Monthly Archives: March 2021
Duel de menaces
Inculpé la semaine dernière pour, entre autres, blanchiment d’argent, corruption, enrichissement illicite, obtention d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice, Ould Abdel Aziz a été placé sous contrôle judiciaire strict et obligé de se présenter trois fois par semaine devant la police pour signer. Malgré cette humiliation, il a refusé de se départir de la ligne de défense que lui ont conseillée ses avocats depuis le premier jour : pas un mot à la police économique, devant le juge ou le procureur. L’article 93 dont il se prévaut lui garantissant, selon eux, une immunité pour tous les actes commis dans l’exercice de ses fonctions. Mais voilà que subitement l’un de ses conseils jette un pavé dans la mare : Aziz va parler et il faut s’attendre à un tsunami. Chiche ! La menace à peine voilée s’adresse à qui ? À ceux qui ont partagé le pouvoir avec lui et qui sont encore aux affaires ? Que pourrait-il dire qu’on ne connaît déjà ? S’est-il enfin rendu compte que son silence n’est pas un argument juridique et que, quoiqu’il fasse, son sort est scellé ?
Certes, l’homme a sûrement encore des capacités de nuisance. En onze ans de pouvoir, il a sans doute glané beaucoup d’informations, éventuellement compromettantes, sur ses amis et adversaires. Le démantèlement, il y a quelques mois, d’un réseau de policiers qui lui fournissaient des écoutes illégales – certaines fuitèrent sciemment… – invite à la plus grande prudence. Même les saints ont une ombre… Mais la médaille a son revers et un effet boomerang n’est pas à exclure. La loi sur la cybercriminalité est désormais en vigueur. Rien n’interdit à un juge d’ouvrir une nouvelle procédure pour diffusion de fausses informations, diffamations, violation de la vie privée, voire outrage au chef de l’État. Aziz a donc tout intérêt à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. La menace est pire que l’exécution, dit une célèbre sentence du jeu d’échecs. Serait-ce que celle-là puisse suffire à contrer celle qui pend au nez de notre ex-Président et dont l’exécution semble autrement plus argumentée et lourde, en conséquence, pour l’issue de la partie ?
Ahmed ould Cheikh
le calame
Affaire Ferralla : les représentants des populations expriment leur refus de l’expropriation de leurs terres
Les représentants des populations de Feralla ont tenu ce matin une conférence de presse au siège du FONADH pour édifier l’opinion publique sur le processus d’expropriation de leur terroir.
Le porte parole des habitants Chérif Bâ a d’emblée campé le décor pour expliquer « Le point de départ de cette nouvelle poussée de fièvre sur les terres de la vallée ». Tout dit-il est parti de la crise politique et sécuritaire des années 1989-1991 « la période probablement la plus sombre de l’histoire de notre pays, au vu de l’ampleur des violations des droits de l’homme commises à l’encontre des populations de la vallée par le pouvoir d’Etat (exécutions extrajudiciaires, déportations massives, purges à grande échelle dans la fonction publique et l’appareil sécuritaire, expropriation des terres de culture et de bétail, humiliations de toutes sortes…) »
Eviter coûte que coûte une réédition des événements de 1989
Ce tableau apocalyptique dressé par Mr Bâ continue à hanter les populations de la vallée, 30 ans plus tard avec la persistance des problèmes du passif humanitaire, de l’enrôlement et l’accaparement des terres, des problèmes qui provoquent les crispations et les replis identitaires.
C’est ainsi souligne-t-il que : « le département de MBagne (Brakna) est aujourd’hui rattrapé par les stigmates de ces années sombres qui virent le pouvoir d’alors exproprier de paisibles paysans qui detenaient depuis l’aube des temps des terres de cultures héritées de leurs ancêtres. »
Aujourd’hui comme hier, ce sont ces terres appartenant aux populations Hébbiyabé et Yirlaabé situées dans la cuvette de Koylal qui sont dans la ligne de mire du pouvoir qui veut les octroyer aux voisins haratines des hameaux de Mbeydiya et Bouchama où se trouvent d’ailleurs les zones de culture de ces Haratines.
Ainsi selon le Porte Parole des populations l’Etat a concocté le plan d’expropriation et : « dissimuler la manœuvre, l’opération fut structurée autour de la création expresse d’une coopérative-colonie dénommée Ibn Khaldoun, la délivrance d’un agrément par l’Etat, et l’aménagement de plusieurs hectares pour le compte des dits Mussafrin (expatriés). »
Et pourtant ces haratines soi disant expatriés du Sénégal en 1989 et qui avaient occupés ces terres de Feralla sous mandat de l’Etat n’avaient occupé les lieux que pendant deux ans.
Mais près de trente ans après les voilà qui refont surface après avoir eu vent du lancement il y a deux ans du projet d’aménagement PARIIS financé par la Banque Mondiale. Et avec le lancement des travaux les populations qui n’ont pas été associées au projet ont vu les buldozers détruire leurs champs en rasant toute la production qui était prête pour la moisson. Depuis le 22 janvier, un mot d’ordre de mobilisation des populations a été lancé pour la récupération des terres spoliées depuis 1989, avec le sit-in organisé à la même date sur les terres de la cuvette de Koylal.
« Le pouvoir tente de créer un conflit entre populations locales et Haratines »
Depuis les dernières manifestations des populations et le passage sur les lieux le 10 mars dernier d’une mission d’experts de la Banque Mondiale, les travaux d’aménagement du projet sont suspendus mais les engins sont toujours sur les lieux.
Les autorités semblent vouloir cautionner l’injustice. En effet toutes les rencontres avec les représentants des populations n’ont pas porté des fruits.
Le blocage est apparu dès la première réunion avec le Hakem le 18 novembre 2019. La réunion s’était soldée par un échec. En effet le Hakem avait laissé entendre que les populations n’auront pas gain de cause. Il a dit à leurs représentants qu’ils iront seuls au front sans les politiciens du département. Et effectivement en dehors du Maire de Niabina Mr Alioune Sarr, aucun politicien appartenant à la zone n’a manifesté son soutien.
Le 3 février dernier, le ministère de l’intérieur a envoyé une délégation à Feralla dirigée par le géographe Wane Birane et proche du ministre. Là non plus aucun résultat tangible à cette réunion à laquelle a pris part le wali du Brakna et le Coordinateur du projet PARIIS.
Pour les représentants des populations il n’y a aucun doute, le pouvoir tente de créer un conflit entre populations locales et Haratines. Selon Mr Bâ : « Nous n’avons pas de problèmes avec nos voisins Haratines. C’est l’Etat qui veut nous opposer à eux ».
Et à en croire Mr Bâ, ces Haratines sont armés jusqu’aux dents par les autorités et ils disposent d’armes de pointe. Le 8 mars dernier ils ont fait une descente sur les lieux à bord de 7 charrettes bondés de monde et certains marchaient à pied. Ils étaient armés sous les yeux des autorités.
Mr Sidi, un représentant des paysans haratines de Dar El Barka a abondé dans le même sens : « La solution au problème est entre les mains de l’Etat. L’Etat veut qu’on s’affronte. Nous n’avons que la terre pour vivre et pour nous la prendre il faut savoir comment s’y prendre. L’Etat ne nous donne rien. Et si il ne même pas vous demander votre avis sur ce qui vous appartient, il ne faut rien attendre de lui. »
Il convient de souligner que le projet PARIIS profitera à 160 familles parachutées de l’extérieur.
Notons que cette conférence de presse s’est tenue en présence des représentants des partis politiques, de la société civile ainsi que des députés de l’Assemblée nationale.
Bakari Guèye
Le ministère des affaires étrangères se félicite de la nomination du diplomate mauritanien el-ghassim wane à la tête de la minusma
Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur a salué, mardi, la nomination de notre compatriote, le diplomate El-Ghassim Wane à la tête de la mission des Nations unies au Mali (Minusma), dans un communiqué de presse parvenu à l’AMI.
Dans le texte, le ministère souligne l’intérêt capital qu’accorde le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, à la nomination des cadres mauritaniens compétents aux postes régionaux et internationaux.
Voici le texte du communiqué:
« Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur a appris avec une grande satisfaction la nomination du diplomate mauritanien, El-Ghassim Wane à la tête de la mission des Nations unies au Mali (Minusma).
Il saisit cette occasion pour mettre en relief le grand intérêt que le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouan attache au choix des cadres mauritaniens compétents pour occuper des postes régionaux et internationaux.
Le ministère rappelle les hautes qualités personnelles et le professionnalisme avéré qu’incarne M. El-Ghassim Wane.
Il salue, également, le rendement remarquable de son prédécesseur, SEM. Mahamat Saleh Annadif, et souhaite à tous les deux plein succès dans leurs nouvelles fonctions.
Le diplomate onusien El-Ghassim Wane avait occupé des postes internationaux. Il était à l’UA de 2009 à 2015 et puis de 2017 à 2019. Et à la section du maintien de la paix à l’ONU entre 2016-2017 ».
Source : Agence Mauritanienne d’Information (AMI)
M’bagne : les cultivateurs de Hebiyabé-Ferralla dénoncent un accaparement déguisé de leurs terres
Dans le cadre de la politique de réhabilitation des périmètres rizicoles du pays mené par le gouvernement mauritanien via le projet PARIIS, l’Etat a entrepris des travaux de réhabilitation du périmètre rizicole”Ibn Khaldoum” aménagé depuis 1989 au profit des rapatriés mauritaniens du Sénégal. Ce périmètre est localisé carré Ferralla, Dawalel MBagne et Bagodin. Il se situe exactement dans la cuvette dénommé Coylol Bilol qui s’étend sur des milliers d’hectares et permet à des centaines de milliers de cultivateurs traditionnels de (sur)vivre. Agriculteurs qui l’exploitent depuis des siècles. Grâce à un financement de la Banque Mondiale en partenariat avec l’Etat mauritanien d’un montant total de plus de 35 millions de dollars, ce projet a pu voir le jour. Il entre dans le cadre des activités du projet intitulé PARIIS (Projet d’appui à l’Initiative pour l’Irrigation au Sahel).
L’Etat a, en effet, entrepris les travaux sans avoir associé les principaux exploitants traditionnels de la cuvette de Coylol Bilol. Une cuvette qui reste le sein nourricier des milliers de paysans très pauvres des localités des communautés Hebiyaabe des localités de Feralla, Mbahe, Bagodine, Belelgawde, Boubou Awdi, Marana, Woloum Atar, Dawalel et Roufi Awdi relevant du département de Mbagne.
L’entreprise “NAJED”,qui a gagné le marché, a entrepris des travaux d’extension du vieux périmètre sans se concerter avec les exploitants. Dans la cuvette de Coylol Bilol où des cultures s’étendent à perte de vue, les engins agricoles de l’entreprise “NAJED” chargée de réaliser le travail d’aménagement ont failli arracher toutes les cultures de mil plantées dans la cuvette, selon plusieurs paysans contactés. N’eut été la menace des paysans d’organiser un sit-in sur place, “NAJED” aurait causé le pire en détruisant ces céréales nutritives. Heureusement le projet PARIIS s’est ravisé à la dernière minute.
Quant a l’autorité administrative (Hakem), elle a plutôt usé de menaces. L’utilisation du bâton contre ces pauvres paysans en lieu et place de la discussion avec les milliers de producteurs ou leurs représentants. Si les travaux d’aménagement continuent sans concertation avec les paysans, le cours d’eau Hounouko Diirol qui inonde la cuvette ne pourra plus injecter de l’eau dans la cuvette. Et bonjour les dégâts.
Des milliers de cultivateurs traditionnels vont grossir les rangs des chômeurs et accentuer l’exode rural. Nos autorités ont visiblement la mémoire courte. Ils n’ont pas encore tiré les leçons de la mort d’Abbass Diallo (Dabbano) ni des évènements de Darel Barka (Boghé) l’année dernière.
Les bénéficiaires directs du projet, à en croire un document qui porte la signature de PARIIS, sont au nombre de 10.300 ménages soit environ 61.800 personnes dont 42% de femmes. L’intensité des cultures de décrue est de 100%, peut-on lire dans le rapport de PARIIS.
10.300 ménages soit environ 61.800 personnes dont 42% de femmes vont bénéficier à terme des effets positifs du projet. Une grande partie de cette population paysanne risque d’aller en chômage si les choses se poursuivent.
Au lieu de favoriser les cultures de décrue, desquelles dépendent de centaines de milliers de paysans pauvres sans aucune source de revenu, il s’évertue à étouffer les agriculteurs traditionnels. Ça s’appelle l’utilisation de l’argent des bailleurs de fonds contre les pauvres, non ! Le silence du bailleur, la Banque Mondiale intrigue quelque peu, en plus.
Brahim Ely Salem