Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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28 novembre : Inal, la face sanglante de l’indépendance mauritanienne

Les 28 pendus d'Inal. Crédit : DRDifficile d’évoquer les festivités qui s’annoncent pour le 28 novembre 2014, jour de l’accession au pouvoir de la Mauritanie. Ce jour rappelle à toute une communauté du pays un moment de son histoire, où le système d’état à sa tête a tenté, littéralement d’oblitérer les forces vives, militaires et intellectuelles noires mauritaniennes. Le 28 novembre 1990, 28 militaires, marins et policiers, tous noirs et pulaars, sont pendus à Inal près de Nouadhibou, après d’innommables séances de tortures rapportées par un des rescapés, Mahamadou Sy, dans son témoignage biographique, “L’enfer d’Inal”.

Il y a un an et demi, j’étais invité au Lycée français Théodore Monod à présenter mon dernier recueil de poèmes, «Les musulmans d’Inal» à des élèves de Première L. Devant l’assistance, sera lue le poème éponyme, lecture suivie d’une mise en perspective de ces éléments. Quel choc terrible et inoubliable, de la bouche d’un gamin de 17 ans, à la fin de la présentation :

«S’ils ont été pendus c’est qu’ils le méritaient» juge-t-il laconique et visiblement énervé.

Cet enfant n’était pas né au moment de cet événement intervenu le 28 novembre 1990, un an et demi après le début des «évènements». Mais j’entendais plutôt son père, et son discours qui reflétait le déni d’une élite du système politico-tribalo-financier en place depuis l’avènement des militaires, qui le lui a inculqué dans la tête. Et le refus de mémoire, donc le refus de cautériser une plaie, parmi d’autres qui tâche le contrat social entre concitoyens, qui pose la question de la cohabitation, qui n’est qu’une question au final politisée par une minorité d’un système.

«En quoi le méritaient-ils?» demandai-je, essayant de le pousser dans ses retranchements. Autour de lui ses camarades le regardaient ahuris. Dans l’assistance d’une vingtaine d’élèves, seule une avait entendu parler des pendus d’Inal. «Un ami de mon père y a été pendu» explique-t-elle simplement.

«Ils ont voulu faire un coup d’état !» s’enhardit le jeune homme. «Mon père est colonel ; il me l’a dit» continue-t-il. «Et puis les sénégalais nous faisaient la guerre» ajoute-t-il, comme pour paraître informé devant ses camarades qui le regardaient avec gêne.

«Laissez-le monsieur, il dit n’importe quoi» soupire une de ses camarades.

Mais c’était révélateur d’un malaise social : comment admettre, honnêtement, justement, sans aucun parti pris, que l’horreur a déferlé sur les consciences lors de cet événement. Que tout ce qui s’est passé à Inal durant cette période, était la même forme de manifestation haineuse que ce qu’on a vu quatre ans seulement après au Rwanda, dans des proportions beaucoup plus atroces : la déshumanisation d’un groupe ethnique, social ou culturel, sur la base d’une «infériorité» supposée, pour mieux la liquider. Des «cafards» au Rwanda, des «juifs» à Inal, comme en témoigne Mahamdou Sy dans «L’enfer d’Inal».

«Ue civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. (…) … Que déférée à la barre de la conscience, comme à la barre de la raison, cette Europe-là est impuissante à se justifier ; et que de plus en plus elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins de chance de tromper. L’Europe est INDEFENDABLE» commence Aimé Césaire dans «Discours sur le colonialisme». Remplacez «Civilisation» et «Europe» par «système d’état mauritanien» ou «groupe politique criminel» et vous pouvez transvaser ces propos en Mauritanie par rapport à cette question de 1989, qui n’était en réalité, et il faut le dire de temps à autres, par honnêteté historique et intellectuelle, qu’une tentative avortée d’épuration ethnique.

Il n’y a pas d’argumentaire à cela, de propos justificatifs. Il y a cette froide et horrible réalité. Il faut l’accepter, en faire la catharsis et avancer, pour le salut du pays entier. Mais la politique de l’autruche, le déni, le mensonge ne sont pas possibles. Comment faire un deuil sans corps ? Comment pardonner sans accusés ? Comment pardonner sans dire la faute ? Une chimère religieuse, morale, sociale et intellectuelle : ça ne passe pas dans le monde réel que l’on vit. Comment justifier cela ? Il n’y a pas de justification, sinon une haine terrible, qui a donné la démence de faire, ce que peu d’êtres humains doués de conscience pourraient faire, chapelets à la main, ablutions apprêtées…

C’est le même hébétement qui touche Mahamadou Sy rescapé de cet «enfer d’Inal», au moment même où il assiste à des pendaisons :

«Entre deux pendaisons, Khattra s’assoit sur un cadavre pour siroter son verrre de thé ou au pied d’un pendu en récitant le coran. Il va d’un pendu à l’autre, achevant ceux qui tardent à mourir à coups de barre de fer, s’appliquant à porter les coups dans la région du cou. Pendant ce temps Souleymane et les autres préparent les prochaines victimes tout en veillant à respecter l’ordre des numéros.

Quand arrive le tour du numéro onze, Diallo Sileye Beye ne peut s’empêcher de pousser un cri. Il recoit un violent coup de pied pour avoir osé perturber le déroulement de la cérémonie. Ses yeux ne se détachent plus de cet homme à qui on est en train de passer la corde au cou. Cet homme qui n’est autre que son petit frère, le matelot Diallo Abdoul Beye, qui cessera d’exister dans moins de trois minutes et que plus jamais il ne reverra. Abdoul Beye ne proteste même pas, il est hissé au bout de la corde sous le regard ahuri de son frère. Il n’y a pas de mots pour exprimer la douleur de Diallo Silèye Beye. Quand arrive le tour de Diallo Oumar Demba et son frère le soldat Diallo Ibrahima Demba (le hasard a voulu qu’ils soient,tous les deux séléctionnés pour les pendaisons et que leurs numéros se suivent, ils ont toujours tenu à rester ensemble), chacun d’eux, ne voulant pas assister à la mort de l’autre, demande à passer en premier.

Un tirage au sort organisé par les bourreaux les départage, Ibrahima Demba l’ainé, passe le premier. Le soldat de première classe, Ndiaye Samba Oumar, le chauffeur qui conduisait le véhicule le jour de mon arrstation, fait partie du lot. Le deuxième classe Samba Demba Coulibaly de Djeol, un soldat de mon escadron, qui porte le numéro 28 ferme cette macabre liste. Les pendaisons durent plus d´une heure. Après cela, tel des bêtes excités par l´odeur du sang, le groupe de bourreaux, pris d´une euphorie collective, s´acharne sur les autres prisonniers et tape sur tout ce qui bouge.

Conséquences de cette folie collective, cinq morts supplémentaires. Parmi eux, le soldat de première classe Ly Mamadou Ousmane, le seul spécialiste de l´arme antiaérienne de calibre 14,5mm de toute la région militaire.(…) La démence a été poussée jusqu´à symboliser la date du trentième anniversaire du pays par 28 pendaisons. Vingt -huit vies humaines sacrifiées sur l´autel de la bêtise humaine. Plus jamais 28 novembre n´aura la même signification pour les Mauritaniens. Quand certains sortiront dans les rues des villes ou dans les campagnes brandissant fièrement les couleurs nationales sous les youyous des mauritaniens, pour d´autres, ce sera un jour de deuil et de recueillement à la mémoire de ces 28 militaires pendus.»

Cet événement doit être rappelé à tous les mauritaniens, pour leur montrer que malgré cette horreur, les choses peuvent être dépassées mais pas, jamais, sans justice. Quelle justice sans vérité ? Quel pardon sans identification de la faute et des tenants de celle-ci ? Ni en droit humain, ni dans le Saint Coran. Le refus d’une telle justice, donc d’une telle réconciliation des cœurs, l’un n’allant pas sans l’autre, a été légalisé par la loi de 1993.

La loi d'amnistie de 1993 empêche les familles des victimes de voir leurs plaintes recevables par la justice mauritanienne. Crédit : MLK
La loi d’amnistie de 1993 empêche les familles des victimes de voir leurs plaintes recevables par la justice mauritanienne. Crédit : MLK

La loi «scélérate» de 1993

La loi «N° 93-23 du 14 juin 1993 portant amnistie» dont l’article 1er disposait qu’une «amnistie pleine et entière est accordée aux membres des forces armées et de sécurité auteurs des infractions commises entre le 1er janvier 1989 et le 18 avril 1992 et relatives aux événements qui se sont déroulés au sein de ces forces et ayant engendré des actions armées et des actes de violence».

Pourtant cette loi est reconnue par les avocats qu’elle n’est pas valable. «Elle repose sur une conception erronée de la notion même d’amnistie et viole des normes impératives du droit international auxquelles il ne peut être dérogé. Elle ne peut, donc, faire obstacle à la recevabilité de plaintes, l’investigation des faits, la poursuite, l’arrestation et la punition des auteurs de ces violations» explique l’avocat Omar Ould Dedde Ould Hamady.

Le président du collectif des victimes de la répression (COVIRE), Mamadou Kane, victime lui-même de la répression d’état de 1992, va au-delà de cet aspect illégal de cette loi d’amnistie : «On parle d’unité depuis quelques années maintenant dans ce pays. Allez voir ces orphelins et veuves qui sont à dix mètres de nous, qui n’ont jamais pu prier sur le corps de leur parent. Allez leur dire qu’il n’y aura ni vérité, ni justice, ni réparation décente, ni mémoire pour le mal innommable qui leur a été fait. C’est cela que cette loi empêche : déposer des plaintes pour mettre en branle ces quatre points qui constituent la base de la réconciliation dans ce pays».

Le cas symbolique d’El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddeine

L’ex-colonel El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddeine, ancien vice-président de l’assemblée nationale, est symbolique et significatif à plus d’un titre : il est un des rouages essentiels de l’institution qui devrait permettre l’abrogation de cette loi d’amnistie, et dans le même temps, leCOVIRE le dénonçait clairement et précisément par rapport aux officiers torturés et abattus, dans une liste de ses victimes parue il y a trois ans. «Il a sur les mains le sang de 89 personnes. 89 Bon Dieu ! Et il se trémousse librement sur son fauteuil à chaque session de l’assemblée nationale !» enrageait l’an passé Aboubacri Sy, représentant du collectif des rescapés militaires, (COREMI), lors d’une marche pour l’abrogation de la loi de 1993.

Mamoudou Lamine Kane

 

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A nos martyrs ! par BOCAR OUMAR BA

D’ici peu encore, nous nous souviendrons !
Que votre dernier soupir fit entrer à jamais,
Dans nos mémoires gardiennes de la Nation,
Inal et Jreida telles des villes douleurs.

C’était pourtant par une belle nuit d’hiver au ciel étoilé.
Le murmure de la brise faisant ses dernières confidences
Aux sables fins des plages déjà évanescentes.
Nuit d’insomnie, ô nuit de clameur éternelle,
Si suspecte de douceur et de funeste tranquillité.

Et l’on vous compta jusqu’à 28…
Tels 28 vulgaires bouts de bois de Dieu !
Nul hymne à votre silencieuse bravoure,
Pas même le chant des martyrs.

La geste du griot ne vous encensera point,
Pas plus qu’un soupçon de Jaalawaali !
Rien que le lointain échos du Leele
Ultime hommage du Fuuta éternel,
A ses vaillants fils, à jamais exilés !

Nous nous souviendrons toujours, amis martyrs,
Car à la Nation nous en avons fait la promesse,
Qu’en son nom on vous destina à la potence.
Oui, nous nous souviendrons toujours, amis martyrs !

Bocar Oumar BA

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Pour nos 28 militaires d’Inal

altUne pensée pieuse pour leurs âmes et leurs mémoires priant Allah le Tout-Puissant de les accueillir dans son vaste paradis.
Triste et pénible jour où 28 militaires tous negros mauritaniens pendus à Inal dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 novembre 1990.
Pendus pour magnifier les 30 ans d’Indépendance d’un pays entièrement islamique : La Mauritanie.
En ce douloureux souvenir, Ahmed Ould Bettar et l’ensemble de l’équipe rédactionnelle de Rapideinfo, ont une pensée très sincère pour vous. Paix à vos âme

Source: http://rapideinfo.net

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LES FLAMISTES DES ANNÉES DE BRAISE À DAKAR SONT EN DEUIL

altNous venons d´apprendre avec une grande tristesse le décès de notre chère maman, tante et “njaatigi” pendant les années de braise, Neene Hadja Coumbourou Hawoly Ciré Babaly, mère de nos camarades Moctar Sakho et Mohamed Lemine Sakho dit Almamy, décès survenu hier soir à Dakar.
Neene Hadja Coumbourou dite Koudy était une maman exceptionnelle, une pieuse, une gentille et surtout une femme au coeur d´or. En 1986, suite à la publication du fameux et historique “Manifeste du négro-mauritanien opprimé” et l´arrestation de la direction de notre mouvement, les quelques jeunes du mouvement qui avaient échappé aux filets de la police du trio satanique Taya- Gabriel Cimper et Ely Ould Mohamed Valla avaien trouvé refuge au Sénégal et plus particulièrement chez cette courageuse maman à Dakar, qui a transformée sa maison en siège et permanence des FLAM. C´est à partir de sa maison sis à Lliberté 6 en face du Camp Pénal que nous avions reconstitué les FLAM, repris le Flambeau, remobilisé nos troupes, repris la lutte et attiré l´opinion internationale sur l´autree Apartheïd qui sévissait en Mauritanie. C´est grâce à cette campagne que nous avons pu sauver la vie de certains de nos camarades prisonniers à Oualata et mobilisé l´aide humanitaire en faveur des déportés en 1989 sur les rives de la vallée du fleuve Sénégal.
A l époque rares sont ceux qui osaient approcher des “FLAMISTES” aussi bien en Mauritanie qu´à l éxtérieur du pays, les gens nous fuyaient comme la peste par peur de représailles. La rumeur disait que la plus sûre manière de se débarasser d´un adversaire était de l´accuser de “Flamiste” ou de proche des Flamistes. La témérité et le courage n´étaient pas la “denrée” la plus usitée chez beaucoup de nos compatriotes pendant ces années de braise. S´opposer ouvertement et frontalement au régime militaire qui semait la terreur dans tout le pays et plus particulièrement dans la vallée était considérée comme de la folie. Malgré tous ces risques maman Hadja Coumbourou n´en avait cure et mettait tout à notre disposition pour résister et dénoncer l´arbitraire en Mauritanie. Cette grande dame mérite l´hommage et la reconnaissance de tous nos combattants de la liberté. C´était une résistante , une combattante de la liberté, un soutien moral aux jeunes “orphelins” que nous étions pendant ces moments de détresse et de traversée du désert,
Qu´Allah le tout puissant l´accueille en son Saint Paradis et que la terre lui soit légère.
Aux camarades Moctar Sakho , Almamy, nos soeurs Bébé et Dienguel, à nos camarades exilés de 1986-1992 à Dakar, à tout Fouta nous présentons nos condoléances les plus attristées.

A Dieu nous appartenons et à lui nous retournons. ADIEU yummum mooliibe, njaatigi danniibe!

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Les FLAM en deuil, notre camarade Ousmane Diacko n´est plus!

Nous venons d´apprendre avec une grande tristesse le décès d´un de nos vaillants militants et combattants, notre camarade Ousmane Diacko de Diolli un des responsables des FLAM dans le Toro (Traraza) décès survenu ce matin à Nouakchott.


Rappelons que notre camarade feu Ousmane Diack est un ancien déporté et a vécu plus de 20 ans de sa vie loin de la terre natale et il était un des responsables des réfugiés mauritaniens et des FLAM dans le département de Podor. A son retour au pays dans le cadre du rapatriement organisé, il n´a jamais varié sur ses positions pour une Mauritanie juste et non raciale et il faisait partie des organisateurs de la marche historique des déportés de Boghé à Nouakchott et qui ont été sauvagement réprimés par la police du Général-président.


Le BEN des FLAM et à travers lui tous nos militants et sympathisants présente ses condoléances les plus attristées à sa famille, aux camarades du Toro et à toute la Mauritanie. Qu´Allah l´Éternel, le tout puissant l´accueille en son Saint paradis et que la terre lui soit légère.
AMINE.


A la mémoire de tous ceux tombés pour les causes justes nous répéterons après d’autres, cette oraison funèbre devenue classique “Ta vie fut combattante, ta mort héroïque, ton sacrifice sacré et ta mémoire éternelle”.

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