Pour une honorable sortie des timoniers
L’opposition radicale a, enfin, répondu à l’invite du pouvoir dans des termes assez confus, mais révélateurs de son désir de se faire mordre, une énième fois, dans le piège.
Au lieu de se mettre au niveau des aspirations du peuple, les leaders de notre opposition dite radicale ont préféré assurer leurs positions, en haletant, encore une fois, derrière les chimères d’élections. Des élections que le pouvoir finit toujours par gagner.
Au lieu d’exiger des discussions nationales inclusives pour la refonte du pays et la révision des incohérences mortelles qui la minent, l’opposition radicale est tombée, béate, dans le fossé, en rendant la perche à un pouvoir qui n’est, en réalité, que la machine d’un système qui secrète les contradictions et alimente la léthargie. Ce système qui semble s’appuyer sur des pontes de cette opposition est arrivé à terme. Il s’est essoufflé. Cela l’opposition ne semble pas le voir.
Pourtant, c’est bien à ce système de se réformer ou disparaitre. Il ne revient pas à l’opposition, ni aux patriotes sincères, de lui donner une nouvelle chance pour se renouveler. Il est temps qu’il disparaisse et laisse la place à un nouvel mode d’existence et de gouvernance pour notre pays.
Il est temps que nos responsables politiques sachent que désormais, ce n’est plus l’élection, la CENI, le Conseil constitutionnel et les autres machines tatillonnes et creuses dites “institutions démocratiques” qui intéressent les Mauritaniens. Ces derniers cherchent à vivre, enfin, dans un Etat qui fonctionne avec des mécanismes modernes, fondés sur les règles de la citoyenneté et non sur celles de la naissance, du régionalisme ou du féodalisme tribal, esclavagiste et raciste.
Demander aux Mauritaniens, aujourd’hui, de cautionner des arrangements entre politiciens afin que l’état d’échange de privilèges et de concussions entre “partenaires” de la majorité et de l’opposition perdure est une insulte aux souffrances de notre peuple.
C’est même une haute trahison contre le pays et sa démocratie. On ne doit point cautionner cette situation de décomposition et de délitement avancée qu’à atteint le pays en accordant un sursis au pouvoir qui voudrait, à travers son initiative, faire sauter le verrou de l’âge requis pour la candidature en faveur de Ould Daddah et Ould Boulkheir en contrepartie de permettre au général, devenu démocrate, de faire sauter le verrou limitant les mandats électifs du Chef de l’Etat à deux. Si les leaders de l’opposition l’acceptent, les Mauritaniens doivent les balayer d’un seul revers de main. Tout comme ils doivent se dire qu’un dialogue de la sorte ne fera que précipiter le précipice et la déconfiture.
Certes, un changement par le dialogue est plus sûr et moins risqué qu’une révolution. Mais celle-ci serait inéluctable si toutes les voies de changement pacifique et contrôlé sont bouchées. Surtout, les dramatiques expériences putschistes ont montré qu’en Afrique, les coups d’Etat ne fabriquent que des démons à la tête des pauvres pays, patries par excellence des coups d’Etat des médiocres !
En d’autres termes, les leaders de l’opposition devraient enfin se rendre à l’évidence : un dialogue politique pour des élections n’en est pas un. Ce sera leur acte de décès qu’ils signeront de leur propre main, s’ils accordent une nouvelle chance au pouvoir actuel !
Aujourd’hui, les Mauritaniens aspirent à ce que les inégalités s’arrêtent. Que le racisme d’Etat cesse. Que l’Esclavage soit combattu. Que toutes les composantes nationales puissent accéder, au même titre, aux fonctions de l’Etat, à l’armée, à l’administration, au corps de la magistrature, aux opportunités économiques. Ils aspirent à ce que cesse l’instrumentalisation de l’Etat et de ses appareils contre des composantes de notre peuple, notamment dans la Vallée et contre les haratines.
Ils aspirent à ce qu’il n’y ait plus de stigmatisation d’autres composantes, comme les forgerons. Ils aspirent à ce que les Mauritaniens soient égaux devant la loi, sans aucune distinction. Ils aspirent, enfin, à une nouvelle gouvernance qui impose le respect de la loi et la prise en considération, en toutes circonstances, les intérêts suprêmes effectifs du pays et de son peuple.
Pour ce faire, rien n’est mieux indiqué qu’un dialogue pour la refonte du système. Et c’est seulement après ce dialogue que l’on devrait penser aux élections et aux institutions et à qui occupera quelle position dans la nouvelle République !
Messaoud Ould Boulkheir et Ahmed Ould Daddah ont apporté leur pierre dans l’édifice de la Mauritanie et dans l’enracinement de l’esprit revendicatif pour la démocratie et les droits. Ils ne devraient pas, au crépuscule de leurs riches et jusque-là reluisantes carrières, brader la Mauritanie pour une candidature de trop. Ils devraient tirer leur révérence après avoir mené, à termes, les péripéties de la refonte nationale. C’est la seule sortie honorable qu’ils méritent. C’est la seule sortie que nous voulons pour eux. Nous écouteront-ils avant que la tempête du 31 octobre se lève ????
Amar Ould Béjà
Source: l authentique