Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Loupe du ‘Le Rénovateur’ : Du statut des langues et cultures nationales en Mauritanie…

Loupe du 'Le Rénovateur' : Du statut des langues et cultures nationales en Mauritanie…Si le débat sur la prééminence constitutionnelle de l’arabité par rapport aux statuts des autres langues nationales du pays n’a pas été porté sur le terrain de discussions responsables motivées par le seul souci de trouver des solutions idoines en mesure de régler les contradictions linguistiques par un dialogue franc et constructif attend toujours son heure , c’est que des esprits malveillants travaillent toujours pour freiner l’instauration de tout cadre propice à ce rendez-vous.

Les sirènes de la discorde appellent toujours à un débat conflictuel qui éloignent de la bonne direction. Depuis des décennies, nous vivons cette grande cacophonie autour de la problématique des langues notamment leur affirmation pleine et entière dans le système éducatif mais aussi une plus grande échelle de représentativité dans les médias officiels et privés.

En quoi la promotion de ces langues nationales serait-elle un blocage au développement du pays et partant à la bonne entente entre les citoyens ?

L’unité nationale pourrait-elle se construire dans le refus de régler cette problématique épineuse, au lieu de continuer à laisser les choses s’aggraver au fil d’événements imprévisibles survenant à des moments critiques dans l’histoire du pays.

Combien de fois la Mauritanie a failli basculer dans des spirales identitaires faute d’exutoires politiques pour libérer les passions. Il ne suffit pas d’énoncer dans la constitution que l’Arabe est la langue officielle, le Pulaar , le Soninké et le Wolof des langues nationale , le français une langue d’ouverture , pour résoudre la question liée au statut des langues. Il faut plus que cela.

En vérité la place accordée à ces langues est en deçà de ce qu’elles méritent en termes de diversité culturelle et du droit à la différence. Si la Mauritanie est un pays arabe, elle est aussi un pays africain.

A ce titre chaque citoyen de ce pays doit sentir qu’il parle avec fierté sa langue selon son appartenance culturelle et qu’il se mire dans son existence nationale pleinement à travers toutes les formes d’expression lui conférant une personnalité entière décomplexée et sereine.

C’est dans ces conditions que tous les mauritaniens se sentiront égaux en droit et en devoir pour construire ensemble leur pays sur des bases solides .

Il serait absurde de circonscrire la Mauritanie à la dimension d’une langue dominante contre des parlés « minoritaires » reléguées au stade de langues vernaculaires auxquelles il faut jeter quelques morceaux de l’excédent des programmes et plages de la presse publique.

Cette exclusion culturelle s’est nettement affichée dans l’octroi des licences radio et TV privées où aucune autorisation n’a été délivrée à l’une des identités culturelles non arabe.

Voilà qui confirme le manque de volonté politique à régler la cohabitation linguistique en Mauritanie. Une violation gravissime des droits consacrant la pluralité culturelle dans les médias mais aussi du refus des principes universels prescrivant l’agilité pour tous.

L’arabe peut se développer sans marcher sur les ruines des autres langues nationales. Tout comme les langues nationales ne se posent pas en adversaires de la langue arabe. Le droit pour chaque peuple de défendre sa langue et sa culture est naturelle , légitime et ne constitue nullement une atteinte à l’unité et aux libertés collectives. Vouloir dénier un tel droit relève d’une attitude mesquine, stupide, intolérante et injuste.

A qui profite l’exclusion linguistique en Mauritanie ? Un pays qui cherche à se développer ne peut être bâti ni sur une seule langue, ni sur une seule culture.

Il est nécessaire de promouvoir l’ interculturalité pour renforcer l’unité nationale. Les identités culturelles nationales partagent toutes des valeurs sociales et morales qu’il faut exploiter dans le sens de la complémentarité et non d’un antagonisme chaotique . La Mauritanie s’en porterait mieux !

Cheikh Tidiane Dia

 

Source: le renovateur

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