Covire-Règlement du passif humanitaire : Un bilan mi-figue, mi-raisin
A l’occasion du second anniversaire de la réconciliation nationale, qui a coïncidé avec le 25 mars dernier, la Covire s’est prêtée à la difficile appréciation du bilan des actions et mesures entreprises par l’Etat mauritanien, pour assurer un succès maximal dans le règlement du passif humanitaire, de sorte à baliser le terrain devant une véritable réconciliation entre les différents fils de ce pays, même si parmi les victimes profondément marquées par les douloureux événements des années de braise, certaines, malgré leur pardon, ne pourront jamais oublier.
Ce bilan mi-figue, mi-raisin de la Coordination des Organisations Victimes de la Répression en Mauritanie (Covire) trouve toute sa signification dans le discours tenu en ces circonstances par le président de la coordination Sy Abou Bocar, dans lequel il passe en revue les doléances satisfaites et celles non encore entamées, déplorant ce qu’il a appelé la lenteur dans le traitement du dossier en cours. Dans son allocution, Sy, qui n’a pas manqué de félicité vivement tous ceux qui ont contribué au démarrage concret du Passif humanitaire dont le « Président de la République, Mohamed ould Abdel Aziz », a l’implication de la coordination à l’amont et à l’aval dans la conception du dossier du Passif humanitaire, appelant également toutes les bonnes volontés à accompagner le parachèvement du processus. Evoquant les doléances déjà satisfaites, le président de la Covire a cité la reconnaissance officielle des exactions, la prière aux morts effectuée à Kaédi le 25 Mars 2009, instituée comme journée nationale de réconciliation, la réparation financière des veuves et ayants droits des victimes tuées en détention, l’octroi des parcelles aux veuves indemnisées et la réintégration de 144 instituteurs dont 54 atteints par la limite d’âge. Mais beaucoup d’autres revendications attendent encore, suscitant des grandes inquiétudes parmi les populations concernées qui ont souffert déjà deux longues décennies et qui s’impatientent de se voir enfin réhabiliter dans leur dignité et droits confisqués. Parmi ces doléances non entamées, Sy Abou Bocar évoque celles relatives aux victimes ou ayant droit du secteur parapublic et privé qui n’ont pas été recensées, ainsi que celles relevant du secteur informel. Il y a également les autres questions relatives à l’ouverture des dossiers des autres collectifs COREMI, Policiers, REVE, Orphelins et veuves des victimes civiles et les aspects fonciers toujours préoccupants.A titre de rappel, notons qu’il y a deux ans révolus, la Covire et le Hce nouaient un partenariat pour le règlement consensuel du passif humanitaire destiné à tourner définitivement une page sombre de l’histoire de la Mauritanie. En exécution du Protocole d’Accord signé le 24 Mars 2009, le président de la république avait reconnu courageusement et officiellement les exactions commises sur la communauté noire avant d’organiser une prière aux morts sous un soleil d’aplomb, demandant le pardon pour le mal qui a été fait et prenant l’engagement solennel à régler le passif humanitaire. Devant des centaines d’habitants de cette localité, Mohamed Ould Abdel Aziz dira : « Je vais panser les plaies béantes .Aucune indemnisation, aucun compromis n’équivaudra jamais à une vie humaine. L’être humain est irremplaçable dans son milieu. Pour les veuves et les orphelins, nous compatissons du fond du cœur. Nous sommes là, pour mettre fin aux souffrances du peuple quelque soit leur nature. ». Et enfin, il a institué le 25 Mars comme journée nationale de la réconciliation. Dans ce discours, écouté dans toute la vallée meurtrie par des années de répression, le Président dira : « Grâce à notre attachement à notre religion musulmane et à notre foie en allah , la raison et la sagesse avaient toujours fini par nous réconcilier avec nous- mêmes »(fin de citation). C’est ainsi que l’espoir renaît chez toutes les victimes. Pour entamer le processus de règlement de ce douloureux passif, sur la base des doléances des victimes, la commission chargée de ce dossier, avait procédé à l’étude des cas des veuves et ayants droits qui a abouti à la signature d’un accord cadre prescrivant un certain nombre de mesures pour atténuer les souffrances des bénéficiaires. A l’issue de la satisfaction de toutes ces doléances, le COVIRE s’engageait à l’organisation de manifestations pour sceller (fêter) la réconciliation.
MOML-LE RÉNOVATEUR