Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: August 2024

Hommage bien Mérité : par BAKARY TANDIA

C est avec une douleur profonde que je viens d’ apprendre le décès de Mère Houleye Sall, présidente de l Association des Veuves. Décès survenu à Nouakchott le 21 Aaout 2024. Une femme pleine de dignité et de courage dont les actions ont laissé des marques indélébiles sur l’histoire des droits de l’homme en Mauritanie. Affectueusement appelée Mother Houleye par la Diaspora Mauritanienne des USA, elle fut le symbole de la lutte contre l’ injustice et l’ impunité en Mauritanie ce qui lui a valu respect et admiration de toute la communauté des droits de l’homme. En tant conscience morale  de l organisation, elle  a su consolider sa cohésion en la dirigeant avec un leadership éclaire. C est en appréciation de ses sacrifices immenses pour cette cause noble que la Muritanie Min Njejjitta, une association qui demande justice  pour les victimes du “Passif Humanitaire,” a décidé de créer le prix “Mother Houleye Award” des droits de l’ homme qui est décerné chaque année à des personnes reconnues pour leurs contributions extraordinaires à la lutte contre l’ injustice et l’ impunité en Mauritanie. 

Nous venons de perdre une figure emblématique pour laquelle pour nous avons une administration sans limite. Malgré tous les sacrifices consentis, elle nous a quittes avant le règlement du “Passif Humanitaire,” pour laquelle elle s’ est battue sans relâche. C’ est un impératif d’ honorer ses sacrifices en continuant la lutte pour la justice, la mission de sa vie. A cet effet, nous exhortons les membres de l Association des Veuves à non seulement continuer son œuvre jusqu’à la victoire finale, mais aussi à célébrer le riche héritage qu’ elle nous a laissé. Pendant que nous prions pour le repos de son âme, nous prions également pour que son expérience motive et inspire les générations avenir. 

Mother Houleye Sall, nous t’avons honorée pour ton action durant ton vivant, et nous allons continuer à t’honorer pour l’héritage de dignité et courage que tu nous as généreusement laissé.

Paix a son âme.

La lutte continue

Bakary Tandia

LA “LONGUE MARCHE” DE L’ARABISATION EN MAURITANIE

Ambroise Queffélec UMR 6039 (CNRS) Université de Provence

Bah Ould Zein Université de Nouakchott 

 Résultat d’un découpage géographique colonial totalement arbitraire, la Mauritanie, islamisée et unifiée religieusement de longue date, présente du point de vue culturel et linguistique une hétérogénéité certaine qui a généré depuis l’indépendance bon nombre d’antagonismes voire de conflits politiques et ethniques. Rappelons que conquise à partir de 1904 par la France soucieuse avant tout de protéger les arrières de sa colonie-fétiche du Sénégal, la Mauritanie, parent pauvre et délaissée de l’A.O.F. à l’époque coloniale, se caractérise par la coexistence de deux communautés : la communauté maure, majoritaire1 et de langue hassaniyya qui comprend la fois des populations d’origine arabo-berbère (les Beidanes) et des populations noires autrefois dépendantes (les Harratines), occupe essentiellement le nord, l’ouest et le centre du pays. La seconde communauté, négro-africaine, minorée à l’époque précoloniale, elle-même divisée en plusieurs groupes2, Haalpulaaren (de langue poular) Soninkés (de langue soninké), Wolofs (de langue wolof) vit surtout le long de la rive droite du fleuve Sénégal, la partie la plus fertile du pays.

            Dans cette coexistence de deux communautés, coexistence qui a reçu dans le français local l’appellation significative de question nationale, le problème des langues a joué et continue de jouer un rôle central : schématiquement, le marché linguistique voit s’affronter selon un schéma qu’on pourrait retrouver au Maroc et en Algérie quatre langues ou séries de langues de statut inégal : les langues vernaculaires sont représentées respectivement par le hassaniyya, dialecte arabe3 imprégné de berbère4 (qui comme l’arabe appartient typologiquement au phylum afro-asiatique), et les langues négro-africaines (poular, soninké, wolof) parlées également dans les pays frontaliers, Sénégal, Mali. Essentiellement orales, ces langues vernaculaires sont en concurrence surtout dans le domaine écrit avec les deux langues de prestige que sont l’arabe classique et le français. 

            Dans la gestion de ce multilinguisme complexe, les divers pouvoirs qui ont dominé ont surtout centré leurs interventions sur les plans du statut officiel et de l’éducation (choix de la (des) langues d’enseignement) et c’est donc ces domaines que nous examinerons essentiellement. Après un historique des différentes politiques d’aménagement linguistique qui ont prévalu et qui seules permettent de comprendre la situation actuelle, nous étudierons cette situation présente qui, au terme d’une subtile politique d’arabisation a vu progressivement le corpus des usages linguistiques se rapprocher d’un status unilingue (arabe seule langue officielle) promu et défini sur des bases essentiellement idéologiques et politiques.1. 1904-1957 : l’époque coloniale : une francisation superficielle et inégale, porteuse de tensions virtuelles. En raison de l’existence d’un réseau d’établissements d’enseignement religieux structurés et prestigieux (les mahadras) et surtout de la résistance militaire et spirituelle à la pénétration des idées européennes, la puissance coloniale n’a mené qu’une politique de francisation très limitée et inégalitaire. Limitée, cette politique s’est bornée essentiellement aux domaines scolaire et administratif et n’a touché que des fractions de population trèsréduites.5 Inégalitaire, elle l’a été également en traitant différemment les populations négro-mauritaniennes et maures. Pour les premières, plus réceptives à la scolarisation, la politique pratiquée a été assez voisine de celle menée dans les autres colonies de l’A.O.F. et spécialement du Sénégal (dont la Mauritanie a longtemps relevé dans le domaine de l’enseignement) : système scolaire très élitiste avec de graves déperditions d’effectifs et emploi exclusif du français comme langue d’enseignement. Le résultat en a été une francisation très superficielle mais la création d’une “élite” négro-mauritanienne qui formera à l’indépendance les cadres du jeune état mauritanien. Pour les Maures, le refus obstiné et tenace des populations vis-à-vis de l’”école des infidèles “et de leur langue a obligé une administration coloniale manquant de dynamisme et de réelle volonté, à composer et à instaurer, sur le modèle des médersas algériennes, un système scolaire “franco-arabe” combinant arabe et français comme langues d’enseignement, mais aux résultats extrêmement faibles sur les plans tant quantitatif6 que qualificatif. Dans le même temps, le système scolaire traditionnel fondé sur l’étude de l’arabe coranique (mahadra) connaissait un déclin. 

            Cet aménagement linguistique différencié créait à l’indépendance une situation linguistique et politique potentiellement explosive reposant sur la confrontation virtuelle de deux groupes concurrentiels : les Négro-mauritaniens de langue maternelle négro-africaine, dont les élites francisées et ouvertes à la “modernité” avaient été placées de par leur connaissance du français à beaucoup de postes de responsabilité de l’administration ; les Maures de langue hassaniyya dont les élites traditionnelles beidanes se trouvaient marginalisées : les Hassanes — tribus guerrières — avaient vu leur domination politique et militaire fortement entamées par le colonisateur ; les Zwayas — tribus maraboutiques — avaient perdu une partie de leur prestige de lettrés coraniques avec l’émergence de l’école moderne et le déclin de leurs mahadras. La rivalité entre ces deux groupes, reposant sur un double sentiment de revanche (revanche des Négro-mauritaniens, pour avoir été méprisés à l’époque précoloniale, revanche des Beidanes pour s’être fait supplanter durant l’époque coloniale) s’est cristallisée depuis l’indépendance sur la question des langues et de l’enseignement.

2. 1959-1979 : du “réajustement” au bilinguisme puis à l’arabisation intensive

            L’histoire des deux premières décennies de la jeune République Islamique de Mauritanie proclamée en 1958 se caractérise par la reprise du contrôle du pouvoir par les Maures blancs. Cette évolution politique a pour corollaire sur le plan linguistique un processus d’arabisation qui va s’accélérant, sensible surtout dans les réformes éducatives qui constituent “l’élément moteur de la politique linguistique du P.P.M.”7, parti unique.

2.1. 1959 : le “réajustement”

            Les constitutions du 22 mars 1959 et du 20 mars 1961 stipulant que la langue nationale est l’arabe et que la langue officielle est le français (article 3 de la Constitution de 1961), la réforme de 1959met en harmonie textes constitutionnels et système éducatif en accordant une place légèrement plus importante à l’arabe : enseigné jusqu’alors à raison de six heures par semaine sur un total de 30 heures hebdomadaires, il occupe désormais 10 heures hebdomadaires au cours préparatoire et 8 heures aux cours élémentaire et moyen, contre respectivement 23 et 25 heures de français par semaine. Ce réaménagement des horaires de l’enseignement primaire donnant une place plus grande à l’arabe visait selon ses promoteurs à “rapprocher l’école du milieu social et culturel qui l’entoure” et à “répondre aux aspirations culturelles de la majorité de la population” (Chartrand, 1977, 67). Ce “réajustement” était cependant assorti d’une possibilité de dispense des cours d’arabe délivrée par l’inspecteur d’arabe aux enfants dont les parents en faisaient la demande formelle. 

            Les structures des enseignements primaire et secondaire restaient cependant calquées sur celles de la France selon Botti et Vezinet (1963, 49), la seule différence étant la place accordée à la langue arabe au second degré, enseignée “concurremment avec l’anglais”, 4 heures par semaine. 

            Le développement de l’arabe dans le système éducatif souhaité par le gouvernement8 s’accompagne selon Ould Youra (1997, 100) d’un intérêt croissant des Maures pour l’école moderne, alors que celui des Négro-mauritaniens ne faiblit pas : le taux de scolarisation dans le primaire passe très vite à 8 % en 1962. 

Cependant la réforme de 1959 ne provoqua que des mécontents : les Maures voulaient aller plus loin dans la voie de l’arabisation et les Négro-Mauritaniens ne voulaient pas de l’enseignement de l’arabe qui ne constituait pas leur langue maternelle. 

            En 1964, le gouvernement -où les Beidanes jouent un rôle prépondérant- décide d’introduire les notes d’arabe dans le calcul de la moyenne générale pour le passage en classe supérieure et adopte en janvier 1966 un décret d’application d’une loi rendant l’étude de l’arabe obligatoire dans l’enseignement secondaire.9 La réaction des Négro-mauritaniens ne se fait alors pas attendre : les élèves des ethnies noires — soutenus par de hauts fonctionnaires noirs rédacteurs du fameux “manifeste des 19” dénonçant le “racisme” du régime et sa volonté d’arabiser le pays — déclenchent un mouvement de grève dans les lycées de Nouakchott et de Rosso qui dégénère en violents conflits raciaux opposant Maures — beaucoup plus lourd dans la réalité semble-t-il — fait état de 6 morts et 30 blessés. Les établissements scolaires de la capitale furent fermés pour le reste de l’année.

2.2. 1967-1973 : le ” bilinguisme arabe-français “

            Lors du 2e Congrès ordinaire du P.P.M. tenu à Aïoun du 24 au 26 juin 1966 le pouvoir décide de promouvoir une nouvelle politique culturelle fondée sur le bilinguisme arabe-français. Le Président Moctar Ould Daddah (Discours et interventions, s.d., 283), dans son intervention du 18/7/1966 proclame ainsi que “Le bilinguisme apparaît comme le seul instrument d’une réalisation de la culture nationale nouvelle […] Le bilinguisme plaçant peu à peu sur un pied d’égalité le français et l’arabe est une option fondamentale qui concerne chaque citoyen mauritanien. [..] Un programme des études est en préparation. Il devra mettre au point un enseignement de qualité, tenant compte des réalités du monde moderne, tout en sauvegardant les valeurs traditionnelles de la culture musulmane”. La traduction de cette nouvelle orientation est la mise sur pieds en 1967 d’une réforme éducative qui se caractérise par un développement de l’arabisation : l’enseignement primaire — rebaptisé enseignement fondamental — voit sa durée portée de 6 à 7 années et comporte désormais de manière obligatoire pour tous les élèves une première année d’initiation à l’arabe (C.I.A.) conformément à l’horaire hebdomadaire suivant. Au niveau de l’enseignement secondaire, l’horaire de l’arabe est porté à 9 heures en sixième et cinquième, à 5 heures en quatrième et troisième et à 4 heures pour les classes du second cycle, le français continuant à occuper le reste de l’emploi du temps hebdomadaire fixé à 30 heures. 

            Cependant les diplômes, en dehors du brevet d’études et du baccalauréat arabes délivrés par le nouvel institut de Boutilimit, restent inspirés directement du système éducatif français. 

            En outre, conformément aux vœux du 3e Congrès ordinaire du P.P.M. tenu du 23 au 27 janvier 1968 à Nouakchott, l’article 3 de la Constitution est révisé le 4 mars 1968 pour faire de l’arabe, seul à être déclaré “langue nationale”, langue officielle du pays concurremment avec le français. 

            Parallèlement, les autorités préconisent une “arabisation progressive de notre administration au niveau de la région et du département. En écrivant en arabe, en s’exprimant en arabe, en irradiant en quelque sorte la langue arabe autour de lui, l’administrateur arabisant obligera les autres à faire un effort dans le même sens”.10 

            Cette deuxième réforme du système éducatif mauritanien se révèle un échec en ce qu’il développe les oppositions ethniques : Les Négro-africains considèrent l’arabe comme une langue d’oppression et d’assimilation menaçant à plus ou moins long terme leur identité culturelle propre. De plus, on se rendit compte que les élèves qui entraient en sixième ne maîtrisaient aucune des deux langues. D’où cette boutade attribuée à un haut fonctionnaire du Ministère de l’Éducation Nationale de l’époque : “le bilingue est celui qui ne sait ni le français ni l’arabe !”.

2.3. 1973-1979 : vers l’unilinguisme arabe

            Dans un climat de nationalisme exacerbé qui voit les liens avec l’ancienne puissance coloniale se détériorer fortement (1972 : révision des accords de coopération avec la France ; Juin 1973 : création d’une monnaie nationale, l’ouguiya ; Novembre 1974 : nationalisation de la Miferma, la grande société d’exploitation du minerai de fer de Mauritanie), les instances dirigeantes du pays décident de mener une politique d’arabisation encore plus intensive. Le bilinguisme instauré par la réforme de 1967 n’est plus perçu que “comme étape provisoire de l’arabisation”.11 À la suite des recommandations du congrès extraordinaire du P.P.M. tenu du 1er au 9 juillet à Nouakchott qui “définit l’exigence d’indépendance culturelle comme la priorité des priorités” (Chartrand, 1977, 70), est mise en œuvre en octobre 1973 une réforme éducative “qui doit conduire à l’adéquation de notre système scolaire à nos réalités spécifiques et à une indépendance culturelle véritable grâce à la réhabilitation de la langue arabe et de la culture islamique” (Institut Pédagogique National,1978, 2). Cette réforme qui, selon Turpin, 1987, 31, “s’inscrit clairement dans un rapport conflictuel langue arabe = authenticité culturelle versus langue française = aliénation culturelle” vise à arabiser en profondeur le système éducatif et la société mauritanienne toute entière :”L’arabisation de tout notre système d’éducation est désormais engagée d’une manière irréversible et sa progression qui conciliera le souhaitable et le possible, inéluctable” déclare en 1974 le Président Ould Daddah.12 Le document issu du congrès extraordinaire préconise l’instauration d’un unilinguisme de fait : “Il faudra dans les plus brefs délais […] instaurer l’arabe comme l’unique langue officielle […] Il est tout à fait naturel que dans un État indépendant dont l’arabe est la seule langue nationale et officielle, que l’enseignement soit donné en langue arabe. Cela se traduirait par l’instauration d’un système d’enseignement où tout le primaire serait arabisé, l’enseignement des langues étrangères n’intervenant que dans le secondaire”. 

            La réforme ramène la structure du 1er degré de 7 années à 6 années, avec deux premières années entièrement arabisées. Le français intervient en troisième année à raison de 10 heures par semaine sur un total de 30 ; en 4e et 5e années son enseignement représente 15 heures hebdomadaires puis 20 heures en 6e année. Le second degré, lui aussi ramené à six années organisées en deux cycles de trois années chacun, comporte deux filières : une arabe et l’autre bilingue. Dans la filière arabe, appelée à devenir à moyen terme la structure unique de l’enseignement secondaire, tous les enseignements se font en arabe et le français a le statut de première langue étrangère obligatoire. Dans la filière bilingue, le français est objet d’étude et véhicule des matières scientifiques ainsi que des matières comme l’histoire, la géographie ou la philosophie qui devaient au départ, suivant les recommandations officielles, être enseignées en arabe. 

            Des classes expérimentales arabisées voient le jour dans certains collèges13 et un lycée arabe est créé à Nouakchott. Le baccalauréat conçu jusqu’ici à Dakar est mauritanisé. Le cycle A long de l’Ecole Nationale d’Administration devient bilingue et des sections arabes sont instituées à l’Ecole Normale Supérieure ainsi que des services de traduction dans certains ministères. Des stages d’initiation et de perfectionnement en arabe sont offerts aux fonctionnaires qui ne connaissent pas ou ne maîtrisent pas cette langue. La réforme de 1973 ne tient pas cependant compte de tous les vœux du Congrès du P.P.M. de 1971 puisque la réhabilitation des langues négro-africaines à laquelle celui-ci appelle pour la première fois ne se concrétise pas (cf. Balta, 1980, 27).14 

            La politique d’arabisation intensive s’accompagne d’une politique de recrutement massif d’enseignants arabophones issus pour la plupart des mahadras et de l’enseignement traditionnel : “Des centaines d’enseignants et de professeurs issus de la mahadra furent ainsi recrutés sur concours et envoyés dans les classes entre 1973 et 1978. Par la même occasion, le système des “candidats libres” et d’ “auditorat libre” allaient permettre l’accès aux classes de plus de 6 000 élèves issus de l’enseignement traditionnel (Ould Ahmedou, 1997, 69). 

            L’effort de développement du système éducatif “moderne” s’accroît parallèlement puisque en 1979 le pays compte 422 écoles primaires, 18 établissements secondaires, une École Normale d’Instituteurs (formation des maîtres de l’enseignement fondamental), une École Normale Supérieure (formation des maîtres du secondaire), une École Nationale d’Administration (formation des cadres administratifs).

3. 1979-1999 : l’unilinguisme officiel

            La réforme de 1973 n’aura qu’une durée d’application limitée puisque le déclenchement en 1975 de la guerre du Sahara occidental va plonger le pays dans de graves difficultés qui aboutissent à la prise du pouvoir par les militaires lors du coup d’État du 10 juillet 1978, prélude lui-même à une période d’instabilité politique. Les nouveaux dirigeants sous la poussée des mouvements nationalistes arabo-berbères radicaux de tendance nassériste ou baathiste radicalisent leurs options linguistiques : le Comité Militaire de Salut National (C.M.S.N.) décrète en décembre 1980 l’arabe seule langue officielle du pays, mais pour éviter des réactions trop vives des  Négro – mauritaniens reconnaît aux trois principales langues négro-mauritaniennes le statut de “langues nationales”15 et au français celui de “langue étrangère privilégiée”. 

            Dès l’automne 1979, il décide en outre de mettre en place une quatrième réforme du système éducatif qui, après une période transitoire de 6 ans, devait être appliquée en 1985. Cette réforme reposait sur les principes suivants : “Officialisation de nos langues nationales, transcription de nos langues nationales (poular, soninké, wolof) en caractères latins, création d’un institut de transcription et de développement des langues nationales, enseignement de nos langues nationales qui, à terme, doivent donner les mêmes débouchés que l’autre langue nationale, l’arabe” (cité par Arnaud, 1981, 339). 

            Par ailleurs, l’arabe était censé devenir en 1985 “langue unitaire” : chaque Mauritanien étant supposé devoir parler deux langues nationales (dont évidemment l’arabe) ; le français “langue d’ouverture” serait enseigné uniquement au second degré comme seconde langue, le premier degré étant réservé à l’enseignement en langues nationales.

Une faille dans l’unilinguisme : le double cursus, un provisoire qui dure

            Dans l’impossibilité matérielle d’appliquer immédiatement cette réforme, les autorités instaurent à titre provisoire sur le plan scolaire un double cursus : 

            – les enfants maures ont l’obligation de choisir au premier degré la “filière arabe” pratiquement entièrement arabisée puisque le français y occupe une portion congrue : il n’occupe par ex. dans le primaire que 5 heures sur 30 par semaine et ce uniquement de la 3e à la 6e année. 

            – les enfants négro-mauritaniens, pour leur part ont le choix entre cette filière arabe et une autre dite “bilingue”16 où, après une première année totalement arabisée, ils pouvaient suivre, sur la demande expresse de leur parents, un enseignement en français de la 2e à la 6eannée à raison de 25 heures par semaine sur 30 heures, les 5 heures restantes étant consacrées à l’arabe : 

            Ségrégative et paradoxalement assez voisine de celle que le pouvoir colonial pragmatique avait mise en place, la solution retenue pour la période transitoire satisfaisait en théorie les deux composantes de la population mauritanienne. L’éclatement de l’enseignement fondamental, sur le modèle du secondaire, en deux options, arabe pour les hassanophones et bilingue pour les Négro-mauritaniens (puisque dans la pratique ceux-ci optent massivement pour cette option) permet à la fois de ménager les tenants de l’arabisation, actifs chez les Maures, tout en rassurant les Négro-mauritaniens inquiets de cette arabisation “à outrance”. 

            Sans doute à terme l’option bilingue devait-elle être supprimée au profit d’un enseignement dans les trois langues nationales poular, soninké, wolof)17 que devait permettre de mettre en place l’Institut des Langues Nationales ouvert en 1981. Sous l’égide de ce dernier, à la rentrée 1982, 12 classes expérimentales en poular, soninké et wolof sont mises en place pour l’enseignement fondamental principalement dans la capitale et la région du Fleuve où les populations négro-mauritanienne sont les plus nombreuses. Cependant, à l’enthousiasme manifesté les premières années pour l’enseignement en langues négro-africaines succède un certain désenchantement : les Négro-mauritaniens ont de plus en plus le sentiment d’avoir été conduits dans un ghetto par les tenants de l’arabisation, l’enseignement en langues nationales ne semblant aboutir sur aucune perspective d’avenir. Certains intellectuels négro-mauritaniens perçoivent l’introduction des langues africaines dans le cursus scolaire comme une manœuvre, “le prix payé par les tenants de l’arabisation pour que le français soit définitivement (et dans le calme) éliminé en tant que langue d’enseignement” (Perrin, 1983, 70). Les classes expérimentales sont fermées les unes après les autres. Les parents, les enseignants, et les élèves, tous peu motivés et insuffisamment préparés, se rabattent sur la filière “bilingue” en fait francisante, qui devait en théorie disparaître. Dès lors la réforme radicale attendue en 86 est morte avant même d’être née18 et le système mis en place lors de la période transitoire (qui devait s’achever en 1985) perdure jusqu’à nos jours.

4. 1999-2001 : la dernière réforme

            Au printemps 1999 et en perspective de la rentrée suivante, le gouvernement mauritanien décide de procéder à une cinquième réforme du système éducatif. Les raisons avancées pour justifier cette réforme sont multiples : 

            – coût particulièrement onéreux d’un enseignement composé de plusieurs filières et nécessitant pour sa mise en œuvre des moyens humains et matériels importants. 

            – faiblesse persistante des performances des élèves, particulièrement sensible dans les disciplines scientifiques et dans la maîtrise insuffisante des langues. 

            – inadéquation des formations dispensées au regard des impératifs de développement socio-économique du pays. 

            La réforme tente de remédier à ces insuffisances en unifiant le système éducatif par la suppression des deux filières existantes, arabe et bilingue. Parallèlement, la durée du cycle secondaire est portée à 7 ans par l’adjonction d’une année au premier niveau. 

            L’enseignement du français en tant que matière débute dès la deuxième année du primaire à raison de six heures par semaine ; cette langue est chargée de véhiculer et de façon progressive de la troisième année du premier degré jusqu’à la terminale toutes les matières scientifiques. À l’arabe sont dévolues les matières relevant des lettres et sciences humaines ainsi que l’instruction religieuse et l’instruction civique. Par ailleurs l’enseignement de l’anglais est introduit dès la première année du premier cycle secondaire et l’initiation aux sciences physiques et à l’informatique débutent (en français) dès la troisième et la quatrième année du premier cycle secondaire. Enfin les langues nationales, le poular, le soninké et le wolof, bénéficient pour leur promotion de la création d’un département spécifique au sein de l’Université de Nouakchott. 

            Cette réforme qui se veut équilibrée et réaliste ne rencontre cependant l’adhésion ni des tenants de l’arabisation intégrale ni des Négro-mauritaniens extrémistes. Les premiers lui reprochent d’imposer une “francisation du système éducatif ” et de marquer “un retour à l’oppression culturelle”19 ; pour les seconds, “cette apparente unification se fait à nouveau au détriment du Négro-africain ; en effet, l’enseignement de six matières définies comme “matières culturelles” (Philosophie, langue, histoire, géographie, instruction civique, morale et religieuse, droit, etc.) dispensé en arabe reste imposé aux Négro-africains”.20 

            La filière unique voulue par les promoteurs de la réforme ressemble à une filière arabe — qui continuera d’exister pour les élèves qui n’ont pas été rattrapés par la réforme — dans laquelle l’apprentissage du français aurait débuté dès la deuxième année (au lieu de la troisième) et où les matières scientifiques seraient enseignées en français. Ce renforcement du français ne serait pas pour déplaire à ceux des étudiants arabisants qui souhaiteraient poursuivre des études supérieures en sciences et techniques en France ou dans des pays francophones comme le Sénégal, le Maroc et la Tunisie. 

            Il est certain que les petits Maures, dont il faut le rappeler, le hassaniyya, dialecte très proche de l’arabe littéral, est la langue maternelle, apprendront plus rapidement les rudiments de l’arabe que leurs camarades négro-mauritaniens, même si les uns et les autres, tous musulmans, auront déjà été alphabétisés en arabe à l’occasion du passage obligatoire par l’école coranique. 

            On notera aussi que cette réforme est inspirée par le désir d’améliorer l’enseignement des langues ; les mesures transitoires proposées portent sur l’augmentation des horaires d’enseignement du français et de l’arabe au premier degré qui passent de six heures hebdomadaires à sept heures pour les filières arabe et bilingue. La réforme prévoit aussi l’élimination de tout élève du primaire comme du secondaire qui aura obtenu à une épreuve de langue seconde (français ou arabe) une note inférieure à 5. 

            On pourra regretter cependant que rien ne soit dit dans la réforme de la pédagogie des langues secondes : français pour les “arabisants” et arabe pour les apprenants de la filière bilingue pendant la très longue période transitoire, puisqu’il y restera toujours deux filières jusqu’en 2010 au moins. On aurait aimé aussi des observations sur la pédagogie du français désormais seule langue seconde dans la filière unifiée mise en place fin 1999. Une réforme des méthodes d’enseignement du français semblent indispensable quant on connaît les déconvenues résultant des méthodologies et des programmes développés à la fin des années 80 et qui font que les apprenants de la filière arabe débarquent à l’Université avec un très faible niveau pour les meilleurs d’entre eux.

Conclusion

            Par beaucoup d’aspects, la situation linguistique et les politiques d’aménagement linguistique qui ont été menées en Mauritanie depuis un siècle ne sont pas sans rappeler celles qui ont prévalu dans les deux pays maghrébins frontaliers, le Maroc et l’Algérie. Même existence de minorités linguistiques et culturelles, Berbères en Algérie et au Maroc, Négro-africains en Mauritanie, même politique éducative différenciée de la puissance coloniale qui a cru pouvoir franciser plus facilement les groupes minoritaires, même volonté des pouvoirs issus de l’indépendance d’imposer par des politiques coercitives comme langue unitaire sinon unique l’arabe classique au détriment des vernaculaires, mêmes résistances des populations minoritaires menacées de déculturation. Sans doute face à ces ressemblances on pourrait trouver des différences importantes, ne serait-ce que dans le tempo des mesures d’arabisation, qui, souvent décidées à la hâte, correspondent pour la plupart à des sortes de fuite en avant idéologiques des gouvernants confrontés à des situations de crise majeures. Puisant à la source commune du panarabisme, ces politiques linguistiques ont comme point commun de se focaliser sur deux domaines symboliques, le statut officiel et l’institution scolaire, comme si le modèle jacobin de l’ancienne puissance coloniale décriée s’imposait à leur insu aux dirigeants souvent formés eux-mêmes dans le moule de l’école coloniale. L’échec de l’imposition de ce modèle jacobin en Afrique durant la première partie du XXe siècle devrait pourtant inciter les politiques à la prudence et à ne pas sous-estimer le pouvoir de résistance des individus et des communautés devant des mesures d’aménagement linguistique inspirées par des considérations essentiellement idéologiques.

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  1  Pour des raisons politiques, le pourcentage de population que représentent les  différentes communautés n’est pas publié officiellement. Différents recoupements amènent à estimer entre 60 et 80 % celui des Maures  (avec  sans doute une bonne moitié de Harratines) et entre 20 et 40 % celui des Négro-mauritaniens. 

  2  Dont approximativement 66 % de Haalpulaaren, 22 % de Soninkés, 7% de Wolofs. 

  3  Selon C. Taine-Cheikh (1979, 168), “le caractère incontestablement arabe du hassaniyya n’empêche pas, naturellement, un certain nombre de différences nettes entre ce dialecte et l’arabe littéraire. Sur certains points […] le hassaniyya apparaît cependant comme un dialecte assez conservateur (proche des parlers de nomades en général). L’un des exemples est, en phonologie, le maintien des trois interdentales de l’arabe classique ».  Cohen, 1963, 1,  relève ainsi que « l’alphabet arabe classique est inapte à rendre compte de toute la richesse du phonétisme de la hassaniyya et, si tous les sons auxquelles correspondent les lettres arabes sont représentés dans le dialecte, celui-ci en contient un certain nombre d’autres qui lui sont propres ». 

  4  La langue berbère “jusqu’au XIVe siècle universellement pratiquée par les populations blanches de Mauritanie” selon Dubié, 1940, 316, semble avoir disparu ou être en voie d’extinction. Il  a laissé cependant un certain nombre de traces dans le hassaniyya  actuel : la proportion des emprunts lexicaux du hassaniyya au berbère varie selon les spécialistes; elle serait de l’ordre de 15 à 20 % pour Leriche, 1952, 2,  n’excéderait pas 10% selon Taine-Cheikh (1989, 160). mais atteindrait les 30 % environ selon les recherches de Yahya Ould El Bara, chercheur et universitaire mauritanien,  qui recense 1600 emprunts du hassaniyya au zenaga. 

  5  Selon Lecourtois, 1979, 11, en 1960, le pays ne comptait qu’un C.E.G. et 20 écoles primaires et le taux de scolarisation dans le primaire ne dépassait pas 5 %. quant à celui des filles, il était infime (la première école de filles, celle de Boutilimit)  ayant été crée seulement en 1947, 

  6  Sur les causes multiples de ce quasi-échec, on consultera Ould Zein et Queffélec, 1997.  

  7  Chartrand, 1977, 86. 

  8  Le Président de la R.I.M. dans son message à l’Assemblée Nationale du 14 Mai 1963 déclare : “Il conviendra de mettre au point une formule permettant d’assurer l’enseignement de l’arabe avec une efficacité accrue” (Discours et Interventions, 148). 

  9  “L’arabe est obligatoire à partir du 1er Octobre 1965 pour tous les élèves entrant dans les écoles secondaires” (Décret du 13/1/1966). 

  10  Moktar Ould Daddah, Rapport moral, juillet 1971, p. 14. 

  11  Rapport moral du Secrétaire général du P.P.M. au Congrès d’août 1975. La commission culturelle de ce Congrès précise qu’ “on peut affirmer que le processus d’arabisation totale est engagé, qu’il s’accélérera rapidement et qu’il est irréversible, parce qu’après l’institution du bilinguisme qui n’était qu’une super-transition, la réhabilitation de la langue et de la culture arabes seront le début de la renaissance de nos valeurs nationales” 

  12  M. Ould Daddah, Rapport sur l’état de la Nation du 28 Novembre 1974, p. 34. 

  13  Sans aucune préparation, et dans une certaine improvisation selon Turpin, 1980, 102, qui relève que “l’Institut Pédagogique National, organisme chargé de l’application de la réforme (élaboration de nouveaux programmes et de  documents pédagogiques pour tous les degrés, recyclage des enseignants, etc.) ne sera créé qu’en 1975”. 

  14  Le Ministère de l’Éducation Nationale crée bien une section de langues à l’Institut Mauritanien de Recherches Scientifiques, avec pour mission la transcription des langues vernaculaires, mais cet Institut ne dispose d’aucun moyen matériel et humain ; de plus, se pose le choix du système de transcription graphique – arabe ou latin – qui soulève un problème plus politique que technique. Les autorités de tutelle qui ne se montrent guère empressées, laissent percer leur scepticisme sur les résultats : “Il y a certains parmi nous qui s’entêtent pour des raisons diverses à vouloir faire croire qu’on peut faire instantanément une langue sur mesure. S’ils étaient suivis dans leurs désirs qui relèvent du syncrétisme pur, ils auraient amené les communautés au nom desquelles ils parlent au suicide culturel. […] Nos langues nationales, une fois normalisées […] mettront longtemps avant d’être des langues-outils, aptes à véhiculer une culture scientifique”. (Ould Babah M., s. d., 7)  

  15  Comme le relève Turpin, 1982, 38, “le hassaniyya n’est jamais évoqué, en tant qu’il est totalement assimilé à la langue arabe, langue officielle et nationale”. 

. 16  Comme le notent Lecointre-Nicolau, 1996, 238, la filière francophone est dite “bilingue”. Elle ne l’est que dans la mesure où chaque élève parle aussi sa langue maternelle, wolof, soninké, pulaar. Mais ces “langues nationales” n’ont pas droit de cité dans l’enseignement public. 

  17  Évoquant la fin de la période transitoire de 6 ans, le Ministre  de l’Éducation Nationale déclarait à la presse en novembre 1979: “Le futur système d’enseignement sera fondé sur les langues nationales […] Chaque Mauritanien devra au moins maîtriser deux langues nationales et chaque Mauritanien devra maîtriser l’arabe” (citation d’après Turpin, 1987, 38). 

  18  En 1985, les langues nationales négro-mauritaniennes furent pourtant introduites comme langues secondes, mais seulement dans 14 classes de la filière arabe de l’enseignement fondamental. 

  19  Déclaration (en arabe) de l’Alliance Populaire Progressiste du 8 Avril 1999, p. 1. 

  20  Déclaration des F.L.A.M., Dakar, 1/7/1999. 

Du cannibalisme économique : l’Etat mauritanien mange-t-il ses enfants ? Par Pr ELY Mustapha

Ely Mustapha – Chaque enfant mauritanien en gestation, qui nait, ou qui naitra est déjà héréditairement surendetté, économiquement esclave, financièrement débiteur, matériellement appauvri, humainement insignifiant et socialement misérable.Du cannibalisme économique : l’Etat mauritanien mange-t-il ses enfants ?

Qu’est-ce que la vie, sinon la capacité pour l’être de bénéficier de toutes les conditions nécessaires à son existence. Et la première de ces conditions est de pouvoir subvenir à ses besoins économiques vitaux assurant ainsi sa subsistance.Du cannibalisme économique : l’Etat mauritanien mange-t-il ses enfants ?

Lorsque ces conditions sont confisquées par avance alors l’être vient au monde, mort-né. C’est ainsi que tout être dont les conditions de vie sont hypothéquées et les perspectives de survie sont gagées est une créature consumée et consommée avant d’exister.

La confiscation, la dilapidation, le gaspillage des ressources publiques conduisant à hypothéquer et gager l’existence même des générations futures, par le surendettement, la mise sous séquestre des biens publics, la spoliation et le bradage des ressources naturelles et sans conteste une forme de dévoration de la chair humaine, conduisant à tuer toute perspective de vie ou de survie. Une forme de cannibalisme, à visage économique.

Chaque enfant mauritanien en gestation, qui nait, ou qui naitra est déjà héréditairement surendetté, économiquement esclave, financièrement débiteur, matériellement appauvri, humainement insignifiant et socialement misérable.

Chaque Mauritanien, hier déjà bien pauvre, sera plus misérable demain, bien plus qu’aujourd’hui et encore plus qu’hier …. Rosemonde de l’indigence, le Mauritanien, naitra, vivra et mourra pauvre. C’est ainsi qu’en a décidé l’Etat mauritanien dans son inconséquente stratégie du (sous) développement, par le surendettement obligé, non consenti, unilatéralement décidé et géré de la plus calamiteuse des manières.

Avec un surendettement total élevé la Mauritanie s’est largement appauvrie. Aujourd’hui, elle s’appauvrit de plus en plus. En 2022, pour ne retenir que cette année charnière, le ratio du service de la dette sur recettes budgétaires est alarmant (26,2% en 2022). La dette publique dépasse les 70% du PIB non extractif.

L’endettement du pays est de l’ordre de 5 milliards USD. Soit plus de 70% du PIB du pays, estimé à 7,448 milliards USD. Et avec un service de la dette de plus de 200 millions USD.

En effet, la Mauritanie, ne sera certainement plus un pays viable dans une perspective maximum d’une cinquantaine d’années sinon bien avant. En voici les raisons principales :

– Dans une perspective d’une cinquante d’années les ressources naturelles actuellement exploitées (Fer, Gaz, Pétrole et pêche) seront épuisées sinon réduite de façon draconienne. Or on sait que le revenu national du pays provient à 90 % de l’exploitation de ses ressources naturelles.

– Le pays est soumis à une désertification galopante, une déforestation et une réduction catastrophique de son espace arable. L’agriculture et l’élevage étant le pilier d’une économie locale de subsistance, fragile, ne sera plus que l’image d’elle-même dans les cinquante prochaines années.

– Les villes côtières, saturées par un exode rural d’une population démultipliée , sont soumises au danger des inondations maritimes du fait du réchauffement climatique et de la pollution en perpétuelle croissance.

A l’orée de l’année 2070 et poussières, la Mauritanie, aura épuisé ses ressources naturelles et son revenu national aura par là même disparu. Elle se trouvera en face d’une économie inexistante qui alimente ses circuits de biens et services importés qu’elle ne peut plus se permettre d’acquérir. Et ce sera le déclin d’un pays, comme tous ceux qui à travers l’histoire ont vécu dangereusement, dans la violence qu’ils se sont faits à aux mêmes ou qui ont sombré dans le vice.

Si dans cinquante ans la Mauritanie disparaît c’est simplement qu’elle n’aura pas préparé les moyens de son développement futur.

En effet, si l’on regarde actuellement les chiffres de performances de l’économie mauritanienne, on se rend compte, qu’elles sont totalement erronées (n’en déplaise aux décideurs publics qui ont fait de la COVID-19 un bouc-émissaire de leur mauvaise gestion, au FMI et à la BIRD). Et voici pourquoi :

– Une Croissance du sous-développement. La croissance affichée par les pouvoirs publics est fausse car elle ne correspond pas une croissance réelle engendrée par la valeur ajoutée des unités et des agents économiques à l’économie nationale. La croissance dont il s’agit est calculée sur la base de la rente nationale, issue justement des revenus des ressources naturelles. Le Produit intérieur brut, ne reflète pas les réalités de l’activité économique mais la croissance d’une rente nationale .

Ainsi si la vraie croissance économique traduit la variation quantitative, durable, auto-entretenue et non réversible de la production de biens et services, la fausse croissance en Mauritanie traduit la variation quantitative non durable, auto-entretenue et réversible d’un revenu national (d’une rente pétrolière et autre) au profit d’une minorité qui a depuis longtemps (et depuis toujours) planifié son détournement au détriment du développement. La vraie croissance repose sur la fonction de production et non pas d’accumulation de revenu national (issu de la rente).

La “croissance » en Mauritanie est trompeuse, c’est celle d’un “revenu national” (de surcroit non distribué) et non pas la vraie croissance, celle de la somme des valeurs ajoutées des unités économiques du pays et qui s’exprimeraient par des variations du Produit Intérieur Brut (PIB) réel (corrigé de l’inflation) ou nominal (exprimant la valeur marchande des biens et des services produits par un pays.).

Cette fonction de production repose sur l’utilisation des facteurs de production, travail et capital. La croissance dépend donc des quantités de facteurs de production disponibles et de la manière dont ils sont utilisés.

Le facteur travail : la croissance est possible grâce à une augmentation de la quantité de travail disponible ou par une augmentation de la qualité du facteur travail utilisé. Le facteur capital : la croissance se traduit par des Investissements qui viennent accroitre ou améliorer le stock de capital technique disponible ce qui permet une augmentation des quantités de biens et services produites.

Et enfin, le progrès technique : qui accroit la productivité des facteurs de production utilisés. Près de la moitié de la croissance économique serait le fait de ce progrès technique. Alors au vu de l’absence de ce qui précède (le travail, le capital, la technique), la croissance en Mauritanie est une croissance du sous-développement assise sur « une rente nationale », non distribuée, accaparée par une minorité ; s’inscrivant dans un triangle de gouvernance vicieuse militaro-tribalo-mercantile.

La majorité de la population mauritanienne souffre de misère et l’infrastructure publique est un champ délabré au milieu des détritus qui couvrent les rues et les avenues. Nos rues sont peuplées d’enfants et de vieillards mendiants; nos hôpitaux sont des cimetières à ciel ouvert, notre parc automobile national est un ramassis de carcasses rouillées qui sentent la mort à plein nez… Les hôpitaux tout-autant que les routes sont des mouroirs. Les services domestiques les plus élémentaires (eau et électricité) sont absents et des populations entière se meurent de soif et de malnutrition.

– Le commerce mauritanien est un commerce tout orienté vers l’enrichissement personnel de quelques commerçants qui exportent leurs bénéfices et n’investissent pas dans le pays. C’est un commerce créateur de consommation, d’appauvrissement des citoyens et d’exportation de ses bénéfices.

– La technologie nationale n’existe pas. La Mauritanie ne possède ni des laboratoires de recherche, ni un savoir-faire technologique exporté, elle vît entièrement de la dépendance technologique tant pour les biens que pour les services. Vue de l’extérieur, la Mauritanie n’a aucune industrie qui exporte un produit national compétitif et générateur d’emploi et de revenus. Nous ne produisons rien commercialement ou technologiquement qui vaille la peine d’être exporté.

– L’inexistence d’un tissu industriel pouvant supporter la demande nationale , conquérir des marchés extérieurs et créer l’emploi. De ce point de vue la Mauritanie est complètement démunie et dépendante des industries étrangères à travers l’importation de leurs produits manufacturés.

Le cannibalisme économique fera donc que la Mauritanie se retrouvera dans les prochaines années avec une rente, provenant de ressources naturelles, totalement épuisée et elle n’aura pas développé des revenus permettant de prendre la relève et donner une chance de survie aux génération futures :

– Pas de technologie exportable, pas de label, pas de marque industrielle ou commerciale conquérant les marchés internationaux.

– Pas d’industrie du savoir-faire performante couvrant les besoins des secteurs économiques du pays.

– Pas de sociétés commerciales compétitives à l’échelle nationale et internationale pourvoyeuses de fonds pour le pays.

– Pas de ressources humaines hautement qualifiées développant dans des laboratoires de recherches les produits de pointe, garantie de perpétuité d’une maîtrise technologique sous-tendant une économie forte.

– Pas de jeunesse .Une saignée hémorragique de la jeunesse, force de développement et d’avenir du pays , qui s’est exilée et qui a, déjà depuis longtemps ; « sauté » les murs et les frontières d’autres nations pour trouver pitance.

– Pas de conscience civile Une société prise dans les discours de ses marabouts à œillères, maintenant une société bigote et fataliste toute tournée vers la souffrance, et la résignation à l’injustice et à son misérable sort. Arrangeant ainsi les gouvernants dans l’exécution en toute quiétude de leurs basses-œuvres.

– Pas de citoyenneté. Les régimes successifs ont détruit l’Etat au profit des tribus. Il n’est plus qu’un ramassis d’individus s’identifiant à l’on ne sait plus qu’elle lignée tribale et qui pille au nom de sa personne et de son cousinage avec la bénédiction de sa tribu.

Hélas ce cannibalisme, aboutit à un pays exsangue, au sommet duquel se battent des politiciens qui pensent que demain leur appartient. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que la Mauritanie, demain, à cause d’eux, risque d’être pire qu’aujourd’hui. Un désert stérile, vidé de ses enfants dévorés par un Etat cannibalisé par un siècle d’indigence.

Depuis Hobbes, l’Etat serait un Léviathan.

Monstre destructeur ou puissance protectrice, peu nous importe la philosophie de Hobbes, sinon que force est de constater que transposé dans la sphère économique mauritanienne, ce monstre mange inexorablement ses enfants. Kronos encore.

Pr ELY Mustapha

Le faux-semblant, la culture du mensonge et de l’hypocrisie

Le faux-semblant, la culture du mensonge et de l’hypocrisie affichée sans gêne, qui n’épargne pas même la falsification de notre récit national, fabriqué de toutes pièces, imprègne la marche de notre pays depuis 1960 . Toute chose sous-tendue par cette obsession morbide à fonder une Mauritanie arabe exclusive, hélas fictive !  Voila le fantasme. Notre pays ne se remettrra jamais tant qu’il continuera de fuir son histoire ou  son passé authentique …

Avec la nouvelle composition du gouvernement il y avait pourtant matière à critique, a tous points de vue  . Mais non, on préfère  dévier le débat pour le focaliser sur l’opposition anti Système….

Samba Thiam

Président des FPC

 La Présidence de la République annonce la formation du nouveau gouvernement

AMI – Le ministre secrétaire général de la Présidence, M. Moulay Ould Mohamed Laghdaf, a annoncé, dans la nuit de lundi à mardi, au cours d’un point de presse à la Présidence, la formation du nouveau Gouvernement.

Ce cabinet reflète la priorité accordée par le Président de la République à la jeunesse, à la formation professionnelle, à l’éducation et au développement local, selon le communiqué que voici :

« Suite à l’élection de Son Excellence le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, pour un nouveau mandat, et à la démission subséquente du gouvernement conformément aux exigences de la Constitution, Son Excellence a nommé Mokhtar Ould Diay comme Premier ministre et l’a chargé de former un gouvernement intégré et harmonieux, dont les membres se distinguent par leur compétence, leur expérience et leur expertise, pour mettre en œuvre toutes les dispositions de son programme électoral, qui a été approuvé par la majorité du peuple mauritanien.

La composition du gouvernement reflète la priorité accordée par le Président de la République à la jeunesse, à la formation professionnelle, à l’éducation et au développement local et traduit, dans sa structure, un souci évident de fluidité et d’efficacité du travail gouvernemental, y compris l’élargissement des mandats des secteurs, la fusion d’autres et la création de nouveaux départements, comme l’exige la mise en œuvre harmonieuse et efficace du programme électoral de Son Excellence le Président de la République.

Son Excellence a nommé, sur proposition du Premier ministre, Messieurs et Mesdames dont les noms suivent :

Ministre chargé du secrétariat général du gouvernement : Lam Al-Housseinou

Ministre de la jeunesse, des sports et de la fonction publique : Mohamed Abdallahi Louly

Ministre de la formation professionnelle, de l’artisanat et des métiers : Maalainine Ould Eyih

Ministre de la justice : Mohamed Mahmoud Boya

Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Mauritaniens de l’extérieur : Mohamed Salem Merzoug

Ministre de la défense et des affaires des retraités et des fils de martyrs : Hanana Ould Sidi

Ministre de l’intérieur, de la décentralisation et du développement local : Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine

Ministre des affaires islamiques et de l’enseignement originel : Sidi Yahya Cheikhna Lemrabott

Ministre de l’économie et des finances : Sid’Ahmed Bouh

Ministre de l’éducation et de la réforme de l’enseignement : Houda Babah

Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique : Yacoub Moine

Ministre de la Santé : Abdallahi Wedih

Ministre de la Fonction Publique et du Travail : Mohamed Ould Soueidatt

Ministre de la transformation numérique et de la modernisation de l’administration : Ahmed Salem Ebode

Ministre de l’énergie et du pétrole : Mohamed Ould Khaled

Ministre des Mines et de l’Industrie : Thiam Tidjani.

Ministre de la Pêche, des Infrastructures maritimes et portuaires : Fadhili Sidaty

Ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire : Momme Beibate

Ministre de l’élevage : Mokhtar Gaguih

Ministre des domaines, des biens de l’Etat et de la réforme foncière : Mokhtar Ahmed Bousseif

Ministre du commerce et du tourisme : Zeinebou Mint Ahmednah

Ministre de la réforme foncière, de l’habitat et de l’urbanisme : Niang Mamadou

Ministre de l’équipement et des transports : Ely El Veirik

Ministre de l’hydraulique et de l’assainissement : Amal Mouloud

Ministre de la culture, des arts, de la communication et des relations avec le Parlement : Houssein Ould Medou

Ministre de l’enfance et de la famille : Safiha Ntahah

Ministre de l’environnement et du développement durable : Massouda Baham

Ministre délégué auprès du ministre de l’intérieur, de la promotion de la décentralisation et du développement local, chargé de la décentralisation et du développement local : Yacoub Salem Vall

Ministre délégué auprès du ministre de l’économie et des finances, chargé du budget : Ankimour Kodero Harouna.