FLAMNET-AGORA: Vous avez dit “Revitalisation du Patrimoine des valeurs” , monsieur le Premier Ministre? Par Samba Thiam président des FPC
Ould Hademine prêche avec conviction, nous semble -t-il , pour ‘’la restauration des valeurs, nationales devant reposer sur “l’équilibre”, pour le renforcement de ” l’identité culturelle nationale”, pour la reconnaissance des différences , le respect de l’autre ; il parle de garantir la sincérité, puis souligne les dangers liés aux “identités culturelles des peuples desquels résultent de fortes secousses qui entraînent la désunion ….”. Le Premier Ministre clôt son propos par cette formule habituelle « que Dieu guide nos pas …et assure justice et équité ».
D’abord rélevons qu’au lieu de se résoudre à s’attaquer, par lui-même, à l’instauration de la justice et de l’équité, Monsieur Hademine le demande à Dieu…
L’on ne peut, par ailleurs , ne pas faire remarquer que la logique du Premier Ministre ne semble apparemment pas génée par le paradoxe : en effet, comment ‘’ garantir la sincerité ‘’ si tant est qu’on peut la garantir-, face à l’hypocrisie ambiante, généralisée de notre société ?
Comment parler de justice quand tout nouveau promu à un poste s’empresse d’embaucher sa parentèle et uniquement sa parentèle, et que nos conseils de ministres nous offrent les mêmes spectacles tous les jours ?
Comment parler de respect de la culture de l’autre face à l’hégémonie imposée de sa propre culture qui, seule, s’exprime?
Comment “admettre nos différences” devant la volonté manifeste d’assimilation de l’autre ?
Comment prôner la tolérance quand l’expression de toute différence est étouffée ?
Comment créer un Etat moderne en s’appuyant sur des Ulemas et des juristes aux croyances et traditions moyenâgeuses ?
Visiblement, le Premier ministre enjambe, allégrement, ces paradoxes …
Non, le changement ne se fera pas comme ça. C’est pourquoi il est à craindre que l’ambitieux projet de Mint Ainïna qui, je crois , veut ou souhaite que ” chacun soit fier de sa langue et de sa culture, sans dénigrer ni mépriser personne” demeure juste un discours, malgré toute sa bonne volonté; car le changement ne s’obtiendra pas en vase clos. Il va résulter d’un vaste mouvement d’ensemble, au travers de réformes ambitieuses et hardies.
Le Président Ould Abdel Aziz semble manquer de vision, manifestement; sa méthode pèche, par déformation professionnelle du soldat, habitué aux ordres, habitué à faire du forcing , tête baissée !
Et puis par-dessus ces considérations évoquées, il y a les socles qui demeurent l’obstacle majeur : rien ne se fera, le changement y compris, dans un environnement où règnent la culture de l’impunité dans toutes ses formes, le désordre généralisé, l’absence de contrôle à tous les niveaux, l’absence de réelle liberté, la violation, enfin, de la loi par ceux-là mêmes censés l’appliquer et la faire respecter; loi soumise ou réduite à la seule volonté du chef, fonction de ses humeurs du moment, appliquées à la tête du client …
Discours d’un Premier ministre, discours non dénué de profondeur et de solennité …
Traduit –il une ère nouvelle ? une volonté réelle de changement d’esprit et de pratiques , ou constitue-t-il, plutôt, une somme de petits mots glissés à la “Awlad Deyman” ?
L’avenir nous dira…
Je termine par cette phrase amusante du journaliste commentateur du texte qui dit tout : « symboles à rejeter, entre autres, la falsification des marchandises importées ou produites localement, les détournements … la mendicité » …
Pour ma part je demanderais, qu’à défaut de pouvoir éradiquer la mendicité dùe à l’étendue de la pauvreté actuellement constatée, on pourrait , tout au moins, nous débarrasser des mendiants au beau milieu de la chaussée !
La lutte continue!
Samba Thiam
Président des FPC.