Le jihadiste algérien Belmokhtar visé par une frappe américaine en Libye
Le jihadiste Mokhtar Belmokhtar a été tué au cours du week-end lors d’une frappe américaine en Libye, a annoncé dimanche le gouvernement libyen de Tobrouk. Le Pentagone confirme avoir visé l’ex-chef d’Aqmi mais ne le donne par pour mort.
Mokhtar Belmokhtar est-il mort ? Dimanche 14 juin au soir, le gouvernement libyen de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, n’a pas laissé place au doute : “Des avions américains ont mené une opération qui a abouti à la mort de Mokhtar Belmokhtar et d’un groupe de Libyens appartenant à une organisation terroriste dans l’est de la Libye.”
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Le Pentagone a indiqué que le jihadiste avait bien été la cible d’une frappe américaine, mais n’a pas confirmé sa mort. “Nous continuons à évaluer les résultats de l’opération et fournirons plus de précisions de manière appropriée”, a déclaré dans un communiqué le colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone.
Le scepticisme doit être de rigueur alors que le chef jihadiste algérien a déjà été donné pour mort plus d’une dizaine de fois ces dernières années et que les autorités libyennes basées à Tobrouk ne contrôlent pas la zone où a été menée le raid.
Frappe menée pendant une rassemblement de jihadistes
L’agence libyenne Lana, citant un responsable du gouvernement reconnu par la communauté internationale, a précisé que “la frappe de l’armée de l’air américaine a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche dans une ferme (…) à Ajdabiya, à 160 km à l’ouest de Benghazi, chef lieu de l’Est libyen, où Belmokhtar tenait une réunion avec d’autres chefs de groupes extrémistes, dont des membres d’Ansar Asharia”, une organisation classée terroriste par l’ONU.
Sur les réseaux sociaux, des comptes jihadistes ont fait état de sept morts dans le raid. Une page Facebook d’un groupe islamiste à Ajdabiya a publié dès dimanche matin des photos de corps ainsi que les noms des personnes tuées, sans aucune référence à Belmokhtar. Des combats meurtriers ont eu lieu par ailleurs autour de l’hôpital de la ville, les jihadistes ayant tenté, en vain, de prendre le contrôle de l’établissement, aux mains de milices locales, pour soigner leur blessés, selon des témoins.
Dans son communiqué posté sur Facebook, le gouvernement du Premier ministre Abdallah al-Theni, installé à al-Baida (est), précise que la frappe américaine a eu lieu “après consultation avec le gouvernement intérimaire libyen”. Il apporte son “soutien” aux frappes américaines, affirmant que “cette opération fait partie de l’aide internationale qu’il a longtemps réclamée pour lutter contre le terrorisme”.
Washington a par le passé déployé des drones dans le Sahel. La dernière opération des Américains en Libye date de juin 2014, quand leurs forces spéciales ont capturé Ahmed Abou Khattala, un des organisateurs présumés de l’attaque contre le consulat américain à Benghazi en 2012, qui avait coûté la vie à l’ambassadeur Chris Stevens et trois autres Américains.
Belmokhtar avait récusé l’allégeance de son groupe à l’EI
Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, Belmokhtar aurait commandité l’assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre 2007, et la prise en otages de deux Canadiens en 2008, trois Espagnols et deux Italiens en 2009. Il est recherché par plusieurs pays et sa tête a été mise à prix pour cinq millions de dollars par les États-Unis en juin 2013.
Né en juin 1972 à Ghardaïa, aux portes du Sahara, Mokhtar Belmokhtar a combattu très jeune en Afghanistan en 1991, où il a perdu un œil, ce qui a valu son surnom de “Laouar” (le borgne). Ex-chef d’Al-Qaïda au Magreb islamique (Aqmi), avec laquelle il était entré en dissidence, Mokhtar Belmokhtar avait créé fin 2012 sa propre unité combattante, les “Signataires par le sang”. En janvier 2013, il avait revendiqué l’attaque sanglante et la prise d’otages massive qui s’en est suivi sur le complexe gazier d’In Amenas, dans le Sahara algérien, qui se sont soldées par la mort de 37 étrangers, un Algérien et 29 ravisseurs.
Donné pour mort par le président tchadien Idriss Déby Itno en mars 2013, il avait revendiqué un double attentat-suicide au Niger en mai 2013, qui a fait une vingtaine de morts. En 2013 toujours, il participait à la naissance du groupe Al-Mourabitoune, fusion des “Signataires par le sang” et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un des groupes jihadistes ayant contrôlé le nord du Mali jusqu’au lancement de l’opération française Serval en janvier 2013.
Mi-mai, Mokhtar Belmokhtar avait réaffirmé la loyauté d’Al-Mourabitoune à Al-Qaïda et démenti l’allégeance à l’État islamique (EI) proclamée par un autre dirigeant, laissant présager une sérieuse discorde dans la hiérarchie du mouvement.
Avec AFP
france24