Category Archives: Agora
FLAMNET-AGORA: La Mauritanie: Deux discours mêmes conséquences, une autre attitude s’impose ! (2eme partie)
La Mauritanie: Deux discours mêmes conséquences, une autre attitude s’impose !
(2eme partie)
Alors, quelles solutions ?
Etant donné que, objectivement, tout le monde sait que cette situation ne peut plus durer, faut-il rester sur la même lancée ou bien devons-nous changer d’orbite pour adopter une autre stratégie ? En clair, en tant que militants de la cause noire en Mauritanie, sommes-nous satisfaits du travail accompli depuis des décennies ?
Sans doute, il serait plus facile, donc très tentant, de rejeter la totalité de la faute sur le camp adverse, en l’occurrence sur les compatriotes maures. Mais, je devrais me demander est ce judicieux ou même productif de le faire ? Chose qui pourrait me donner la conscience tranquille en le faisant, mais à quoi cela servirait aujourd’hui, dans ma démarche de recherche de solutions aux problèmes de notre cohobation? La réponse est catégorique : Absolument rien.
Pour une question purement de méthodologie, je considérerais deux possibilités:
-
Les maures progressistes sont de bonne foi, mais, ils n’ont pas très bien saisi l’ampleur des problèmes,
-
Nous pouvons mieux faire pour les aider à comprendre la réalité de la situation.
Par conséquent, le temps est venu de faire de l’introspection sur nous-mêmes, et sur nos différentes organisations ( qu’elles soient politiques ou humanitaires) afin de dégager un plan d’action général fiable pour donner plus de chance à la réussite de nos efforts de tous les jours. Vue la détérioration progressive et certaine de la condition de l’homme noir en Mauritanie, il devient indéniable que notre lutte commencée depuis les années 70 n’a pas encore payé. Ce fait n’est pas dû à l’absence de travail de notre part. Ce serait une contre-vérité, ou de malhonnêteté et/ou de l’ignorance de dire que les différents responsables de nos organisations n’ont rien fait. Seulement, il n’y a pas toujours eu de corrélation certaine entre les efforts et les résultats. Malheureusement, pour l’instant, le résultat obtenu ne reflète pas l’ampleur de leur sacrifice. Le moins qu’on puisse dire, il faut le reconnaître, est que nous avons échoué, indépendamment des causes que nous pourrons évoquer, essentiellement sur deux points. Premièrement, l’absence de ralliement de nos compatriotes maures à cette cause, qui est pourtant juste et dont l’existence est d’une réalité visible même au plus aveugle des humains. Et le second point c’est notre incapacité de favoriser et de soutenir l’émergence d’une relève saine qui pourra prendre en charge le combat pour les générations futures.
Alors, je dirais qu’à l’image de l’évolution de la philosophie du travail dans le monde, pour des organisations qui réussissent, nous devons adopter un plan de travail qui fait appel au concept de ‘’travailler plus intelligemment et non plus durement’’. Ainsi, nous établirons un plan programmatique qui s’inscrirait dans une période d’une année. Durant laquelle nous devrons consacrer l’essentiel de nos efforts à la résolution de ces deux problèmes. Un programme bien établi qui respecte des méthodes scientifiques de planification. Une fois les objectifs codifiés, ils devront être supportés par un groupe de gens capables de porter la mission de manière agressive et stratégique en direction de toutes les populations mauritaniennes. Un discours qui devra s’entendre partout dans le pays, au niveau de nos villes, villages, hameaux et campements. Désormais, il faut comprendre que ‘’la Mauritanie n’est pas seulement Nouakchott’’ et agir en conséquence.
Evidemment, pour tout plan qui mérite son nom, il faudra un bilan au terme du délai fixé. Ce bilan pourrait refléter une adhésion massive de nos compatriotes maures à la cause, qui sera un signe de succès, et qui indiquera la volonté de vivre ensemble de nos communautés. Dans le cas contraire, il faudra faire face à la réalité. En ce moment nous devrons comprendre qu’il ne sera plus opportun d’insister sur la cohabitation de nos différentes populations, mais travailler, non pas pour le fédéralisme, ou l’Autonomie, mais sur l’option de la séparation pure et simple entre le Sud et le reste du pays. Et cela doit être compris et dit sans complexe de notre part afin que chaque personne et chaque communauté prenne sa responsabilité. A partir de ce moment, nous imposerons l’optique de séparation, pas en fonction de la haine, du dédain ou du racisme contre le maure, mais en raison du principe que tout individu et toute communauté doit aspirer à son bien-être moral, matériel, social et politique. Chose que nous ne jouissons pas dans la situation actuelle.
Cependant, d’aucuns se demanderont qui seront ces hommes et femmes, parmi nous, capables de porter cette transformation décisive ? Il y a quelques semaines, 16 Mai 2015, mon grand frère Boye Alassane Harouna partageait sa réflexion sur la question d’une relève pour un combat salutaire. Comme à son habitude, c’est un texte bien rédigé et agréable à lire dont je partage la nécessité de l’urgence mais pas le pessimisme. En effet, J’ai perçu, chez lui, un sentiment défaitiste par rapport au leadership parmi sa génération. Pourtant, je suis convaincu qu’il y a toujours la possibilité de rééditer l’exploit de 1983 qui avait fusionné nos différentes organisations en un seul mouvement politique, les Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM).
Il est vrai qu’aujourd’hui la matérialisation d’une future relève peine à émerger. Comme je disais tantôt c’est le deuxième point d’échec pour le compte de nos organisations. Présentement, le manque d’encouragement et d’encadrement de nos leaderships à l’égard de nos potentialités montrent trois déplorables comportements. Soit un découragement des jeunes qui finissent par abandonner la scène politique. Ou bien, rester dans les sillages de nos organisations incapables de réfléchir par eux-mêmes, bref ils se transforment en abrutis politiques. Le troisième fait, ceux ou celles qui ont une énergie débordante finissent par se rebeller contre nos leaders de manière inappropriée violant ainsi tout code moral de nos mœurs et coutumes. Comportement qui tire souvent vers l’arrogance et frise l’impolitesse. Mais à l’absence de tout encadrement de base, évidemment l’élégance et la beauté de l’albatros se mesurent à la force de ses flancs. Naturellement, un oiseau sans ailes ne volera pas loin.
Enfin, d’où viendra ce salut tant attendu ? Le 28 Juin dernier, certains d’entre nous ont commémoré, chacun à sa manière, le 29eme anniversaire de la disparition de notre camarde Moussa Kebe (Paix à son âme). Celui- là même, en tant que représentant de la jeunesse, joua un rôle primordial dans la création des FLAM. Pour beaucoup d’entre nous, il représente un symbole de lutte, d’abnégation, d’intelligence et de courage dans cette quête pour l’Egalite entre nos différentes communautés. Alors, en 1983, avec l’appui de nos sages, parmi lesquels feu Aboubakry Kalidou Ba (paix à son âme) il avait pu obliger nos aînés (la génération de Boye Alassane) d’accepter la fusion de leurs organisations en FLAM. Aujourd’hui ce sont ceux qui se réclament de la génération de Kebe Moussa qui doivent se manifester, probablement pour une dernière action décisive, pour une rédemption assurée. C’est à eux de jouer ce rôle de jonction entre nos aînés et celle de la nouvelle génération. Je leur dis, il est louable d’évoquer nos symboles chaque fois que l’occasion se présente, mais le symbolisme et l’héroïsme doivent servir pour stimuler notre inspiration à l’action. Sans cela tout devient un grand gâchis. Je suis sûr qu’il y a d’autres AbouBackry Kalidou Ba encore vivants qui n’attendent que de voir d’autres Kebe Moussa se manifester pour les épauler une fois encore. Je suis convaincu que cela ne va plus tarder. C’est là tout le fond de mon optimisme.
Hammel Barry
hammelbarry@aol.com
FLAMNET-AGORA: La Mauritanie: Deux discours mêmes conséquences, une autre attitude s’impose !
La Mauritanie: Deux discours mêmes conséquences, une autre attitude s’impose !
Mes remerciements à Cire Ba et Rouguiyatou Ngaide dite Coumba pour leurs ‘’pressions’’ amicales. Tout le mérite de cette réflexion leur revient.
Il suffit de très peu d’attention pour saisir la différence dans la manière dont les Noirs et les Maures perçoivent la situation politique en Mauritanie. Il est plutôt aisé de constater la profonde divergence entre les courants qui défendent l’arabité intégrale du pays et ceux de la mouvance noire qui militent pour la reconnaissance effective du droit à la diversité des différentes communautés mauritaniennes. Cependant, il est beaucoup moins compréhensible quant à la différence d’interprétation de la situation politique entre l’Elite noire et la composante maure dite des ‘’progressistes’’. Bien que ces derniers se réclament, pour la plupart, du côté de l’opposition aux militaires depuis le règne de Ould Taya, mais l’unicité de vision entre eux et les représentants de la communauté noire désavantagée tarde encore à se matérialiser.
En effet, les progressistes maures ont du mal à digérer la notion d’existence du système de discrimination raciale que leurs compatriotes noirs dénoncent. Le plus souvent, ils jugent la situation politique à partir de leurs sentiments personnels et des relations de proximité qu’ils ont avec telle ou telle autre personne de la communauté noire. Au demeurant, le plus souvent très superficielles car ils font fi des réalités institutionnelles et de la globalité des intérêts communautaires en présence. En général, ils lisent les difficultés de la cohabitation qu’à travers cette seule notion connue sous l’appellation de ‘’passif humanitaire’’. Celle qui fait référence, chez nous, aux violations massives des droits de la communauté noire non Harratine durant la période des années 1989-92
Ainsi, ils reconnaissent que le régime de Taya est responsable du tort à l’égard de la communauté noire du sud, mais ils hésitent encore de la réparation adéquate à apporter à ces torts. Ils deviennent nostalgiques de la période des gouvernements civils d’avant 10 Juillet 1978, car synonyme du temps de la symbiose entre les différentes communautés mauritaniennes. Ils refusent de voir que l’état de la situation politique actuelle trouve ses sources à partir de notre indépendance, par le biais d’une volonté manifeste d’arabisation généralisée du pays. C’est pourquoi, ils s’irritent à chaque fois qu’un Noir fasse état de l’existence du système de discrimination raciale en Mauritanie. Ils pensent que cette notion de système est très englobante. Ils s’en offusquent prétextant que tous les maures ne sont pas racistes et ne partagent pas la même ligne politique avec les autorités militaires dirigeantes. Mieux, pour refuter la thèse du complot racial, ils soutiennent la participation régulière de cadres noirs dans les différents gouvernements, c’est-à-dire de la gestion de l’Etat, depuis l’indépendance du pays. Alors, la notion du racisme en Mauritanie serait de l’exagération des politiciens extrémistes noirs. Ce sont ces convictions qui les conduisent à jouer aux équilibristes. Par exemple, ils feront partie de ceux qui associent le problème des Mauritaniens noirs victimes de la déportation au Sénégal avec celui des Maures expatriés à la suite des évènements de 1989. A noter que, même si cette décision émanait du pouvoir, il n’en demeure pas moins que la majorité de nos ‘’progressistes’’ a participé ou au moins n’a pas dénoncé l’ambiguïté de ce choix. Par ailleurs, je suis partisan d’une solution aux problèmes de nos compatriotes expulsés du Sénégal, mais je trouve inapproprié le mélange de genre. Chose qui tente d’absoudre la responsabilité de l’État mauritanien dans son acte racial contre des citoyens noirs. Il est aussi fréquent, dans cet esprit d’équilibrisme, de voir dans leur discours des reproches ‘’aux extrémistes de tous bords’’. Ainsi, ils mettent dans un même panier, les racistes maures et leurs victimes noires qui ont eu le tort de dénoncer leur situation de discriminés. Ils ne réalisent pas que cette attitude qui consiste à vouloir décrédibiliser les représentants de la cause noire et à inhiber la conscience collective des victimes ne fait qu’approfondir le fossé entre nos communautés. Finalement, les deux discours, celui des extrémistes maures et de ceux des progressistes parmi eux aboutissent à un seul résultat, celui qui consiste à maintenir la population noire le plus longtemps possible sous la domination du maître maure. Si vraiment, ces progressistes veulent mériter leur statut avec un changement honnête et réel, ils doivent revoir leur position. Avant tout d’abord, ils devraient se rendre compte que la population noire a vécu et continue de vivre un traumatisme profond. Alors, tout signe d’hésitation marqué par des si, des mais, et autres réserves dans leurs discours ne fera que conforter le sentiment de méfiance et de soupçon à l’égard de l’ensemble des politiciens maures et voir même au-delà. Pour un traumatisé et frustré que chacun de nous est ( la population du sud ) toute nuance à l’égard de notre situation d’opprimé pourrait suffire comme preuve que le maure est un ennemi et un raciste. Car pour un traumatisé, il n’y a pas de demi-mesure c’est l’adage ‘’tu es avec moi, ou tu es contre moi’’ qui compte. Alors les plus cyniques d’entre nous ne verront dans leurs actions qu’une stratégie planifiée et coordonnée par la classe politique maure pour pérenniser le racisme et la domination contre la population noire.
Plus curieux encore, et selon certaines sources, le président Abdoul Aziz, lui-même, – que l’on dit être un progressiste et absolument « pas raciste » -, reprocherait à l’Elite noire son ingratitude à son égard.
Puisque, pense-t-il, malgré des efforts énormes consentis pour cette communauté à laquelle il ne doit rien, ses leaders continuent de l’attaquer et de le vilipender. Évidemment, il y a un certain nombre de problèmes particuliers en ce qui concerne l’assertion du Président. Bien que Mohamed Ould Abdel Aziz n’ait été indexé d’aucune infraction personnelle et directe sur les évènements des années de braise mais en tant que ancien responsable de la sécurité de Ould Taya, il est de fait et de droit un élément de son régime. En tant que tel, il doit être considéré comme responsable même en dehors de toute faute directe. Par ailleurs, au nom de la continuité de l’Etat, il ne peut pas se soustraire aux obligations que lui imposent la déontologie et la morale liée au fonctionnement des institutions étatiques. Malheureusement, ce sentiment du Président est partagé par nombre de compatriotes maures qui se disent ne pas être impliqués aux causes du malheur de la population noire mauritanienne. Par conséquent, ils ne se voient d’aucune obligation à notre égard, même si ils sont conscients de la réalité du problème.
A suivre
Mamadou Barry dit Hammel
USA.
Baccalauréat 1974 – 2015 : le résumé d’une succession d’incompétence qui dure depuis 41 ans, 2015 : taux de réussite à la première session 7.46%, Lettre Moderne 3%,…
On dit souvent qu’une image veut mieux que 1000 mots, les deux figures suivantes montrent l’évolution du taux de réussite au baccalauréat toutes les filières confondues de 1974 à 2010 (figure 1) et l’évolution du nombre d’inscrits à cette épreuve pour cette même période (figure 2).
Nous pouvons en tirer une conclusion :
– aucun gouvernement n’a réussi à mettre en place un système éducatif du secondaire capable de préparer efficacement les élèves mauritaniens aux études supérieures tant en qualification qu’en nombre durant cette période.


Le nombre d’inscrits ne cesse de croitre de façon considérable tandis que le taux de réussite ne cesse de chuter de la même façon, l’enseignement ne fonctionne pas du tout.
Il y a eu le plan stratégique de lutte contre la pauvreté (www.cslp.mr) qui a démarré en 2006, dans le volet éducation, un objectif de réussite au baccalauréat de 30% pour 2010 était la cible, de 2006 à 2014 on n’a jamais réussi à dépasser les 10% à la première session.
En plus de l’incompétence de nos dirigeants à gérer l’éducation, des réformes éducatives non objectives souvent nuancées de politisme sont venues s’y ajouter, d’où l’aggravation de la situation, aujourd’hui on est tous convaincu que le système éducatif mauritanien est chroniquement malade, les résultats de cette année le démontrent.
Pour la série Lettre Moderne un taux de réussite de 3%, les mathématiques 18%, Sciences Naturelles 7,5%, Lettre originale 8,3%, TM 35.5%.
Il faut remarquer que le taux de réussite de la série TM n’est pas significatif par rapport au niveau général, car c’est 38 élèves sur 107, le nombre d’inscrits ne représente que 2.5 pour 1000 du total des inscrits par contre la filière lettre moderne représente 21,43 % du total des inscrits soit 214 pour 1000.
Nous attendons avec impatience une communication pour faire savoir aux candidats au bac et à tous les Mauritaniens que malgré les désagréments causés par les réseaux sociaux, l’année de l’enseignement à enregistrer un taux de réussite de 7,46%, on fera mieux l’année prochaine en vendant 3 écoles.
Félicitation à Ibrahim Mohamed Moustapha développeur de l’application qui permet de consulter les résultats du bac via ce lien
http://41.188.113.135/consulbac/
Source : Kalidou Sarr
21 juin 1958: Proclamation de la République Islamique de Mauritanie
21 JUIN 1958 AUTONOMIE DE LA MAURITANIE, LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE EST PROCLAMEE LE 28 NOVEMBRE 1960
28 NOVEMBRE 1958 :
Proclamation de la République Islamique de Mauritanie, État membre de la Communauté .
La capitale est fixée à Nouakchott alors que celle du Territoire de Mauritanie était à Saint-Louis du Sénégal.
L’inauguration de Nouakchott comme capitale est commémorée par un timbre émis le 29 novembre (Y&T AOF No PA 28).
![]() Inauguration de Noakchott |
Deux timbres seulement seront émis par la république autonome (Y&T Mauritanie No 138/139).
La proclamation de la République de Mauritanie est célébrée par un timbre(Y&T Mauritanie No 138). Une oblitération premier jour grand format double cercle est utilisée “PREMIER JOUR / NOUAKCHOTT // REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE / 20 JANV. / 1960 // (drapeau)”.
![]() FDC République mauritanie |
Le courrier de service de la République autonome est affranchi en timbres de service de l’A.O.F..
![]() Courrier officiel Mauritanie |
Lettre officielle du cabinet du Premier Ministre de Mauritanie affranchie avec deux timbres de service d’AOF 5F + 20F, oblitérés Saint-Louis 7/11/59 (La capitale de Nouakchott n’est pas encore terminée, le gouvernement est encore à Saint-Louis). |
![]() Mokhtar Ould Daddah |
Le premier Ministre Omar Ould Daddah, fervent mulsulman refusera, en conformité stricte avec sa religion, que son portrait figure sur un timbre ou une oblitération.
Pour les premiers pas philatéliques de la République de Mauritanie voir le chapitre“De l’autonomie à l’Indépendance postale de la Mauritanie”
https://www.youtube.com/watch?v=AuYBJR1X-fs
https://www.youtube.com/watch?v=v1pc9vfG6g0
Source: http://www.histoire-et-philatelie.fr/pages/005_decolonisation/1020_communaute_francaise_2.html
FLAMNET-AGORA: Tournée dans la vallée du fleuve: voulez-vous que je vous dise Monsieur le Président ? par Samba THIAM-Président des FPC
Nous avons vu le Président dans ces tournées avec leur côté festif, populiste ! Qu’est- ce qui pousse donc le président à entreprendre, en cette période de grande canicule, ces visites ? Une chose est sùre, Aziz s’étant révélé jusqu’ici en homme futé, habile dans la manoeuvre, incite à penser qu’il n’a pas agi par altruisme.
Derrière ces bains de foule, tout porte à croire à un agenda caché. Quelle serait la nature de cet agenda ? conjectures.
Préparer les conditions pour un changement de constitution? ballon d’essai, prise de pouls? petits vers un réferundum ? rien n’est à écarter.
Mais, prenons le Président au mot quand il affirme aller à la rencontre des populations pour s’enquérir de leurs problèmes. Accordons –lui le bénéfice du doute, mais alors disons lui qu’ il s’y est mal pris; il ne peut pas rencontrer ces populations. Il ne peut pas les rencontrer, pour s’entourer des laudateurs qui font barrage . Ces mêmes hommes, recyclés, empêchent ces populations de l’approcher ou de poser leurs problèmes ; il arrive même qu’en amont, au cours des réunions préparatoires d’accueil, des hommes et des femmes, soupçonnés de non conformisme à la ligne du « oui AZIZ », se voient d’office écartés du cercle des ‘’privilégiés’’. Voilà qui expliquerait peut-être, en partie, les dérapages constatés ici et là, au cours de cette tournée; n’exprimaient-ils pas quelque part la volonté du grand chef, lui même? le Président ne l’aurait-il pas voulu ainsi, étant allergique à toute contrarieté, ne souhaitant entendre aucun discours critique; rien que des louanges. Un militaire dressé à donner des ordres ou à en éxécuter s’accommode mal de la contradiction. L’hypothèse tient la route, sinon les images des protestataires d’Aleg ne seraient pas absentes des écrans officiels, les jeunes de Boghé, en brassards rouges, n’auraient pas été battus par des éléments du Basep, se substituant aux forces de police, ou les rouspeteurs potentiels de Darel barka et de Rosso neutralisés, avant même la visite du Rais, ou encore ces courageuses dames de Thiambène – emprisonnées arbitrairement quelques jours déjà avant cette visite – exfiltrées en catimini de Rosso pour Nouakchott. Braves dames auxquelles nous exprimons ici toute notre solidarité active, et qui, par leur exemple, nous indiquaient le seul chemin de l’honneur qui vaille : résister
Kaëdi, Lexeiba, Mbagne, Aleg, Bogheé, Rosso, aujourd’hui Sélibaby, on assiste partout au même spectacle; bain de foule; youyous !
Certains ont eu tendance à plaindre, voire critiquer ces populations. Je m’en abstiendrai, parce qu’à mon sens ces populations obeissaient simplement aux lois de foule, et non parcequ’elles restaient particulièrement admiratives d’Abdel Aziz. On se rappelle encore avec quel faste le Président–tyran, Ould Taya en l’occurrence, avait été accueilli à Boghé, bourgade pourtant des plus endeuillées du fleuve, pendant les années de braise. Non, ces populations, étaient des victimes innocentes. Les responsables de ce cirque, bien monté, n’étaient autres que ces laudateurs éternels qui finiront, si rien n’est fait, par perdre la vallée du fleuve et au-delà, puisqu’ils peuplaient aussi le nord et le centre. Les mêmes laudateurs sous Ould Taya, les mêmes sous Sidi qui maintenant ceinturaient Aziz. Toujours les mêmes, inondant le prince de fleurs, lui masquant la triste réalité sur les misères quotidiennes et le désespoir des populations.
Le prince ne prend généralement conscience du jeu néfaste de ces gens que le jour où il est emporté; lorsqu’il est trop tard. Et c’est cela qui pourrait arriver aussi à Aziz! l’adage populaire dit bien ‘’jamais deux sans trois ‘’!
Les Problèmes des populations du fleuve, Monsieur le Président, – si je devais vous les conter- se déclinent en «sentiment de frustration, d’exclusion », de ras le bol qui se reflètent dans les dépossessions et spoliations des terres, à travers un enrôlement séléctivement ethniciste qui en fait des apatrides, un découpage administratif et territorial des plus injustes, une déperdition scolaire des plus élevées du territoire du fait d’un Enseignement régional sciemment saboté au Sud au travers des réformes savamment conçues pour un tel effet; une très grande misère enfin de ces populations.
Dans la vallée du fleuve, oubliée des infrastructures majeures, nous, ses ressortissants, devons seulement nous contenter de quelques cartons de yaa-boys, quelques boutiques Emel, quelques lopins de terre irrigués par ci, quelques ponts par là, de l’électricité pour les grosses bourgades, voilà à quoi nous ‘’avons droit’’. Réalisations, modestes certes, mais réalisations tout de même, à mettre à l’actif du Président actuel, en comparaison du vide total des années 60 et post –indépendance.
Malheureusement l’effet positif de ces réalisations a été anéanti, balayé par l’autre versant négatif de la politique du Président Aziz, qui a accentué le sentiment profond de non appartenance à ce pays, en nous; La superstructure reste globalement interdite aux Négro-mauritaniens; chercher à diriger ce pays c’était faire preuve de toupet ! Accéder aux responsabilités dans la haute administration, bénéficier d’entreprises privées, gérer les grandes boites de l’Etat , entrer dans le secteur bancaire, envoyer ses enfants dans les Ecoles supérieures du futur, telles l’école des mines, l’école de médicine, l’école polytechnique, l’école de magistrature suprême et de la haute administration, l’école des officiers, le Prytannée militaire, c’était trop demander pour leurs enfants. Y prétendre, c’était nourrir des ambitions démesurées, exagérées, injustifiées … pour des « Sénégalais ». Nominations mono-ethniques des conseils de ministres, télévisions et radios privées ou publiques mono-ethniqus, forces de Police mono-ethniques, corps de commandement des forces armées mono- ethnique, commissions d’enrôlement mono-ethniques, voilà l’explication du sentiment de ras le bol , du malaise général perceptibles dans toute la vallée du fleuve, que vos laudateurs s’efforceront sûrement de vous cacher, monsieur le Président.
Le mal-être profond, le vide, engendrés par la perte de dignité et le déni de citoyenneté des Négro-africains ne pouvaient être meublés par…des projets, fussent-ils importants; ou par la ‘’lutte contre la pauvreté’’…. C’est beaucoup plus profond que ça. Non, une nation ne pouvait se construire de cette façon!…”half free half slave”, déplorait Lincoln.
Enfin quelque chose que vous ne semblez pas comprendre monsieur le Président : Lorsque les populations négro- africaines visitées s’adressaient à vous en français, c’était par courtoisie, par respect pour votre personne, dans le souci de communiquer avec vous. Vous, en retour, leur répondiez en hassanya tout court; sans vous souciez de ce qu’elles pouvaient ressentir !
Vous avaient-elles compris ? avaient-elles été choquées ? vous vous en moquez ! ceci porte un nom monsieur le Président.
Certaines vieilles habitudes ont la vie dure ! Vous ne semblez pas comprendre ou accepter que chacun soit fier de ses racines et de sa culture, sans dénigrer ni mépriser personne… Un PNDC qui ne tiendrait pas compte pleinement de cette donne est voué à l’échec, – soit dit en passant- à l’attention de l’ honorable et courageuse Mint Aïnina.
Dernier éclairage enfin, Mr le Président, vous, comme beaucoup d’autres Mauritaniens issus du sérail, ne cessez de convoquer ou d’évoquer ‘’l’unité nationale’’, mais juste comme un slogan creux ! Parce que cette unité que l’on invoque tout le temps, que l’on scande en permanence comme une litanie, on veut juste la garder telle qu’elle est, c’est-à –dire «l’ unité du cavalier et de sa monture »! Cette unité là, nous n’en voulons plus !
Vous avez par ailleurs, Monsieur le Président, au cours de cette tournée, semblé, dans vos propos, vous en prendre aux activistes, les accusant de nuire à l’unité nationale … Au contraire ! Ces activistes remplissaient leur devoir de citoyens honnêtes; patriotes sincères et courageux, ils dénonçaient les dérives et les véritables fossoyeurs de l’unité nationale. Si l’unité nationale est mise en mal aujourd’hui, malgré quelques tentatives de réparations timides et superficielles des dérives du Colonel despote, il faut en chercher les causes dans l’autre facette de votre politique décrite plus haut.
Ces youyous populaires ne vous y fiez pas trop. Taya était parti au moment où il se prenait pour le messie.
Prenez garde Monsieur le Président, ouvrez les yeux sur ces laudateurs, ne perdez pas de vue où ils avaient mené Ould Taya. Si vous saviez combien parmi eux riaient sous cape !
Reprenez- vous, resaisissons-nous, il n’est pas encore tard …
La lutte continue !
Samba Thiam
Président des FPC
Nouakchott 11 juin 2015.