Monthly Archives: September 2020
Sources palestiniennes : Oman, Soudan, Mauritanie et Maroc « seraient prêts » à normaliser avec Israël
La Libre – Téhéran a accusé avec véhémence samedi Manama d’attiser l’instabilité dans la région, au lendemain de l’annonce de l’accord de normalisation entre Bahreïn et Israël, qui continue à rebattre les cartes au Moyen-Orient où Washington veut isoler un peu plus l’Iran.
Le président américain Donald Trump a annoncé vendredi l’établissement de relations diplomatiques et commerciales entre Bahreïn et Israël, se félicitant d’une « journée véritablement historique!».
Bahreïn a fait savoir dans une déclaration commune qu’il avait accepté de formaliser l’accord avec Israël lors d’une cérémonie prévue mardi à la Maison Blanche, où les Emirats arabes unis signeront également la normalisation de leurs relations avec Israël annoncée à la mi-août.
Bahreïn devient ainsi le quatrième pays arabe à établir des liens diplomatiques avec l’Etat hébreu, après la Jordanie (1994) et l’Egypte (1979).
L’Iran, ennemi juré des Etats-Unis qui a des relations particulièrement tendues avec Bahreïn, a fustigé le rapprochement entre ce minuscule archipel du Golfe et l’Etat hébreu, honni par Téhéran.
«Les dirigeants de Bahreïn seront désormais complices des crimes du régime sioniste, comme une menace constante pour la sécurité de la région et du monde musulman», a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Des Bahreïnis ont dénoncé l’accord avec les hashtags «Des Bahreïnis contre la normalisation» et «la normalisation est une trahison» sur les réseaux sociaux. L’ancien député Ali Alaswad a qualifié l’annonce de «jour noir dans l’histoire de Bahreïn “.
Bahreïn est le siège de la Ve flotte des Etats-Unis, dont il est très dépendant. Le royaume et Israël partagent la même hostilité à l’égard de Téhéran, que Manama accuse d’instrumentaliser la communauté chiite de Bahreïn contre la dynastie sunnite au pouvoir.
– Revers –
La Turquie a également critiqué l’accord de normalisation entre Israël et Bahreïn.
«Ceci est un nouveau coup porté aux efforts pour défendre la cause palestinienne, qui va renforcer Israël dans ses pratiques illégales envers la Palestine et ses tentatives de rendre permanente l’occupation des territoires palestiniens», a déclaré Ankara dans un communiqué.
Par le passé, la résolution du conflit israélo-palestinien était considérée comme une condition sine qua non pour une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.
L’Autorité palestinienne et le mouvement islamiste Hamas ont également fustigé l’annonce du rapprochement.
«L’accord entre Bahreïn et Israël est un coup de poignard dans le dos de la cause palestinienne et du peuple palestinien», a déclaré à l’AFP Ahmad Majdalani, ministre des Affaires sociales de l’Autorité palestinienne.
Selon lui, « quatre ou cinq autres pays arabes seraient prêts à signer une paix illusoire (ndlr, la normalisation de leurs relations avec Israël)ÂÂ ».
Le ministre n’a pas précisé quels pays étaient concernés, mais des sources palestiniennes évoquent Oman, le Soudan, la Mauritanie et le Maroc.
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a dénoncé une «agression» portant un «grave préjudice» à la cause palestinienne.
En revanche, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a salué un accord «historique» et une étape importante pour la stabilité et la paix au Moyen-Orient «qui permettra de trouver une solution juste et permanente à la cause palestinienne».
– Stratégie américaine –
La normalisation des relations entre Israël et les alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient, y compris les riches monarchies du Golfe, est un objectif clé de la stratégie régionale de Donald Trump, en campagne pour l’élection présidentielle de novembre.
«Au fur et à mesure que d’autres pays normalisent leurs relations avec Israël, ce qui arrivera, nous en sommes convaincus, assez rapidement, la région deviendra plus stable, plus sûre et plus prospère», a déclaré M. Trump.
Au moment où le tweet présidentiel était envoyé, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, faisait la même annonce depuis Jérusalem, saluant «un autre accord de paix avec un autre pays arabe».
M. Trump a par ailleurs une nouvelle fois, en dépit des circonstances, affiché son optimisme sur l’évolution des relations avec les Palestiniens.
«Ils vont être dans une très bonne position. Ils voudront faire partie (des discussions) parce que tous leurs amis y seront», a-t-il dit.
Pour Khaled al-Khalifa, conseiller du roi de Bahreïn, cet accord contribue à «la sécurité, la stabilité et la prospérité» de la région.
Cette initiative «envoie un message positif et encourageant au peuple d’Israël, qu’une paix juste et globale avec les Palestiniens est la meilleure voie», a-t-il ajouté dans un tweet.
AFP
via cridem
L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (7ème partie) / Par le Pr El Arby Mohamedou
Le retour à l’ordre constitutionnel contesté
Certains observateurs considèrent que le régime républicain et le retour à l’ordre constitutionnel sont établis au terme de l’élection du Président Mohamed OULD ABDEL AZIZ en qualité du président de la République le 18 juillet 2009.
A ce titre, il convient de noter qu’une disposition pertinente des Accords de Dakar consacre déjà le retour à l’ordre constitutionnel, à travers l’exercice de l’intérim du Président de la République par le Président de la chambre haute du Parlement (le Sénat), conformément aux dispositions de l’article 40 de la constitution du 20 juillet 1991.
Dans cet ordre d’idée, il serait utile de rappeler la signification du mécanisme d’intérim en l’occurrence qui induit deux portées : la première est d’essence constitutionnelle en ce sens qu’elle fait appliquer des dispositions pertinentes de la Constitution au cas d’espèce alors que la seconde portée est d’ordre politique car elle réconforte davantage l’idée de rupture avec le régime établi sur les décombres du pouvoir civil élu en 2007.
Ainsi, le processus de régularisation des institutions constitutionnelles et démocratiques du pays a été reconnu par les leaders de la scène politique, en particulier par le Chef de file de l’opposition démocratique.
Le début du mandat du Président élu a été marqué par un fonctionnement normal des institutions constitutionnelles et démocratiques du pays, symbolisé par la nomination d’un gouvernement chargé de mettre en œuvre le programme politique du Président, l’exercice par le Parlement de ses prérogatives, la pacification du climat entre l’Opposition et la Majorité qui jouent dorénavant leur rôle respectif classique.
Cet éphémère fonctionnement quasi harmonieux des Institutions n’a pas tardé à se transformer en un climat de tension et de suspicion, ouvrant ainsi de nouveaux fronts entre les acteurs politiques du pays.
Considérant avoir été ‘’bernés’’ en acceptant les Accords de Dakar qui n’ont abouti qu’à la légitimation du régime militaire du HCE, certains Partis de l’Opposition structurés dans la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), ragaillardis par un contexte international jugé favorable qu’alimentent le printemps arabe et le départ des régimes dictatoriaux solidement établis, tentent de reprendre l’initiative à travers des mobilisations populaires hissant le slogan du départ du régime en place, qualifié de régime illégitime issu d’un coup d’Etat militaire.
Dans la même logique d’expression , on assiste à l’effervescence de la scène nationale par les multiples actions du mouvement des jeunes du 25 février et à la redynamisation de l’élan revendicatif des mouvements des syndicats estudiantins à l’Université de Nouakchott, à l’Institut Supérieur des Etudes et de Recherches Islamiques (ISERI) et à l’expression des mécontentements de divers mouvements sociaux impulsés par la cherté de la vie notamment la hausse des prix des produits de première nécessité et les conditions draconiennes que vivent les populations en milieu rural pâtissant sous l’effet d’une rude sécheresse due au déficit pluviométrique constaté en 2011.
A cela s’ajoute l’intervention militaire engagée au nord du Mali au nom de la lutte contre le terrorisme et les bandes armées qui est qualifiée d’action improvisée et injustifiée et surtout pouvant engendrer des périls graves pour le devenir du pays.
Face à la position politique prônée par la Coordination de l’Opposition Démocratique, le gouvernement rétorque par la légitimité de son régime issu de l’élection présidentielle organisée le 18 juillet 2009, conformément aux stipulations des Accords de Dakar auxquels l’Opposition est partie et qui était supervisée par un gouvernement d’Union Nationale.
Il réaffirme, en outre, son attachement aux stratégies et aux orientations politiques amorcées depuis son avènement au pouvoir par sa détermination à défendre les frontières du pays et à sécuriser à jamais les citoyens contre le terrorisme.
Dans cet ordre, le gouvernement met en relief, aussi, ses efforts déployés pour lutter contre la mauvaise gestion de la chose publique en assainissant les principaux piliers des secteurs de l’Economie nationale : l’industrie, l’agriculture, la pêche, l’élevage et les infrastructures de bases de la gabegie caractérisée qui les décime.
Par ailleurs, Il persiste à valoriser le respect des libertés individuelles et collectives dont profite à juste titre l’Opposition qui exerce sans entraves son droit à la libre expression à travers l’organisation des manifestations, des meetings et des marches populaires dans toutes les régions du pays.
C’est dans cet environnement marqué par une déchirure politique profonde entre la Majorité et l’Opposition démocratique, aggravée, par ailleurs, par le report des élections législatives et municipales initialement prévues en novembre 2011, que le paysage politique du pays se redessine.
Dans ce schéma controversés, des formations politiques dont le Parti HATEM (d’obédience nassériste), le Parti Tawassoul (Parti des islamistes en Mauritanie) ainsi l’Ex-président de la période de transition 2005-2007, feu Ely OULD MOHAMED VALL et certains officiers supérieurs retraités dont l’ex-Chef d’Etat Major de l’Armée Nationale Colonel Abderrahmane OULD BOUBACAR avaient rallié officiellement la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD). Ainsi, on assiste à la multiplication de part et d’autre à des initiatives politiques et des tractations visant à apaiser ce climat quasi conflictuel.
A suivre …
Professeur El Arby Mohamedou
Lire aussi :
L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (1ère Partie) / Par le Professeur EL Arby Mohamedou
L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (2ème Partie) / Par le Professeur EL Arby Mohamedou
L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (3ème Partie) / Par le Professeur El Arby Mohamedou
L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (4ème partie) / Par le Professeur El Arby Mohamedou
L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (5ème partie) / Par le Professeur El Arby Mohamedou
L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (6ème partie) / Par le Professeur El Arby Mohamedou
Kassataya
Entretiena avec M. Samba Thiam, président des forces Progressistes du changement (FPC)
Le Calame : La justice a démarré des enquêtes sur les cas cités dans le rapport de la CEP. Plusieurs personnalités dont l’ancien président Aziz ont été auditionnées, mais aucune d’entre elles n’a été placée sous mandat de dépôt. Que vous inspire cette espèce de feuilleton d’été ?
Samba Thiam: On est, je crois, placé sous mandat de dépôt, en général, quand toute la procédure est épuisée et que les preuves de votre culpabilité sont dûment établies, mais encore et surtout, quand les magistrats ne sont soumis à aucune pression externe et travaillent en toute liberté et conscience…Que cette mise sous dépôt tarde toutefois de façon excessive, malgré des charges accablantes avérées pour certains, justifie le doute qui saisit déjà un bon nombre de mauritaniens, qui n’y croient plus vraiment et pensent, à juste raison peut-être, qu’il ne s’agirait là que d’une mise en scène grossière, un canulard pour amuser la galerie, à la fin duquel les vieux compères finiront, sans aucun doute, par se retrouver
– Parlons des convocations répétées de l’ancien président par la police des crimes et délits économiques. Que vous inspirent ces va-et-vient ? Pensez-vous que la justice sera rendue à l’Etat et aux mauritaniens pour les préjudices qu’ils ont subis, selon le rapport de la Commission d’enquête parlementaire (CEP)?
– A mon sens, ce va-et-vient ne peut traduire que deux choses : soit l’on ne sait pas où l’on va, soit l’on hésite encore à saisir le taureau par les cornes, à engager le fer avec l’ami de 40 ans ; ceci, par ailleurs, dénote, quelque part, que notre justice n’est pas encore tout à fait libre et indépendante, en dépit de ces professions de foi entendues ici et là.
Est-ce que la justice sera rendue aux mauritaniens pour les préjudices subis, me demandez-vous ? Je ne saurais vous répondre, car la difficulté avec l’actuel gouvernail, c’est qu’on a l’impression d’être dans une sorte de halo, dans un moment crépusculaire. Rien ne se distingue ni ne s’affiche clairement, comme pour brouiller les pistes … Voilà qui rend donc difficiles et la perception et une lecture claire et limpide des choses en ce moment.
-C’est en pleine agitation autour de la remise au gouvernement du rapport de la CEP que le président Ghazwani a marqué l’an I de son premier quinquennat. Avez-vous remarqué une rupture entre lui et son prédécesseur dans la gestion des affaires publiques ? Si oui laquelle ? Sinon quels sont les points de similitudes entre les deux amis de 40 ans ?
-Rupture dites -vous ? le mot me semble un peu fort et impropre pour décrire la situation. Je parlerais plutôt de détente. Sous l’ère Ghazouani , nous assistons, en effet, à une décrispation dans les rapports politiques, apaisés et assainis, entre le Pouvoir et l’Opposition. Cela est indéniable. Entre les deux présidents, je note une différence nette de personnalités, de méthode ou de style ; celui de marabout marqué par la courtoisie, beaucoup de tolérance, à l’opposé de l’arrogance et du mépris affichés du général Abdel Aziz vis-à-vis de tous ceux qui osaient relever la tête. Assez de tolérance et de patience de la part de Ghazouani, pour accorder à Aziz le bénéfice de l’application des règles de droit, règles que le ‘’Président des pauvres’’ méprisait hautainement, punissant et embastillant ses opposants justes pour le plaisir ou par esprit de revanche…
Faut-il s’embarrasser de formes ou de règles avec quelqu’un qui s’en moquait royalement ? La question reste ouverte…Une nouveauté, à l’actif du nouveau locataire de la maison brune, l’amorce, comme pratique, d’un contrôle de l’action gouvernementale.
Là, donc, s’arrêtent leurs différences, me semble-t-il… Pour le reste, je constate plutôt une similarité dans la poursuite et la pérennisation du Système. Il suffit, pour s’en convaincre, de revoir toutes ces nominations et tous ces résultats de concours dans l’année 2020, dont le dernier en date, était relatif au recrutement d’élèves officiers. Je vous fais l’économie de ce qui se passe dans les autres secteurs…
Non, il n’y a pas rupture mais continuité dans le fond …
– Entre les amis de 40 ans la rupture est semble-t-il consommée. En êtes-vous surpris ou non ? Pourquoi ?
. Je ne partage pas cette affirmation, comme je l’ai montré plus haut. Au vu de mes observations personnelles, je ne crois pas qu’il se soit produit une rupture, ou alors elle reste à prouver. Mais bon, wait and see, disent les Anglais, le temps finira bien par nous édifier.
– Le président Ghazwani a reçu nombre d’acteurs politiques de l’opposition, mais pas vous. Pouvez-vous nous en dire les raisons ? A votre avis, pourquoi, malgré sa volonté de normaliser les rapports entre la majorité et l’opposition, le président Ghazwani refuse d’accéder à la requête de l’opposition de tenir un dialogue national ?
-Je reformulerais la question autrement ; pourquoi reçoit-il tous les leaders de partis légalement reconnus et ne le fait pas pour Monsieur Ibrahima Moctar Sarr, président de l’Ajd ? Et secondairement, pourquoi jugea-t-il utile de s’entretenir avec des personnalités politiques arabo-berbères, tout court, et s’abstient-il d’échanger avec nous autres, comme acteurs politiques ? Dans la même veine, pourquoi remet-il les victimes de l’arbitraire du Prince ou de l’Etat dans leur bon droit de manière sélective ? Pourquoi certaines victimes et pas toutes ?
Il appartient, je crois, au président Ghazouani de répondre à ces questions-là, pas à moi…
Concernant la deuxième partie de votre question, j’avoue demeurer perplexe comme tout le monde. Le Président prétend se concerter avec chaque acteur politique sur les questions d’intérêt national, mais se cabre dès qu’on évoque un dialogue national, qui constitue, pourtant, une demande générale ; ne dit-on pas ‘’que le Tout est plus que la somme des parties’’ ? Comprenne donc qui pourra ! Si, à défaut de quoi, il prenait, au moins, des mesures fortes, significatives, pour rassurer, on aurait tout compris. Mais rien !
– Quelle lecture avez-vous faite du 2e gouvernement de l’ère Ghazwani ?
-Nous nous attendions, pour marquer la rupture, à un coup de balai, au choix d’hommes rien que de qualité, propres surtout ; mais nous avons assisté à la mise en place d’un attelage fourre-tout. Des gens mouillés, indexés par la CPE, qui restent, malgré tout, maintenus dans l’équipe qui nous gouverne, contre toute logique. Encore de l’hésitation, toujours de l’hésitation, à moins d’une vision de cap brouillée …
– Lors de la mise en place de la CEP sur la gestion de l’ancien président par l’assemblée nationale, certains parlementaires se sont demandés pourquoi elle ne couvrirait pas ce qu’on appelle le passif humanitaire. En vain. Comprenez-vous pourquoi ce dossier qui continue de diviser la Mauritanie n’a pas fait l’objet d’enquête et que les gouvernements précédents refusent d’abolir la loi d’amnistie ?
-Peut-être faut-il le mettre sous le compte d’une stratégie qui se cherche… Certains dossiers étant jugés difficiles et complexes, l’on préfère, par gradation, aller du plus simple au plus complexe, qui sait ? Enfin, quand l’heure viendra, cette loi d’amnistie sera forcément abrogée, forcément !
-Que répondez-vous à ceux qui, au sein de la composante négro-africaine, vous trouvent trop radical, ou extrémiste’’ ? jugement qui aurait expliqué ce qui s’est passé lors du choix par la CVE de son candidat à la dernière élection présidentielle ?
– Je crois que ce qu’on me reproche c’est, en réalité, mon franc-parler. Je suis un homme politique et non un politicien, je ne louvoie pas. Que le verbe gêne voire choque parfois, ça se peut…Mais, ‘’ mon propos n’est pas de séduire mais de dire ce qui est ‘’, pour emprunter la formule. Si j’ai été écarté par un lobby et non par la base populaire de la CVE – il faut le préciser – c’est, me semble-t-il, en raison du profil ; le mien s’accommodait mal des compromissions…
–La question de l’Etat civil reste toujours l’une de vos préoccupations. Quelle évaluation vous faîtes de la commission mise sur pied par ould Abdel Aziz ?
– En vérité, cette commission avait été créée, non pas pour résoudre les problèmes des populations, mais pour les besoins d’agenda électoral du Président déchu. Nous avons observé quelques tournées médiatiques tapageuses, sans aucune efficacité, car 3000 dossiers de citoyens dorment à Boghé, des milliers d’autres restent pendants à Nouakchott et dans les régions Sud où, chaque jour que Dieu fait, des citoyens, en file indienne devant les bureaux à partir de 5h du matin, souffrent d’aller-retours sans fin ! Comment expliquer que l’Inde avec son milliard d’habitants ait pu régler son enrôlement biométrique en 4 ans et que la Mauritanie avec ses 4 millions d’habitants peine à le faire, voilà plus de 10 ans ? Il y a une mauvaise volonté manifeste de la part des pouvoirs publics !
-D’aucuns affirment que ‘’la Mauritanie a changé’’ depuis l’élection de Ghazouani, c’est votre avis ?
Je respecte toutes les opinions, sans forcément les partager. Pour ma part, je pense qu’on pourrait plutôt parler de détente, sans plus ; changement c’est trop dire ; il est espéré, mais tarde encore à se montrer.
– Quel problème, entre autres, considérez- vous, comme étant un frein au développement du pays ?
Le Problème d’ordre ou, dit autrement, le désordre général ambiant –un fléau – partout présent, qui ne traduit rien d’autre que l’absence de l’Etat. Nous n’avons plus d’Etat, l’anarchie est partout installée ! L’embryon d’Etat que nous avions hérité de Moctar s’est délité, effondré avec les régimes militaires successifs. Chacun fait ce qu’il veut, comme bon lui semble, en toute impunité ! Sans la restauration de l’ordre -socle de toute chose- il est impossible de redresser ce pays, d’édifier un Etat …un facteur essentiel qui, du reste, semble avoir été omis dans la Déclaration de politique générale du Premier Ministre.
-Vous avez pris connaissance de cette Déclaration ? Si oui qu’en pensez-vous ?
-Oui, je l’ai lue avec attention. Elle s’inspire, pour l’essentiel, du discours d’investiture du Président. Cette déclaration donne l’impression de chercher à épousseter, procéder à quelques retouches techniques, sans toucher à la structure profonde du Système, de sorte à garder les mêmes qui gouvernent tout…On retrouve la même litanie, mystificatrice, sur ’’L’Islam ciment de notre Unité…’’ ; pas un mot sur la prise en compte des langues nationales, alors que ‘’la diversité linguistique est le pivot de la Diversité’’ – diversité que nous prétendons respecter – ; rien que des généralités…
Si je devais en ramasser l’esprit je dirais : ‘’déclaration d’intentions généreuses, beaucoup de bonnes idées, mais diagnostique du mal, sur bien des secteurs, erroné’’. D’où risque de faire fausse route, à nouveau, car l’on sait qu’on ne peut guérir un malade sur un diagnostic mal posé …
-Que pensez-vous de la situation de crise à Darel Barka ?
-Je dois vous dire, d’emblée, que j’ai été ravi de la ferme détermination des populations locales, toutes ethnies confondues, à résister à la spoliation de leurs terres de culture. Je les félicite au passage. J’ai été offusqué, par contre, par l’attitude surprenante des autorités régionales qui se sont comportées, comme du temps des rezzou, tirant des coups de feu pour intimider les villageois ; A l’opposé, j’ai apprécié la réaction plus posée des autorités supérieures dans la gestion, momentanée de cette crise, totalement différente de celle habituelle du général Aziz, au réflexe répressif. Cela dit, nous devons enfin prendre conscience que la question des terres est une question récurrente, sensible et délicate à laquelle il faut trouver une solution juste et équilibrée ; solution de long terme, juste, associant, nécessairement, les populations concernées.
– On voit très peu de partis politiques à leadership arabo-berbère, comme vous les appelez, lors de vos activités. Quels rapports entretenez-vous avec leurs leaders ? Pourquoi cette méfiance, à votre avis ?
-Vous aussi, manifestement, les appelez comme ça non ?
Nous entretenons de bons rapports en général avec ces leaders …Mais, vous comprendrez que les effets d’une longue diabolisation, sciemment entretenue, ne disparaissent comme ça !
– Où en sont les démarches en vue de la reconnaissance de votre parti, les FPC ?
Elles se poursuivent. Je continue d’interpeler le Président de la Cour suprême à ce sujet, sans grand succès … 4 ans que mon dossier dort sans raison objective dans ses tiroirs ! Aux dernières nouvelles, le verdict aurait été dit, mais reste secret !!! On vous juge, mais l’on se garde de vous communiquer -vous partie civile- le verdict ? Dans quelle République sommes-nous ?
– Et votre régularisation administrative où en est –elle ?
– Toujours au point mort ! L’Etat continue de bloquer, voilà 13 ans, mon dossier de régularisation administrative, légitime, en raison, simplement, de mes positions politiques d’opposant…Je m’en étais ouvert, récemment, au président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme qui s’était saisi du dossier, avec enthousiasme, mais demeure, manifestement, impuissant à le débloquer, voilà plus de 8 mois. Bref, le recouvrement de mon droit légitime a tout l’air d’être conditionné à mon allégeance politique au Pouvoir. C’est cela ‘’la Mauritanie des droits de l’homme’’…que notre diplomatie bancale s’évertue à vendre à nos partenaires extérieurs, mystifiés !
-Le pouvoir vous accuse de réclamer l’alternance au sommet alors que vous le refusez pour vos partis. A quand l’alternance au sommet des Fpc ?
S’il ne tenait qu’à moi il y a longtemps qu’elle se serait produite, et que j’aurais passé le témoin. Croyez-moi.
Propos recueillis par Dalay Lam
Le calame du mercredi 9 septembre 2020.
L’Afrique du Sud choquée par des propos attribués au président Trump sur Nelson Mandela
Le livre de l’américain Michael Cohen, ancien avocat de Donald Trump, est sorti ce mardi 8 septembre.
Dans son ouvrage il décrit le président Trump comme étant « incompétent », « égocentrique », « menteur », mais aussi « raciste », notamment à l’égard de Nelson Mandela. Les propos rapportés par Michael Cohen et attribués à Donald Trump ne passent pas en Afrique du Sud.
Dans ses mémoires Michael Cohen rapporte qu’après la mort de Nelson Mandela en 2013, Donald Trump aurait fait l’éloge de l’apartheid et lui aurait demandé : « Cite moi un président noir qui n’est pas un trou du cul ? » Et le président américain aurait ajouté « Mandela a foutu le pays en l’air. J’emmerde Mandela. Il n’était pas un leader. »
Ces propos ont immédiatement fait réagir. L’ANC, le parti de Nelson Mandela, au pouvoir en Afrique du Sud, condamne ces « remarques désobligeantes ». « Trump est un homme clivant, misogyne et irrespectueux », écrit l’ANC dans un communiqué. « Tous les peuples épris de liberté sont atterrés par ces insultes venant de la part d’une personne qui n’est pas, elle-même, un modèle de leadership compétent », selon ce communiqué qui note aussi un « contraste saisissant » entre Trump et Mandela qui lui, « comprenait la valeur des amitiés internationales ».
De son côté la Maison Blanche dément et estime que Michael Cohen est un « menteur qui veut se faire de la publicité ». Mais le président des États-Unis n’en est pas à son coup d’essai.
En 2018, il avait déjà qualifié certains pays africains de « pays de merde ». Après un tollé sur le continent, il avait finalement rencontré le président rwandais Paul Kagame, à l’époque à la tête de l’Union africaine, pour tenter de renouer les liens.
rfi
EDITORIAL DU CALAME: Frugalité perdue ?
Arrivé au pouvoir quatre années plus tôt, le président malien, feu Modibo Keïta, voulut, en 1964, offrir à sa mère un pèlerinage à La Mecque. Mais, ayant renoncé à la moitié de son salaire au profit de son pays, il n’avait pas assez d’argent pour payer tous les frais inhérents au voyage Il écrivit alors une lettre, devenue célèbre, à l’ambassadeur du Mali en Arabie Saoudite, lui demandant de lui prêter 60.000 francs maliens à remettre à sa maman et qui lui seraient remboursés dès sa maigre paye présidentielle perçue. Plus près de nous, feu Mokhtar ould Daddah reçut d’innombrables dons en espèces ou en nature de ses homologues africains (Mobutu, Bongo, Houphouët-Boigny..) mais sefit invariablement un point d’honneur à tout verser au Trésor public. Aujourd’hui, on est très loin, en nos deux pays frères et voisins, de l’esprit de ces pères fondateurs honnêtes et désintéressés. Accusé, au Mali, d’avoir détourné des milliards de Fcfa, le président IBK vient d’être balayé par un coup d’État militaire et, en Mauritanie, l’ex-président MOAA n’est pas mieux loti:une commission d’enquête parlementaire vient de transmettre à la justice un rapport accablant sur sa gestion. Déjà convoqué à trois reprises par la police chargée de la répression des crimes économiques et financiers, il n’est pas encore au bout de ses peines.
Nos pays seraient-ils maudits au point d’être encore, soixante ans après leur accession à l’indépendance, des havres de mauvaise gestion, prévarication, détournement de deniers publics et malversations en tous genres? Au moment où d’autres pays plus pauvres rivalisent d’ingéniosité pour assurer le bien-être de leurs populations, les nôtres caracolent en tête de liste des Etats où il ne fait pas bon vivre. Certes, la société importée de consommation et de spectacle s’est chargée, dessous de table aidant, de promouvoir l’avidité et la passion irréfrénée envers les biens de ce monde. Mais c’est partout. Alors pourquoi si intensément et cruellement en nos sables où la noblesse se faisait justement honneur du frugal? Serait-ce que le pouvoir nous rende aujourd’hui vulgaire? Ne s’accommode plus que de celui-ci, chez nous comme trop souvent ailleurs? Ou que seul le vulgaire ait été assez frustré pour s’acharner à y accéder? Avant d’y sévir, au grand dam du peuple… Et nous laisser, au sortir de cette souffrance, cette intrigante question: son ami de quarante ans aurait-il l’âme –et le courage… – de se révéler à tout le moins l’exception qui confirme la règle?
Ahmed ould Cheikh
LE CALAME