Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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RÉTRO:  ALERTE!

Chaque tournant  historique de la lutte produit souvent ses héros et secrète ses trahisons. Davantage de trahisons que de héros, retient notre histoire …

Des informations fuitées font état ces derniers temps de tractations  obscures menées en sourdine, visant à saborder, purement et simplement, le dossier dit ‘’du Passif’’. En effet, il ressort de ces informations recoupées que, sur l’autel de l’opportunisme des uns et par appât du gain extrême chez les autres, la cause commune est sur le point d’être sacrifiée … Le génocide mauritanien, appelé par euphémisme   

‘’Passif humanitaire’’ semble faire objet, depuis un certain  temps, de négociations suspectes qui traitent ce crime grave avec beaucoup de légéreté; sous  prétexte de lui trouver des solutions ‘’adaptées  aux  réalités du pays’’ on cherche à vider  le concept de

 ‘’ justice transitionnelle’’  de son contenu ; et poser ainsi des bases visant à pousser les ayants-droit à  monnayer ces  crimes, ni plus ni moins !!!C’est simplement inacceptable ! Nier  un crime d’une telle ampleur et d’une telle  gravité ou vouloir le solder par de l’argent revient, en réalité, à  encourager d’autres crimes; un génocide ça ne se pardonne pas et ça ne se monnaye pas…Telle est la vérité qu’il faut oser voir, qu’il faut oser dire pour  ne pas subir la loi du cynisme et du mensonge triomphant. A côté, la Gambie nouvelle  gère son dossier de crimes, beaucoup moins importants, avec tout le sérieux requis. Révéler toute la vérité pour cicatriser la plaie et conjurer les périls futurs est une étape incontournable, dans notre situation. On ne peut ni ne doit considérer ce dossier très important  comme une affaire privée. L’on se trompe si l’on croit que ce dossier n’appartient qu’à ces militaires, à ces orphelins avides, obsédés  par l’argent. Nous sommes sidérés par tant d’ignominie que nous renvoient certains signes, terrifiants ,qui semblent annoncer  l’éclosion d’un nouveau monde étrange, assis sur la tête, où des fils vils poignardent des pères et s’asseyent sur leurs dépouilles, rien que par appât du gain… Pour oublier des pères assassinés dans des conditions atroces, oublier la douleur de  mamans éplorées, ces orphelins veulent, en échange, être nommés  ’pupilles de la République’’ !!!  C’est tout simplement répugnant ! Ils veulent de l’argent rien que l’argent…encore de l’argent. Sans oublier cette autre fraction de militaires sans scrupules, de la même espèce, en collusion à l’époque avec Aziz,  qui fut la source première du mal … Quelqu’un disait  que lorsqu’un homme commence  à  tomber (dans l’infâmie)  il n’y a pas de limite à sa chute … 

Aller dans la  direction actuellement choisie -je parle à nos gouvernants et à tous ceux-là en coulisses- ne serait ni honorer la mémoire des morts, ni œuvrer pour  notre cohésion nationale. Du reste, on perd souvent de vue dans ce dossier, que les victimes civiles non déclarées sont bien plus importantes que cette poignée autoproclamée  ’’ayants droit’’  qui, bassement, négocie .

 Non , ce dossier concerne  toute la nation mauritaniènne  car il constitue une blessure collective . Voilà pourquoi, au lieu de chercher à le régler en catimini ,nous devons le faire à ciel ouvert, en y associant les forces politiques au regard du Dialogue en perspective, si toutefois ce dernier n’est pas vidé de sa substance d’ici là, au rythme où vont les choses … C’est une question nationale, trouvons des solutions justes et globales, dans l’intérêt supérieur de notre vivre-ensemble en difficulté. A la manière des Sud-africains, réussir cette catharsis qui scellerait nos retrouvailles. Retenons ’’ qu’il n’y a pas de paix sans réconciliation et  qu’il  n’y  a pas de reconciliation sans  justice’’ …

Disons enfin à tous ceux-là, aujourd’hui, impliqués, dans ces démarches troubles, de ne pas oublier que  l’Histoire retiendra  leurs noms, que leurs enfants  et petits enfants,  un jour, sauront  … 

Samba Thiam 

Président des FPC

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LA CHARTE DE L’UNITE NATIONALE DES FPC

– Déterminées à construire une autre Mauritanie qui appartienne à toutes ses communautes dans l’égal respect de leurs diversités ;

– Intimement convaincues que la Mauritanie ne sera jamais ni stable, ni viable tant que demeureront les politiques visant à faire assimiler une Communauté par une autre;

– Persuadées que seul un Etat de droit conforme aux aspirations des Communautés peut instaurer la fraternité, garantir la Liberté, l’Egalité, et conjurer les périls du futur;

– Conscientes du fait qu’il revient, en dernier ressort, aux Communautés de décider du cadre de leur coexistence et du type d’Etat ¨qui assure leur plein épanouissement;

– Convaincues que seule une structure étatique qui donne à chaque communauté la responsabilité et les moyens de son développement intégral pourrait garantir l’unité de notre pays,

Nous, Forces Progressistes du Changement (FPC)

adoptons, en conséquence, la présente charte, et nous engageons solennellement à ne ménager aucun sacrifice pour la pleine réalisation d’une Mauritanie égalitaire et démocratique, débarrassée définitivement de l’esclavage et du racisme, unie dans sa diversité, riche de toutes ses cultures épanouies, assurant à toutes ses citoyennes et à tous ses citoyens les mêmes droits.

TITRE I : DES PRINCIPES GENERAUX

1.1- La république est une et indivisible

1.2- Elle reconnaît et garantit les Autonomies locales

1.3- Elle veille au principe de non-discrimination et au respect de la dignité humaine

1.4- Elle consacre l’égale participation des groupes nationaux à la gestion du pays

1.5- La Mauritanie est un pays multiethnique et pluriculturel, où la République garantit l’égalité de toutes les langues et cultures nationales .

1.6- La Mauritanie est un pays composé de deux (2) Communautés raciales, l’une composée de Noirs (Bamana, Fulbe, H’râtîn, Sooninko, Wolof), l’autre de Blancs (Bîdân)

1.7- Tous les groupes ethniques du pays auront intégralement les mêmes droits. Chacun aura le droit de donner son avis sur toute décision qui engagera son avenir.

TITRE II : DU PRINCIPE DE GOUVERNANCE

2.1- Tous les citoyens, sans distinction d’origine raciale , ethnique ou culturelle, auront les mêmes droits et les mêmes devoirs.

2.2- Tous les citoyens, sans distinction d’origine raciale , ethnique ou culturelle, auront des droits égaux à participer à la gestion de l’Etat et de ses institutions.

2.3- Toutes les entités nationales auront les mêmes droits dans les organes de l’Etat. Il n’y aura aucune prévalence d’une entité nationale sur l’autre.

2.4- Chaque entité nationale aura droit à utiliser dans son terroir naturel et dans son espace administratif sa propre langue et à développer sa propre culture, dans l’intérêt et pour l’enrichissement de la diversité culturelle du pays.

2.5- Les Communautés, solidaires, auront des droits égaux.

2.6- Il sera institué soit une direction collégiale à présidence tournante à la tête du pouvoir central, soit un Président élu au suffrage universel, et qui serait, alors , assisté de deux vice-Présidents tournant, issus d’ethnies différentes.

TITRE III : DU DROIT AUX RICHESSES NATIONALES

3.1- Les richesses de la Mauritanie sont un patrimoine naturel national. Elles doivent contribuer à l’émancipation sociale et économique de tous ses groupes ethniques.

3.2- Chaque citoyen aura droit aux richesses nationales, grâce à une redistribution équitable de ces richesses.

3.3- Le partage de la terre exploitable se fera sur la base d’un équilibre à trouver entre le droit naturel et inaliénable des autochtones, celui légitime des autres nationaux, et les exigences de l’ouverture à la modernité .

3.4- Les provinces (ou Régions autonomes) appliqueront le principe de complémentarité et de solidarité.

TITRE IV: DU ROLE DU POUVOIR CENTRAL

4.1- Il assure un rôle d’arbitre dans les conflits d’intérêts de tous ordres entre les provinces ou régions autonomes .

4.2- Il exerce un rôle de régulation et de compensation dans les échanges entre les régions autonomes .

4.3- Il veille à l’équilibre entre le marché, l’Etat et la société

4.4- L’Etat central dispose des attributs régaliens de souveraineté.

4.5- L’Etat central définit et conduit la politique étrangère, à équidistance du monde arabe , de l’Afrique noire et du monde arabo-musulman.

TITRE V : DU RÔLE DE L’ARMÉE

5.1- Elle est une armée au service du développement, de la sécurité, garante de la souveraineté nationale.

5.2- Elle est une armée républicaine et neutre face aux partis politiques.

5.3- Elle devra refléter les équilibres raciaux et ethniques nationaux en son sein et plus particulièrement dans le corps du commandement.

5.4- Elle devra appliquer le principe de conscription, sans discrimination, à partir de 18ans.

TITRE VI : DISPOSITION COMPLEMENTAIRES

6.1 La nouvelle constitution doit nécessairement refléter le consensus national.

6.2 La constitution ne pourra être modifiée que par une majorité spéciale.

6.3- Il sera créé un observatoire national pour les libertés et la Cohabitation.

6.4- Toute pratique avérée d’esclavage et tout acte ou propagande à caractère discriminatoire, raciste ou de mépris national, seront considérés comme crimes et punis comme tels.

6-5 Il sera crée un organisme paritaire chargé de veiller au respect des présentes dispositions .

Forces Progressistes du Changement ( FPC)

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FLAMNET-RETRO: UNE INTERVIEW DU DOYEN ABDOULAYE MALICKEL SY

UNE INTERVIEW DU DOYEN ABDOULAYE MALICKEL SY  ancien Secrétaire national aux finances des Flam et des FPC. 

Il nous parle de son arrestation en 1986 après la publication du manifeste du négro- mauritanien opprimé, de la prison de Oualats et de son exil.

INVITÉ DU SITE FLAMNET

FLAMNET : Bonjour doyen, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de FLAMNET? 

ABDOULAYE SY: Bonjour Kaaw!

Agé de près de 63 ans, je suis né à M’Bagne sur le Fleuve Sénégal dans une famille maraboutique.

Modeste instituteur, j’ai servi de 1962 à 1986 dans les postes suivants: Nouakchott, Bir Moghrein, Dar El Barka, Kaédi, Toulel, Nouadibou, Mbagne, Bababé et Nouadhibou . De 1971 à 1986 à Nouadhibou, j’ai occupé, cumulativement avec mes fonctions de Directeur de l’école, les postes électifs non rémunérés ci-après : Secrétaire Général de la Ligue Omnisports, Président de la même ligue, Président du Comité Local du Croissant Rouge Mauritanien, Coordinateur de la Zone nº 4 Cansado. J’étais très près de la population, vivais leurs problèmes mais sans faire de politique. 

FLAMNET : 14 Mars 1983 que représente  pour vous  cette date? 

ABDOULAYE.SY: C’est la période de la démystification, des désillusions et de l’émancipation du mouvement. 

Le manifeste des 19 avait dénoncé des abus du système. Moctar O/Daddah avait réagi contre les signataires mais avait reculé pour mieux sauter. Il n’a pas réussi á le faire mais d’autres, avec les régimes successifs ont voulu parachever sa tâche. Des cadres plus jeunes, plus déterminés qui ont vite compris que le régime continue toujours de dénégrifier le pays, se sont élevés pour dénoncer les maux du pays. 

C’est la période où des Hommes et Femmes épris de paix et de justice dénoncent les fléaux qui gangrénent la Mauritanie, á savoir : Le racisme qui continue sa ségrégation dans les emplois, le chauvinisme, l’esclavagisme, l’injustice, le tribalisme et le népotisme. Ils dénonceront tous ces maux jusqu’á ce que le pays soit débarrassé de toutes ces calamités. 

C’est le temps de recueillement sur les centaines et des centaines de morts enterrés loin des leurs sans bain, sans prière et sans linceuls; 

C’est le temps de penser aux veuves et orphelins qui pleurent leurs disparus et qui demandent justice; 

C’est le temps de trouver une solution définitive á l’occupation du Sud de la Mauritanie, l’expropriation des terres et des biens et le viol des femmes. 

C’est le temps de solidarité agissante avec les Réfugiés qui végètent encore au Sénégal et au Mali qui ne demandent qu’un retour digne et organisé; 

C’est enfin l’éveil et l’émancipation de tout un peuple qui souhaite vivre dignement et pleinement dans son pays. 

FLAMNET : Vous êtes un rescapé de Oualata, la prison mouroir, si on vous demandait de nous raconter votre odyssée avec nos camarades dans ce camp de terreur que nous diriez-vous et que vous rappelle aujourd’hui Oualata quand on évoque ce nom? 

ABDOULAYE SY: En entendant Oualata, me reviennent en esprit ces paroles prononcées par le Lieutenant Ghali O/Souvi alors commandant le tristement célébre fort de la mort. Au petit matin, le camion qui nous transportait s’arrêta devant le fort. Pendant qu’on nous faisaient descendre comme des moutons, le lieutenant cria á haute voix, comme pour se faire entendre de tous:” Fouillez-les et débarrassez-les de tout ce qu’ils portent sur eux.” A la réplique du camarade feu Ly Moussa : “Mais… Lieutenant mes médicaments… ” 

“Vous êtes venus pour être tués á petit feu”. Retorqua le Lieutenant. ” Et si quelqu’un réplique, je le flingue et envoie un message á Nouakchott : “Mort suite á une Diarrhée gastéro entérique aiguë…” 

Oualata c’est aussi les tristes paroles de Feu Tène Youssouf Guèye après l’enterrement de Alassane Oumar Bâ. Afflaibli par la faim et la maladie il n’avait pas pu accompagner Alassane á sa dernière demeure. Dès qu’il me vit, car j’étais rentré le premier dans la salle. 

Il dit: “Petit frère êtes vous de retour?”. 

– Oui doyen 

-“Le prochain sera moi.” 

Oualata me rappelle les martyrs qui ne reverront plus leur Fouta chéri: Bâ Alassane Oumar, Tène Youssouf Guèye, Le Lieutenant Ba Abdoul Ghouddous et l’ex-Ministre Djigo Tafsirou. 

Oualata c’est l’angoisse des lendemains incertains, les longues nuits d’insomnie, les privations, la famine, les chaines aux chevilles, les maladies sans soins et sans assistances. C’est la tristesse. C’est aussi les retrouvailles au petit matin pour l’interprétation des rêves. 

A Nouadhibou on m’avait sauvagement torturé pour me faire avouer que j’étais Flamiste, co-auteur du manifeste alors que je ne savais rien des Flam, des Flamistes et même de l’existance du manifeste. 

J’ai connu les FLAM á Oualata. J’ai vécu de près avec des membres de FLAM à Oualata. J’ai apprécié leur grandeur d’âme . J’ai aimé et adhéré aux FLAM à Oualata. 

Comme pour beaucoup de mes camarades, Oualata a été une école pour moi.

Oualata c’est la détermination de tous les camarades qui prouvaient aux geoliers qu’ils ne se sont pas trompés de voie.

Il y a toujours quelque chose á dire sur Oualata; mais contentons-nous du célèbre livre du Lieutenant Boye Alassane Harouna: “J’étais à Oulata”. 

FLAMNET : Après votre libération contrairement à certains qui ont choisi la résignation ou de changer de camp de lutte, vous avez choisi l’exil qu’est-ce qui a poussé le doyen à abandonner sa famille, ses biens sa patrie pour se lancer dans le chemin d’un exil incertain? 

ABDOULAYE SY: On ne s’exile pas de gaieté de coeur. Si on m’avait collé la paix, certainement je serai resté au pays.

De retour à Nouadhibou, après la grâce présidentielle de Décembre 1989, je fus convoqué par le Directeur Régional de la Sureté qui me tient ce language :”Les autorités régionales (entendez le Commandant de la Région Militaire, Gouverneur) m’ont chargé de te dire que le Président Maouilla n’est pas plus généreux qu’elles. Tu ne devais pas revenir ici car tu étais condamné à 4 ans fermes assortis d’une interdiction de séjour à Nouadhibou et une amende de 100.000 UM. Elles te laissent tout t’en informant qu’elles t’ont à l’oeil. 

Je compris que j’étais en résidence surveillée. Il fallait tout faire pour vider les lieux et le plus tôt serait le mieux. Mon épouse handicapée moteur et mes enfants en bas âges, dont les études avaient été suspendues avaient stoiquement supporté l’épreuve de la séparation. Il fallait se préparer car je ne voulais pas les laisser sur place. 

Je précise que durant les évènements de 89, mon épouse ex-fonctionnaire de la Poste avait été convoquée á 3 reprises á la Direction de la Sûreté régionale. Elle a échappé à l’épuration et a continué de veiller sur nos enfants. 

Ma seconde épouse venue me rendre visite à Aioun avait été expulsée sur Dakar. Le Commissaire de Police d’Aioun El Atrouss de l’époque lui avait soutiré ses bijoux et ses habits de valeur. 

Avant de réaliser mon plan, je fus à nouveau arrêté et gardé sous silence pendant 6 mois. Un soir d’Avril le Directeur Regional de la Sûreté vint dans le Commissariat qui nous servait de prison nous tenir ce langage:” C’est une erreur. Vous rejoindrez vos familles à 21 heures et vous devez oublier ce qui s’est passé.

On se joue de la vie de personnes et on prétend que c’est une erreur. Dans quel Etat sommes nous? 

De retour à la maison, mon épouse, en présence de mes enfants me dit:”Vas. Vas ou tu voudras. Laisse nous ici nous saurons nous debrouiller. Sous peu tu risques d´être repris. Vas car on ne sait quand sera la prochaine fois”. Je suis parti et après moi il y a eu les éléctions presidentielles de 92, le saccage du siège et l’assissinat des militants de L´U.F.D Voila pourquoi j’ai choisi l’exil. 

Un seul esprit ne suffit pas pour réflechir pour une nation ,un Etat. Il faut une confrontation d’idées et partir de là, chosir les meilleures. Toute cette méchanceté c’est parce qu’on a découvert que le pays renferme des cadres plus intelligents.Ces hommes plus intelligents ont osé penser et réfléchir et ont osé remettre en cause un systeme racial aussi pernicieux que l´apartheíd. 

FLAMNET : Quel est votre message aux jeunes militants en tant que doyen et avez vous un message particulier à lancer aux mauritaniens d’une manière générale? 

ABDOULAYE SY: L’appel que je lance aux jeune est la mobilisation, la tenacité, la persévérance dans l’Unité car l’avenir est à eux.

Aux Mauritaniens de se mobiliser afin de chasser du pouvoir ce tyran criminel et son système esclavagiste.La lutte continue. 

FLAMNET : Merci Boun Malick ,nous vous souhaitons un joyeux anniversaire. Nous disons avec vous , la lutte continue. 

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Propos recueillis par Kaaw Touré- 14 mars 2003

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FLAMNET-RETRO : Problématique du Système Educatif National : Contribution | Par Samba Thiam

Voilà bien des années que l’Ecole mauritanienne est malade, secouée par des crises récurrentes.

Au lieu de procéder à un diagnostique approfondi, sans complaisance du corps malade, l’on s’est contenté, à chaque fois, d’une auscultation superficielle pour lui administrer un traitement symptomatique. Six réformes successives qui ont toutes échoué ! Notre Ecole est malade, notre système éducatif en crise depuis 56 ans, tout le monde en convient !

Plus que des raisons de surface ( effectif pléthorique, manuels scolaires insuffisants ou désuets, mobilier brinquebalant, locaux vétustes et inéquipés ) nous nous attarderons plutôt sur les raisons de fond.

*Quel est le mal ?

Des élèves, des étudiants, des Enseignants sans niveau aucun, des élites francisantes ou arabisantes en extinction progressive, un produit inadapté…Un observateur, averti, ramassait la situation par cette formule : “En voulant rendre notre Enseignement authentique nous avons sacrifié l’essentiel: aucune considération pour la qualité, aucune pour la perspective d’emploi, aucune pour le développement”.

* Quelle est la cause du mal ou quelles en sont les raisons ?

– Raison d’ordre psychologique, affectant le corps enseignant :

L’Enseignant a perdu son statut d’antan, par contagion du milieu social dans lequel il baigne, où les valeurs universelles de référence habituelle, telle l’honnêteté, le respect du travail –du travail bien fait-, la moralité, l’admiration pour le détenteur du Savoir, ont cédé la place à la course effrénée pour l’argent ; l’enrichissement à tout prix, tout de suite, a pris le pas sur la conscience professionnelle, d’où cette flopée d’Enseignants-boutiquiers !

Le terme “garraaye”, devenu fortement connoté, négativement, suscite un demi-sourire pincé chez l’autre, au point qu’il devient gênant de se présenter comme tel…On est désormais Instituteur ou professeur à défaut de mieux, mais certainement pas par vocation .On est là, pour un temps provisoire, transitoire, en attendant de trouver mieux , de “monter” sa boutique, ou de partir pour des cieux plus cléments.

Cette dévalorisation du métier d’enseignant s’explique (ou s’accompagne) aussi par la dépréciation du Savoir et/ou de la Culture, censé être un des attributs majeurs de l’Enseignant. Aller à l’école, accumuler des diplômes, lire, simplement, est perçu aujourd’hui dans la société mauritanienne au mieux, comme une perte de temps, au pire comme une absurdité ; avoir de l’argent c’est mieux !

Pour corriger cet état des choses il faudra rendre à l’Enseignant sa dignité et son auréole d’antan par la revalorisation du métier, et restituer au Savoir l’admiration qui lui était attachée.

*Notre Ecole souffre, par ailleurs, d’une crise d’orientation. Au lieu d’une orientation technique et pragmatique on a opté pour l’élitisme. A la place d’une Ecole qui produit des plombiers, des électriciens, des frigoristes, des maçons, des mécaniciens, des menuisiers, des agriculteurs modernes, on a préféré celle qui fabrique des littéraires, des philosophes, c’est –à-dire des fonctionnaires aux mains propres, des “cols blancs”…

Il faut changer cet état de chose, en orientant les 60 % des cohortes vers la formation professionnelle et technique des cols bleus, et les 40% vers la formation de l’élite…

*Autre cause non moins importante, l’administration et la gestion chaotique du corps Enseignant, où l’on constate l’absence de rigueur dans la sélection et le recrutement des maîtres d’école, l’absence de contrôle sérieux et de suivi qui fait le lit du laxisme et de l’affairisme, l’absence d’émulation, de sanction et de récompense systématiques, l’absence d’ordre en un mot, qui ne se trouve pas, hélas, que dans l’Enseignement !

*Mais de toutes les causes à l’origine des crises de notre système éducatif, la plus fondamentale – entre toutes – d’ordre idéologique – demeure l’Arabisation à outrance, genèse véritable des problèmes !

Dès les années 50 les réformes débutèrent, en série, toutes à caractère linguistique ! Toutes les réformes opérées des années 50 aux années 80 portèrent sur la langue …l’objectif déclaré, hier et aujourd’hui, était et demeure de rendre notre enseignement “national” , “authentique”…l’élite arabo-berbère ne pouvait accepter, disait-on, que son identité culturelle –dont la langue est un élément essentiel- fusse occultée au profit d’une langue et culture étrangère, de surcroît héritée du colonisateur…C’était l’argument de surface, classique… Si, en soi , cette aspiration semble juste et légitime, elle cesse cependant de l’être dès lors que cette même élite imposa, paradoxalement, sa langue et sa culture à des non arabes. N’était-ce pas reproduire à l’identique le comportement du colon ?

En réalité cette revendication, nationaliste en apparence, était un écran de fumée, une supercherie visant d’abord et surtout à renverser le rapport de force, hérité du legs colonial, entre arabo-berbères et Négro-africains. Sous le couvert de “l’indépendance culturelle”, on cherchait, en réalité, à créer un autre “équilibre” …

L’argument “authenticité ou repersonnalisation” ayant servi -pour masquer les choses- est fallacieux. Nous avions tous résisté au colon, nous nous sommes tous opposés à sa langue, à l’entrée. Elle nous a été imposée à tous … Dès lors qu’il s’est agi de réhabiliter langues et cultures pourquoi le fit-on de manière sélective ? Pourquoi n’avoir pas réhabilité et promu également les langues et culture négro-africaines ?

Repersonnalisation contre repersonnalisation, Identité contre Identité, pourquoi une réhabilitation pour les uns et pas pour les autres, étant entendu que chacun reste fier de ses racines et de sa culture, et si tant est, comme le soutient Mohamed M. Abdalhaye, “chaque individu est porteur d’une dignité inaliénable” ?

Non, la motivation n’était pas que toute culturelle…

Je me permets ici une petite digression ; La thèse selon laquelle les Négro-africains seraient plus attachés à la langue française est spécieuse et de mauvaise foi. Ils ne sont, ni plus ni moins, attachés à cette langue que l’élite arabo-berbère francisante, qui joue et gagne sur les deux tableaux ! En effet, n’est-ce pas cette même élite qui envoyait en cachette ses enfants dans la filière bilingue des années 80, et continue de le faire à l’Ecole Française, à nos jours ?

Non, encore une fois, la motivation n’était pas que toute culturelle…l’Arabe ne devait servir, hier comme aujourd’hui, de moyen de promotion et d’épanouissement pour tous, comme proclamé, mais de gangue protectrice, de garantie pour la préservation et la perpétuation du Système, dicté par des peurs enfouies et des complexes Aryens… Dans “crise mauritano-sénégalaise : la rupture d’une alliance inter- ethnique” de Marion Fresia, M. Ould Bédredine confessait ceci : “les Negro- africains représentaient 80% des cadres de l’Etat mauritanien naissant. Alors les maures ont voulu rétablir les rapports de force en leur faveur en utilisant deux instruments : la langue et l’Ecole”.

C’est on ne peut plus clair !

La langue arabe a été, bel et bien, instrumentalisée à cette fin, et uniquement à cette fin. Un rééquilibrage des rapports de force, normal et légitime certes, mais qui versa hélas, dans l’excès, aboutissant, aujourd’hui à la liquidation totale de la communauté non arabe…

Notre système éducatif est donc à genoux. Des générations d’écoliers issus des milieux défavorisés ont été sacrifiées sous l’autel du slogan de la “repersonnalisation” factice et démagogique.

Pour changer les choses il nous faut, si nous sommes sincères, procéder à une véritable réforme structurelle qui conduise à une Ecole moderne, efficiente, avec comme préalable le renoncement à toute idée, à tout projet assimilationniste et hégémonique, sous-jacent.

*Il nous faudra , après cela, articuler certains facteurs :

-Adaptation de l’output aux besoins nationaux et du marché en général ( adéquation formation /emploi )

-Association des communautés villageoises à la prise en charge partagée de l’Ecole,

-Instauration d’une continuité entre formation initiale et formation continue, en paliers

-Adoption de certaines mesures d’accompagnement : (régulation du mouvement des Enseignants du public vers le privé à réorganiser et responsabiliser ; lutte ferme contre le désordre général qui prévaut – à supposer qu’on puisse le faire dans une Administration générale où le désordre et l’absence quasi systématique de suivi sont érigés en norme – , respect de la hiérarchie, de l’ancienneté, restauration de la promotion et du contrôle rigoureux des Enseignants, régulation des détachements abusifs et anarchiques, sanction sévère des absences fantaisistes, rationalisation des moyens etc ).

-Vigilance sur le corps de contrôle ( contrôle, fiche de suivi , formation du personnel , identification des Enseignants fictifs … )

-Mais surtout, procéder au rétablissement des bases de justice à l’école en supprimant l’iniquité actuellement en cours entre enfants dans l’acquisition du Savoir ; les Psycho-pédagogues s’accordent unanimement pour dire qu’un enfant qui commence par une langue étrangère accuse six (6) années de retard de scolarité. Les Ecoliers négro-africains faisant face à deux langues étrangères, au sens pédagogique terme, subissent donc un double handicap qui équivaut, logiquement, à 12 années de retard.

Il faut corriger ça !

*-Il nous faut, par ailleurs, clarifier le statut et le rôle attendu de chaque langue dans notre Ecole, à court, moyen et long terme. Pour ma part, je suis pour une Ecole qui parle plusieurs langues, comme la nation mauritanienne – pour un Etat multi-nations fédérateur des langues et cultures- . Les langues maternelles, toutes les langues maternelles, comme facteur d’apaisement des frustrations et tensions, et aussi comme facteur de développement ; le Français ou/et l’Anglais – comme porteur de pensée scientifique –( à un certain niveau), le chinois… Mohamed ould Abdalhaye disait que “la langue maternelle constitue pour tout un chacun l’outil irremplaçable de toute production scientifique effective et le socle de tout esprit créatif”.

-Je suis de ceux qui proposent que chaque enfant commence sa scolarité dans sa langue maternelle, pour aborder dans un 2eme temps une langue nationale seconde, qui serait enseignée comme langue de communication tout court ; L’arabe pour les Ecoliers Negro-africains, le wolof ou le pulaar, ou le soninke, le bambara pour l’arabo- berbère. Cette seconde langue serait affectée d’un coefficient faible de manière à ne pas gêner ou compromettre la progression de l’enfant.

L’instruction civique, morale ou religieuse, l’histoire, seraient enseignées en langues nationales. La philosophie, apte à former la pensée critique, serait enseignée en Français ; Il ne serait pas sain, ni judicieux au regard de l’évolution actuelle des choses, de faire porter l’enseignement de cette discipline par la langue Arabe –tant que celle -ci “n’est pas réformée”, et parce qu’elle est en ce moment “récupérée par le courant dogmatique et conservateur en Islam qui rejette la pensée critique et privilégie la répétition à l’identique”, selon le linguiste Algérien A Dourari. En effet, ce qui se passe autour de nous et dans le monde actuellement, n’est pas pour rassurer et n’incline pas à la pensée libre, telle que nous la connaissons chez Al Kindi, Averroes, Mohamed Abdou, Mohamed Iqbal…

Il y aurait lieu de procéder également à des réaménagements pratiques, en supprimant certaines anomalies aberrantes qui ne répondent à aucune logique objective : qu’est-ce que, par exemple, l’instruction civique, morale et religieuse en arabe (coeff 4 ) vient chercher, objectivement, en classe terminale série D ou C, si ce n’est pour pénaliser les uns et constituer un bonus pour les autres ?

Si la baisse de niveau est un phénomène général, elle est davantage plus accusée chez nous, à cause de nos pesanteurs propres ; ce phénomène est davantage accentué, ces dernières années, à cause en particulier, de la dernière réforme porteuse de tous les maux et de toutes les anomalies, sur laquelle il nous faut revenir …

Sous le couvert d’uniformisation de l’Ecole mauritanienne “qui divise” disait-on ( système à filière -Arabe/bilingue -) , cette réforme fut conçue et mise en œuvre en 2000. Son objectif déclaré était “d’unir” les Ecoliers en leur faisant suivre une seule et même filière ; plus de filière arabe où se retrouvaient quasiment tous les écoliers arabo- berbères, plus de filière bilingue, fréquentée exclusivement par les enfants négro-africains …

Autre attente exprimée à travers cette réforme, la nouvelle Ecole favoriserait la rencontre d’enfants issus de milieu social ou ethnique différent, qui déboucherait sur l’esprit de solidarité, de camaraderie retrouvée, de gestation de la citoyenneté ou du sentiment d’appartenance commune à un même pays, comme par le passé …

Derrière ces ambitions nobles, mais combien trompeuses, se cachaient, en réalité, des considérations et préoccupations bassement partisanes et claniques. Le souci n’était pas de s’attaquer aux dysfonctionnements du Système en général, mais essentiellement, de trouver une solution, à l’impasse de la filière arabe : Il fallait sauver les Ecoliers, naufragés, de la filière arabe, sans issue ! Filière qui consacrait un échec massif des enfants, sans réels débouchés ni perspectives de réinsertion dans le tissu économique.

En effet, chez nous la langue française – à la vie dure- était loin d’être morte et ailleurs l’anglais et le Français étaient de rigueur. Pour un étudiant formé donc uniquement en arabe, l’horizon interne et externe était assez rétréci, le champ des possibilités fortement restreint…

Cet échec de la filière arabe – le seul à l’origine de la réforme scolaire actuelle-, s’est illustré, on s’en souvient, par le renvoi dans les années 2000 d’un bon nombre de Professeurs de Sciences et de Mathématique, arabophones, reversés dans la diplomatie, ou affectés à d’autres tâches et fonctions administratives. Soit donc le corps arabophone, soit le médium était mis en cause dans l’enseignement des sciences, soit dit en passant …

La solution choisie fut donc de revenir à l’enseignement de certaines matières de base en Français (sciences et Mathématique ), qui était, jusque- là, réservé à la filière bilingue où se retrouvaient les écoliers négro- africains. D’un coté on levait un écueil – retour du français -, de l’autre on en créait, délibérément, par l’imposition de la langue arabe aux écoliers non arabes, avec de surcroît une langue éclatée en matières multiples affectées de coefficients accrus, accentuant ainsi leur handicap et leur échec massif, à travers une série littéraire totalement arabisée ! L’histoire, la géographie, la philosophie, la langue, l’instruction civique, l’instruction morale religieuse sont dispensées en arabe ! Appliquée brutalement, cette réforme allait pousser des milliers d’enfants négro-africains, pris de court et désorientés, à abandonner massivement l’Ecole.

On a donc réformé, mais en veillant à préserver soigneusement la nature discriminatoire du système qui opérait comme un filtre…Faisant déjà face à deux langues étrangères, -double handicap à surmonter- voilà qu’on multipliait de nouveau les obstacles sur leur chemin, ce qui, nécessairement, affecte négativement, fortement et durablement leur réussite scolaire. Voilà pourquoi , à titre d’exemple, au baccalauréat 2016, niveau national, série C, sur 100 admis on compte deux (2) Négro –africains ! A Kaédi sur 1061 candidats au bac toutes séries confondues il y a 37 admis négro -africains …Djeol compte zéro admis ! Voilà pourquoi dans les examens et concours d’accès à l’emploi les enfants et jeunes négro-africains sont recalés. De 2000 à 2016 les résultats sont tous les ans plus catastrophiques que jamais. L’Equité a déserté notre Ecole dès notre accession à l’indépendance …

Enseigner nos langues négro- africaines -gage de l’équité et de l’égalité des chances à l’Ecole et en société – n’a jamais, réellement, effleuré l’esprit des réformateurs. Ce fut –et ça le demeure – le cadet des soucis de nos gouvernants ; Il ne le fallait surtout pas, car ce serait “ouvrir la boite à Pandore, affaiblir la suprématie consacrée de la langue arabe, remettre en cause l’arabité de la Mauritanie”, compromettre le “rééquilibrage” du rapport de force, en voie de parachèvement …

Tel est l’esprit qui nous gouverne toujours !

Cette actuelle réforme, sabordant au passage l’Institut –performant – des langues nationales, n’a pas moins divisé et l’Ecole et la société mauritanienne. Par ses conséquences directes, des Profs de fac francophones, négro- africains, sont entrain d’être poussés vers la sortie, en voie de chômage technique…Les Profs de Droit, et d’histoire sont actuellement touchés, demain ce sera au tour des Profs de lettres. On devine la suite logique du processus sur l’Université… (et lorsque je parle de l’autre Elite- qui a choisi , pour l’essentiel, de se coucher, je note des grincements de dents !!!

En conclusion, l’uniformisation du Système scolaire actuel, à travers cette réforme dernière, s’est faite au détriment des enfants négro africains, au détriment de l’Unité nationale. En lieu et place de la réconciliation, elle a reconduit et accentué la fracture entre Ecoliers et entre communautés, par ses inégalités. Peut –il, du reste, y avoir réconciliation, restauration de l’esprit de camaraderie sur le socle de l’injustice ?

La baisse de niveau est, il est vrai, à l’échelle régionale, africaine et mondiale, mais elle est particulièrement aiguë chez nous à cause de la série de réformes à caractère idéologique et partisan…

“Notre pays dont l’unité s’est forgée dans l’épreuve entend sauvegarder cette unité comme son patrimoine le plus précieux. La diversité est une source d’enrichissement, elle ne doit jamais devenir une source de division. Unité dans la diversité, sans doute, unité dans une stricte égalité, des droits de chacun, sans discrimination d’aucune sorte. C’est ce que nous commande une vision de la réalité, une analyse sans complaisance des faits”.

Ce sont là des propos que tenait M. ould Daddah, mais quel usage en fit-il ? Nous pouvons réussir si nous abordons notre problématique dans un esprit exempt de tout calcul, de tout esprit partisan ou hégémoniste. Nous réussirons à condition d’être mus par le seul désir de construire, une fois pour toute, un système éducatif performant, fonctionnel, efficient , qui servirait l’égalité des chances , offrirait les mêmes opportunités et assurerait au peuple , dans toute sa diversité, développement, bien-être, et harmonie.

Samba Thiam
Inspecteur de L’Enseignement Fondamental

4 septembre 2014

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FLAMNET-RETRO: Quelques extraits de l’article “Pour une coopération plus éclairée” du president Samba Thiam

altEn raison du contexte national actuel, l’accaparement et le bradage des terres de Darel Barka dans la vallée du fleuve Sénégal, flamnet se propose de rediffuser sur sa rubrique ”RETROSPECTIVE” quelques extraits de l’article du Président Samba Thiam , intitulée ‘’ pour une coopération plus éclairée ‘’, portant sur la spoliation des terres des populations dans la vallée du fleuve.

bonne lecture!!

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Pour une coopération plus éclairée…

….Ce qu’il faut déplorer dans cette situation c’est qu’il se trouve, hélas, des partenaires internationaux qui, consciemment ou inconsciemment , accompagnent cette politique ; en effet, certaines institutions internationales, certains partenaires étrangers participent de cette dangereuse entreprise de spoliation, par leur apport multiforme dans ce secteur ; a travers leurs programmes d’appui, leurs financements …Or sans crever l’abcès, c’est-à-dire sans œuvrer au rétablissement préalable de la vérité sur l’occupation des terres-qui possède quoi-, sans affirmation claire du caractère intangible du droit de propriété, sans apaisement des rancœurs et des frustrations accumulées toutes ces années à cause des injustices nombreuses , il ne serait ni judicieux, ni raisonnable de s’engager dans ce secteur . Il serait illusoire de vouloir exploiter de manière efficiente et productive ce secteur agricole durablement ; illusoire d’espérer en tirer des bénéfices probants ; plutôt, on risquerait de créer ou précipiter les conditions d’instabilité explosive, sans plus. A titre d’illustration, peut–on légitimement envisager un projet d’exploitation ou d’extension des manguiers des femmes de Thiembene sans risques ? Serait-il moralement juste de s’approprier le fruit de leur labeur pendant des années, de transformer de facto un cas de flagrante injustice en fait accompli, définitivement accompli ?

Enfin il ne faut pas que la raison de sécurité l’emporte sur celle (des risques) du chaos social éminemment plus dangereux

Attention toutefois, que l’on nous entende bien : la vallée du fleuve doit voir son potentiel agricole mis en valeur, exploité au bénéfice de tout le peuple mauritanien. Seulement, ce développement devra tenir compte de certains principes, reposer sur la concertation avec les populations concernées à associer, respecter l’espace vital des villages et certains droits séculiers (accès à la terre pour les paysans, accès au fleuve pour les pécheurs, couloirs de parcours et d’accès à l’eau pour les éleveurs). Ainsi et ainsi seulement, on s’acheminerait vers un développement réfléchi, apaisé, qui profiterait à tous. Voilà pourquoi nous pensons que tout plan d’exploitation de cet espace devrait se décliner en paliers, ci-après :

La Zone du ‘’ Waalo’’- ou partie inondable- sera affectée aux populations locales que l’Etat accompagnera

– Les investisseurs nationaux et sous–régionaux se verront attribuer le moyen Dierri -12km du fleuve,

-Les Investisseurs internationaux (le grand capital ) occuperont le haut Dierri -20km du fleuve et au de-là-.

Enfin s’il y a réforme foncière, elle devra être une, la plus équitable possible, applicable du Nord au Sud, d’Est en Ouest avec la même impartialité.

D’ores et déjà nous ne pouvons que déconseiller fortement tout financement de projets agricoles de partenaires dans la vallée du fleuve, avec le statu-quo actuel ; tout comme nous décourageons les appuis au secteur de la justice dans laquelle Negro-africains et haratines ne se reconnaissent pas ; Ils n’y sont pas représentés, ne peuvent s’y exprimer (N-africains), ni en attendre des verdicts impartiaux. Une justice enfin, où on ne donnait pas aux juges honnêtes de dire le droit. A nos yeux l’appui visant à ‘’ rendre cette justice plus forte,’’ comme se le proposent certains partenaires au développement, mérite d’être questionné, car il ne serait pas de nature à favoriser la cohésion nationale, pour accentuer et consacrer la marginalisation des Négro-mauritaniens….

Samba Thiam

President des Forces Progressistes du Changement – FPC

Nouakchott, le 31 Juillet 2016

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