Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

La Mauritanie à l’heure de l’intégrisme religieux

altD’un Islam sunnite au rite malékite modéré, la Mauritanie semble basculer t vers l’intégrisme religieux. Plusieurs mouvements et courants de cet Islam radical germent comme des champignons, chaque jour annonçant la naissance d’une initiative, imprimant insidieusement au paysage religieux national un changement perceptible. « Ansar Charia », « Ahbab Rassoul », « Initiative pour la défense des Ulémas et des textes sacrés », « Mouvement Hawa », sont autant de référence d’un Islam moralisateur, soupçonné “d’antidémocratique, antiprogressiste”, qui chercherait à contrôler la conscience des citoyens et leur mode de vie. Cet Islam commence à prendre des connotations de violence, voire de terrorisme intellectuel, cherchant par la manipulation de la foi à imposer son diktat. Face à cette déferlante du Wahabisme intégriste et du Salafisme grégaire, la classe progressiste et l’élite intellectuelle, mais aussi les héritiers de la modération et du soufisme semblent baisser les bras. L’Etat mauritanien, garant de la stabilité et de la paix social semble aussi avoir démissionne

Des dizaines de personnes, casquettes sur la tête et foulards uniformes au cou, étaient massées hier devant le Palais de Justice de Nouakchott. Ce sont les partisans d’une nouvelle initiative, née il y a juste deux jours, pour défendre selon leurs propos, « les Ulémas et les textes sacrés ». Il s’agit de partisans du puissant Cheikh Ould Deddew, agressé il y a quelques jours par l’un de ses disciples dans des circonstances encore floues. Devenu la bête noire du régime pour son soutien actif et financier au parti islamiste Tawassoul, considéré par les autorités de Nouakchott comme la copie des Frères Musulmans d’Egypte, le Cheikh Ould Deddew ne serait plus en odeur de sainteté dans la Mauritanie de Mohamed Ould Abdel Aziz. Manifestant d’abord aux alentours du Ministère de Justice, les partisans du Cheikh ont été délogés par la police, ce qui les a poussés à se déplacer au Palais de Justice, pour réclamer le jugement de celui qui s’en était pris à leur guide spirituel.

Cette nouvelle initiative est devenue presque une banalité en Mauritanie, où des dizaines d’organisation à forte connotation religieuse commencent à essaimer, surfant sur l’onde des libertés illimitées qui s’est abattue dans le pays, mais aussi sur cette sympathique récupération politique que le pouvoir en place compte faire de ces mouvements, Wahabite et Salafiste, si hostile à l’Islam politique des Frères Musulmans de Mauritanie. Ce serait cette volonté manifeste des autorités mauritaniennes à casser le parti Tawassoul, dont la forte popularité a été attestée par les dernières élections législatives et municipales, qui expliquerait sans nul doute leur attitude vis-à-vis du Cheikh et de ses disciples. Non seulement, une réunion prévue dans son domicile et préalablement autorisée a été interdite, mais aussi ses partisans ont été interdits de manifestants. Mieux, le parquet de la République aurait refusé d’ouvrir une enquête sur l’agression physique dont il a été l’objet.

Mais le pouvoir semble fermer les yeux sur les dérapages qui pourraient être dangereux des forces Wahabites et Salafiste, en tolérant les dérives sécuritaires menées par le mouvement « Ahbab Rassoul ». Ce derniers, sous prétexte d’un écrit blasphématoire contre le Prophète (PSL) dont il exige l’exécution de l’auteur, chapeaute depuis quatre jours des manifestations de violence contre les établissements scolaires et les biens privés. Ce qui poussera d’ailleurs, l’Assemblée consultative du parti Tawassoul, « Choura », en conclave depuis quelques jours, à dénoncer ce qu’elle appelle l’exploitation politique que le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz fait des contestations à relent religieux. L’Etat est accusé de démission face à la destruction des biens publics et privés, de saper les fondements de l’Etat de droit.

De son côté, l’avocat Me Mohameden Ould Ichidou continue de faire les frais d’une dangereuse cabale depuis son voyage à Nouadhibou et son intention première de défendre l’auteur de l’écrit blasphématoire contre le Prophète (PSL), Mohamed Cheikh Ould MKheïtir. Malgré ses démentis répétés sur son engagement à défendre le dossier, la cavale dont il est l’objet, de la part des extrémiste « Ahbab Rassoul » n’a pas baissé d’intensité. Réitérant le repentir du jeune Ould MKheïtir, ce qui aux yeux de l’article 306 du Code Pénal le soustrait selon lui, à toute poursuite pour apostasie, il rappelle avoir réagi, juste après avoir lu l’article incriminé, à travers un posting dans lequel il invitait l’opinion à un jugement prospectif et large de l’article incriminé, loin de toute analyse étroite. Me Ichidou explique aujourd’hui son désistement par rapport au dossier par le fait qu’à son arrivée l’instruction a déjà été bouclée et le parquet avait désigné d’office trois avocats du barreau pour la défense du prévenu. Me Ichidou a mis en garde contre la dérive de l’Islam radical et a appelé à un retour à l’Islam modéré, celui des anciens.

Cheikh Aïdara

 

Source: L’ Authentique

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