Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

La grécité tranchante du Pr. Oumar Sankharé

La dernière fois que nous avons rencontré et discuté avec le Pr. Sankharé c’était en 1998 à l’Université de Dakar. Il était question de philosophie grecque et de pensée islamique. L’étudiant que j’étais devait être évalué sur ses travaux. C’était en présence du Pr. Souleymane Bachir Diagne. Dans ce cadre académique, les échanges furent rudes mais courtois. 

La lecture de son récent ouvrage, Le Coran et la culture grecque – ouvrage qui a suscité de nombreuses réactions au Sénégal – nous place dans le rôle inverse. Nous avons voulu en faire un compte-rendu critique et, pour cette manche, l’étudiant, qui a « grandi » entre-temps, s’est arrogé non sans humilité, la place du professeur-évaluateur. 
  
De quoi est-il question dans cet ouvrage? 
  
Pour l’auteur, et ce sont les présupposés de son livre, tout un « courant obscurantiste s’est ingénié à distiller l’idée d’un monde vierge d’apports culturels extérieurs » à l’islam. En effet, poursuit-il, « plus d’un millénaire d’obscurantisme a enseveli la grécité coranique dans les décombres d’une exégèse d’obédience idéologique, voire politique. » C’est pourquoi, écrit-il, « nous avons réexaminé le Coran avec un esprit neuf dégagé des pseudo-certitudes de la féodalité « maraboutique » et de la falsification de l’histoire de l’islam perpétrée par l’Occident qui s’est efforcé d’oublier son héritage arabe dans la transmission et l’enrichissement du legs hellène ». L’objectif de ce réexamen est qu’il « faut désormais émanciper le croyant en l’orientant vers une lecture personnelle du message de Dieu ». 
  
En clair, la « guerre » est triplement déclarée : contre la Tradition (« Le temps est maintenant révolu de laisser aux prétendus religieux le soin de théoriser des inepties sur le Coran »), contre l’Occident (qui n’a pas voulu reconnaître l’héritage grec du Coran) et contre tous les prétendus exégètes du Coran. 
  
Pour dérouler ce vaste programme, l’auteur s’aidera de l’apport de certains chercheurs dont l’helléniste et anthropologue tunisien Youssef Seddik (son prénom est tantôt écrit « Yousseph » tantôt « Youssef » par l’auteur) à qui un hommage méritant est rendu dans l’avant-propos : « Sur les traces du Tunisien Yousseph Seddik, un pionnier remarquable à qui nous rendons un hommage admiratif et respectueux, nous nous proposons de «pister» les traces de la culture grecque dans le Coran »
  
En fait, pour un lecteur assidu de Seddik, l’ouvrage de Sankharé apparait comme une redite. Dans Nous n’avons jamais lu le Corandu Tunisien par exemple, tout un développement est consacré à « La parole du Coran et l’hellénité » (titre du chapitre II). Tous les thèmes développés par le Tunisien sont repris dans le livre de Sankharé. 
  
Youssef Seddik y apparait d’ailleurs comme le « Magister » dont le jugement fait autorité. L’évocation du nom du Tunisien tient lieu par moment de faire-valoir, d’argument démonstratif : « Yousseph Seddik a brillamment démontré que le Coran n’avait jamais été lu d’une lecture critique », « Cette rencontre entre la République de Platon et le Coran se trouve confirmée par Youssef Seddik qui a remarqué la similitude de la description de la fin du monde et du jugement dernier dans les deux textesYoussef Seddik a magistralement démontré le caractère grec de la langue du Coran dans ses deux ouvrages remarquables, Nous n’avons jamais lu le Coran et Le Coran autre lecture, autre traduction. Bon nombre de termes ont été répertoriés dans ces œuvres qui illustrent indiscutablement la présence de l’hellénisme dans le message d’Allah », etc. 
  
L’impression générale que nous avons eue après avoir fermé ce livre, est qu’il a été rédigé à la hâte. Si l’auteur utilise beaucoup le conditionnel, il est catégorique par moment sur des thèmes qui sont parfois controversés dans le milieu de la recherche. Nous y avons repéré des références manquantes, des généralisations empressées, des conclusions boiteuses voire des contradictions. 
  
L’auteur est ferme quand il écrit que le Coran «professe l’enseignement des présocratiques, de Platon et des postsocratiques » ou quand il dit que « c’est la figure de Platon qui est omniprésente dans le Coran ». Il est sans précaution quand il écrit que « Même l’Envoyé de Dieu a été taxé d’illettré par suite d’une interprétation fallacieuse du Coran qui parle plutôt d’un Prophète de la « Umma », de la communauté. ». 
  
Il déforme les propos du chercheur Michel Cuypers. Sankharé affirme en effet que « Michel Cuypers a déjà montré l’influence de cette rhétorique grecque sur le Coran même s’il l’appelle rhétorique sémitique. ». En réalité, « rhétorique sémitique » et rhétorique grecque » sont opposées chez Michel Cuypers. Selon ce dernier, le Coran relève d’une rhétorique sémitique commune avec la Bible très différente de la rhétorique grecque. La rhétorique grecque compose un discours selon un développement logique et linéaire tandis que la rhétorique sémitique procède par un jeu complexe de correspondance par symétrie qui alterne parallélismes, compositions en miroir ou concentriques, à différents niveaux textuels qu’il s’agisse des versets, des groupes de versets ou des grands blocs sémantiques. Cuypers a d’ailleurs produit tout un ouvrage, Le Festin,  consacré à la sourate Mâ’ida pour illustrer cette rhétorique sémitique différente de la rhétorique grecque. 
  
Après nous avoir dit par ailleurs que« L’adoration du Soleil Hélios est attestée en Grèce comme dans le Coran », il cite le verset suivant consacré à la reine de Saba et qui semble bien réprouver l’adoration du soleil : « Je l’ai trouvée, elle et son peuple, se prosternant devant le Soleil au lieu d’Allah. Le diable leur a embelli leurs actions, et les a détournés du droit chemin, et ils ne sont pas bien guidés. (Coran, XXVII, 24). Sauf que, curieusement, Sankharé écrit dans la phrase qui suit que « C’est le Coran même qui assimile Allah au dieu grec Hélios ».  Pour étayer son propos, il donne le verset suivant « C’est ainsi qu’Allah fait pénétrer la nuit dans le jour, et fait pénétrer le jour dans la nuit. Allah est, certes, Audient et Clairvoyant. ». À moins de rester dans un pur symbolisme, comment le Coran peut-il, d’un côté rejeter le culte rendu au soleil, et de l’autre, faire d’Allah l’équivalent d’un dieu-soleil? 
  
Autre exemple : citant la sourate L’Aube du Coran et le verset suivant : « « L’aube » : Par l’aube et par les dix nuits. Par le pair et l’impair ! », le Pr. Sankharé affirme de manière empressée que le « dix » est issu du fameux tétractys de Pythagore, c’est-à-dire le « 10 efficace », qui est la somme des 4 premiers nombres 1+2+3+4=10. Affirmation pas très démontrée à notre avis si l’on sait par ailleurs que le « dix » apparaît dans le « Dénaire » Maya où le nombre dix ne se prononçait jamais car jugé sacré. Il est aussi évoqué dans « Les dix plaies d’Égypte ». On se souvient que Platon a parlé dans le Timée des dix dieux-rois de l’Atlantide révélés à Solon par les prêtres égyptiens. Si l’on sait que Pythagore séjourna aussi durant 22 ans en Égypte et qu’il s’y fit circoncire avant d’être initié à l’astronomie, à la géométrie et aux mystères, d’autres hypothèses devraient être retenues. 
  
Dans ses discussions étymologiques, Le Pr. Sankharé conteste le sens généralement donné à « Moïse » (traduit généralement par « Sauvé des eaux »). Toute la recherche contemporaine s’accorde sur l’origine égyptienne du nom. Mais pour lui, c’est une « étymologie fantaisiste ».  Le nom dériverait plutôt « du participe parfait du verbe latin mittere qui fait missus (envoyé) ». Ce serait donc « une contamination de l’histoire de Romulus et Rémus sauvés des eaux du Tibre ». Sur ce point, une simple discussion avec son collègue Aboubakry Moussa Lam lui aurait peut-être évité ce genre d’affirmations lapidaires. Lam a en effet consacré tout un article, disponible en ligne, sur l’origine du mot « Moïse »  et qui s’accorde avec la recherche actuelle. (Aboubacry Moussa LAM, « Moïse : essai étymologique », Revue ANKH, n°10/11, octobre 2003). 
  
L’état des recherches sur le Coran 
  
La liste des manquements notés ci-dessus est loin d’être exhaustive. Mais avant d’en venir aux affirmations qui ont suscité des réprobations, dressons un peu l’état de la recherche sur la question des influences coraniques. Présentement, trois approches existent à propos de l’histoire du Coran : le courant traditionnel, le courant critique et le courant hypercritique. Le courant traditionnel véhicule l’histoire officielle du Coran selon laquelle le message a été révélé en « langue arabe claire » au Prophète qui le reçut en dictée, mot à mot, sur une durée de 23 ans. C’était au VIIe siècle à la Mecque et à Médine. Le Prophète Muhammad édita en partie les fragments, mais la recension complète s’étendit sur 20 ans et fut l’œuvre du 3e calife Uthmân qui le publia comme version définitive. Ce courant repose sur les indications données par le Coran, sur les hadiths (recueil de textes à la mort du Prophète) et sur la biographie (Sira) du Prophète. Le courant dit critique affirme, quant à lui, que seul l’examen scientifique de la Tradition textuelle permet de trier le bon grain de l’ivraie, c’est-à-dire, de classer les informations reçues selon leur degré de crédibilité. À ce courant appartiennent des auteurs tels que Friedrich Schwally, un des auteurs du célèbre ouvrage Histoire du Coran (Geschichte des Qorâns). On y compte d’autres chercheurs tels que Gregor Schoeler (il a étudié le fameux manuscrit trouvé à Sanaa), le Britannique John Burton, etc. En gros, ces auteurs affirment que le coran a vu le jour principalement au temps du Prophète lui-même et que la recension définitive datait du temps du 3e calife Uthmân. 
  
Par contre, le courant hypercritique conteste en bloc toute la Tradition textuelle et souligne des divergences au niveau des auteurs arabes, la longueur de la durée de la transmission qui déborde l’époque d’Uthmân, l’absence d’un contrôle critique et indépendant de la transmission du message, etc. Un des auteurs les plus célèbres de ce courant est le Britannique John Wansbrough. Avant lui, Alphonse Mingana s’était illustré dans cette voie. Cette approche postule l’idée que le Coran n’a pu prendre sa forme définitive qu’à la fin du VIIe siècle et même bien après. Il faudrait d’ailleurs selon certains d’entre les auteurs du courant hypercritique, considérer une origine non arabe du Coran. Un auteur tel que Günter Lülling estime que certaines sourates ont des origines chrétiennes préislamiques. C’est la thèse du « Coran primitif chrétien ». Il faut signaler dans la même lancée, la parution en 2010 de l’ouvrage The Hidden Origin of IslamLes origines cachées du Coran), ouvrage collectif dirigé par les Allemands Karl-Heinz Ohlig et Gerd-Rudiger Puin. Ils y soutiennent l’idée des influences chrétiennes. Les musulmans auraient été d’abord des chrétiens selon eux. L’italien Sergio Noseda y défend une influence sassanide sur l’écriture arabe. 
  
Un autre chercheur de ce courant hypercritique, Christophe Luxenberg (il a contribué à l’ouvrage précédent), soutient l’idée d’un héritage syro-araméen du Coran. Beaucoup de vocables utilisés dans le Coran ont selon lui une origine syro-araméenne. Les termes obscurs s’éclairent selon lui en convoquant cet héritage. Enfin, le Tunisien Youssef Seddik et d’autres comme Ali Mérad, parlent d’héritage hellène du Coran. 
  
L’ouvrage du Pr. Sankharé est à classer dans cette approche hypercritique où rien n’est encore définitif. Certaines théories sont battues en brèche par d’autres et les débats se poursuivent encore. Sankharé revient en effet sur la longue durée de la transmission, les origines étrangères du Coran notamment grecques qui selon lui seraient occultées par les musulmans. Toutefois, le professeur ne s’arrête pas là. Il conteste la signification traditionnelle du terme « Ummî » désignant l’illettrisme du Prophète. Selon Sankharé, la signification du « lis » (iqra) coranique ordonné au Prophète est mal comprise : « il serait faux de prétendre qu’il [le Prophète] était illettré. Car alors, pourquoi Dieu omniscient lui aurait-il ordonné de lire par l’intermédiaire de l’ange alors qu’il ne savait pas lire?» 
  
Toute la Tradition est unanime qu’il faut traduire ce terme par « illettré ». On connait, d’après le hadith célèbre, la réponse donnée par le Prophète suite à la demande (« lis ») plusieurs fois répétée de l’ange Gabriel : « Mâ ana bi qâri’in » (« je ne suis pas un lecteurJe ne sais pas lire »). 
  
Le fameux dictionnaire arabe, Lisân, qui fait autorité pour la langue classique, retient ce sens. Le terme « « illettré » est aussi celui qui est retenu en arabe moderne. L’illettrisme est un argument crucial car il confirme l’authenticité de la prophétie de Muhammad. Un analphabète ne peut en effet être l’auteur de ce beau livre qu’est le Coran. La majorité des traducteurs du Coran conservent également ce sens. Il faut dire que ce terme peut avoir deux sens selon qu’il est utilisé au singulier ou au pluriel. Il peut signifier « illettré », dans la majorité des cas, mais il fait au pluriel (ummiyyûn/ummiyyîn) en référence à la communauté, à la nation. Ce terme utilisé au pluriel désigne « ceux qui n’avaient pas reçu de Livre », les Goyim de la tradition juive. Le terme « Gentils » est généralement utilisé pour les désigner. On note ainsi quelques différences de traduction entre l’exégèse islamique traditionnelle et l’orientalisme. Des divergences apparaissent également entre Orientalistes. Ainsi Blachère et Masson dans leur traduction du Coran traduisent « Nabi yil ummî » par « le Prophète des Gentils ». André Chouraqi retient, lui, « le Nabi des matries » en référence à « Umm » (« mère », donc tel qu’issu de la mère, fruste, dénué de savoir, etc.). L’orientaliste Jacques Berque parle également de «Prophète maternel ». Le Pr. Sankharé lui est formel : « Même l’Envoyé de Dieu a été taxé d’illettré par suite d’une interprétation fallacieuse du Coran qui parle plutôt d’un Prophète de la « Umma », de la communauté. ». 
  
 On voit bien que le Pr. Sankharé ne se limite pas à l’évocation de l’hypothèse, compréhensible du reste, d’une possible influence du grec sur le Coran. Il conteste aussi des éléments du credo musulman, discute d’étymologies de termes arabes, accuse  les ulémas (hommes de savoir) de falsification, etc. Le Pr Sankharé tient à son « Prophète des Gentils » car si le Prophète ne fut pas illettré, tout le champ des influences recues, la grecque y compris, restent possible et justifiées. 
  
Au delà de la Grèce 
  
Dans une contribution rédigée après l’émission (L’entretien) avec le journaliste Sada Kane, nous évoquions le fait que le Pr. Sankharé « ne voyait que grec ». Pour lui, il ne fait aucun doute, « tout le message divin semble être habillé du manteau des Grecs ». Quid des autres traditions sur la Grèce elle-même? Et si le professeur tournait son regard du côté des emprunts effectués par les Grecs eux-mêmes? Ne relativiserait-il pas quelques-unes de ses affirmations lapidaires? 
  
Le professeur semble ignorer, écrivions-nous, que ce qu’il attribue à la Grèce est en réalité un legs de l’Afrique. Platon « le prophète » omniprésent selon lui dans le Coran, a été initié par les Mantines, de plus grands « prophètes » à la peau noire et aux cheveux crépus comme nous l’enseignent les historiens grecs (Hérodote, Strabon, Diogène Laërce, etc.). 
  
Le Pr. Sankharé qui a fréquenté l’Université de Dakar du temps de Cheikh Anta Diop ne peut donc ignorer les thèses du célèbre égyptologue. Le professeur sait-il que dans leTimée de Platon, on n’y fait mention de la « révélation » faite à Solon par un vieux prêtre égyptien? Solon dont on dit qu’il instaura la démocratie et qui fait partie des Sept Sages de la Grèce, voyagea à Saïs en Égypte. Ce qu’il y vit, dit-il lui-même, « ni lui, ni aucun autre Grec n’en avait pour ainsi dire aucune connaissance ». 
  
Pythagore, nous le rappelions plus haut, séjourna sur recommandation de son maître Polycrate, durant 22 ans en Afrique pour étudier les mystères et les nombres. Cheikh Anta Diop s’étonnait d’ailleurs que l’on connût tout de la Grèce et très peu de l’Afrique : « Il est frappant que presque aucun nom de savant égyptien n’ait survécu. Par contre, la quasi-totalité de leurs disciples Grecs sont passés à la postérité en s’attribuant les inventions et découvertes de leurs maîtres Égyptiens anonymes. C’est ce qui ressort des passages de Jamblique qui précèdent, et des écrits d’Hérodote, faisant allusion à Pythagore qui se faisait passer pour l’inventeur des idées de ses maîtres. » 
  
On lit d’ailleurs dans le Dictionnaire de mythologie et de symbolique égyptienne de Robert-Jacques Thibaud (Éditions Dervy, Broché – 1997), que « L’Égypte ne voulut chercher ailleurs que dans ses temples sa conscience du monde. Elle ne souhaita pas l’imposer aux autres, c’est pourquoi elle ne reçut qu’avec réticence quelques étudiants grecs à qui elle reprochait leur ignorance et leur bavardage. Ils avaient pour nom Homère, Solon, Pythagore, Démocrite, Eudoxe, Hérodote, Jamblique, Platon, plutarque et Thalès. » 
  
Le Pr. Sankharé a raison de procéder à des comparaisons, de rappeler la transmission des savoirs. Qui peut nier qu’en 832 de l’hégire, le Calife Al-Ma’mûn fit traduire la plupart des œuvres philosophiques de la Grèce en arabe? Toutefois, ce qui est discuté, ce sont les influences grecques dans la période pré-abbasside. S’il a raison dans ses parallélismes, il a tort dans sa grécité dogmatique. Nous pensons d’ailleurs que les intentions derrière l’ouvrage de notre compatriote Papa Fary Seye,Racines égyptiennes de l’au-delà musulman, sont mieux indiquées pour l’historien des idées ou des religions. Ainsi que nous le présente son préfacier, l’égyptologue Babacar Sall :« l’auteur se démarque de toute théorisation dogmatique. Il décrit et attire l’attention sur des constats. Les parallèles sont bien choisis comme les mots d’ailleurs. Les terrains de la comparaison relèvent aussi d’un choix judicieux. L’Égypte ancienne a été la première réussite culturelle de l’humanité historiquement datée. C’est là qu’il faut chercher les plus anciennes attestations historiques des problèmes qui ont toujours hanté et qui hantent encore l’esprit de l’homme. Ils ont pour nom: foi, scepticisme, doute, etc. Quant au Coran, parce qu’il est la révélation dans sa forme ultime, il contient toutes les étapes de la révélationLa question est de savoir si la permanence du sentiment religieux et les ressemblances décelées ne traduisent pas plutôt l’unicité de la source des messages religieux. En un mot, n’est-il pas possible de penser que tous les peuples ont reçu, à un moment particulier de l’histoire, une parcelle du message divin, du même message divin ». 
  
C’est ce que, en d’autres termes, nous rappelait la regrettée Éva de Vitray-Meyerovitch lorsqu’elle écrivait dans son ouvrage, L’islam, l’autre visage« On ne se convertit pas à l’Islam, on embrasse une religion qui englobe toutes les autres.» 
  
Pour des passerelles entre l’Université et les daaras 
  
Le Pr. Sankharé a mal communiqué sur son œuvre. C’est un fait. Ces propos brusquement et maladroitement exprimés à la télé et dans la presse écrite ont heurté la sensibilité de beaucoup de personnes. Il est vrai que sur le plan de la religion, la foi passionnée du charbonnier peut être interpellée comme celle de l’intellectuel le plus imperturbable. Le spectre des réactions peut aller de la passion la plus animée à l’indifférence la plus totale. De plus, la connaissance du milieu dans lequel on évolue est indispensable. Le philosopheSchopenhauer nous apprenait dans ses Parerga et Paralipomena que son collègue Fichte osé laisser en dehors de son enseignement les doctrines de la religion du pays ; il en résulta qu’il fut destitué, et insulté en outre par la populace. ». On retira également au philosophe Kino Fischer son jus legendiparce qu’il enseignait le panthéisme.  Kant lui n’a pu écrire sa Critique de la raison pure que sous le couvert d’un philosophe sur le trône, Frédéric II en l’occurrence. Celui-ci décédé, il s’empressa, nous dit Schopenhauer de « modifier son chef-d’oeuvre, il le mutile, il le gâte, et, en fin de compte, il est menacé de perdre sa place. ». Ceci pour dire que les écrits sur la religion ont toujours suscité des réactions diverses. 
  
En laissant entendre dans la presse que son ouvrage n’était destiné qu’aux universitaires, motif pris de ce que « l’universitaire n’a pas la même perception du Coran que ceux qui ont étudié dans les daaras. Ceux qui sont dans les daaras, on leur dit quelque chose et ils y croient », le Pr. Sankharé a fait preuve d’imprudence, de contradiction voire de mépris. N’a-t-il pas fait l’éloge dans son livre de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh parce que celui-ci parlait souvent de Platon? N’est-ce pas là la preuve concrète qu’un « sortant » des daaras peut valablement parler de Platon? Par ailleurs, qui ne connait pas les qualités intellectuelles d’un Khali Madiakhaté Kala, d’un Cheikh Moussa Kamara, d’un Serigne Mbaye Diakhaté pour ne citer que ceux-là? Ne sont-ils pas des produits des daaras? L’agrégé de grammaire Sankharé sait-il que dans ce pays qu’est le Sénégal, un homme des daaras nommé Ahmed Diaw Pakha, se faisait appeler le « Prince des grammairiens » (Sultân An-Nuhât) et qu’il parcourait les contrées à la recherche d’érudits qui pouvaient relever ses défis dans cette matière? 
  
Dans une contribution récente, nous parlions, à la suite de certains auteurs, de la pluralité des systèmes d’éducation (écoles laïques, daaras, etc.) au Sénégal qui fabrique une société de conflits. L’épisode « Sankharé » est une illustration parfaite de cette situation. D’ailleurs, en pleine polémique, une personnalité issue des daaras a invité le Pr. Sankharé à revoir sa copie et à venir « s’instruire au sein des daaras qu’il méprise ». Cette « confrontation » ne pourra, selon nous, être résolue que si des passerelles sont créées entre les daaras et l’université. 
  
Nous nous réjouissions qu’un acteur de la tradition orale, Samba Diabaré Samb, soit invité il y a quelques années à l’Université pour parler d’oralité. Des actions de ce genre devront être souvent initiées avec les personnes issues des daaras. Les passerelles ainsi créées réduiront fortement les situations d’antagonismes. 
  
Khadim Ndiaye, 
Ndongo daara 
Montréal, Canada

 

 

Iba Der Thiam corrige la copie du Professeur Oumar Sankharé

Le message transmis par Dieu (SWT) au Prophète Muhammad (PSL), à travers l’Ange Gabriel, confirme, précise et complète les messages confiés à tous les Prophètes antérieurs et, en particulier, à Abraham, à Moïse et à Jésus (Qu’Allah soit satisfait d’eux).

Dans le liminaire de la première édition ( 1970) de sa traduction du Saint-Coran, le Cheikh Si Hamza Boubakeur, Directeur de l’Institut musulman de la Mosquée de Paris, Agrégé d’Arabe, membre de l’Académie Islamique de Médine, écrit : « Si les traductions du Saint Coran, qui se chiffrent à plusieurs centaines dans les seules langues européennes, sont nombreuses, elles laissent, cependant, à mon humble avis, fort à désirer, tant au point de vue du fond, qu’au point de vue de la forme. 

L’extraordinaire richesse de la langue arabe, les modes de sentir, de pensée, de s’exprimer, en un mot, le psychisme du peuple qui la parle, ne rendent pas aisée la tâche du traducteur qui refuse de trahir ou de donner une interprétation personnelle à ce qui parait obscur ou ambigu. 

Aucune traduction, à ma connaissance, n’offre toutes les garanties, toutes les exactitudes, toute la fidélité requise en un domaine pareil. Les traductions françaises, les moins sujettes à caution, sont faites dans une langue quasi-incompréhensible, même lorsque leurs auteurs sont des savants de souche française. 

Leur louable intention de conserver au texte coranique son relief et le mouvement de son style les a conduits, parfois, à un galimatias, à des amphibologies et à des barbarismes ». 

A ces difficultés de forme, s’ajoutent d’autres, d’ordre spécifiquement culturel. 
Le Saint Coran impose, pour être compris, des exigences difficiles à réunir. 

« Sa compréhension nécessite la connaissance de plusieurs disciplines, en plus de la grammaire et de la philologie arabe, des traditions, de la théologie, des théories d’écoles, des schismes, des sectes et de l’Histoire de l’Islam. 

Pour comprendre et faire comprendre la Vulgate de l’Islam, son traducteur doit être, sous peine d’échecs lamentables, une sorte d’Encyclopédie vivante : il lui faut une information aussi vaste que précise en langue ancienne, en théologie comparée, en hérésiologie, en mythologie, en philosophie, en sociologie, en mathématique, en sciences inductives, etc. 

De telles exigences, à l’ère des spécialistes, sont, le plus souvent, difficiles à satisfaire. 

Revenant sur cette thématique, le Cheikh Si Hamza Boubakeur insiste, huit années plus tard : 
« A tous ceux qui seraient tentés de traduire le Coran et d’en expliquer le contenu (Préface à la seconde édition : 1978), je voudrais leur recommander de lire préalablement et de méditer attentivement la Thora et l’Evangile, en leurs diverses versions, ainsi que leurs annexes (Talmud, Actes et Epitres des Apôtres) et surtout de se méfier de leur transposition en langues européennes modernes, farcis de contresens, de faux-sens, d’inepties et dénotant une ignorance renversante de la mentalité des langues et de l’histoire des Sémites. 

Ils doivent, sous peine de perdre leur temps, d’étudier la Théologie judaïque et la Théologie chrétienne, sans les moindres préjugés ». 

Fort de ce qui précède, le Cheikh recommande « de bien posséder les disciplines de base qui sont la langue et la littérature arabes, les hadiths, l’exégèse coranique, la théologie, le droit, l’histoire générale de la communauté, la civilisation et la doctrine générales de l’Islam, en son orthodoxie, son soufisme et ses schismes, une sérieuse connaissance de la linguistique sémitique et, parmi les langues vivantes, l’Allemand, surtout », c’est-à-dire, plus que ne confèrent de simples cours d’Arabe dans un lycée, suivis, au demeurant, à des époques inactuelles. 

Ces précisions apportées, d’autres que moi ont démontré que dans la Sourate 7 « Al Araf », le verset 158 mentionne, sans la moindre équivoque, que Muhammad (PSL) était un illettré, terme utilisé dans le Texte Sacré par la plupart des traducteurs.

Né à la Mecque, Muhammad (PSL) y a vécu jusqu’à l’âge de 40 ans au sein de sa famille, de sa tribu et de ses voisins avant de recevoir la Révélation. 

Cette localité, à cette époque, était uns grosse bourgade dans laquelle, la plupart des habitants se connaissaient et se fréquentaient peu ou prou. 

Il y a grandi avec des personnes de son âge, a joué avec elles, y a passé sa jeunesse, son adolescence et les premières années de sa vie d’adulte. 

Pour qu’il soit lettré, il aurait fallu qu’il fréquentât une institution d’éducation, seul ou avec d’autres, qu’il eût, à tout le moins, un maître privé, connu et titré et qu’il eût une personne capable de prendre en charge les études de l’orphelin de père et de mère qu’il était. 

Si tel était le cas, comment un tel événement pouvait-il être ignoré de tous, c’est-à-dire, de sa famille, de ses proches parents, de ses voisins et de toutes les autres personnes constituant son entourage mecquois ? 

A supposer qu’il ait caché cet épisode de sa vie, comment aurait-il pu se faire que son ou ses maîtres n’aient été connus de personne, qu’il s’agisse d’un parent, d’un ami, d’un voisin, d’un allié ou d’un étranger ? 

Après avoir reçu la Révélation, à l’âge de 40 ans, il a vécu 10 années encore à la Mecque, dans un contexte d’hostilité extraordinaire avec des parents, des voisins, des compagnons de sa génération, dont certains lui vouaient une haine féroce et n’étaient point disposés à lui accorder la moindre faveur, dans un contexte où des détracteurs impénitents, à la langue de vipère, comme Abû Sufyân, Dirât et Zib’âra et la cohorte des poétesses et autres rimailleurs Mecquois, à la plume assassine, surveillaient la moindre de ses déclarations, pour en faire des gorges chaudes. 

Quelques-uns de ses plus proches parents et voisins directs le haïssaient tellement, qu’ils parsemaient ses chemins préférés d’épines, de cailloux contondants, pour lui faire mal aux pieds et le torturer ainsi physiquement. 
N’ont-ils pas poussé l’hostilité contre sa personne jusqu’à organiser son assassinat ? Il ne leur a échappé qu’avec l’aide de Dieu (SWT). 

Ayant toujours vécu avec lui, connaissant toutes ses fréquentations, témoins de toutes les étapes de sa vie, comment ses ennemis auraient-ils acquiescé, s’ils constataient qu’on le disait ou qu’il se disait illettré, alors qu’il ne l’était pas, eux qui savaient, parfaitement, qu’en le dénonçant avec preuves à l’appui, ils porteraient atteinte, de manière irrémédiable, à la crédibilité de sa mission, une mission qui ne pouvait prospérer qu’en se fondant sur la stricte vérité, une vérité irrécusable. 

Or aucun membre de sa famille, aucun voisin, aucun allié, aucun adversaire, fût-il le plus acharné, n’a jamais contesté le fait qu’il était illettré, que ce soit au sein de toute la communauté Koraïchite, que ce soit dans toute la population de la Mecque. 

Dieu, en créant cette situation, ne nous a-t-Il pas administré la preuve la plus convaincante de l’illettrisme du Prophète (PSL), au regard aussi bien du présent que de la postérité ? 

Ce qu’on n’a pas dit, c’est que Khadîdja lui avait adjoint, précisément, un assistant, son propre intendant, du nom de MAYSARA, parce qu’elle savait, précisément, que ne sachant, ni lire, ni écrire, il aurait besoin d’avoir à ses côtés, une personne lettrée. Ce fut avec Maysara que Muhammad (PSL) fit son premier et son deuxième voyages en Syrie. 

Or, la confiance de Khadidja en Muhammad (PSL) était telle et son affection pour lui si profonde, qu’elle n’aurait certainement pas besoin d’un intermédiaire entre lui et son nouvel employé, si ce dernier savait lire et écrire. 

Il s’y ajoute que, durant toute sa vie, aucun témoignage n’existe selon lequel, Muhammad (PSL) aurait été vu lire, écrire, communiquer par la plume, que ce soit pendant les 10 années passées à la Mecque ou les 13 autres, passées à Médine. 

Certains biographes du Prophète ont écrit que dans les derniers moments de sa vie, il a demandé, en vain, de l’encre et un écritoire pour transmettre, semble-t-il, peut-être, ses ultimes volontés. Mais, était-ce, pour son usage personnel qu’il avait demandé ces outils, ou pour solliciter d’un membre de son entourage de lui transcrire ses recommandations ? Nul ne peut répondre à cette question. 

A l’époque de Muhammad (PSL), l’illettrisme était tellement répandu à la Mecque, qu’à la bataille de Badr, les musulmans victorieux n’ont exigé, en guise de rançon de leurs prisonniers Mecquois lettrés, pour recouvrer la liberté et sauver, en plus, leurs vies, que de se mettre au service de la communauté musulmane de Médine illettrée, dans son écrasante majorité, pour apprendre à lire et à écrire à des croyants dépourvus de ces savoirs. 

La lecture et l’écriture étaient, donc, des privilèges exceptionnels, dont la maîtrise valait de l’or. Ceux qui en possédaient les mécanismes opératoires étaient connus et reconnus, enviés, respectés, adulés et honorés. Muhammad (PSL) n’avait aucune raison de se priver de tout cela, s’il était vraiment lettré. 

Nous savons, par ailleurs, qu’à Al Houdaybiyyah, lorsque la délégation Mecquoise conduite par Souhayl Ibn Amr, contesta que, dans l’accord qui devait être signé, on fit mention de « Muhammad, Envoyé de Dieu » et qu’il fallut supprimer cette référence du projet, pour ne pas compromettre les chances d’un accord de paix et de concorde, le Prophète (PSL) demanda devant tous ses partisans et adversaires présents, à Ali, qui lui, savait lire et écrire, de lui indiquer dans le texte en discussion, l’endroit précis où se trouvait la mention contestée, pour qu’il la supprime, lui-même, de sa propre main, puisque son beau-fils refusait d’effacer la référence à sa mission divine, référence qu’il était incapable de retrouver tout seul. 

Sa vie durant, il se fit écrire et copier tout ce qu’il voulait communiquer par écrit. Il a, toujours, prié quelqu’un d’écrire pour lui, ou a toujours eu recours au service d’un secrétaire. 

Avant de terminer sur ce point, nous savons que c’est la Mère des Croyants Seyda Aïcha, qui a raconté dans un Hadith célèbre, la première rencontre de Seydina Djibril avec le Prophète (PSL) dans la grotte du Mont Hîrâ et la réponse de ce dernier, quand l’Ange lui dit : « Lis » à savoir : « Je ne sais pas lire ». Quel musulman sérieux oserait douter d’un témoignage de l’épouse de Muhammad (PSL), fille, de surcroît, de Seydina Ababacar Es-séddiq (le véridique), incarnation vivante de la fidélité et de la sincérité, premier des 4 Khalifes Rachidun, alors que la tradition musulmane lui doit, à elle seule, quelques 1 200 Hadiths, qui constituent, tous, des articles de foi. 

Mais, une question demeure : 
 

La réponse est simple. Les canaux qui mènent à la connaissance sont au nombre de trois, d’après Cheikh Ahmed Tidiane Chérif (RTA). Dans le Jawahir-Al Ma-ani, la Charte de la Voie Tidianiya, page 182), il les détaille en ces termes : 
– « un, passant par les sens, par l’enseignement direct, par la transmission orale ; 
– un autre, passant par la spéculation intellectuelle… ; 
– un 3e canal, celui par lequel, « Dieu jette Lui-même, la connaissance dans le cœur du serviteur, sans médiation matérielle d’aucune sorte ou réflexion ». Cette connaissance est appelée : « Ladunni » (Science infuse) ». 

Ce fut le cas dans le récit de Khadir et de Moïse (Paix Sur Eux), Dieu (SWT) ayant dit à leur sujet : « Nous lui inspirâmes une science venant de Nous » (La Caverne, 65). 

Ce que Dieu (SWT) avait déjà eu à faire, il lui était facile de le refaire, Lui qui crée, recrée, commence, recommence, sans cesse, parce qu’Il est Omniscient et Omniprésent. 

L’auteur de l’ouvrage « Le Coran et la culture grecque » soutient que la Fatiha était attestée au pays des Pharaons, 14 siècles avant le Saint Coran. 

Il ajoute que cela est vérifiable en Egypte, sans indiquer aux lecteurs de son interview, l’endroit précis où se trouve l’inscription qui en fait foi, ainsi que le contenu exact et précis de cette « Fatiha antéislamique ». Celui qui affirme cette déclaration péremptoire laisse d’autant plus dubitatif, que sauf erreur de ma part, il ne maîtrise pas le déchiffrage des hiéroglyphes, ce qui n’est nullement une faute, loin s’en faut. 

Il est bien dommage que les silences ci-dessus signalés ne permettent pas d’engager le débat à partir de faits précis et localisables. 

Certes, des manifestations de monothéisme, alternant avec d’autres, de polythéisme, ont existé dans les religions à travers le Monde et ont, de tout temps, préoccupé les peuples, que ce soit à l’époque des premières civilisations qui se sont manifestées le long du Fleuve Jaune, environ 6 000 ans avant Jésus-Christ , celles qui leur ont succédé dans la vallée de l’Indus, entre 4 500 et 4 000 avant Jésus-Christ , celles qui se sont développées après l’unification de la Haute et de la Basse Egypte, sous Ménès, près de 3 200 avant Jésus-Christ, celles de Summer, de Harppan, des dynasties Shang, des Hyksos, des Hébreux, des Crétois, des Phéniciens, des Assyriens, des Babyloniens et des Perses. 

Qu’il y ait, par conséquent, des similitudes dans des oraisons prononcées pour célébrer des divinités ou dans les hymnes articulés pour exalter la Grandeur du Créateur, ne devrait point étonner. 

J’ai obtenu de mon distingué collègue, le Professeur Aboubacry Moussa LAM, égyptologue de renommée internationale, qui lit les hiéroglyphes dans le texte, des documents qui mentionnent la ressemblance existant entre l’Hymne au Soleil du Pharaon Akh-en-Aton, Pharaon de la XVIIIe dynastie (1375-1354), inscrit sur le mur ouest de la tombe d’Ay à Amarna, que l’on date du quatorzième siècle avant Jésus-Christ et le Psaume 104, tiré, soit de l’ouvrage de Marcel Laperruque, intitulé « De l’Egypte Ancienne à la Bible », soit de celui de Nicolas Grimal « Histoire de l’Egypte Ancienne » publié chez Fayard en 1981, page 272-273, ainsi que le Psaume H.104 c103, intitulé « La Gloire du Créateur », extrait de la Bible, présenté par Pierre de Beaumont, Fayard – 1981, pages 1016 à 1018. 

Ces textes, que certains ont qualifiés « d’apparences du monothéisme, d’autres de manifestations de monothéisme », présentent certaines ressemblances avec des textes dits sacrés. Mais, ils n’ont rien à voir avec la Sainte Fatiha. 

La Sourate Fatiha, qui sert d’ouverture au Livre Sacré des musulmans, date du début de prédication de l’An 610 ou 611, lorsque la communauté musulmane s’était suffisamment développée, pour être en mesure de célébrer en commun la prière. 

Elle a été révélée, selon tous les Oulémas, à la Mecque par l’Ange Gabriel, accompagné, à l’occasion, d’une communauté de dix mille Anges environ, pour en signifier l’exceptionnelle solennité. 

Son début est consacré à la louange au Seigneur et sa fin aux bienfaits de Dieu. Le Prophète aurait déclaré qu’elle contenait dans ses 7 versets, tout l’enseignement du Saint Coran. On considère, aussi, que la lecture de la Fatiha équivaut, en termes de mérites, à celle du Livre Sacré tout entier, selon Râz (1, 173,177). 

La tradition recommande de terminer la récitation de la Fatiha par le souhait (âmin, amen, ainsi soit-il), commun aux 3 confessions monothéistes, terme appartenant étymologiquement aux Sémites communs. 

On le trouve dans les invocations des Assyriens, des Kaldéens, des Babyloniens, etc., ce qui prouve les thèses ci-dessus énoncées. 

On aurait pu en dire de même de la Basmala. J’y reviendrai. 
On a prétendu que l’ascension du Prophète (PSL) au ciel n’a pas été attestée par le Saint Coran. 

La preuve présentée, à l’appui de cette assertion, pour étayer cette affirmation péremptoire et téméraire, n’agrée aucun expert confirmé de la langue arabe. 

La tradition, qui complète et éclaire le Texte Sacré, soutient fermement que Mohamed a voyagé la nuit, de la Mosquée de la Mecque à la Mosquée Al Aqsa de Jérusalem. A ceux qui doutaient, il a présenté une description des lieux tellement rigoureuse et précise, que tous ceux qui connaissaient le lieu de culte de Jérusalem, ont dû opiner. 

Pourtant, il n’avait jamais auparavant visité ces lieux et ne les connaissait donc pas. Dieu (SWT) qui l’a fait transporter de la Mecque à Jérusalem, serait-Il incapable de le faire porter au ciel par les mêmes moyens ? La réponse ne peut être que non. 

De là, il sera conduit par l’Ange Gabriel, sur le dos d’Albourakh, jusqu’aux approches immédiates « à deux portées d’arc de l’essence impénétrable de Dieu jusqu’au Lotus de la limite à l’horizon supérieur » 

Mais, le respect de la transcendance et celui de la suprême immensité de Dieu l’invitent à s’abandonner en toute confiance à sa Volonté et à Sa Sagesse. 

Ce fut au cours de ce voyage, qu’il découvrit les Prophètes bibliques et reçut de son Seigneur et Maître, le nombre de prières canoniques, dont sa communauté devrait s’acquitter quotidiennement. 

Contester cet évènement, c’est douter de l’authenticité absolue de l’un des 5 piliers de l’Islam. 
Le livre incriminé ergote sur les 114 versets de la Vulgate Coranique et parle de fautes qui figureraient dans le texte 

Or, les 114 Sourates qui composent le Saint Coran n’ont pas été improvisées au hasard de n’importe quelle conjoncture. Elles ont été rassemblées et contrôlées, de manière critique et rigoureuse, pour s’assurer qu’elles étaient bien conformes à la Vulgate confiée par Allah (SWT) à Muhammad (PSL), à travers l’Ange Gabriel, qui venait, chaque année, à l’époque du Ramadan, vérifier auprès du Messager d’Allah (SWT), que le contenu qu’il avait mémorisé était rigoureusement conforme au Texte Sacré qui lui avait été transmis. 

Le processus de recensement des Versets composant la Vulgate Coranique, commencé sous Aboubakr, sur les conseils de Seydina Oumar, n’a été finalisé que sous le 3e Khalifat, celui d’Uthman, pour s’assurer que toutes les précautions avaient été prises, les contrôles effectués, toutes les confrontations organisées avec des personnes vivantes qui avaient mémorisé le Saint Texte, d’autres qui l’avaient transcrit, afin qu’aucune critique de conformité ne puisse être articulée contre le travail qui avait été fait. 

El Boukhari nous apprend, sur la base du témoignage de Zayd Ibn Thâbit, que l’idée de l’assemblage du Saint Coran a été suggérée au Khalife Aboû Bakr Esséddiq, le jour de la célèbre bataille d’El-Yamâma, au cours de laquelle, plusieurs preux (70, environ), ayant mémorisé parfaitement le Texte Sacré, perdirent la vie. 

Craignant que la même situation ne se produise, à nouveau, au cours d’évènements similaires, au risque, avec la disparition de ceux qui le maîtrisaient, de voir le Saint Coran se perdre définitivement, Oumar suggéra de procéder à sa recension et à son assemblage parmi les sachants encore vivants, pour le « préserver de toute disparition ». Abou Bakr y procéda en un seul volume, avec le concours de ses compagnons les plus compétents et les plus vertueux. 

Ayant, avant sa mort, confié ce document précieux à Oumar, celui-ci chargea sa fille Hafsa, épouse du Prophète (PSL), d’en assurer la garde. 

Ce fut sur cet exemplaire que s’appuya Othman, sur les conseils de son illustre compagnon Houdhayfa Ibn-El Yemen, pour adopter la version définitive, procéder à des copies, sans aucune faute et en déposer des prototypes à la Mecque, en Syrie, au Yémen, à Bahrein, à Koufa, à Basrâ et à Médine. 

C’est ce qu’on appelle la Vulgate d’Othman, modèle de rigueur, de fidélité et d’exactitude, que tous les musulmans du monde entier récitent depuis 15 siècles. 

Que tel ou tel contemporain ait cherché à glisser, à des fins inavouables, à l’époque de l’assemblage de la version en préparation, des rajouts ou des suppressions inspirées par ses propres intérêts, ne doit nullement étonner. 

Des phénomènes similaires ont, également, eu lieu au moment de la recension des Hadiths, parce que des personnes animées par des préoccupations personnelles en avaient inventés, au seul profit de leur cause. 

Sous ce rapport, lorsqu’on compare le travail qui a été fait, aux conditions dans lesquelles, les autres Livre Sacrés, antérieurs au Coran, ont été rassemblés et officiellement consacrés, on ne peut que se féliciter de la démarche qui a été entreprise et des résultats auxquels, elle a finalement abouti. 

Le Coran, pour la tradition musulmane, est une révélation qui n’a été communiquée, ni par les démons, ni empruntée aux judéo-chrétiens, mais transmise par l’Esprit fidèle (l’Ange Gabriel) à un Prophète sincère et déposée en son cœur. 

Les Ecritures Saintes (Zubûr) qui l’ont précédé, l’avaient annoncé et avaient aussi annoncé son transmetteur « Mohamed, Messager de Dieu, qui n’est ni enseigné par quelqu’un, ni possédé par un djinn, ni un poète, ni un affabulateur ». 

La vigilance du Créateur Suprême sur le contenu du Saint Coran est omniprésente et ne souffre d’aucune exception. N’a-t-Il pas, Lui-même, témoigné sur ces points, en ces termes ? 

« Ce Coran est une parole transmise par un noble Messager. 
Il n’est point l’œuvre d’un poète, minable foi que la vôtre ! 
Il n’est pas, non plus, la parole d’un devin, minable raisonnement que le vôtre ! 
C’est une révélation du Seigneur de l’Univers. 
Si ce messager nous avait prêté de faux propos, 
Nous l’aurions saisi par la main droite 
et lui aurions tranché le cou, 
sans que personne d’entre vous n’eût pu le protéger » (Sourate LXIX, Versets 40 à 47, traduction du Saint-Coran par Dr Mohamed Ould BAH, Agrégé de l’Université en Arabe, Docteur d’Etat, page 455). 

On a, également, évoqué les dissensions entre les Sahabas (RTA) : 
Or, dans le contexte des années qui ont suivi la mort du Prophète de l’Islam (PSL), les dissensions intervenues entre certains Sahabas (RTA) étaient inévitables. Elles n’enlèvent rien à la grandeur de tous ceux qui ont payé de leurs biens, de leur argent, de leur corps, de leur sang et, quelquefois, de leurs vies, pour que le drapeau de l’Islam Eternel triomphe sur la terre d’Arabie, essaime à travers le monde, au point de représenter, aujourd’hui, la plus importante, numériquement parlant, un milliard six cent millions (1 600 000 000) d’adeptes , de toutes les religions révélées, en recourant beaucoup plus à la persuasion qu’à la force. 

Voilà pourquoi, plutôt que de gloser sur les dissensions entre les Sahabas (RTA), nous devons, au contraire, louer les vertus de ces hommes et femmes de valeur exceptionnelle, exalter leurs qualités, rendre hommage à leurs sacrifices, admirer leur détermination, d’autant que, même ceux ou celles qui étaient dans l’erreur (Dieu (SWT), Seul, sait), pensaient, au fond d’eux-mêmes, bien faire. Ils méritent, tous, notre respect et notre considération. Ils sont et demeurent des références sublimes. 

On a, aussi, spéculé sur la ressemblance de certaines des descriptions d’une partie du Paradis avec des images figurant dans la mythologie grecque. 

La description du Paradis, qui se retrouverait, à des nuances près, chez tel ou tel texte grec ne devrait, nullement, étonner celui qui connait l’Histoire du Monothéisme dans le Bassin de la Méditerranée, où les brassages des peuples et des cultures ont atteint un niveau rarement égalé. 

Si des passages ou des images du Saint-Coran se retrouvent dans la culture grecque, pourquoi doit-on en déduire que ce sont les Arabes qui ont copié les Grecs et pas le contraire, alors que depuis Adam, le message divin, transmis par des milliers de prophètes à tous les peuples, a circulé dans le monde connu avec un contenu qui n’a jamais varié, pour l’essentiel ? 

Selon le témoignage de Tabari (I. 48) sur les 124 000 Prophètes que Dieu a envoyés aux peuples du Monde, dont le premier était Adam, on en dénombre quatre qui s’exprimaient en langue syriaque : Adam, Seth fils d’Adam, Noé et Idriss ; trois qui étaient Arabes avant Muhammad (PSL), à savoir Houd, çalih, Scho’aïb (Paix et Salut sur Eux), soit, avec le Sceau des Prophètes (PSL), 4 au total.

Le miracle Grec n’a pas précédé la civilisation des peuples Sémites. 
On sait, par ailleurs, que Platon (428-348), pour qui la forme supérieure du Savoir était une vision, une intuition intellectuelle des Essences qui ont pour principe premier, l’idée du Bien (Dieu), a visité l’Egypte et la Cyrénaïque. 

La majorité des Arabes avaient, en effet, répondu favorablement à l’appel qu’Ismâ’îl leur avait adressé, visant à rallier la religion de son père Ibrahim, après la mort de ce dernier. 

Ils croyaient, donc, en Allah, qu’ils considéraient, au départ, comme un Dieu Unique. Ils croyaient, de même, à la vie future, de même qu’au Paradis et à l’Enfer. 

La reconnaissance de l’Unicité de Dieu était attestée chez un grand nombre d’entre eux, ainsi, au demeurant, que les rites préconisés par le monothéisme d’Ibrahim. 

Il en fut ainsi jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Amr Ibn Louhay, le Chef de Khouzâaa. Mais, lorsque ce dernier, au cours d’un voyage en Syrie découvrit que les Syriens, dont la patrie comptait parmi les berceaux des Messagers et des Livres Sacrés adoraient des idoles, il s’en procura une, du nom de Houbal, qu’il ramena à la Mecque, l’installa somptuairement à la Kaaba et appela les Mecquois à pratiquer l’associonisme. 

Ce fut ainsi que les populations du Hijâz, ainsi que les dirigeants de la Kaaba imitèrent son geste, de proche en proche et que le polythéisme et le monothéisme y cohabitèrent. 

Telles sont les conditions dans lesquelles, des « divinités » comme Manât et Al-Lât s’imposèrent dans ce Panthéon polythéiste, si bien qu’avant la Révélation de Muhammad, le culte des idoles devint si florissant que la Kaaba en renfermait près de 360. 

Les populations les invoquaient pour leurs besoins, les créditaient d’un pouvoir d’intercession auprès d’Allah, on organisant des pèlerinages au cours desquels, on se prosternait devant elles. 

L’Arabie antéislamique abritait, aussi, des pratiquants du Judaïsme et des pratiquants du christianisme. Les premiers, depuis les conquêtes Babyloniennes et Assyriennes et les pressions et la captivité exercés sur eux par Boukhtnassan, en 587 avant Jésus-Chrit, les seconds, à partir de l’occupation de la Palestine par les Romains en 70 après Jésus-Christ. D’ailleurs, les persécutions de Najran par Youssouf Thou Nouwas en portent témoignage. 

La Basmala qui fait partie des premiers mots révélés par l’Ange Gabriel au Prophète Mohamed (PSL) (Tabari.,I,51,52), a survécu à ces cohabitations. 

Pour l’Islam, la Basmala témoignage de la présence divine en tout, quelles que soient les circonstances. Elle a été prononcée par Noé avant de pousser son arche dans le fleuve. Et Salomon la place en tête de sa missive à la Reine de Saba. 

Déjà avant l’Islam, les Arabes païens disaient, en invoquant leurs divinités : « de par le nom d’Al-Lât, de par le nom de Uzza », avant d’entreprendre un voyage, de sacrifier un animal ou de prier (Zam.,I,6). 

On notera, par ailleurs, que les rites de l’Islam et du Judaïsme prescrivent d’invoquer le nom de Dieu en termes presque identiques, avant tout acte sacrificatoire, sinon la chair de la bête sacrifiée est réputée illicite. 

La Basmala était inscrite sur le flanc d’Adam et sur l’aile droite de l’Ange Gabriel, sous la forme d’un pentagone régulier étoilé, identique au pentagramme pythagoricien. 

C’est ce qui expliquerait l’emploi de cette figure géométrique dans la décoration en général et en particulier, dans l’architecture. 

Depuis les Croisades, les Turcs l’ont combinée avec le Croissant lunaire et en ont fait un symbole distinctif des drapeaux musulmans. 

Au terme de cette réflexion, une question lancinante me taraude continuellement l’esprit 
L’auteur du livre « Le Coran et la culture Grecque » ne manque pas de capacité de jugement. Il n’est pas doublement Agrégé pour rien. Il a révélé dans ses interviews que ses élucubrations, il les avait élaborées plusieurs années auparavant, mais n’avait pas jugé opportun de les rendre publiques. 

Nous sommes à environ un mois du Ramadan, en plein mois de Radiab (Le mois de Dieu), celui justement de l’Ascension céleste de Muhammad (PSL) et du Voyage Nocturne, un mois de vivification de la foi, de confirmation de l’Unicité des messages prophétiques incarnés par le monothéisme intransigeant d’Abraham, contenus dans les trois dernières religions révélées ; un mois de générosité au cours duquel, Dieu prescrivait à ses adorateurs, les 5 prières rituelles aux lieu et place des cinquante autres, qu’il projetait de leur fixer ; un mois d’amour, de réconciliation et de paix. 

En se livrant à cet exercice, qui s’inscrit dans des précédents regrettables et douloureux, qui ont fait beaucoup de mal à l’Islam et aux musulmans, en ce moment précis de l’Histoire de notre pays et des soubresauts dont la sous-région est agitée, quel objectif, vise-t-on ? 

Cherche-t-on à ébranler les convictions des musulmans ? A décourager ceux sur lesquels, l’Islam exerce une irrésistible fascination, afin qu’ils n’adhérent pas à son crédo ? 

Cherche-t-on à amener certains musulmans à douter de leur foi, de leur Livre Sacré, de leur Prophète (PSL) et à avoir mauvaise conscience, au risque de devenir de mauvais musulmans ? 

Vise-t-on à installer le doute dans les esprits, ou à perturber les consciences, en y installant l’angoisse ? 

A-t-on voulu, à présent que l’épisode de Salman Rushdie a fait chou blanc, que les caricatures ignominieuses contre le Prophète (PSL) ont révélé leurs limites étroites et grotesques, susciter un autre foyer de tensions, avec un attrait de presse et de gloire, pour en recueillir je ne sais quoi ? 

J’avoue ne pas pouvoir répondre à ces questions. En raison du respect et de la considération que j’ai, toujours, eu pour l’auteur de cet ouvrage provocateur, si lourd de dangers pour la paix sociale et l’harmonie au sein de la société musulmane en général et sénégalaise, en particulier. 

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