De la nécessité à l’urgence de réformer le système
La diplomatie mauritanienne qui vient de changer de main est passée de charybde à scylla. Une femme qui occupait le portefeuille de ce département a cédé le fauteuil à un ex-ministre de la défense.Mais ce n’est pas ce qui doit faire le plus l’objet de commentaires ou d’analyses.C’est plutôt en termes de rentabilité diplomatique qu’il faudrait trouver des éléments d’appréciation à ce remue-ménage au sein de ce département clé du dispositif gouvernemental. Les ministres des affaires étrangères, chaque régime a déjà choisi ses hommes mais rarement des types de grands calibres ont pu honorer le pays par leurs prestations. Quelques rares cadres connus par leurs compétences et leur charisme ont marqué les annales de notre diplomatie. L’une de ces célébrités parmi ces hommes se nommait Hamdi Ould Moukhnass dont l’ombre a certainement accompagné la nomination de la fille. Mais l’adage tel père tel fils ne fait pas forcément recette. En tout cas depuis plus d’une année la Mauritanie n’a pas marqué des progrès diplomatiques notoires en matière d’intégration sous-régionale et d’adhésion à des ensembles économiques dynamiques la plaçant dans le flux d’échanges mondiaux. L’efficacité d’une diplomatie ne se mesure pas aux déplacements en avion ou à des têtes –têtes et autres actes protocolaires. C’est d’une diplomatie innovante et ouverte sur tous les continents et présente sur tous les fronts que la Mauritanie a besoin. Aussi le choix doit prendre en considération une formation basée sur des compétences de politique internationale doublée d’une expérience dans les organisations mondiales. Dans ce domaine, la Mauritanie est suffisamment pourvue de cadres officiant dans les organisations comme l’ONU et l’UA. Des hommes doués de grandes qualités intellectuelles et morales ont besoin d’être sollicités pour redonner à notre diplomatie du sang neuf. Des postes ministériels comme les finances, les affaires étrangères, l’éducation ainsi que des institutions monétaires comme la BCM ne doivent pas être octroyés sur des critères d’allégeances politiques ou des fins électoralistes mais sur des bases technocratiques. La diplomatie est le pivot de tout le système gouvernemental d’un pays. Ainsi pourrait-on dire par analogie au bâtiment : si la diplomatie va tout va ! A ce niveau un grand travail en profondeur attend les nouvelles autorités du pays mais aussi un changement de style dans la gestion des hommes. Ce réglage ne doit pas seulement concerner ce secteur stratégique. Il doit toucher à tous les autres dans une vision réformiste et mieux adaptée aux évolutions mondiales. Il faut réformer dans les meilleurs délais, réformer le système de fond en comble pour faire fonctionner la machine. Promouvoir les principes de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Les hommes de valeur ne manquent pas, c’est l’absence de vision claire et de volonté de rompre avec le sentimentalisme qui entrave tout.
Cheikh Tidiane Dia-LE RÉNOVATEUR.