Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Forum pour la Démocratie et l’Unité: Retour à la case départ?

Les rideaux ont été tirés, dimanche, sur le Forum pour la Démocratie et Forum pour la Démocratie et l’Unité       Forum pour la Démocratie et l’Unité

l’Unité (FDU). Organisé  par l’opposition démocratique (COD, Tawassoul, AP) et la société civile (syndicats et personnalités indépendantes), ces assises avaient pour but de parvenir à « un consensus pour sortir le pays de l’impasse politique dans lequel il se débat depuis l’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir, en 2008 ». Même si les pôles du forum ont réaffirmé leur disponibilité au dialogue, pour  donner, au pays, l’opportunité d’organiser une présidentielle crédible et inclusive – un souci que semble partager la majorité, si l’on en croit le Premier ministre – le risque d’un retour à la case départ  demeure fort probable.

 Au bout de trois jours de débats,  les participants ont concocté une déclaration finale qui dresse un diagnostic, réel, des grands défis du pays : unité nationale, cohésion sociale, élection présidentielle  de 2014… En outre, ils ont mis en place des instances pérennes de leurs débats, sous l’appellation « Forum National pour la Démocratie et l’Unité » (FNDU) qui servira de cadre de concertation  et de  suivi des présentes conclusions. La déclaration énumère, également, les propositions de solutions, pour faire baisser la tension politique que vit le pays. Un texte qui ressemble fort, au final, à la feuille de route qui devait servir de base aux discussions, vite avortées, entre le pouvoir et l’opposition rassemblée  au sein de la COD, en 2011.

Sur les deux  premiers points, les participants ont préconisé la résolution rapide des maux qui préoccupent les Mauritaniens –cohabitation, passif humanitaire, esclavage, injustice sociale, chômage… – parce qu’ils risquent d’« hypothéquer l’avenir du pays ». Un appel a donc été lancé, à toutes les forces nationales  assoiffées de changement démocratique, d’associer leurs forces pour la réussite de cette « dynamique nationale ».

Présidentielle: ira, n’ira pas ?

Le forum était très attendu sur ce point. Faut-il participer ou non à la prochaine présidentielle ? Si oui, dans quelles conditions ? Une candidature unique est-elle opportune ?  Voilà les questions auxquelles il fallait répondre. Mais, à l’arrivée, le flou reste de rigueur. L’atelier portant sur ce thème est, en effet, resté dans les généralités, se contentant, tout simplement, de réitérer le principe d’y prendre part parce qu’elle pourrait être une occasion de sortir le pays de la crise politique, à condition d’être le fruit d’un consensus national entre les différents  pôles politiques, aidés, en cela, par les acteurs de la société civile et les personnalités indépendantes. Tirant les conclusions des élections locales  et législatives de novembre et décembre derniers, ainsi que des « errements » qui s’en sont suivis, le forum, dont une partie doute du sérieux du pouvoir et de sa capacité à honorer ses engagements, estime que l’ouverture et la disponibilité au dialogue franc et sincère, couplé à la lutte, permanente, par tous les moyens pacifiques disponibles, constituent les moyens les plus appropriés pour aboutir aux objectifs recherchés. Un dialogue qui doit aboutir à l’élaboration  de garanties réelles de transparence pour la présidentielle en vue. Des garanties tournant autour de quatre axes : supervision politique crédible ; institutions électorales fiables ; garantie de la neutralité de l’Etat et des attributs de la puissance publique ; préparation technique suffisante.

 Des conditions dont les préalables risquent fort d’irriter, comme par le passé, le vis-à-vis, dans la mesure où le forum  préconise la mise en place d’un gouvernement consensuel pour superviser la prochaine présidentielle. On se rappelle que cette exigence avait essuyé un refus catégorique, de la part de Mohamed Ould Abdel Aziz, et rien, aujourd’hui, ne semble pouvoir changer cette position, d’autant moins, d’ailleurs que son parti dispose d’une majorité confortable, pour gouverner, et que l’opposition n’a pas réussi, jusqu’ici, à imposer un quelconque rapport de force en sa faveur. Retour probable, donc, à la case départ, avec un grand risque, pour les organisateurs du forum : celui d’avoir à gérer, de front, un hypothétique dialogue avec le pouvoir, à quelques encablures d’un scrutin aussi crucial, et la quête d’une candidature  consensuelle unique. D’où l’idée, peut-être saugrenue, d’envisager, à nouveau, un report du scrutin. Voilà qui ne dérangerait, certainement pas, le locataire du Palais gris…

Un autre point, plus fâcheux, peut-être, concerne l’institution militaire dont le forum demande la neutralité. Il est ainsi demandé, au président de la République, commandant suprême des Forces armées, de publier une déclaration interdisant, aux personnels militaires, de s’impliquer dans la vie politique et requérir, des chefs de corps – Armée, Gendarmerie, Garde, Police et autres forces de sécurité – une déclaration publique de neutralité, par rapport aux différents acteurs politiques.  Dernier élément de ce volet, les militaires devraient voter le même jour que les civils et dans les mêmes bureaux.

On lira, dans l’encadré ci-contre, le détail des diverses recommandations retenues par les participants aux débats de l’opposition. Signalons, enfin, que ceux-ci ont insisté sur la nécessité d’intensifier les efforts, pour mieux expliquer les conclusions du forum, d’œuvrer à élargir sa base de soutien populaire et d’intensifier la lutte, en vue de fonder un rapport de force à même d’attendre cet objectif, tout en l’appuyant par une action diplomatique adéquate.

 

Dalay Lam.

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