Dialogue politique : Réponse du président du FNDU au secrétaire général de la présidence de la République
Monsieur le Ministre,
Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) s’est donné pour objectif, depuis sa création, d’œuvrer pour l’instauration d’un état de droit qui garantit la justice, la liberté et l’équité à tous ses citoyens.
Il considère que le pays vit une crise politique majeure, depuis le coup d’état du 6 août 2008,crise qui menace la stabilité et l’intégrité du pays, dans un contexte sous-régional inquiétant. Le FNDU considère que la seule voie possible pour le règlement de cette crise est le dialogue sérieux et sincère entre toutes les forces politiques et sociales du pays, dialogue à défaut duquel le pays s’exposerait aux violences de toutes sortes.
Le pouvoir plutôt personnalisé que vit notre pays, depuis le 6 août 2008, a mis hors-jeu toutes les institutions de la république et une grande partie des talents du pays et mobilisé toutes les ressources nationales pour se maintenir et se renforcer, en négligeant les problèmes essentiels qui menacent l’unité et la cohésion de notre pays.
Vous n’êtes pas sans savoir que plusieurs lois de la république, y compris certaines dispositions de la loi fondamentale, sont piétinées, que les élections depuis la crise, sont unilatérales et non crédibles, que toutes nos « institutions démocratiques » sont illégitimes, que la situation économique de nos populations ne cesse de se dégrader, malgré un contexte économique qui était très favorable, que la cohésion sociale est menacée, que l’insécurité urbaine se généralise, etc.
Bref, je suis persuadé qu’aucun mauritanien ne saurait, se reconnaître dans le tableau idyllique que vous avez décrit ostensiblement dans votre lettre.
Nous avons espéré que les contacts informels et les rencontres entre nos deux délégations, au cours des derniers mois, pourraient constituer une bonne base pour bâtir une confiance fortement ébranlée par des accords bafoués et des simulacres de dialogues mort-nés.
Malgré cela, nous avons clairement exprimé notre pleine détermination à œuvrer pour l’organisation d’un nouveau dialogue crédible et minutieusement préparé. A cette fin, nous vous avons transmis une plateforme qui traduit notre vision et notre disponibilité à vous écouter et à créer, ensemble, les conditions de succès de ce dialogue tant attendu par toutes les sensibilités du pays.
Les discussions, au cours des différentes rencontres entre nos deux délégations, ont montré la nécessité d’exprimer, à l’issue de nos échanges, nos positions respectives par écrit, en vue de conclure un pré-accord qui ouvrirait le débat aux autres partenaires pour discuter de l’agenda et de l’ordre du jour du dialogue. Nous vous avons confirmé cela par écrit.
A cet égard, nous ne pouvons qu’exprimer notre étonnement pour ce revirement spectaculaire que représente votre dernière lettre. En effet, nous sommes, hélas, fondés à croire que cette lettre a été conçue pour mettre fin au processus entamé depuis plusieurs mois avec le partenaire que nous sommes, pour nous inviter, sans aucune consultation préalable, à un autre processus dont vous êtes les seuls à en décider et à connaître les vrais objectifs.
Je me permets de vous rappeler, Monsieur le Ministre, que la règle de base de tout dialogue est l’accord préalable des parties sur son format et son organisation. Nous sommes en droit de douter de « votre engagement, sans réserve, dans le processus de dialogue », alors que vous remettez en cause, de façon unilatérale, le processus de dialogue entamé d’un commun accord entre nous, en appelant à un nouveau processus sans consulter préalablement vos partenaires.
Je saisis cette occasion pour vous confirmer notre engagement et notre ferme attachement au processus que nous avons commencé avec vous pour mettre en place les arrangements nécessaires, afin de rétablir un minimum de confiance entre nos deux parties et organiser un dialogue inclusif, sincère et crédible.
Je vous invite, en conséquence, au nom de tous les pôles du FNDU, à revenir à ce processus et à nous transmettre, par écrit, votre position par rapport à tous les points de notre plateforme. Ainsi, nous n’aurions pas donné l’impression de bafouer quelques mois de loyaux efforts.
Il vous appartient, dès lors, de confirmer par écrit les réponses que vos représentants ont formulées lors des rencontres entre nos deux délégations. Nous pensons que sur la base de ces réponses, nous pourrons évaluer les chances d’avancer vers un préaccord qui ouvrirait la voie à un dialogue global et inclusif, seul, à notre avis, en mesure de permettre une sortie réelle de crise.
Encore, une fois, j’ose insister sur le fait que l’invitation à des réunions préparatoires pour un dialogue, selon un mode opératoire préconçu et unilatéral, constitue, de notre point de vue, un retour en arrière que le FNDU, avec toutes ses composantes, ne saurait, en aucun, cas entériner.
Dans l’attente d’une reprise rapide du processus de concertation, dans lequel nous nous sommes engagés ensemble, je vous prie de recevoir, Monsieur le Ministre, mes salutations distinguées.
Maître Diabira Maroufa
Président en exercice du FNDU
Nouakchott, le 17 Août 2015
CRIDEM