Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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L’impossible unité nationale /Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibacar

altLes jalons

La proclamation de la République, à Aleg le 28 novembre 1958,  fut le  résultat d’un engagement consensuel, solennel et sincère entre toutes les communautés, après des débats houleux mais francs et fraternels dans une ambiance bon enfant, dominée par l’émergence du problème identitaire. Les noirs, minoritaires, voulaient lui donner le nom de la République africaine de Mauritanie pour marquer leur différence, les maures, majoritaires, celui de la République arabe de Mauritanie pour imposer leur hégémonie. C’est le président de cette assemblée constituante, le métis Sidel Moktar Ould Yahya Ndiaye, qui, grâce à son sens élevé du devoir national et surtout à son souci de préserver coûte que coûte l’unité nationale, pilier principal de cette nouvelle République, qui avait proposé de la nommer République Islamique de Mauritanie, l’islam étant le ciment de notre unité. Sa proposition avait été votée à l’unanimité par tous les députés dans un contexte pluraliste.

La déclaration de notre  indépendance le 28 novembre 1960 à Nouakchott avait entériné la naissance d’un État bi-ethnique où cohabitent une communauté  arabo-berbère et une communauté  négro-africaine unies par l’histoire, par la géographie, et surtout par une même religion, pour un même destin.

Mais l’adoption par l’assemblée nationale, en mai 1961 de l’amendement constitutionnel, transformant le régime parlementaire plus compatible pour consolider la cohabitation, en régime présidentiel source d’autoritarisme, va remettre en cause ce contrat social, ce pacte solennel, cette solidarité entre musulmans d’origines différentes, qui est le fondement de notre unité nationale et conduira notre pays vers la dictature de la majorité.

Cette déloyauté, pour ne pas dire cette trahison de la part de ses compagnons arabo-berbères,  va provoquer la démission de Sidel Moktar Ndiaye président de cette assemblée nationale, dénonçant  ainsi le monolithisme  de la nouvelle République contraire aux objectifs fondamentaux fixés par le congrès d’Aleg, indispensables aux nécessaires équilibres intercommunautaires. Il sera remplacé à la tête de cette institution par Hamoud ould Ahmedou.

La concentration des pouvoirs et la politisation de la religion.

La réforme constitutionnelle de janvier 1965 faisant du Parti du Peuple Mauritanien (PPM) le seul parti légal et lui consacrant le monopole  des candidatures sera fatale pour la cohabitation, puisque la minorité négro-mauritanienne n’aura plus le droit à l’expression politique d’envergure, pour manifester sa différence et exiger des réformes consensuelles comme au moment de l’indépendance. Cette concentration des pouvoirs exécutif, parlementaire et politique propre au système majoritaire, est injuste et  confortera le totalitarisme du pouvoir aux mains de la majorité maure où les minorités n’auront plus aucun droit de jouer un rôle positif dans la construction nationale et doivent se contenter des miettes.

Auparavant, le premier congrès des juristes musulmans mauritaniens, composé essentiellement de ressortissants des tribus maraboutiques majoritairement d’origine Sanhadja,  organisé du 20 au 27 novembre  1961, six mois après la réforme  constitutionnelle, et à la  veille du premier anniversaire de notre indépendance, par le ministre de la justice et de la législation, avait annoncé certaines recommandations à la fin de ses travaux , dont la plus importante était  l’officialisation de la langue Arabe, exploitant ainsi le caractère islamique de la République pour servir des desseins inavoués. C’est le début de la politisation de notre religion et de l’ingérence des marabouts dans les orientations de l’Etat.

En effet, ces marabouts, que la force de leur foi avait amenés à renoncer librement à leur langue maternelle, avaient adopté la langue du coran et de l’islam dont ils sont devenus les fervents défenseurs, et l’avaient répandue par la force des armes dans tout le Maghreb, et même jusqu’à la péninsule ibérique. Après leur décadence puis leur défaite, ils poursuivirent leur œuvre par des moyens pacifiques. Grâce à leur maitrise de la langue arabe et de la force de leur foi, ils sont devenus les détenteurs du pouvoir spirituel et les nobles protecteurs de notre sainte religion dont ils assurent aujourd’hui encore le rayonnement.

Ces tribus maraboutiques avaient opposé une véritable résistance culturelle efficace et intelligente à vocation islamique et universelle, qui s’était manifestée pacifiquement, depuis la pénétration française jusqu’à l’indépendance, et même au-delà, face a la colonisation française, en refusant sa culture et en sauvegardant la culture islamique par la multiplication des mahadras et des bibliothèques.

Face à l’attitude quelque peu réfractaire à l’enseignement colonial de la majorité des arabo-berbères, les français avaient axé leurs efforts sur la composante noire de la Mauritanie plus motivée, qui, au bout du compte, avait été presque la seule  bénéficiaire de cet enseignement français, au point que beaucoup d’intellectuels arabophones considèrent, jusqu’a ce jour, le français comme la langue des négro-mauritaniens.

L’orgueil et surtout l’ignorance des arabo-berbères, les avaient même poussés à refuser d’envoyer leurs enfants à l’école des agriculteurs, créée en 1931 dans le Karakoro pour répondre aux besoins du pays, considérant cette fonction  comme  métier servile normalement dévolu aux basses classes, ratant ainsi l’occasion de former leurs enfants dans ce noble métier très utile pour notre pays. C’est pourquoi cette école avait formé plusieurs promotions composées exclusivement  des candidats négro-mauritaniens.

Les maures jaloux

Cette orientation coloniale qui profitait donc plus aux noirs avait abouti au début des années de l’indépendance à la formation de quelques centaines de fonctionnaires francisants,  comprenant des enseignants, des infirmiers, des vétérinaires, des agriculteurs, des commis dans l’administration, des auxiliaires de la justice, des agents des PTT, entre autres,   majoritairement négro-mauritaniens, donnant ainsi plus de 75% des fonctionnaires civils et plus de 80% dans les forces armées et de sécurité, dans un contexte où la fonction publique est l’unique débouché garantissant un avenir meilleur.

Cette supériorité des cadres négro-mauritaniens et l’engouement que cette communauté avait pour l’enseignement français, avait suscité la jalousie des jeunes arabo-berbères arabophones issus des tribus maraboutiques, qui se sont sentis sans avenir, empêchés de participer à la construction de leur pays, malgré leur nombre important, uniquement à cause de leur ignorance de la langue française, langue des mécréants, alors qu’ils ont tous les niveaux requis dans la langue arabe, qui est aussi la langue de l’Islam et normalement celle de tous les mauritaniens.

C’est ainsi que pour compenser ce retard, certains maures d’obédience nassériste, parmi les compagnons du père de la nation, dont l’un des leaders avait été  célébré les semaines dernières pour son œuvre exaltante d’arabisation, prétendant lutter contre  l’influence grandissante du français qui perpétue, à leurs yeux, la colonisation, ont suscité quelques mesures discriminatoires et arbitraires au niveau de la fonction publique et de l’enseignement, qui sont à l’origine des frustrations des négro-mauritaniens et qui n’ont pas du tout amélioré le système éducatif national.

Parmi ces mesures figure la réduction pour ne pas dire l’exclusion des cadres négro-mauritaniens des postes à pourvoir dans l’administration, dans les forces armées et de sécurité, dans le parti unique et dans l’assemblée nationale, remplacés par des arabo-berbères moins compétents. Même les noirs arabisants n’étaient pas traités dans les mêmes conditions que leurs frères maures arabisants, ils étaient recrutés à 10% parmi les enseignants et à 5% parmi les candidats de l’institut des études islamiques de Boutilimit.

Au niveau des forces armées et de sécurité où la proportion des noirs dépassait les 80% le 28 novembre 1960, des décisions discriminatoires et arbitraires de révocation abusives et de mise à la retraite par anticipation sans droit à pension, avaient ramené progressivement ces effectifs à 25%, pour faire profiter arbitrairement les tribus guerrières majoritairement d’origine arabe, à plus de 90% illettrés, transformées par la nouvelle République en véritables tigres en papier, juste bons pour les corvées.

De la place pour les marabouts

Mais c’est surtout dans l’enseignement secondaire où l’on veut faire de la place pour les tribus maures maraboutiques que l’imposture a été la plus flagrante. C’est ainsi que l’article 10 de la loi 65 026 du 30 janvier 1965 qui handicape sérieusement les négro-mauritaniens et compromet  leur avenir, va constituer  la goutte qui fera déborder le vase. Cet article, qui prend effet à partir du 1er octobre 1965 stipule : « Dans les établissements d’enseignement secondaire, il est donné un enseignement en langue française et un enseignement en langue arabe. Ces deux enseignements sont obligatoires pour tous les élèves inscrits. Des dispositions spéciales peuvent être prises en ce qui concerne les élèves venant de l’étranger. ».

Tous les postes à pourvoir dans le cadre de cette arabisation profiteront aux tribus maraboutiques qui sont à plus de 90 % des lettrés en langue arabe. Cette loi inopportune et injuste, fera de l’année 1966 une année d’agitation, l’élément précurseur est signalé par le père de la Nation dans ses mémoires :« Nous savions que certains cadres francisants noirs- enseignants surtout- avaient profité des grandes vacances pour sensibiliser les élèves de leur ethnie contre l’enseignement de l’arabe et les préparer à faire la grève et à organiser des manifestations dès la rentrée. ».

Ce sont surtout les vacances de Noël qui seront mises à profit par les agitateurs pour déclencher les grèves. C’est ainsi que dès la rentrée des classes, le mardi 4 janvier au lycée de Nouakchott, à l’école normale  et au lycée de Rosso, le mercredi 6 janvier au collège de Kaedi et le lundi 10 janvier au collège d’Aioun El Atrouss, la totalité des élèves noirs se mirent en grève contre la loi de la discorde, pour dénoncer l’arabisation à outrance.

Le 6 janvier, un tract intitulé le manifeste des 19 signé par 19 hauts fonctionnaires, magistrats, ingénieurs, ou instituteurs négro-mauritaniens qui soutient les grévistes est largement diffusé. Ce texte déclarait : « Appuyer les grèves des élèves noirs pour barrer la route à l’arabisation à outrance et exiger l’abrogation des lois promulguées le 30 janvier 1965. Le bilinguisme n’est qu’une supercherie permettant d’écarter les citoyens noirs de toutes les affaires de l’Etat.»  Le père de la Nation accusait dans ses mémoires, des mains étrangères françaises et sénégalaises d’avoir téléguidé ses manifestations.

Le 10 janvier, le chef de l’Etat adressait un message à la nation critiquant avec virulence le manifeste des 19 et annonçant leur suspension de la fonction publique à compter du  début de la grève le 4 janvier et précisant que des poursuites judiciaires seront engagées contre eux. Dans la soirée, le président de l’assemblée et tous les membres du gouvernement originaires de la vallée dans un geste patriotique et courageux,  avaient présenté leur démission au père de la nation qui la refusa. 

Les mesures annoncées solennellement contre les 19 héros  entraîneront l’extension de la grève, dès le 11 janvier, à l’ensemble de la fonction publique noire, ainsi que beaucoup d’agitation dans le milieu ouvrier et chez les étudiants noirs à l’étranger.

A propos de cette loi de la discorde, le père de la Nation disait dans une interview à Afrique Magazine en janvier 1999 : « … Les mauritaniens arabophones s’estimaient lésés pendant la colonisation, parce que l’enseignement de leur langue avait été abandonné au profit du français. Nous avions voulu mettre de l’ordre dans tout cela. Et comme toujours, il y a des facteurs de désordre qui interviennent quand on veut mettre de l’ordre… Encore une fois, il n’était pas question de délaisser le français et encore moins les francophones, mais simplement de faire de la place aux autres. ».

(A suivre)

 

le calame

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CLIN D’ŒIL : LES PEULS SONT ILS UNE SOCIÉTÉ ESCLAVAGISTE?

altIl me semble judicieux voir important que certains arrêtent de tourner au tour du pot concernant le caractère qu’ils supposent esclavagiste de la société peule dans l’état actuel des choses. un procès en sorcellerie que certains veulent transformer en tribune enfin d’arriver à leurs fins politiques.la société peule est faite de castes oui mais y ‘a t il un lien actif de subordination et d’exploitation entre castes? eh bien dans ce cas qu’on le montre au grand jour. s’époumoner à tout à tout va pour brosser un tableau complétement décalé des réalités est pour le moins perfide et ne trompe personne.
ceux qui pensent qu’en faisant ainsi ils peuvent diviser les peuls en tant qu’ensemble socio ethniques peuvent toujours courir.
ce qu’on appelle les nobles aujourd’hui les torobés et autres sont les plus pauvres car ils doivent ce qu’ils possèdent à tous. ils sont même en train de devenir le bas de l’échelle sociale à force d’être désargentés. et je rend hommage à ceux qui ont combattu l’esclavage bien avant notre naissance.
quand à la féodalité dont on parle le mot est volontairement utilisé pour illustrer une situation de rapports riches/ pauvres. dans toutes les sociétés du monde il existe ce rapport vertical il prend des noms bien définis suivant le pays ou la société. une pyramide qui n’est pas prêt de finir tant l’humanité est bâtie ainsi.
il suffit a un soit disant casté d’avoir de l’argent pour épouser une fille noble à Nouakchott et ailleurs c’est légion.
les castes reposes sur le métier et non sur la subordination ou l’exploitation active. je serai curieux qu’on me dise un cas d’esclavage avéré chez les peuls.

Dia.Abdoul

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Maurexit : La Mauritanie doit-elle quitter l’Afrique ? Par le Pr ELY Mustapha

Libre Expression | Maurexit : La Mauritanie doit-elle quitter l’Afrique ? Par le Pr ELY MustaphaVoilà un pays dont le général-dirigeant ne fait que des allers-retours entre les pays asiatiques, l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe. Un pays qui ne reconnait pas tous ses enfants négro-africains et qui pourchasse les immigrants africains dans ses rues.

Un pays qui ignore les regroupements économiques africains et rejette leurs affinités. Un pays qui se refuse à être africain, ne doit-il pas quitter l’Afrique ? Ne faut-il donc pas organiser un référendum en Mauritanie pour que ce pays puisse quitter l’Afrique ? Un « Maurexit », à la manière du Brexit.

Si le Royaume-Unipropose à ses citoyens de quitter ou de rester en Europe, pourquoi la Mauritanie n’en ferait-elle pas de même pour l’Afrique ? Mais rassurons-nous comme au RoyaumeUni, les citoyens mauritaniens sont conscients (toutes proportions gardées) de l’enjeu. Aussi, il y a les « pour » et les « contre » et, bien entendu, les sceptiques…

Les partisans du « oui » au Maurexit

Les partisans du « oui » au Maurexit diront que l’Afrique n’apporte rien à la Mauritanie, sinon le désert et l’omnipotence de ses dirigeants, dont le sien y est en bonne place. Que même l’Union Africaine ne lui sert à rien, puisque cette Organisation ne sait que se servir elle-même.

Que ses africains sont pauvres comme Job et qu’ils lui apportent plus de problèmes frontaliers et de moustiques que de projets et d’investissements. Quant aux ressources naturelles de la Mauritanie, elles sont en voie d’épuisement sous l’effet du pillage national et international. Les compagnies minières qui les gèrent sont soit en banqueroute ou en déroute (SNIM, Kinross etc.).

Le poisson, se raréfiant est bouffé à vil prix par les européens sur la base d’un accord de misère et sans prix par les chinois.

Et donc qu’il vaut mieux que la Mauritanie quitte l’Afrique. Aller en Asie, voilà une solution pour les partisans du Maurexit. Il faut que la Mauritanie soit capable de suivre son dirigeant quand il aura quitté le pouvoir…pour aller du côté de l’Arabie Saoudite (puisque le Qatar héberge déjà son prédécesseur).

Les partisans du « Non » au Maurexit

Les partisans du « Non» au Maurexit n’ont (hélas!) pas d’arguments. Ou plutôt si. Un seul : en restant en Afrique, la Mauritanie continuera à bénéficier de la mendicité internationale (aide internationale, dons financiers et en nature et prêts concessionnels) car la Mauritanie est la fille ainée du PAM (Programme alimentaire mondial). Si elle quitte l’Afrique elle ne pourra plus tendre la main et ce sera la fin des haricots.

Car le blé du PAM et de l’aide américaine que reçoit la Mauritanie, c’est l’agriculteur Texan, le mécréant qui dans son ranch là-bas le produit. Et nos oulémas savent que le Mauritanien se nourrit à la sueur du front des nassaras. Quitter l’Afrique serait désastreux aux yeux des opposants au Maurexit. D’autre-part, qui va remplir les poches de ses dirigeants véreux si la Mauritanie ne bénéficie plus de l’aide aux pauvres qui est détournée. Donc, il faut voter « non » au Maurexit.

Les sceptiques du Maurexit

Il reste ceux qui sont sceptiques et qui hésitent entre le « oui » et le « non », mais pour lesquels le Maurexit pose un autre problème plus existentiel : même si par référendum la Mauritanie décide de quitter l’Afrique, comment va-t-elle procéder ?

Certains de nos intellectuels dans le giron du général, réfléchissant proportionnellement à leur mérite au poste, ont proposé qu’on pourrait ramasser à la cuillère, au fur-à-mesure, le désert mauritanien pour le déverser patiemment dans le « Roub’e el khali » (le quart vide du territoire saoudien). Les saoudiens nous le doivent bien puisque nous leur avons bradé les terres fertiles du sud Mauritanien.

D’autres pensent que la solution la plus adaptée, c’est d’attendre qu’avec le réchauffement climatique et la montée des eaux qui va noyer Nouakchott, de déplacer la capitale quelque part hors d’Afrique. Les virées incessantes du général dans la péninsule arabique, seraient liées à cette solution.

De toute façon, le peuple mauritanien conditionné au 99,99% votera massivement « oui » pour le Maurexit. Il ne faut pas lui en vouloir, car depuis qu’il existe, il ne sait même pas dans quel continent il est. Il n’a pu se constituer en nation et son identité il ne la connait pas puisque soumis à des tiraillements identitaires.

Ses arabes lui promettent l’Arabie, ses négro-africains, l’Africanie, ses oulémas, le paradis…et son dirigeant, la zizanie. Il est donc urgent d’organiser un référendum, avant que le général ne prenne le chemin de l’Est, laissant un pays exsangue…en Afrique. Un de plus dans la misère indescriptible du continent.

Pr ELY Mustapha

cridem

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FLAMNET-AGORA: Où allons-nous ? Par Samba THIAM président des FPC

altQuand des tentatives de parjure se profilent  à l’horizon et que les Ulémas observent sans rien dire,

Quand un Chief –justice encourage  de vive voix la violation de la loi  fondamentale  dont il est censé être le garant,

Quand la sacralisation de « l’avoir »l’emporte sur tout, alliée à la fourberie, à l’hypocrisie, au  mensonge,

Quand  l’honnêteté cesse  d’être  une valeur cardinale, que la société se délite  pour  hisser  au pinacle  ceux  qui  pillent l’Etat,

Quand nos bouches convoquent  sans  arrêt  l’Islam  pendant  que ses principes essentiels ( honnêteté,  probité , hygiène , amour du prochain) sont à tous les instants foulés au pied,

Quand l’Unité nationale  est scandée en toute occasion , à chaque ‘’ Ifthar ’’ comme une cantique, sans  en crever l’abcès , et que  persiste cyniquement   ‘’l’unité du cavalier et de sa monture’’,

Quand la mère de famille  chérit  plus le fils qui  rapporte de l’argent  aux sources douteuses  que le fils  diplômé, mais  hélas au chômage,

Quand le traditionnel respect  dû aux  personnes âgées, aux parents, aux  aînés lentement  s’évanouit,

Quand de pauvres patients des hopitaux nationaux se voient cyniquement  réorientés  vers des cliniques privées de ceux-là mêmes  qui les traitent , pourtant fonctionnaires de l’Etat -,  

Quand  une ‘’épaulette’’ intimide le citoyen lambda, et même  porte la main sur un fonctionnaire dans l’exercice de ses  fonctions, dans l’impunité  totale,

Quand la jeunesse, se détourne des idéaux d’antan et se laisse porter par la frénésie de l’enrichissement  à tout prix, tout de suite, le souci de nomination  du compte en banque, de la villa, de la voiture, 

Quand des plaintes ici  ou là sont mises sous le coude  parcequ’un  puissant serait  passé par là,

Quand l’élite arabo-berbère continue de garder le silence  devant la voie dangereuse  et  sans issue, jusqu’ici empruntée, et que l’autre élite – la plus concernée – choisit de se coucher,  

Quand la loi est considérée comme une contrainte inutile à contourner, sans valeur aucune, juste  bonne pour les autres,

Quand cette loi et le Prince ne font qu’un, la loi c’est le Prince, le Prince la loi,

Quand l’Etat reste perçu  comme une fiction , au mieux comme une vache à lait  au service du clan, de la tribu,

Quand, en toute impunité, chaque portion de  l’espace public est squattée,  transformée en boutique, en mosquée  pour piéger ou capturer, en prédateurs, la manne  du Golfe,    

Quand des cours de l’Ecole publique sont bâclés, voire  séchés  au profit d’une course à toute vitesse vers les Ecoles privées, ou  que des infirmiers refusent des gardes nocturnes au détriment des malades pour ces mêmes  cliniques,  

Quand la détention préventive devient parfois plus longue  que celle des condamnés eux- mêmes,

 Quand l’Administration tombe en déliquescence,  que chacun porte sous le bras  son dossier d’une administration à l’autre , ou le gage aux démarcheurs,

Quand pour le moindre droit  auprès de cette Administration  le bakchich  semble devenu de  règle,

Quand on crache sur les murs  de l’hôpital et que l’on s’étale sur le perron devant la salle de consultation sans remontrances  aucune,  

Quand des ordures partout jonchent les rues , les coins des maisons, que des fosses septiques à ciel ouvert empestent l’air,

Quand des détenus de droit commun encombrent les prisons alors que les villes  ploient  sous les déchets,

Quand la circulation routière, des plus anarchiques, en rajoute par des  infractions à deux  vitesses de caractère sexiste,

Quand les mendiants envahissent les rues  et se plantent au beau milieu de la chaussée en toute liberté,

Quand des malades mentaux, armés de gourdin, se dressent menaçants sur la chaussée, comme pour forcer l’ aumône  des conducteurs,

Quand, sans scrupules, on brûle  le feu rouge, ou passe un taxi au coffre ouvert chargé de passagers sous l’oeil indifférent de jeunes agents qui dévisent à l’ombre des arbres,

Quand  Nouakchott envahie par des hordes  de chiens errant, d’ânes, de chèvres et de vaches  devient la norme, 

Quand partout, enfin, règne la chienlit, le désordre total qui ne semble  plus géner personne,

Quand personne ne se sent ni indisposé ni concerné , personne ne se sent fautif, que seul  l’Etat –providence-est  tenu pour responsable,

Quand………

Où donc allons-nous pardi ?

Il ne sera manifestement pas aisé de redresser cette Mauritanie  profondément en crise qui a perdu ses repères, à  moins que Dieu nous dote  d’un  homme d’Etat, un vrai; des « épaulettes » ? surtout pas !

La lutte continue ! 

                                                                Samba   Thiam

Nouakchott  18 –Juin- 2016.

www.flamnet.info

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Hommage au grand combattant de la liberté, le camarade Samba THIAM des FPC.

Hommage au grand combattant de la liberté, le camarade Samba THIAM des FPC. Samba Thiam est le président des Forces Progressistes du Changement (FPC). Né en 1948 à Sélibaby (Sud de la Mauritanie), inspecteur de l’enseignement de formation et ancien formateur à l’Ecole Normale des Instituteurs (ENI). Samba Thiam est membre fondateur du MPAM (Mouvement populaire africain de Mauritanie) en 1979 et des FLAM en mars 1983.

Il fut arrêté en septembre 1986, après la publication du « Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé », jugé et condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme, interdiction de séjour, privation de droits civils et politiques et envoyé au bagne de Walata.

Dans”J´étais à Oualatale livre témoignage de notre camarade Boye Alassane Harouna, il écrit dans la préface:” Ce n´était pas KIDAL, ce n´était pas TAZMAMART, ni le bagne de CAYENNE, mais c´était terrible! Et l´évasion fut nécessaire pour la survie…

En fait, ” J´étais à Oualata relève d´un défi pour symboliser un double refus: refus de se laisser museler, réduire au silence envers et contre tout; refus de l´oubli dans lequel ce Régime voulait reléguer ces problèmes vitaux! Ce livre constitue , surtout, la preuve de l´échec cuisant du tyran qui a cru, par la force et l´humiliation, briser à jamais la volonté de ces adversaires politiques, briser jusqu´au ressort psychologique et moral de leurs personnalités. En vain.”.

Ces mots disent tout et long sur la détérmination de l´homme et de ses camarades pour continuer la lutte malgré les souffrances endurées et la barbarie de la répression.

Comme Nelson Mandela il peut dire aussi : “Au début, je n’ai pas choisi de placer mon peuple au-dessus de ma famille, mais en essayant de servir mon peuple, j’ai découvert que je ne pouvais plus remplir mes obligations de fils, de frère, de père, de mari “. Le président Thiam a sacrifié sa carrière professionnelle, sa famille et donné sa vie pour la cause.

Contrairement à certains il n´a pas attendu que la liberté d´expression soit “tolérée”, qu´il soit licencié ou radié de la fonction publique pour s´insurger contre les tenants du Système.

Après des longues et terribles années dans la prison de Oualata où il y a laissé certains de nos compagnons de lutte, décédés suite aux conditions de détention horribles, il rejoint la résistance en exil pour continuer le combat avec les jeunes qui avaient repris le flambeau pendant le début des années de braise.

Connu et reconnu de tous pour son courage, sa témérité, son intégrité morale et honnêteté intellectuelle il fût plébiscité par ses camarades à la tête du mouvement de libération des FLAM. Très modeste et humble il confiait un jour à un journaliste : “Je suis un homme de l’ombre, un homme ordinaire, sans vraiment rien de spécial. Le crépitement des Flash, ça n’est pas pour moi.

J’aurais aimé,un peu comme Engels, être un second volontaire auprès d’un Marx. C’est pour dire que cette position que j’occupe aujourd’hui et qui me place sur un piédestal, je ne l’ai pas recherchée ,car en opposition totale avec ma personnalité, au point que des fois je me surprends à me demander ce que je fais là”.

C’est certainement la désespérance et la révolte qui faisaient dire à Ibrahima Dieng, le personnage principal du ” LE MANDAT “, que “L’honnêteté est un délit”. Une sentence sans appel prononcée par un vieux notable désabusé que ses mésaventures d’inadapté rendent finalement à la lucidité. La société vomie du vieux marabout à sa règle, la fourberie, et ses caïds, des prédateurs aussi féroces que malicieusement imaginatifs.

La tentation est forte de faire le rapprochement entre la société honnie de Dieng avec l’arène politique nationale, un milieu où la duplicité et la versatilité sont sanctuarisées, érigées en dogmes.

Ce milieu-là n’est pas celui de Samba Thiam, le Président des FPC. Il s’y sentirait égaré, désorienté. Pourtant, ce ne sont pas les motifs de l’endurcissement qui lui manquent. Sa vie. Une vie de dévot au service d’un idéal incarné par une organisation.

Une croix qu’il porte vaillamment depuis ce jour de rencontre décisive qu’il aime rappeler. Parce que le président des FPC est avant tout un guerrier peulh, qui combat à la traditionnelle. Et le code d’honneur de la bataille, il le connait: ni trahir, ni se rendre.

L’ennemi est coriace, sournois, mais l’adversité ne lui fait pas peur. Il faut de l’audace pour décider de défier cette hydre informe, ce Système avec un S grand comme le “ racisme structurel de l’Etat mauritanien ”. Un mal absolu dont un tyran nommé Maaouya a été l’incarnation. Quand il a fallu le combattre il l’a fait sans concession, ni compromission ou compromis.

Cet homme-là a du courage physique et la patience d’un pédagogue. Et cela fait la différence. Ainsi, là où ses adversaires foncent sur le foin, lui prend de la hauteur pour mieux faire partager sa “vision globale” des solutions aux maux qui gangrènent l’unité nationale.

Car la vérité est que la Mauritanie ne guérira pas de son instabilité tant qu’elle n’aura pas osé affronter la question lancinante de la cohabitation de ses peuples. Le président des FPC en est convaincu. Il le dit à haute et intelligible voix. Il le dit avec cette éloquence qui refuse l’emphase et le superflu. Avec l´enfant du Guidimakha comme interlocuteur, c’est la politique qui retrouve ses lettres de noblesse.

A ceux qui comparaient les FLAM (FPC aujourd´hui) et l´ANC de l´Afrique du Sud il répondait: “… A y regarder de près, à comparer l’histoire de l’ANC avec celle des Flam (loin d’être finie pour ces dernières ) rien ne permet de s’opposer à cette similitude.

Il a fallu 72 années à L’ANC pour arriver là où il est et nous, nous en sommes seulement à quelques années de lutte. Mais rassurez-vous, nous n’attendrons pas 70 ans pour réaliser notre projet d’établir la justice et l’égalité dans notre pays. Alors pourquoi pas ANC de Mauritanie? L’histoire comparée des deux Organisations, soit dit en passant, serait un thème de recherche, bien venu, pour nos Etudiants!”.

Mes respects camarade président et la lute continue!
Kaaw Touré– Militant des FPC.

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