FLAMNET-AGORA: Célébration des Evénements de 1989: Silence, on Réprime à la Medina 3
Ce matin, j’ai voulu participer à une marche commémorant les Evénements de 89. J’ai tenu à y participer pour trois raisons:
1. Ces évènements constituent à mes yeux le traumatisme le plus grave qu’ait vécu notre pays. Ils ont permis une destruction en biens et en vies humaines, nationales et étrangères sans précèdent chez nous – et ce durant un mois de Ramadan. Ces Evénements une fois confinés à une dimension nationale, ont justifié une épuration au sein du corps administratif de l’Etat – civil et militaire – qui a abouti à l’exécution de centaines de membres des forces armées et de sécurité et à une mise sous état d’urgence de la Vallée du Fleuve Sénégal. Ce couvre-feu dans la Valle a engendré une expulsion massive de populations Mauritanienne vers le Sénégal et le Mali et la mort par exécution sommaire et extra-judiciaire de civils Mauritaniens dans cette zone.
2. Cette manifestation, pour des raisons qui m’échappent, devait démarrer du Comptoir Américain pour la Présidence, selon ses organisateurs. Ce comptoir se trouve à moins de 100 mètres de la maison dans laquelle je vivais durant ce pogrom et à moins de 20 mètres de chez une amie intime à moi dont la maison fut mise à sac et que je n’ai pas revu depuis 25 ans. Je ne sais pas si elle a survécu au massacre organisé se déroulant devant les yeux passifs de la même police qui aujourd’hui réprime les jeunes.
3. Ces évènements appartiennent désormais à notre histoire. Ils doivent être célébrés, dans l’immédiat pour un devoir de vérité et de justice, et dans l’avenir pour rappeler à tous les Mauritaniens combien une politique raciste a failli détruire cette nation. Aujourd’hui, 25 ans après, notre Police et par extension nos dirigeants – à travers 3 pick-ups et 2 bus bondés d’éléments, nous rappellent qu’il ne nous sied pas de nous remémorer ces Evénements de la façon que nous jugeons appropriée. Et ce après que l’Etat ait reconnu sa responsabilité dans ces évènements et après qu’Aziz soit parti participer à la prière pour le mort à Kaedi.
Ce matin, la Police a procédé à un tir de gaz lacrymogène pour disperser le groupe. Ces projectiles furent tirés dans une rue commerçante dont l’une des allées mène vers une école privée où se déroulaient des cours. La police n’a fait preuve d’aucun discernement ni d’esprit de dialogue, comme l’aurait fait une force républicaine. Je pense que ce fut gauche de la part des autorités de réprimer ce groupe qui ne représentait aucun danger pour qui que ce soit. Ceux qui sont dangereux sont à l’abri des gaz lacrymogènes dans le confort benoit des salons climatisés payés avec des deniers en général volés. C’est dommage. Voilà mon coup de gueule d’aujourd’hui.
ALASSANE DIAKITÉ