Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Entre le coupable et la victime qui doit pardonner ?

altLe Général Mohamed Ould Abdel Aziz veut-t-il tout régler en même temps, dans la précipitation, sans se donner, ni les moyens, ni la démarche nécessaire de parvenir à ses fins? Il a laissé entendre là, où il passe qu’il transformera d’un coup de baguette magique la misère du peuple en opulence, et leurs prières en réalisations. De quoi bien faire rêver un peuple qui a entendu tant dire que la Mauritanie est un pays aux richesses énormes mais mal gérées. Peut-être se diront les plus enthousiastes, que cet homme est un faiseur de miracles ! En tout cas, au triangle de la pauvreté, chacun croise les doigts et attend la suite des chapelets de promesses qui ont été égrenés par le général dans son discours. Autre visite, autre drame.
Les populations de la vallée se préparent à recevoir le président du HCE au c?ur des abominations commises par les brigades de la mort, des viols, du pillage, des déportations massives de 1989 jusqu’en 1998. Chaque village a eu son lot de ce long cauchemar, auquel est venu s’ajouter simultanément, des exécutions extrajudiciaires qui ont endeuillé de nombreuses familles du Fouta Tooro, du Lao, du Bossoyyo, du Ferlo.

Cette vaste zone qui s’étend sur toute la bordure du fleuve, fut le théâtre d’atrocités indescriptibles et d’une barbarie inimaginable exécutée par des bases militaires qui agissaient comme en territoire conquis. Les Sudistes ont subi toutes sortes de supplices où les enlèvements de pauvres populations à qui on interdisait de sortir de leurs domiciles, ou de se rendre à leurs champs, étaient devenus une règle dans cette partie de la Mauritanie.

Des charniers ont été découverts à Fonde Bakaw (Boghé) à Sori Mallé, au Guidimakha, sans parler des destructions de villages entiers, de familles entières dont on peut en guise de rappel donner deux cas parmi des centaines d’autres qui ont été perpétrés par des unités dont les commandements tristement célèbres  sont bien connus.

L’une de ces atrocités fut commise dans le village de Mouta-Allag au Guidimakha où tout le village fut encerclé, anéanti froidement et jeté dans des fosses communes. L’autre abomination fut commise contre la famille d’un paisible homme au nom de Adama N’Diaye à Gourel Mamadou Amadou près de Ould Yengé.

L’homme et sa  famille furent abattus à l’aube par des militaires qui n’ont pas  épargné un nourrisson né la veille. D’autres atrocités ont été commises à l’encontre de centaines de villages contraints dans le meilleur des cas de fuir. Ceux qui ont échappés à cette chasse à l’homme portent dans leur conscience  les souvenirs de ce passé récent.  

De tels crimes doivent -ils être pardonnés sans le consentement des ayant droits ? Pourquoi ne pas demander d’abord aux parents de victimes leur avis sur cette question de pardon et de l’oubli, au lieu de charger un petit groupe de personnes mandatés on non, on sait  de quel droit pour régler une question  aussi grave demandant un travail sérieux.

Les réparations à elles seules ne sauraient tenir lieu de solution définitive à un dossier aussi douloureux. Autant il est urgent de résoudre ce problème pour tourner la page d’un passé sinistre, autant il n’est pas acceptable d’amadouer les pauvres veuves et orphelins par des réparations, sans leur dire toute la vérité sur cette tragédie et lever le doute sur des militaires sur lesquels continuent de peser des soupçons. Il ne sert à rien de faire de ce dossier un fond de commerce politique à dessein électoraliste si l’histoire continue encore à demander aux criminels des comptes.

Cheikh Tidiane Dia- LE RÉNOVATEUR

mars 2009- www.flamnet.info

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