Sidi El Mokhtar Ndiaye est-il Mauritanien ?
Mohamed Mahmoud N’Diaye – Je n’ai jamais déjeuné avec l’Etat avait dit un éminent constitutionnaliste français Gaston Jèze en l’occurrence, c’est dire que l’Etat en soi est une notion abstraite et qui se manifeste à travers ses dirigeants et ses institutions.
Dans l’histoire récente de notre pays un homme a été « occulté » par les différents pouvoirs publics et cet homme Sidi El Mokhtar Ndiaye est de facto le père fondateur de la Mauritanie et Mokhtar Ould Daddah en est le père fondateur. Je dis bien père fondateur en pesant chaque lettre de cet attribut.
Sa signature apposée sur l’acte officiel proclamant la création de la RIM (délibération N°284 du 28/11/1958 ) en tant que président de l’assemblée constituante et son invite au gouvernement formé suite à cette proclamation à considérer le 28 Novembre de chaque année…
… comme fête nationale de Mauritanie en souvenir de cette proclamation, lui confère incontestablement le statut de père fondateur, nonobstant les objections « subjectives ou partisanes » qui ne manqueraient pas.
Est-il normal que de nos jours dans notre immense territoire, aucune structure, édifice, avenue ou même « ruelle » ne porte son nom afin que les générations actuelles et futures n’oublient un pan de l’histoire de leur pays et du rôle central joué par cet homme dans son essor ?
Si cet auguste homme a été omis, son œuvre, son combat, sa contribution à la naissance de notre Etat ont été rangés dans les placards officiels de l’oubli de notre histoire, qu’en sera-t-il de nous autres citoyens anonymes ?
Cet oubli doit-il être un jour réparé ou doit-on faire la politique de l’autruche qui consiste à enfoncer la tête dans le sable et faire comme si de rien n’était ? Quel serait notre avenir si on passe au tamis l’histoire de notre jeune nation ? Quelles seront nos références ? Que devons-nous, voulons-nous et pouvons-nous léguer à la postérité ?
Nous ses héritiers, nous n’avons jamais bénéficié des services de l’Etat, on a toujours vécu dans la dignité et la discrétion, partageant comme nous l’a appris notre père le peu que l’on a avec les autres. Autant on n’a eu aucune faveur et ne nous y attendions pas, autant l’Etat nous a privés de nos droits (expropriation de notre TF N°23 de l’Inchiri sans aucune compensation) et aucun responsable ne semble s’en émouvoir, tout au moins officiellement.
Nous ne réclamons aucun traitement de faveur, aucun passe droit mais l’application stricte de la loi sur ce cas.
Instinctivement cela nous amène à nous demander : et si Sidi El Mokhtar ne portait pas le nom Ndiaye, aurait-il eu le même traitement ? Y’aurait-il dans notre pays les uns et les autres ?
Nous en appelons à l’équité et au respect des anciens qui ont fait de ce vaste territoire qu’est la Mauritanie une réalité et de leur rendre la place qui leur sied dans la société et de veiller sur leur héritage au sens large du terme.
Pour un devenir cohérent et respectueux de la diversité de notre chère nation, il urge aux autorités de prendre à bras le corps les problèmes latents qui bloquent la marche vers l’avant de notre société qui se doit d’être un creuset de ses différentes composantes afin de former une nation avec une envie manifeste de vouloir vivre en commun et où toutes ces dernières sans distinction aucune s’y reconnaîtront.
Lien web: http://issuu.com/zouerate.groupe/docs/documents_historiques_sur_l_ind_pendance_de_la_r_p
Mohamed Mahmoud Ndiaye
Source: cridem