Les cerveaux d’ébène mauritaniens marginalisés
Un observateur attentif de la scène politique nationale a fait un décompte des nominations en conseil des ministres des trois dernières années. Il est arrivé au constat que sur plus de 1300 nominations hebdomadaires ou des mesures individuelles prises par la présidence de la république, seuls 50 noirs toutes ethnies confondues ont été promus. Un chiffre scandaleux qui révèle au grand jour la politique d’exclusion communautaire érigée en mode de gestion de l’administration publique mauritanienne. La hiérarchie militaire elle c’est le comble de l’épuration ethnique ! La police est prise en otage par des nationalistes chauvins qui font main basse sur tous les commandements. Dans tous les commissariats du pays on ne compte pas plus de trois commissaires haratines et négro- mauritaniens confondus. L’administration territoriale affiche encore son visage hideux d’une Mauritanie monocolore et « fière de son identité ». Cette injustice flagrante et abjecte doit interpeller les consciences et alerter les démocrates et autres citoyens honnêtes qui oeuvrent pour l’égalité des droits entre les citoyens d’un même pays et dénoncent toutes les formes d’exclusion au nom de préjugés épidermiques et autres archaïsmes.
Il est inadmissible de continuer à garder le silence sur une violence aussi grave des droits de citoyens victimes de mesures inhumains du fait de leur couleur. Cette mauvaise image d’une Mauritanie où une soit disant majorité accapare tous les postes de responsabilités et autres leviers du système économique social et politique est en train de se renforcer malgré les changements amorcés sur le chemin de la démocratie et de la bonne gouvernance. Malgré la prolifération des mouvements de la société civile et de la promotion de la liberté de presse .Les exemples ne manquent pas pour mettre à nu cette injustice à caractère racial entretenu à ciel ouvert et qui continue de tenir de plus en plus à l’écart les compétences issues des autres communauté au nom de faux schémas que ni la constitution du pays ni d’autres critères objectifs ne sauraient faire valoir. Pour justifier le placement des hommes à de hauts postes de responsabilités on évoque la question de la langue officielle. Ainsi il faudrait être arabophone pour occuper le rang de directeur, de chef de service de Sg d’un ministère etc. Cet argumentaire ne tient pas non plus pour la bonne et simple raison qu’il y a des cadres noirs excellents en arabe en hassaniya et érudits en coran qui pourraient assumer les responsabilités qui leur seront confiés. D’ailleurs les langues nationales sont également consacrées comme des langues officielles par la loi fondamentale du pays. L’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas rétabli cette injustice. Loin s’en faut. Au lieu de renforcer l’administration de cadres compétents, il s’est contenté de limoger ceux qui occupaient des postes importants. Que représentent les menus strapontins accordés à des noirs du système comparés aux milliers de postes occupés aux arabes du pays ? La Mauritanie n’appartient pas à une tribu ni à une ethnie. Elle ne saurait se bâtir sur l’exclusion mais sur la diversité de ses composantes où les seuls principes de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut méritent d’être respectés.
Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR