Non reconnaissance des FPC (ex FLAM) : La constitution à l’épreuve du chauvinisme
Après un silence de huit mois, les services du ministère de l’intérieur et de la décentralisation ont rejeté la demande de reconnaissance des Forces Progressistes pour le Changement (FPC), ex Forces de Libération Africaine de Mauritanie (FLAM)-issues de la mouvance nationaliste négro africaine.
En fait, cette décision est connue depuis plusieurs jours. Mais la réaction du parti rejetée n’est intervenue que la semaine dernière, à travers l’organisation d’une conférence de presse au cours de laquelle le président, Samba Thiam, a vivement dénoncé une mesure attentatoire aux dispositions de la constitution et à la loi définissant les conditions de création des partis politiques et encadrant leurs activités.
Un véritable déni du droit à l’association, doublée d’une véritable cécité politique. Nouvelle illustration de l’absence de vision de la part « d’un pouvoir qui manipule la loi suivant ses humeurs » selon le leader de l’ancien mouvement en exil. Mr Thiam n’y est pas allé avec le dos de la cuillère et accuse directement le pouvoir.
On peut parier qu’il a raison. Car, la mesure de rejet très certainement venue d’en haut, dépasse bel et bien le cadre « étroit » du ministère de l’intérieur.
Cependant, le leader des FPC et ses amis ont profité de la rencontre avec la presse pour annoncer leur détermination à poursuivre le combat historique entamé depuis 1983, c‘est-à-dire la naissance du mouvement clandestin, devenu la véritable bête noire du régime militaire de Nouakchott pendant les années de braise.
Une organisation rentrée au bercail en 2013, pour mener la lutte de l’intérieur après une trentaine d’années d’exil ponctuée par une répression féroce, qui aura touché la quasi-totalité de la communauté négro africaine, bien au-delà du cercle d’un groupe politique.
Absence de culture démocratique
Le contexte de la Mauritanie reste dominé par l’imagerie populaire « de l’homme fort ». D’où l’image peu reluisante d’un président de la République, qui contrôle tout ce qui se fait au sein de l’administration dans ses moindres détails.
Réalité assumée à travers un entretien avec l’organe panafricain « Jeune Afrique ». Du coup, Mohamed Ould Abdel Aziz restera toujours en première ligne, pour avoir dispensé ses ministres de leur rôle de fusible, comme dans toute République dotée d’institutions.
Mais au-delà des récriminations et des protestations, le refus de délivrer un acte de reconnaissance aux ex FLAM, peu importe le discours et le programme proposé par cette formation, par une administration gémissant sous les bottes d’un pouvoir militaire et façonnée dans la culture du monolithisme depuis plusieurs années, est somme toute logique.
Cette décision est motivée par le rejet de l’autre, c‘est-à-dire tout celui qui ne pense pas comme vous. Elle est dans la logique d’une Mauritanie de l’exclusion.
Comment oublier que nous sommes dans un pays « poussé » vers une démocratie purement formelle par un environnement international (discours de la Baules), qui refuse désormais le parti unique et le régime d’exception.
Ainsi, l’espoir né du renversement du régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed, suivie d’une transition riche en réformes et de l’élection d’un président civil, a été anéanti par un putsch militaire, le 06 août 2008. Un véritable retour à la case départ.
Entre révolution de palais et petit jeu de chaises musicales, la Mauritanie est passée de la main de fer de Taya à une transition gouvernée par son directeur de le Directeur Sûreté Nationale, avant de retomber aujourd’hui sous la férule de l’ex chef de la sécurité présidentielle, faisant ainsi du surplace et même des pas à reculons.
Silence troublant de la classe politique
La décision de l’administration de ne pas légaliser la formation de Samba Thiam et ses amis soulève un vif débat et une réelle polémique. Un vacarme à travers lequel on note un silence troublant de la classe politique à l’exception notable de l’Union des Forces de Progrès (UFP).
Pour le professeur Lô Gourmo Abdoul, vice-président de cette formation, « le refus de reconnaissance des Forces Progressistes pour le Changement (FPC)-ex FLAM, tout comme le refus de les voir tenir en son temps leur congrès et mener leurs activités en toute légalité, constitue une flagrante violation du droit constitutionnel et un acte de provocation attentatoire aux libertés publiques et à la paix civile.
Sur le fond, c’est un acte de pur chauvinisme, alors que ses principaux dirigeants ont été reçus à maintes reprises par les plus hautes autorités de l’Etat.
Il est juste pour tout démocrate sincère de se solidariser avec les FPC et d’exiger le respect de leur droit à mener une vie publique légale à l’instar de toutes les formations politiques du pays ».
Ould Bladi
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