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Mort de Oumar Diop, radioscopie d’une explosion de colère en Mauritanie
Thaqafa – La mort à Nouakchott de Oumar Diop, jeune père de famille de 38 ans originaire de MBagne, continue de susciter des remous dans plusieurs villes de Mauritanie. Conséquences, un jeune manifestant est tué par la police à Boghé, plusieurs blessés et des fourguées d’arrestations à Kaédi, Nouakchott, Nouadhibou et MBagne, sans compter plusieurs casses et troubles sociaux. A la version avancée par la famille du défunt, et reprise par l’opinion publique nationale, s’oppose celle des autorités.
Manifestation Kaédi
Les explosions de violence continuent de secouer la capitale mauritanienne et plusieurs villes de l’intérieur du pays. En effet, depuis l’annonce, la nuit du lundi 29 mai 2023, de la mort de Oumar Diop, jeune ressortissant de MBagne, la colère s’est emparée de la rue mauritanienne.
A partir de la version avancée par la famille du défunt, plusieurs leaders politiques et défenseurs des droits de l’homme ont condamné un « crime odieux commis dans un commissariat de police ». C’était lors d’un rassemblement monstre à l’hôpital national de Nouakchott où une foule immense et colérique s’est massée lundi 29 mai dans l’attente des résultats de l’autopsie. Là, des échauffourées ont éclaté avec les forces de l’ordre.
Une foule de jeune transportant le corps sans vie de Mohamed Lemine tué à Boghé par un policier
Mardi 30 mai, le procureur de la République et le ministre de l’Intérieur font des déclarations à la presse pour avancer leur propre version.
Mort sous la torture
Selon la version de la famille de Oumar Diop, jeune homme d’affaires, père de trois enfants avec une épouse en état de grossesse avancée, le défunt qui se préparait à migrer vers les Etats-Unis avait vendu deux voitures pour un montant de deux millions cinq cents mille anciennes (2.500.000) ouguiyas. Deux policiers en patrouille voulurent le délester de son argent, ce qu’il refusa. Il était accompagné par son frère, selon qui, le défunt aurait remis finalement vingt-cinq milles (25.000) anciennes ouguiyas aux deux policiers pour se débarrasser d’eux.
Oumar Diop
Le corps du défunt
Le lendemain, dimanche 28 mai 2023, alors qu’il est en crevaison près de l’hôpital psychiatrique dit « Hôpital Dia », aux environs de 22 heures, un ami qui est accompagné de son épouse vint lui donner un coup de main. Selon lui, deux policiers à bord d’une voiture de police demandent à Oumar Diop de les suivre au commissariat. « Le commissaire a besoin de vous » lui aurait-il dit, selon le témoignage de son ami. Face à son refus de les suivre sans motif, ils l’embarquent par la force après l’avoir roué de coups et menotté.
Vers 7 heures du matin du lundi 29 mai, sa famille reçoit un coup de fil. La police leur annonce la mort de Oumar Diop, précisant que son corps repose à la morgue de l’hôpital national.
Une foule monstre à l’hôpital
Lundi 29 mai 2023, la morgue de l’hôpital national de Nouakchott est prise d’assaut dès la première lueur de la journée, par des centaines de personnes en colère, au milieu d’une forte présence de leaders politiques, de journalistes et d’activistes de la société civile.
Famille et amis du défunt devant la chambre mortuaire de l’hôpital national
Une autopsie est en cours, sous la supervision de deux médecins légistes, un médecin désigné par la famille du défunt, dont l’un des membres est présent, en plus d’un avocat de l’organisation mauritanienne des droits de l’homme.
Foule en colère devant l’hôpital national
Des véhicules de la police anti-émeute se présentent en milieu de journée pour disperser la foule. S’en suivent des escarmouches entre policiers et manifestants. Pendant plusieurs heures, les deux camps s’échangent lancées de pierres et jets de lacrymogènes. La devanture de l’hôpital est transformée en un véritable champ de bataille, pendant que des volutes de fumées noirâtres s’élèvent en l’air, obscurcissant le ciel. Des tas de pneu finissent de se consumer au milieu de la chaussée.
Les leaders réclament justice
Dans la vaste cour de l’hôpital où se bouscule une foule immense, plusieurs hommes politiques et membres de la société civile livrent leur point de vue, au milieu d’une atmosphère électrique dominée par un brouhaha assourdissant.
Balla Touré
Des photos du corps de Oumar Diop, parsemé d’ecchymoses bleus, font le tour de la toile, alimentant une colère déjà nourrie par des réseaux sociaux en feu. La tension monte crescendo au fil des heures.
L’opposant Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des forces du progrès (UFP), déclare être venu s’informer sur le drame et apporter sa solidarité à la famille du défunt. Selon lui, cette situation ne fait que détériorer la confiance entre les populations et les autorités, regrettant qu’un tel scénario puisse se reproduire à chaque fois qu’un citoyen entre dans un commissariat de police.
Pour Balla Touré, député nouvellement élu, « Omar Diop est victime de la police mauritanienne », revenant sur les circonstances de sa mort. Selon lui, la police mauritanienne a une nouvelle fois récidivé après l’assassinat au commissariat de Dar Naïm 2 de l’activiste Souvi il y a quelques mois. Il a demandé à ce que justice soit rendue, soulignant que l’opinion n’acceptera pas un résultat biaisé de l’autopsie et la délivrance d’un certificat médical qui ne corresponde pas aux causes réelles du décès de la victime.
Birame Dah Abeid, député et président du mouvement antiesclavagiste IRA, dit condamner l’acte ayant conduit à la mort de Omar Diop au commissariat de Sebkha. Selon lui, les autorités doivent faire toute la lumière sur cette affaire et condamner fermement les auteurs du crime.
Aminetou Mint Mokhtar, présidente de l’association des femmes chefs de famille (AFCF) déclare à son tour que ces assassinats de citoyens dans les commissariats de police menacent la paix civile et ébranlent les fondements encore fragiles de l’unité nationale.
Pour sa part, l’avocat et député Me Id Ould Mbareck, qui vient d’assister à l’autopsie, affirme que Oumar Diop est mort sous la torture. Selon lui, une enquête sérieuse et diligente doit être menée pour déterminer les circonstances de sa mort et rendre justice à la victime et à sa famille.
Plusieurs autres personnes qui étaient avec la victime lors de ses altercations avec les policiers et sa conduite au commissariat ont livré leurs témoignages.
Sur la toile, une vidéo prise par des voisins, montre les ultimes moments de Omar Diop avec deux policiers à côté d’une Pickup de la police et une petite voiture garée.
Version des autorités
Quarante-huit heures après le drame, la Direction de la Sûreté Nationale sort un communiqué dans lequel elle déclare qu’une patrouille de police a arrêté Omar Diop après une bagarre avec un groupe de jeunes durant laquelle il aurait été blessé. Selon le communiqué, il « était dans un état presque totalement inconscient à cause de psychotropes. ». Amené au commissariat de Sebkha, « la victime s’est plaint de difficultés respiratoires et a été immédiatement transporté à l’hôpital national, où le médecin l’a examiné et lui a prescrit un traitement » selon le communiqué. Et de poursuivre, « malheureusement, malgré les efforts continus du personnel médical, sa santé a commencé à se détériorer et il est resté à l’hôpital. Malgré les tentatives des ambulanciers pour le sauver, il est décédé ».
Mardi 30 mai, le Procureur de la République de Nouakchott-Ouest déclare à son tour que « les policiers qui ont interpellé Oumar Diop ont été entendus », affirmant que « les personnes qui étaient sur place sont en train d’être interrogées ». Selon lui, les résultats définitifs seront publiés. « Le médecin-légiste a demandé un complément d’analyses de l’autopsie. Les éléments seront envoyés à l’étranger pour le besoin d’examens supplémentaires » a-t-il conclu.
L’après-midi, lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur a évoqué la mort de Oumar Diop et celle du jeune Mohamed Lemine, tué à balle réelle à Boghé lors d’une manifestation réprimée par la police. Selon lui, des enquêtes ont été ouvertes dans ces deux disparitions, ajoutant que « certains prêcheurs en eaux troubles exploitent la situation actuelle pour créer l’instabilité et le désordre dans le pays ». Il a affirmé que la « situation est sous contrôle » tout en appelant les leaders d’opinion, les journalistes, les hommes politiques et les oulémas, à contribuer pour le retour à la paix et à la stabilité.
Il faut rappeler que ces troubles qui se poursuivent depuis deux jours sont attisés par ce que d’aucuns appellent « la propension des policiers à faire des commissariats des lieux de crimes et de rapines », non sans rappeler le crime odieux dont a été victime l’activiste Souvi Ould Cheine en février 2023. S’ajoute à cela, ce que l’avocat et opposant Me Lô Gourmo nomme, la frustration des jeunes des zones périphériques de Nouakchott, notamment à El Mina et à Sebkha, soumis depuis plusieurs années à un couvre-feu permanent.
Hier nuit, le service Internet a été coupé, comme ce fut le cas aux lendemains des scrutins controversés du 13 mai 2023. Une arme que les autorités semblent utiliser d’une manière récurrente chaque fois que la situation sociale et sécuritaire commence à dégénérer.
Cheikh Aïdara
Source : Thaqafa (Mauritanie)
Elections générales : La CENI donne enfin les résultats…
La Dépêche – Les résultats des élections du triple scrutin du 13 mai 2023 ont finalement été donnés dimanche après midi par le président de la CENI, Dah Ould Abdeljelil qui a évoqué dans un mot introductif le « souci de transparence de la commission en dépit de nombreuses contraintes ».
Malgré cette annonce, la CENI précise encore que « les résultats dont vous prendrez connaissance prochainement constituent l’aboutissement du tri des archives des processus électoraux organisés dans 4 729 bureaux de vote répartis sur l’ensemble du territoire national et dans quatre (4) circonscriptions électorales extérieures situées dans huit (8) pays d’Afrique, d’Asie , Europe et Amérique ».
Jamais vu dans une élection organisée dans le pays. Aucune information par parti. En fait, l’on ne sait pas (par la CENI) qu’est-ce qui a gagné et combien de sièges pour tous les scrutins qu’elle est censée organiser. C’est franchement du n’importe quoi.
Dans sa déclaration, son président, Dah Ould Abdel Jalil, a pourtant soutenu que les conditions des élections étaient dans l’ensemble bonnes, à l’exception d’une municipalité au Ghidimagha où le scrutin sera réorganisée concomitamment du second tour prévu samedi 27 mai prochain pour les élections législatives encore non tranchées.
Il a ajouté que les élections ont été organisées dans 62 circonscriptions législatives, 13 circonscriptions régionales et 238 circonscriptions municipales, avec la participation de l’ensemble des 25 partis politiques reconnus dans le pays précisant que le nombre des personnes inscrites sur la liste électorale a atteint 1 786 488 électeurs, dont 1 277 835 auraient effectivement voté lors de ces dernières élections.
Ould Abdeljelil a notamment indiqué que dans toutes les circonscriptions régionales et municipales où le système proportionnel est en jeu ont été pourvues alors que les résultats dont définitifs pour 40 circonscriptions parlementaires alors 22 circonscriptions, dont quatre sont à l’étranger, sont départagées à l’issue d’un second tour, prévu le 27 mai prochain.
Le scrutin pour les représentants a été organisé dans 62 circonscriptions électorales, auxquelles ont participé 25 partis politiques et 21 coalitions de partis, et 553 listes électorales ont concouru pour 176 sièges parlementaires, répartis comme suit :
Circonscriptions aux niveaux départementales et de l’étranger 104 sièges,
Les circonscriptions unifiées des wilayas de Nouakchott, 21 sièges
La liste nationale 20 sièges
La liste nationale des femmes, 20 sièges
La Liste Nationale des Jeunes, 11 sièges
Deuxièmement : Concernant l’élection des conseillers dans les conseils régionaux
Le scrutin a été organisé dans 12 régions, en plus de la région de Nouakchott, auquel 25 partis politiques et 50 coalitions de partis ont participé, et 140 listes électorales se sont disputées 285 sièges.
Troisième : Pour les élections municipales
Ce scrutin a été organisé dans 238 communes, auxquelles ont participé 25 partis politiques et 27 coalitions de partis, et 1 491 listes électorales se sont disputées 4 142 sièges. Quatrième : résultats des élections
Les résultats dont vous prendrez connaissance prochainement constituent l’aboutissement du tri des archives des processus électoraux organisés dans 4 729 bureaux de vote répartis sur l’ensemble du territoire national et dans quatre (4) circonscriptions électorales extérieures situées dans huit (8) pays d’Afrique, d’Asie, Europe et Amérique, selon les données suivantes :
Le nombre d’électeurs inscrits = 1 786 448 électeurs
Le nombre d’électeurs = 1 267 968 électeurs
Nombre de votes nuls :
Aux élections municipales = 118 262
Aux élections régionales = 255 629
Aux élections législatives = 308 214
Nombre de suffrages exprimés :
Aux élections municipales = 1 149 706
Aux élections régionales = 1 005 452
Aux élections législatives = 970 498
Taux de participation : 71,8 %
L’opposition après sa rencontre avec le président : « nous préparons un dossier judiciaire où figureront tous les recours »
L’opposition mauritanienne a révélé vendredi avoir rencontré le président de la république Mohamed O. Cheikh El Ghazouani, à sa demande, ajoutant qu’elle a évoqué avec lui « la crise née du désengagement du gouvernement quant à l’accord politique signé avec les partis politiques fin septembre 2022. »
Lors d’une conférence de presse l’opposition a déclaré avoir discuté avec le président Ghazouani ce qu’elle a appelé « l’échec de la commission électorale dans l’organisation d’élections transparentes et honnêtes », ajoutant que le président leur a rappelé que la question des élections concerne, juridiquement la CENI.
L’opposition a précisé qu’elle prépare un dossier judiciaire contenant tous les recours relatifs aux élections et qu’elle organisera un meeting lors duquel elle s’adressera à l’opinion publique nationale pour l’informer de l’ampleur des manipulations qui ont entaché l’opération électorale.
L’opposition, dans le communiqué qu’elle a publié, attire l’attention du gouvernement et les parties concernées sur le fait que la crise électorale actuelle, « si elle n’est pas traitée avec sagesse et promptitude, dans un cadre consultatif, va entraîner le pays vers une crise politique, qui peut avoir des conséquences dangereuses. »
Ont assisté à cette conférence de presse les présidents de Tewassoul, le front républicain pour l’unité et la démocratie, l’alliance populaire démocratique, le rassemblement des forces démocratiques, l’union des forces de progrès, l’alliance pour la justice et la démocratie/MR et le président du mouvement IRA.
kassataya
Ghazouani a emboité le pas à Aziz dans l’étouffement des vieux partis, dit Ould Boulkeir
Senalioune – Le président Mohamed Ould El Ghazouani a poursuivi l’agenda de l’ancien Chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, portant sur le renouvellement de la classe politique, « étouffant à mort les partis des vieux afin leur fin naturelle ».
Ces propos sont ceux du président de l’Alliance Populaire Progressiste (APP) Messaoud Ould Boulkheir, l’un des opposants historiques du pays, depuis l’époque de l’ancien président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya jusqu’à ce jour.
Je ne me fais guère de souci sur les élections, puisque je suis convaincu qu’il s’agit d’une mascarade bien ciblée.
Réputé par son humour politique et son franc parler, Messaoud a tenu à mettre au clair cette fièvre qu’il a eu après l’annonce des résultats des élections et que certains ont motivé par les contreperformances enregistrées par l’APP dans les législatives, régionales et municipales du 13 mai dernier.
Ce malaise n’a pas de lien avec ces résultats et rassurez-vous, ma dernière heure n’interviendra qu’après l’engagement irréversible de la Mauritanie dans la voie démocratique au sens propre du terme, a dit Ould Boulkheir.
Ceux qui ont obtenu des résultats et ceux qui n’en ont pas eu au cours de ces élections ne doivent pas en être fiers, a ajouté Messaoud.
L’opposition doit organiser un méga-meeting au cours duquel, elle devra interpeller le peuple sur l’attitude à observer par rapport à cette farce électorale, s’il faut accepter leurs résultats ou non, a-t-il poursuivi.
Ou bien faut s’engager dans des manifestations et des sit-in ininterrompus afin de contraindre l’État à y renoncer ou à sortir ses fusils et armes pour jeter des grenades sur les manifestants pacifiques comme cela a été le cas à Adel Bagrou et dans d’autres zones, a-t-il dit.
Il n’y a pas de démocratie en Mauritanie, puisque chaque fois que le peuple croyait avoir fait un pas en avant, il constate avoir fait deux en arrière voire même revenu à la case de départ, a précisé le vieux opposant, s’interrogeant « jusqu’à quand cela durera ? ».
Les électeurs ont été acheminés de toutes les directions vers Nouakchott, a-t-il déploré, appelant dans sa légendaire rhétorique politique les déplacés à assister au meeting que l’opposition compte organiser, s’ils se trouvent toujours dans la capitale !
Par Oumoulbenina Mint Bamba
cridem
TÉMOIGNAGE: QUI EST IBRA MIFO, LE DÉPUTÉ DU PEUPLE DE FACTO!
Ibrahima Mifo Sow “le candidat qui rassure, le candidat qui rassemble”, un slogan ne pouvait être bien et mieux choisi pour parler ou définir le candidat de la Coalition vivre ensemble/CVE-VR en Amérique du nord notre camarade Ibrahima Kalidou Sow plus connu sous le nom de Ibra Mifo par les intimes.
De son Jowol natal en passant par les Flam jusqu´aux FPC Ibra Mifo a toujours fait l´unanimité autour de sa personne, par sa sagesse, pertinence, éloquence et ouverture d´esprit. Humble, modeste, il n´a rien demandé pour être candidat aux élections législatives du pays, ce sont les compatriotes mauritaniens immigrés aux USA qui sont allés lui demander de se présenter en leurs noms parcequ’il était l´homme idéal, le profil typique pour réprésenter la diaspora mauritanienne à la représentation nationale. C´est de cet homme de consensus que j´essaie de parler et
d´apporter mon petit témoignage en tant qu´un de ses plus fidèles compagnons de lutte.
Il m´est difficile de parler de l´homme parce qu´il fait partie de mes guides pour ne pas dire mon premier parrain politique dans cette lutte. Si je me suis engagé dans la lutte politique et au combat culturel c´est en partie grâce à Ibrahima Mifo, qui n´est pas seulement un camarade de lutte mais aussi un oncle, un cousin et un ami proche, même si ce qui unit est plus fort que le simple lien familial, ce sont les principes et l’idéal que nous partageons qui caractérisent notre petite complicité et estime réciproque.
Il m´a fasciné très tôt par son humanisme, modestie, ouverture d´esprit mais aussi par sa culture générale.
Nous avons été arrêtés ensemble en 1986 suite à la première manifestation publique organisée dans les régions intérieures de la Mauritanie contre le régime militaire du colonel Ould Taya par la jeunesse de Jowol suite aux arrestations de cadres et intellectuels noirs du pays. Nous avons endurés ensemble les longues nuits d´obscurité, d´insomnie, de faim, de fatigue et de tortures morales et physiques dans la brigade et compagnie de gendarmerie de Kaëdi. Nous avons partagé la même cellule dans la prison centrale de Kaëdi. Sa présence à mes côtés m´avait renforcé dans mes convictions et dans mon engagement militant. Il a beaucoup participé à ma formation poitique et idéologique et m’a toujours protégé pendant notre détention parce que j’étais le plus jeune prisonnier du groupe. Il nous remontait le moral, nous rassurait à tout moment et nous reconfortait par son discours et ses conseils sages et avisés. Depuis nous avons cheminé ensemble sans interruption dans le même combat et même organisation politique. Camarade Ibra ou “Kaaw Ibra”, comme je l´appelle affectueusement, est un Foutanké fier et enraciné mais aussi un esprit ouvert, humaniste et citoyen du monde. Le président Samba Thiam aimait dire pendant nos réunions ou rencontres : “Quand Ibra parle il n´y a plus rien à y ajouter”, il est un orfèvre des mots, charismatique, un homme de synthèse, convaincant et surtout un grand tribun.
Membre-fondateur du Mouvement des Élèves et Étudiants Noirs (MEEN) et de l´UNESM (Union nationale des étudiants et stagiaires mauritaniens), militant de première heure du ” mouvement Noir” comme certains appelaient les résistants noirs à l’oppression raciale au temps de la clandestinité. Il fut arrêté et condamné en 1986 après la publication du “Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé”, banni et radié de la fonction publique pour “activités subversives”. Après sa libération de prison, il est forcé à l´exil. Il atterrit d’abord au pays du vieux Houphouet Boigny où il organise et anime, avec des camarades miraculés du bagne de Walata, la résistance au régime despotique de Ould Taya. Puis, juste avant le déclenchement de la guerre civile en Côte d’Ivoire, il s’envole pour les USA où il poursuit son long exil au service de son Organisation et de la lutte.
Ancien président de la dynamique Association Culturelle et Sportive de la jeunesse de Djeol, ancien responsable du mouvement culturel “Jaalo-waali”, une fédération d’une dizaine d´associations culturelles des riverains de la vallée du fleuve (Sénégal et Mauritanie) est aussi un ancien professeur de français au lycée de Sélibaby, de Kaëdi et de Dimbokro (Côte d´ivoire) où il a formé plusieurs cadres et intellectuels du pays.
Figure emblématique de la résistance négro-mauritanienne pendant les années de braise, admiré pour sa sagesse, le grand poète pulaar à ses heures perdues, tribun hors pair, homme du terrain, bien structuré, est un fin organisateur c´est pourquoi il fut envoyé à Nouakchott pour préparer le terrain lorsque le président Samba Thiam et son porte- parole ont décidé de rentrer au pays après plus de 27 ans
d´exil forcé.
L’éclaireur-maison avait abattu un important travail de contacts et de sensibilisation, auprès de tous les acteurs politiques, de la société civile et des associations des victimes de la place. Lourde mission à l´époque, pour le vice-président des FPC, car il s’agissait de déconstruire bien des stéréotypes et le mythe échafaudé autour de ce mouvement. Pour ne pas dire affabulation, diabolisation, tant fut « dévoyé » le contenu même du « Manifeste du négro-mauritanien opprimé », publié en 1986 et aussitôt falsifié par le pouvoir militaro-policier de l’époque. Non seulement, on qualifia notre mouvement “d’ennemi numéro 1 de la République” mais, aussi et surtout, de “nationalistes étroits et extrémistes”. Tout le travail consistait à combler le fossé ainsi creusé, terriblement approfondi par les évènements de 1989 et 1990. Une période qui sera justement mise à profit, par le système en place, pour régler les comptes à ces « effrontés Noirs » et, donc, à « casser du noir » tout court. Rares furent les cercles politiques maures qui ne cédèrent pas à la propagande raciste du Système ethnogénocidaire à quelques exceptions près. Une atmosphère de suspicion et de méfiance qui ébranla durablement l’unité nationale du pays. Les rumeurs infâmantes et les critiques étaient si fortes que certains négro-mauritaniens furent eux-mêmes gagnés par la psychose de l’époque. Certains d’entre eux continuaient à accuser d´ailleurs nos camarades d’être, avec la publication du “manifeste du Négro-mauritanien opprimé” à l’origine de tous les malheurs de la communauté négro-mauritanienne. Si certains s’en méfient, d’autres croient à une simple fabrication du système d’Ould Taya, pour
« dénégrifier » le pays. C’est dire combien la tâche du vice-président était ardue. Ibrahima Mifo Sow en homme politique ouvert, posé et calme a donc dû, au cours des nombreuses rencontres avec les acteurs politiques, les organisations de la société civile – organisations des victimes de la répression militaire, des rescapés et des orphelins, des associations de jeunes, etc. – déconstruire, avant de remettre les choses à leur place, remettre les pendules à l´heure c’est-à-dire, informer des fondamentaux du projet de société de notre mouvement, en vue de fonder un parti politique. Faisant œuvre de pédagogie, il a démontré, à tous ces interlocuteurs, que notre mouvement se battait pour une Mauritanie unie, une Mauritanie où tous ses fils ont place et jouissent des mêmes droits; une Mauritanie fondée sur l’égalité des chances et de la justice ; en somme, une Mauritanie égalitaire où le fait d´être arabe, noir, haratine, znega ne serait ipso-facto une condition rédhibitoire. C´est lui Ibrahima Mifo Sow qui a peaufiné et organisé avec son équipe le programme d’accueil populaire, triomphal et mémorable du président Samba Thiam et votre serviteur en ce jour d´été de septembre 2013 sous le soleil de plomb de Nouakchott. C´est cet homme de principe, de foi, de constance et de consensus que la diaspora mauritanienne en Amérique a choisi comme candidat avec son colistier le grand combattant de la liberté et abolitionniste Abou Bakary Tandia pour porter le flambeau et défendre leurs revendications et idées à l´assemblée nationale. Personne n´est mieux indiqué que cet homme incorruptible, intègre, juste, charismatique pour porter l´écharpe du député du peuple, un peuple qu´il a défendu plus de 40 ans avec pertinence, constance et courage. Voter Ibrahima Mifo c´est voter pour la réconciliation nationale, c´est voter pour l´unité du peuple mauritanien dans la justice, l´égalité et la liberté.
Votons Ibra l’homme du DENTAL, le poète “qui inspire bien plus que celui qui est inspiré” pour dévaliser Paul Eluard.
“Dental ngal ko ɓural.
Dental ngal ko jaalal.
Dental ngal ko ɓalal”.
Ainsi déclamait le poète Ibra dans son mythique poème “Dental” écrit au début des annés 80. Alors reprenons en choeur ” Dental ” autour du candidat qui rassemble et qui rassure!
Demain il fera jour et la lutte continue!
Kaaw Touré dit Elimane Bilbassi.