Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

1er Congrès des FLAM : Une demande d’autonomie qui fait lever des boucliers

altAutorisé, puis interdit, finalement toléré, le 1er congrès des FLAM (Forces africaines de libération de Mauritanie) s’est tenu le vendredi 29 août 2014, au domicile de son président, après avoir été chassé des hôtels de Nouakchott par la volonté des pouvoirs publics. Du discours de son président, Samba Thiam, les tenants du statu quo n’auraient retenu que l’aspect, brièvement abordé, relatif à l’autonomie des régions du Sud. Bien des boucliers n’ont cessé depuis de s’élever, contre les FLAM taxés de racistes et les présidents de partis politiques présents aux assises, accusés eux aussi de traîtrise à la Nation.

Les FLAM ont organisé vendredi 29 août 2014 leur 1er Congrès constitutif depuis leur retour en 2013 en Mauritanie, après l’exil de leurs leaders qui avait duré plusieurs décennies, suite aux pogroms qui avaient accompagné les tristes évènements ethniques des années 89/91. Le Congrès s’est tenu dans la résidence du président de l’organisation, dans le quartier d’El Mina à Nouakchott, après le refus des pouvoirs publics d’autoriser son déroulement dans un des hôtels de la place. Les autorités auraient avancé comme alibi la non reconnaissance de l’organisation, ce qui lui enlève le droit, selon elles, de se produire publiquement.

Bien que l’interdiction du Congrès ait été brandie contre la tenue du congrès, le président des FLAM, Samba Thiam, avait souligné au cours du point de presse qu’il avait animé la veille, le jeudi 28 août, que l’évènement aura lieu vaille que vaille. Il s’était même dit surpris du refus par les autorités d’accorder l’autorisation, d’autant que les FLAM s’étaient conformé, selon lui, aux procédures en vigueur, en informant l’administration à temps.

Le Congrès des FLAM s’ouvrira ainsi dans une atmosphère de guerre, dans la mesure où d’importantes unités de la garde nationale avaient encerclé le lieu où se déroulaient les assises, fermant toutes les issues. Cependant, les forces expéditionnaires ont évité toute friction avec les congressistes et n’ont fait aucune obstructions au déroulé de la manifestation.

C’est en présence de plusieurs dizaines de militants, de quelques leaders politiques de l’opposition, tels Mohamed Jemil Mansour, président du parti Tawassoul, Bâ Mamadou Alassance, président du parti PLEJ et un représentant du RFD d’Ahmed Ould Daddah, que le Congrès des FLAM s’est ouvert par le discours de Samba Thiam.


De l’autonomie des régions du Sud

Une certaine opinion semble n’avoir retenu du discours du président des FLAM que l’aspect, brièvement abordé d’ailleurs, relatif au projet d’autonomie que l’organisation a déclaré vouloir proposer aux autorités nationales et à la classe politique. Pour Samba Thiam, cette autonomie, qui ne serait qu’une décentralisation plus poussée pour offrir aux populations du Sud plus d’emprise sur la gestion de leur quotidien, est la meilleure solution pour sortir de l’inextricable problème de la cohabitation.

Selon lui, un dialogue franc et sérieux s’impose sur ce plan, plutôt que de recourir à l’arme de la terreur et de la provocation. Et d’ajouter que « cette autonomie, objet de tant de conjectures, agitée comme un épouvantail par nos adversaires » n’est en réalité qu’un « projet de réorganisation territoriale et administrative, plus adaptée à notre réalité socioculturelle, ethnique et tribale, sans plus ! » Pour Samba Thiam, « la Mauritanie comporte une réalité tribale, ethnique et régionale têtue », ajoutant que « nous ne pouvons en faire table rase sans tomber dans d’autres travers » et qu’il « faut la reconnaître, essayer de la moduler, de l’atténuer avec discernement, avec patience, afin de forger doucement, progressivement, une autre mentalité sociale ! ».

« Les FLAM traités de sécessionniste »

Si certains milieux ne cessent d’attaquer l’Etat mauritanien, l’accusant de laxisme pour avoir accepté la présence d’une organisation comme les FLAM, avec son cachet « raciste » et sa philosophie « extrémiste », d’autres lui reprochent son caractère sécessionniste. Du coup, la présence de quelques présidents de partis, comme Mohamed Jemil Mansour au 1er Congrès des FLAM le vendredi dernier, a entraîné une véritable levée de boucliers, certains se demandant si cette présence était destinée à surdoser son opposition au pouvoir ou à exagérer son soutien à une organisation aux penchants sécessionnistes. Et d’en conclure que le Congrès des FLAM aurait pu passer inaperçu n’eût été cette présence de personnalités politiques qui n’ont eu de cesse de « faire de la surenchère sur leur nationalisme et leur attachement à l’unité nationale ». Quelques médias arabaphones n’ont pas ainsi hésité à afficher dans leur manchette « Un Congrès pour partager la Mauritanie en présence de quelques symboles de l’opposition ! » Une chaîne de télévision a même remis au goût du jour l’altercation qui avait opposé un journaliste de la place au président Samba Thiam qu’il avait traité de raciste sur son plateau.

N’empêche, selon un analyste politique, les FLAM constituent un courant de pensée qui doit avoir sa place dans une démocratie pluraliste où toutes les opinions constructives doivent s’exprimer. De la pertinence de son combat et de la véracité de sa philosophie dépendra ainsi sa réussite ou son échec, avec pour seuls arbitres de la compétition idéologique et politique, l’opinion publique et les populations.

Cheikh Aïdar- L´Authentique.

 

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