Contrepoint : Ces questions qui méritent bien des réponses
Le deuxième semestre de 2015 résume ce que l’histoire retiendra du gouvernement dAziz. Une grande perplexité pour ne pas dire le meilleur et le pire. Le pire aura été incontestablement son silence coupable face à ce qui constitue une tache indélébile à l’honneur d’une république à savoir l’absence d’un état de droit ?
Jamais dans l’histoire de notre république, le prestige et l’honneur consubstantiels à la charge de Président de la République n’ont été aussi écornés. On préfère sacrifier l’honneur de la république devant celui qui se drape du manteau du héros téméraire, devant les médias pour solder un compte et qui continue à leur en faire voir des vertes et des pas mures ?
Pourquoi comme dans une école, ne se fixe-t-on pas des impératifs de résultats ? Ils sont combien ces ministres, ces sénateurs, ces députés et autres directeurs qui se meuvent dans une tornade de dérives délictuelles et autres actes punissables sans jamais être inquiétés ?
Certes, la charge de Chef d’Etat ne vous transforme pas automatiquement en homme d’Etat. On ne devient pas homme d’Etat aussi longtemps que l’homme avec ses instincts (vengeance au point de vouloir le compromettre en oubliant l’honneur de la république que vous incarnez), ne s’éteint pas au profit de l’Etat.
Pour arriver à cette sorte d’Himalaya au service de l’Etat, il faut prendre de la hauteur. Quelle torture que de demander au premier d’entre nous de ne pas répondre ? C’est un supplice.
Opter pour le silence, c’est dire, comme dit Derrida, chaque polémique présidentielle « déconstruit», le prestige de la fonction et la question essentielle qu’on doit de poser est si le cœur de l’Etat, c’est-à-dire son prestige, survivra au cannibalisme des polémiques.
Le parti pris, visible partout, pervertit le bien social et crée un climat délétère et une dangereuse chaine de permissivité. On fait et on dit m’importe quoi sans être inquiété. Pourquoi ? Notre justice, comment peut-on amener les citoyens à être convaincus de son indépendance, surtout si des suppôts du pouvoir, impunis jusqu’ici, narguent la république et les citoyens ?
« Etre grand, c’est participer à une grande querelle » disait Napoléon. Les querelles de la Mauritanie ont pour noms l’égalité des chances pour tous les fils de la nation et le président doit se trouver une grande querelle, celle de l’état de droit. Il n’est pas impliqué dans le conflit de 89 qui attend un début de solution depuis 26 ans, il a donc le champ libre pour conquérir quelque chose.
Par contre s’il veut rester dans le mutisme, je me ferais le plaisir d’offrir à son ministre de l’information, le fameux livre de Paul Ricœur, Conflits des interprétations, parce qu’il va en avoir besoin pour interpréter Aziz qui a choisi d’être indéchiffrable, comme Talleyrand.
ADN
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