Réflexion : Le nouvel équilibre du monde
adiac.congo.com -Il devient chaque jour plus évident que le monde dans lequel nous vivrons demain ne ressemblera guère à celui qui l’a précédé. Aussi convient-il de se préparer dès maintenant aux changements qui se produiront sur les cinq continents dans les dix ou vingt prochaines années.
Résumé en quelques phrases qui paraîtront sommaires à beaucoup, voici donc le nouveau cadre dans lequel nous allons très probablement évoluer.
° L’ère de la toute-puissance occidentale est révolue du fait de l’affirmation continue sur la scène internationale de la Russie, de la Chine, de l’Inde et, de façon plus générale, des pays dits « émergents » en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Comme l’Europe se montre incapable de devenir une véritable communauté politique, son influence ne peut que décroître dans les enceintes où se prennent les grandes décisions. Quant aux États-Unis, l’on voit bien, avec la reprise de relations normales avec Cuba et la recherche d’un compromis avec l’Iran sur la question nucléaire, que ses dirigeants n’entendent plus se comporter comme ils le firent depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale en semant le chaos dans différentes parties du monde. Conclusion : le temps des interventions anarchiques en Asie (guerre de Corée et du Vietnam), au Proche et au Moyen-Orient (guerres d’Irak et d’Afghanistan), en Afrique (guerres d’Algérie, de Libye et autres) est terminé.
° Comme au temps de la « guerre froide » les grandes puissances vont se préoccuper de plus en plus de protéger leurs zones d’influence contre les convoitises de leurs alter ego. La Russie, qui affirme chaque jour un peu plus son retour sur l’échiquier international, poursuivra donc sans désemparer la reconstitution d’une « zone tampon » en Europe orientale et méridionale. Les Etats-Unis, quant à eux, recentreront leurs activités stratégiques sur l’Europe occidentale et l’Amérique latine, sans doute aussi sur l’Afrique que ne domine plus aucune puissance extérieure au continent. La Chine enfin, qui est devenue la première puissance économique mondiale mais qui n’a rien oublié du passé, se protègera sans le moindre complexe des dérives réelles ou supposées du Japon qui lui firent tant de mal il y a soixante-quinze ans et se dotera, en conséquence, de tous les moyens militaires capables de protéger efficacement son territoire.
° De ce qui précède découle le fait que la grande aventure des années à venir sera bien la recomposition de la gouvernance mondiale. Ni la Chine, ni la Russie, ni l’Inde, ni les puissances émergentes n’accepteront, en effet, que les Occidentaux continuent de dominer les institutions telles que le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale. Elles exigeront et obtiendront un rééquilibrage en leur faveur de l’Organisation des Nations unies et une réforme de son fonctionnement qui les mettront définitivement à l’abri des foucades de leurs partenaires occidentaux comme cela s’est produit lors des évènements ayant conduit à l’assassinat de Mouammar Kadhafi en Libye. Cependant, même si les « Grands » affirment la main sur le cœur qu’ils feront aux pays du tiers-monde une place à la mesure de leur importance humaine, il n’est pas du tout certain que l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie du Sud trouveront finalement leurs comptes dans le nouveau schéma de la gouvernance mondiale.
° Dernier point et non le moindre, il n’est pas impossible que la redistribution des cartes au plan mondial génère un ou plusieurs conflits de grande ampleur. On peut imaginer, par exemple, que les liens étroits unissant Israël et les États-Unis conduisent un jour les seconds à s’engager au côté du premier dans une guerre qui embraserait le Moyen-Orient et le Golfe persique ; ou que la Russie tente de profiter de la faiblesse stratégique dont fait preuve l’Union européenne pour accélérer au-delà du raisonnable la reconstitution de son empire ; ou que le Japon tente de se remilitariser afin de répondre à l’expansion de la Chine dans ce qui était jusqu’à une date récente sa sphère d’influence. La folie humaine et l’incapacité des gouvernements à anticiper l’avenir rendent malheureusement possibles, sinon même probables, des glissements vers la violence que l’évolution actuelle du monde semble prévenir.
Conclusion : la redistribution des cartes qui s’effectue sous nos yeux ne garantit malheureusement pas que l’humanité vivra en paix dans les décennies à venir. Mieux vaut s’en convaincre dès à présent et prendre les mesures qui s’imposent.
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