Etat et des responsabilités qui en découlent. Ceci s’observe dans nos comportements de tous les jours; faire la queue pour bénéficier d’un service ou d’un produit est pour nous superflue des lors qu’on connait quelqu’un dans les lieux à défaut de passer à  force de biceps pour éviter cette corvée inutile. Le code de la route sous nos cieux est un protocole curieux ; pourquoi s’arrêter au feu rouge ou marquer le “stop” alors qu’aucune voiture n’est en vue? Pourquoi exceller alors que le népotisme et le clientélisme sont les seuls critères de sélection?

Pourquoi se torturer à suivre un foutu match de football dont on y comprend rien alors qu’on est le chef de l’Etat?

Seulement ce foutu match est régi par des lois de jeu auxquelles a souscrit la Mauritanie en s’affiliant par le biais de sa fédération de football a la FIFA en 1970. Et la loi 7, relative
à la durée du jeu stipule: << le match se compose de deux périodes de 45 min chacune, à moins qu’une durée n’ait été convenue d’un commun accord entre l’arbitre et les deux équipes participantes, tout accord concernant une modification de la durée doit impérativement intervenir avant le coup d’envoi…>>

Bien sur, la FFRIM n’a pas tarder a se fendre en communique plein de détails mais laconique sur la substance : Quand ? Messieurs et dames de la fédération? Avant le match, durant,
à  la mi-temps ou quelques minutes avant le crépuscule ??? Toujours est-il qu’on n’arrête pas un match par ce que le président veut s’en aller. Qu’il s’appelle Aziz, Al Sissi ou Kim Jong Un; que le match déroule à  Nouakchott ou à  Noumea, à  Moudjeria ou à Mogadisio les lois du jeu doivent être respectées.

Cette désinvolture du premier des mauritaniens est d’autant plus malheureuse qu’elle intervient au jour anniversaire de la naissance de notre pays en tant qu’Etat indépendant. Un demi- siècle après avoir acquis ce statut, la Mauritanie continue
à  être gérée comme une quelconque escale sur la route des caravanes … C’est a dire un Etat réduit à  sa plus simple expression: un groupement de populations vivant sur un même territoire et soumis a une même autorité.
Or, un Etat par essence, se sont des lois, des règles de fonctionnement, des codes de conduit et des méthodes d’organisation.
Pour faire plus simple, citons Montesquieu qui disait :<< l'Etat, c'est
à  dire une société ou il y a des lois>>.  Et le rôle premier de l’autorité est d’amener les citoyens à adhérer à ces règles et codes de conduite. Et c’est à l’aune de cette adhésion que se mesure la force, voire la viabilité même de cet Etat.

La nature de la de dévolution de pouvoir chez nous; succession de coups d’Etat et même de ré-coups d’Etat dans le cas d’espèce fait du président de la république une sorte de primat au-dessus des autres institutions de la république. C’est cette supposée primauté qui en fait le dépositaire de tous les pouvoirs jusqu’a se confondre
à  l’Etat. Pouvoir de faire emprisonner les militants anti-esclavagistes, pouvoir de refuser la reconnaissance du parti FPC sans arguments fondés, pouvoir de faire arrêter le colonel O.Beibakar pour avoir osé parle des sujets qui fâchent. Quid d’un match de foot? Qui peut le plus ne peut il pas le moins ? Comme se serait écrié Louis XIV il y a 200 ans, notre cher président pense certainement au plus profond de lui:<< l'Etat, c'est moi>>.  

 
 
La lutte continue.
 
 
 
Abou Hamidou Sy

FPC/Amerique du Nord

 

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