Les cent jours de Ould Hademine
Les Mauritaniens étaient nombreux à souhaiter le départ du Premier ministre Ould Mohamed Laghdaf. Non seulement parce que celui-ci n’avait pas réussi à les sortir d’impasse, mais aussi, parce que l’homme, qui a battu le record de longévité à la fonction, commençait à agacer.
Plus tard, un gouvernement avait été formé. Dixit Ould Mohamed Laghdfa et Bonjour Yahya Ould Hademine ! Cent jours plus tard, le constat est bien amer pour partisans du changement ! La crise économique est toujours là.
Plus, elle est doublée d’une crise financière sans précédent et d’une crise sociale préjudiciable à l’unité nationale. Les soubresauts, les crises, les mauvais signes et les clignotants au rouge dans tous les aspects de la vie ne sont bien plus visibles aujourd’hui que par le passé.
Ils sont d’ailleurs très nombreux ceux qui croient que le salut du pays réside dans le départ du tout nouveau Premier ministre et de son gouvernement.
En effet, au vu de ce bilan très controversé que nous subissons depuis près de trois mois, la réponse ne consiste pas à dégommer deux ou trois ministres. Le gouvernement est à balayer dans on intégralité.
Si la situation du pays ne cesse de se désintégrer, soit parce que le pouvoir est trop concentré entre les mains du président omnipotent, se suffisant à lui-même et à la vision (pour ne pas dire la visibilité, politiquement parlant), soit parce que les ministres (ou ce qui en tient lieu) ne sont pas, tout simplement, en mesure d’accomplir leurs tâches pour des raisons qui, parfois, relèvent tout simplement de l’incompétence.
En tout état des choses, ce qui est sût, c’est que l’équipe de l’incurie que l’on initie à la gestion des biens publics, ces derniers mois, regroupe en elle de nombreux balourds et autres ignares sans expérience, et pire obnubilés par l’unique dessein de se faire un abri futur.
En fait, aucun poids lourd ne se profile à l’horizon au sein de cette triste équipe qui nous conduit au purgatoire après nous avoir dix mille fois enfouis dans les tréfonds de l’enfer des crises de toutes sortes (politique, économique, identitaire, diplomatique et même spirituelle).
Les Mauritaniens doivent aujourd’hui regretter le temps où chacun commençait à retrouver un semblant d’espoir, après la Renaissance de 2005. Nombre de leurs rêves se sont transformés en cauchemars.
Ils doivent se lamenter d’avoir accepté d’être traînés par le nez à travers une propagande pour discréditer le président Sidioca qui avait commencé, quoi que l’on dise, à remettre les pendules de l’Etat à l’heure de la réflexion, du pronostic et des études sur le long terme afin d’engager une œuvre réfléchie et cohérente de développement.
Désormais, ils savent pertinemment, après ces terribles années d’errance infantile, qu’ils avaient sacrifié leur pays à l’autel d’une aube qu’on leur, qu’on leur mijotait le contraire. Aujourd’hui, nous avons affaire á des amateurs, sinon des novices, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
Des opportunistes qui ne s’en tiennent qu’à eux. Des calculateurs qui nous appauvrissent pour s’enrichir. Qui augmentent les prix de tout pour engranger, eux-mêmes, la marge.
Qui instrumentalisent les impôts et les services de l’Etat pour asseoir une hégémonie politico-financière qui s’apparente à un gangstérisme d’un autre âge. Qui accumulent leurs privilèges et accroissent leur puissance économique sans que personne n’ait à en redire.
Ils nous humilient dans ce que nous avons de plus sacré : la fierté de travailler et de se nourrir décemment par la sueur de notre front. Ils nous mentent et mentent à nos partenaires dans une ultime œuvre de discrédit, d’abord face à nous-mêmes, ensuite face au reste du monde. Vu dans cet angle, que les marionnettes du gouvernement se fassent toutes congédier, ceci n’est pas le remède. Le mal est ailleurs.
Et c’est là qu’il faut trouver la « panne » de notre pays et la carence de son système. On a beau recyclé, on a beau “démis des fonctions”, on a beau changé de ministres, ceci ne relèvera pas une République de terre ! Ce n’est pas ceci qui va améliorer le quotidien de ces populations qui crèvent la dalle et croupissent sous le poids des prix des produits alimentaires toujours en hausse.
Ce n’est pas ce qui va redonner espoir aux mille et une âmes laissés pour compte. Ce n’est pas ce qui va ramener l’espoir dans les cœurs. Et ce n’est surtout pas ce qui va cimenter le fossé qui n’a cessé de s’approfondir entre nos communautés ces dernières années.
Le temps est venu de mettre en place un système de gouvernance qui nous sied avec des hommes responsables, capables de sortir notre pays de l’ornière du diable et surtout de redonner espoir.
Frappée de plein fouet par la crise internationale économique et financière, la Mauritanie doit se ressaisir au plus tôt. Avec ses cent jours d’existence, et son bilan quasi-nul, ce n’est certainement pas le gouvernement de Hademine qui va semer les fruits d’une nouvelle aube.
Amar Ould Béjà
Source: l authentique