Hôpital Amitié Nouakchott: des patients livrés à la mort (reportage)

Des décès dans « des conditions de négligence »
Le cas de Limam n’est pas le plus triste à l’hôpital de l’amitié de Nouakchott. Deux autres décès dans « des conditions de négligence » nous ont été signalés par les familles des defunts. Sur un ton triste Mariam, une femme d’une trentaine, explique comment sa sœur « qui bravait la mort attendait en vain l’arrivée d’un médecin.»
Un autre patient va rendre l’âme pendant son transfert vers la salle de réanimation par les escaliers. L’ascenseur ne fonctionnait pas. Un membre de la famille se fond en larmes en racontant la scène aux journalistes d’Alakhbar. Encore faut-il constater que le nombre de lits est insuffisant dabs la salle de réanimation.
Service de la Maternité ou « couloir de la mort».
Une autre famille, celle d’Aichettou, dit qu’elle ne pourra pas oublier la longue attente, de 14h à 20h, de cette patiente d’une vingtaine qui devait être évacuée à bord de l’ambulance de l’hôpital. Le véhicule était là garé, le chauffeur lui introuvable.
Nos tentatives d’entrer en contact avec l’administration de l’hôpital ont été vaines. Quant aux patients que nous avons rencontrés ils citent d’autres cas de décès au service de la Maternité ou « couloir de la mort», comme le nomment les visiteuses.
« Trois femmes ont perdu la vie au couloir de la mort pendant leur accouchement, durant les nuits du 24 au 29 septembre 2014», se désole une parente des concernées.
Un autre problème est posé: le manque d’assistance aux patients. Vers 2 heures du matin, il ne faut pas solliciter les infirmières, conseille Zeinabou qui accompagne une patiente.« Elles s’enferment dans une salle climatisée, raconte-t-elle. Cependant, des patients passent la nuit sous la chaleur ou fréquentent des toilettes insaubres. » Certaines toilettes ont été scellées à cause de cette insalubrité.
Et Zeinabou se dit « étonnée » de voir à l’hôpital de l’amitié des infirmières qui « ignorant le nom de certains médicaments ! ». Des journalistes d’Alakhbar ont constaté sur place que des infirmières s’attardaient au téléphone et d’autres se perdaient dans des discussions internes et interminables.
Des stagiaires non supervisés
Pendant ce temps, une lourde responsabilité est confiée à des stagiaires notamment au niveau de la pédiatrie et de la gynécologie, deux services situés en face d’un dépotoir d’ordures. Ces stagiaires mènent des interventions sans supervision d’un spécialiste.
Au cours de ce reportage une femme s’est interrogée si la structure sanitaire « méritait d’être qualifiée d’hôpital !» En tout cas c’est das cet hôpital où un enfant ans a été électrocuté en pleine salle d’opération.
Un patient en attente, le médecin regarde un match de football
L’hôpital de l’Amitié n’est cependant pas le seul dans cette situation de négligence du personnel. Au Centre Hospitalier de Nouakchott (CHN) la plus grande structure sanitaire de la capitale un enseignant raconte à Alakhbar le calvaire de son enfant: « j’étais au Centre Hospitalier de Nouakchott. Mon enfant était malade. J’ai appelé le médicin, mais en vain. Il regardait une finale de la ligue des champions.»
Face à cette situation des hôpitaux nationaux ils sont nombreux les patients qui préfèrent être évacués à l’étranger. Chaque année, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie CNAM dépense 30% de son budget de fonctionnement pour évacuer 600 malades à l’étranger.