L’Armée mauritanienne de 2029
Le chef d’Etat-Major des Forces Armées,n’est-ce pas le général de division Mohamed Ould Ghazwani. Mais on ne peut évoquer son nom sans penser à son “alter ego” le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Une paire qui se comprend,qui se complète et, il sera inutile d’entrer dans les détails, tellement qu’il n’ y a rien d’incompréhensible à vouloir coûte que coûte…détailler.
Certains esprits mal intentionnés les ont souvent comparés au couple Compaoré-Diendéré du Burkina-Faso. Foutaises. Justement la Mauritanie n’est pas le Burkina-Faso et le général Gilbert Diendéré n’a d’égal dans l’Armée mauritanienne que le fameux capitaine Kar Ould Nou, un véritable cas d’école!!! Par contre, il y a des similitudes entre les couples Poutine-Medvedev et Aziz-Ghazwani surtout sur un point saillant:leur allant nationaliste à tous .
Toujours est-il que notre Armée a fait un véritable bond en avant et ce, à deux niveaux essentiels:le professionnalisme et l’émergence d’une logistique suivante qui faisait défaut depuis le milieu des années “80”. De l’indépendance à nos jours l’Armée mauritanienne a subi deux mutations structurelles qui ont révolutionné son mode d’opérations.
La première en 1978 juste avant le coup d’Etat de juillet,le 3ème bureau,sous l’égide de feu le colonel Moustapha Ould Welaty, avait alors procédé au déploiement sur le terrain du fameux sous-groupement motorisé type “Farim 1978”. Les hommes ayant délaissé le rustique “mozer” au profit du fusil d’assaut “G3”.
Avec sans doute la mobilité des troupes montées sur “land-rover”,la puissance de feu des armes collectives, l’apprentissage sur le terrain des soldats, l’on a constaté un réel équilibre des forces entre les unités combattantes mauritaniennes et les maquisards du Polisario, jadis mieux équipés,le moral au zénith, l’Algérie et la Libye aidant.
Depuis la fin de la guerre du Sahara, un immobilisme a mis au pilori la grande muette à tous les niveaux. La stagnation pour ne pas dire la déconfiture se fera sentir à la fin des années “90” et surtout au début de l’an “2000”. Sans doute nos ennemis sentant une faille, ont jugé le temps propice pour nous infliger des “coups de mains” bouleversants.
C’est après avoir subi les humiliations de Tourine, Ghalawiyé et de Lemgheity, que la 2ème révolution s’est imposée. Notre Armée devrait être ou … disparaître. Nos ennemis sont désormais des narco-trafiquants, des islamo-terroristes qui écument la sous-région et qui ne ménageront aucun effort pour déstabiliser la Mauritanie.
Pour le moment la stratégie du “containment” face au terrorisme porte ses fruits et nous dresse même des lauriers outre-atlantique et surtout sur les berges de la Seine.Tous les hauts gradés de l’OTAN qui visitent la Mauritanie sont satisfaits du déploiement des troupes et du dispositif tactique face aux éléments terroristes.
Les militaires de l’OTAN ne manquent pas de relater partout où ils passent,les efforts de notre Armée à sécuriser nos frontières. Ainsi en dehors de la “guerre larvée” contre le Sénégal en 1989 où les deux armées étaient face à face, l’Armée mauritanienne n’a connu que des conflits de type asymétrique,tantôt contre les maquisards du Polisario, tantôt contre les terroristes qui ont élu domicile au Sahel.
Cependant depuis 2010,nos soldats,de “porteurs d’armes”,version traditionnelle du bouillant guerrier Veyah Ould Maayouf fonçant sur l’ennemi à première vue,se muèrent en vrais professionnels du combat.
L’Etat-Major National a construit partout des bâtiments dignes des infrastrucures d’une classique Armée de l’OTAN. Un seul exemple est celui de la base de Tiguint entre Rosso et Nouakchott, là où j’ai passé deux ans commandant de batterie d’artillerie.
Les abris de fortune,les tentes en lambeaux ont cédé la place à l’émergence d’un bataillon logistique répondant aux normes d’une Armée soucieuse de l’image qu’elle peut véhiculer aux différents attachés militaires étrangers accrédités à Nouakchott et surtout aux représentants des institutions militaires internationales dont la présence, si nécessaire, est soumise au principe du droit d’ingérence humanitaire .
Aussi la transformation de l’EMIA d’ATAR en académie militaire, l’Ecole Supérieure des Ingénieurs (désormais pupille de notre Armée,voire de notre Nation), de l’Ecole de Médecine, l’Ecole d’Etat-Major, le Lycée Militaire et la future Ecole de Guerre justifient la volonté des pouvoirs publics à ne ménager aucun effort pour crédibiliser et rentabiliser nos infrastructures de défense sur tout le territoire national.
A/ La notion de défense:un concept galvaudé.
La défense d’un territoire ne se limite pas à la seule sécurisation des frontières. Elle englobe aussi des données dont dépendent la pérennité voire la survie d’une nation. Il s’agit de la question de l’eau, de l’environnement, de la richesse du sous-sol,autrement dit les matières premières. Si on devrait juste défendre les frontières, on se limiterait à la création d’un “ministère des forces armées”.
Tandis que le “ministère de la défense” englobe des organes vitaux d’une nation de la voirie à la recherche scientifique. La recherche scientifique étant à l’état d’embryon chez nous en Mauritanie,le ministère de la défense qui jouirait de toutes ses prérogatives pourrait jouer le rôle de réceptacle à tous les cheminements épistémologiques,aux génies créateurs et enfin à l’émergence de ce que les anglo-saxons appellent de nos jours les “think tanks”, au sens positif du terme.
Ainsi réunir les départements des mines,de l’hydraulique,de l’environnement,de la recherche scientifique et enfin des forces armées en un seul super ministère de la défense nationale,mettra l’accent sur le concret et nous épargnera du morcellement et de l’éparpillement de notre génie cognitif.
Sous la direction d’un général de division,ou d’un universitaire qui n’a pas triché sur son C.V,le ministère de la défense pourrait aboutir aussi à un complexe militaro-industriel où des ingérieurs,des techniciens,des informaticiens échangeront leurs données,leurs recherches, le tout au service du progrès de la nation mauritanienne.
L’eau,les points d’eau,les cours d’eau,ne doivent pas être seulement l’apanage des ingénieurs de l’Hydraulique. D’ici un demi siècle,l’eau deviendra un liquide précieux pour les mauritaniens et sa “conquête” se posera-t- elle aussi en défit stratégique.
B/L’Armée, seul rempart au déclinisme des oracles?
La position géographique de la Mauritanie lui confère une lecture étriquée. L’appartenance à deux mondes Arabe et Africain qui devrait être une richesse, se polarise en confrontation et sauf miracle, n’augure pas des lendemains meilleurs. En tout cas c’est ce que prédisent les “oracles” en mal de sensations depuis des années.
Ces sirènes de l’apocalypse ignorent que le cap de la lucidité peut être maintenu à condition que l’Armée républicaine fasse son devoir avec professionnalisme et rigueur. Dans ce cas,elle doit se débarasser de “cette pluie de l’expérience qui jamais n’instruit”, disait Alain.
Comme toute institution,sinon la seule institution organisée qui se respecte et qui veuille aller de l’avant,l’Armée doit faire sa propre psychanalyse. Elle est tenue de juguler les vieux démons du tribalisme, du favoritisme et de prôner l’élitisme.
Il y va de sa survie.Quand un “Diallo” est compétent, un “Soumaré” surdoué et qu’ils ne font pas du militantisme, juste des soldats au service de leur nation, il est logique de les mettre à la place qu’il faut. Or nous constatons que la “chasse aux sorcières” du temps de Maawiya, continue tacitement de persévérer.
Dans les différents centres d’instruction,services ou régions militaires,il n’ y a point d’officiers négro-mauritaniens qui commandent. Ne donnons pas raison à ceux qui distillent leur penchant eschatologique et nous promettent des châtiments dignes de Sodome et Gomorrhe. Et pourtant le général Ghazwani est un officier éduqué,prompt et de bonne moralité.
Serait-il mal conseillé? Probable, quand on sait qu’au niveau de l’Etat-Major un “fameux think thank” se réunissait quotidiennement au 2éme bureau au seul but de filer des patates chaudes au chef,à base de renseignements et d’informations pro domo, taillés sur mesure, il y a lieu de vouloir “sauver le soldat Ghazwani“.
Sa baraka a fait qu’au dernier mouvement des officiers, l’oeil du cyclone incarné par ce “think thank” s’est heureusement déplacé du 2éme au 4éme bureau entre cette fois les marteaux,les burins,le fer et le ciment.
D’autre part le dernier mouvement des officiers n’a pas fait que des heureux.Des colonels compétents sont partis à la retraite et qui aspiraient à leur maintien,à défaut d’être promus au grade de général. Le grade de général? Certes l’avancement est au choix du chef suprême des forces armées,son excellence le président de la République,sur proposition du chef d’Etat-Major.
Mais il est inimaginable que Bourour puisse arborer son grade de général avant et devant le colonel Hamada Ould Boidé dont la compétence n’est plus à démontrer à tous les corridors de la pratique militaire,pour ne citer que ce seul exemple probant parmi d’autres.
Désormais pour parer à susciter de faux espoirs et limiter la montée de la tension artérielle chez les hauts gradés,il serait judicieux de porter la limite d’âge au grade de général de brigade à 64 ans et celle du grade de colonel à 62 ans, sans possibilité de maintien cette fois au-delà de la durée légale.
De 2016 à 2019 tous ceux qui veulent aider le pouvoir doivent s’inscrire dans une logique de vérité. Autrement dit quand on est avec quelqu’un,on est tenu de lui dire la vérité,rien que la vérité, toute la vérité.
Enfin l’Armée dont le rôle premier est d’être le creuset à la diversité culturelle,ne doit souffrir d’aucune insuffisance surtout morale. Pour qu’au moment venu,elle soit capable de contenir les velléités des fauteurs en eaux troubles. Ni les magistrats, ni les avocats, les ministres encore moins les docteurs en ceci ou docteurs en cela ne sont en mesure, dans l’état actuel de la Mauritanie de garantir la sécurité,la paix et la stabilité. A bon entendeur salut.
Ely Ould Krombelé, Paris