Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

FLAMNET-RÉTRO: Quand le président des Flam parlait de la prison de Oualata et de son exil

altFLAMNET : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué pendant ce “long chemin vers la liberté “pour parler comme le président Mandela, la prison de walata, l’exil ou autre chose?

 

PRÉSIDENT SAMBA THIAM :     Je n’aime pas vraiment parler de moi. Je préfère plutôt en laisser le soin aux autres. Les rares fois que je le fais j’ai l’air de quelqu’un qui cherche où se fourrer; alors j’ai toujours hâte d’en finir au plus vite . Mais enfin, allons-y !

Face aux multiples épreuves de la vie, il n’est pas toujours aisé de retenir toutes celles qui vous ont marqué.,surtout lorqu’on a eu une existence quelque peu heurtée. Toutefois, je crois que la prison a été de celle-là .

La prison fut pour moi à la fois un choc, pour être franc, et une Ecole. Je la découvrais pour la première fois,et ce premier contact reste gravé dans la mémoire . Elle fut, comme j’ai dit une Ecole où je redécouvrais les notions de liberté et “d’instinct de conservation”. Pour comprendre réellement le sens et la portée du mot LIBERTE il faut en avoir été privé, pendant un certain temps. Autrement on verse dans le discours abstrait.

J’ai également mieux compris, pour l’avoir observé ce qu’on appelle généralement “instinct de conservation”, et la notion de “régression primaire “. Placé dans certaines conditions, l’homme a tendance à perdre ses valeurs de référence; J’ai eu l’impression que la prison rendait la proximité entre l’homme et l’animal plus visible, plus lisible. Il se produit un dysfonctionnement de la dynamique du groupe qui n’obeit plus aux mêmes règles classiques, et qui éclate en segments ressoudés autour de valeurs “primaires” que l’on croyait dépassées.

 

La prison m’a aussi révélé une certaine psychologie du prisonnier, pour lequel le monde s’arrêtait de tourner parce qu’il était là “immobilisé”. Tout, derrière les murs, se colportait et se lisait à travers le prisme de sa vie carcérale. Les séances matinales quotidiennes de divination de rêves dont parlait BOYE ALASSANE dans son livre, renvoient, en fait, à cette psychologie.

 

D’un autre côté, je puis dire que la prison a accru ma détérmination; si j’ai survécu c’est parce que J’étais, comme bon nombre de camarades, moralement armé; convaincu qu’il serait absurde de mourir tous en détention, ce qui donnerait un immense plaisir au tyran, il fallait absolument l’en priver !

 

Derrière les barreaux, je réalisais avec M GRAY ” la force qu’un homme peut avoir en lui; s’il veut il peut mourir sans un cri, s’il veut il peut survivre”. C’est donc un peu par défi, si j’ai survécu. La prison c’est aussi un immense gâchis de temps, dans l’inaction ! 4 ans entre 4 murs à ne rien faire, alors que la situation était mûre!

 

Autre chose enfin, qui n’a pas moins marqué ma vie d’exilé; C’est ce sentiment ambivalent que partagent peut-être, ensemble les lutteurs ou les combattants de la libérté, et que MANDELA décrivait ainsi: “Ces Noirs nous considéraient non comme une menace à la structure du pouvoir Blanc, mais comme une menace aux interêts des Noirs; car les BLANCS maltraitaient tous les NOIRS à cause de quelques agitateurs de la sorte “. Ce que BEGIN face à l’armée britannique, résumait par ces mots “devant, le feu de l’ennemi ,derrière, le dénigrement de tes frères “.

Je me console toutefois à l’idée,comme le montrent souvent les nombreuses experiences historiques, que demain, quand la victoire changera de camp, cette attitude aussi changera; c’est la vie.”

 

Extrait de l´interview accordée à FLAMNET LE 14 MARS 2002.

 

Propos recueillis par Kaaw Touré et Abdoulaye Thiongane.

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