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« Mauritanité », quand tu nous tiens !:
Nous sommes dans un pays où certains ont réussi à usurper à leur propre profit notre bien commun, la « Mauritanité », et à partir de leur position de simple citoyen, comme tous les autres, dictent pourtant aujourd’hui celui qui est mauritanien et celui qui ne l´est pas; celui qui est patriote et celui qui ne l´est pas, qui doit voter et qui ne doit pas voter.
Qui doit être enrôlé et qui ne doit pas être enrôlé. Ils définissent pour leurs propres concitoyens ce que veut dire « le patriotisme », ce que veut dire la « Mauritanité », qu´ils confondent souvent et à dessein avec « mauritude »!
La particularité de cette singularité dictée est dans sa manifestation concrète: l´emprisonnement de tous les dissidents et insurgés à l´ordre injuste établi, l´assassinat des centaines de militaires et civils dont ils doutent le « patriotisme », la déportation manu militari de plusieurs dizaines de milliers de leurs propres concitoyens au Sénégal et au Mali et l´exil forcé de milliers d´autres en Europe, en Afrique et en Amérique.
Et cette fumeuse et fameuse « mauritanité » particulière et particulariste continue encore à faire des ravages dans l´administration, dans l´armée, dans les médias et dans la vallée avec les nouvelles colonies du peuplement, des expropriations des terres, inspirées certainement du régime sioniste de » Sammba alaa Daande en » au proche Orient !
L´unité nationale oui nous sommes pour parce que nous n’avons que la Mauritanie comme patrie mais nous sommes contre une certaine unité, l´unité du cavalier et du cheval. Nous voulons d’une unité qui respecte la dignité de chaque Mauritanien et garantisse l’équilibre entre toutes les composantes nationales.
Pour nous, sauver la Mauritanie ne passe pas forcément par l’imposition d’une unité coûte que coûte mais par la mise en place de fondements inébranlables parce que intrinsèquement justes et égalitaires. L’unité, en soi, n’est pas une fin mais un moyen pour construire » le mieux vivre ensemble », dans une Mauritanie viable parce que réconciliée avec elle même.
Nous avons très tôt revendiqué la démocratie en Mauritanie au moment où certains rasaient les murs ou collaboraient avec le Système éthnogénocidaire pendant les années de braise en exigeant, depuis des décennies, une égalité de droits et de devoirs pour tous les citoyens.
Notre combat consiste non seulement à dénoncer des oppressions culturelles, économiques et politiques réelles, mais aussi à proposer des solutions alternatives qui renforcent la culture démocratique en réconciliant la Mauritanie avec sa vraie identité. Ce combat est actuel. Nous ne nous satisfaisons pas d´une démocratie qui se résume au rituel des élections, auxquelles d´ailleurs la majorité noire est exclue de fait.
Nous assistons à une démocratie de facade parce que biaisée, dans ses fondements injustes. Comment parler de démocratie là où il y a déni de citoyenneté pour les Négro-africains et déni d´humanité pour les Haratines/esclaves? Voilà pourquoi nous ne nous satisfaisons pas d´une démocratie qui se résume au rituel des élections, et pour laquelle du reste la majorité noire est laissée pour compte.
Il faut être dupe pour croire à des miracles pour les prochaines échéances électorales. L’opposition n’a pas été associée en amont et en aval dans tout le processus.
La CENI est composée en majorité par des retraités du parti au pouvoir, qui ont servi tous les régimes à commencer par son président le tristement célèbre ancien gouverneur dans le Sud pendant les années de braise et ancien ministre du colonel despote ould Taya.
L’avancée démocratique, véritable suppose la prise en charge sans tricher, du problème fondamental de la question nationale et sociale ou du « Vivre ensemble » qui menace « l’unité nationale » de façade, car les vraies bases démocratiques supposent le nivellement des citoyens, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Tout le reste n’est que discours creux et démagogique! Il faut se ressaisir. Il est temps de se surpasser pour outrepasser l’impasse.
Demain il fera jour et la lutte continue !
Kaaw Touré
Écho du Rwanda à la Mauritanie
Le 7 avril 2024, j’ai écouté le discours émouvant prononcé par Président Paul Kagame lors de la commémoration du 30e anniversaire du génocide au Rwanda. En écoutant, mes pensées ne pouvaient que se tourner que vers les nombreux Mauritaniens qui ont été injustement assassines ainsi que leurs veuves et orphelins qui souffrent actuellement de traumatismes similaires. Nous espérons que l’écho retentissant de ce message se répercutera á la Mauritanie et au-delà.
La présence du Président Mauritanien Mohamed Cheikh Ould Ghazouani à cette cérémonie hautement chargée d’émotions rappelle ostensiblement que « chickens come home to roost, » ce qui veut dire qu’on va toujours être rattrapé par nos erreurs.
Je ne peux m’empêcher de penser à ce qui pouvait se passer dans son esprit lorsque Président Kagame racontait et partageait ces histoires horribles qui mettaient en évidence l’ampleur de cette terreur.
Quelles leçons va-t-il tirées de ce moment propice à l’enseignement ? Voit-il un parallèle entre les deux tragédies ? Son silence doit-il être interprété comme une confirmation d’un déni de justice pour les victimes tout en protégeant les auteurs ?
Croit-il dans son cœur et dans son esprit que les crimes qui ont entrainé la mort de nombreux pères, fils et maris noirs mauritaniens et qui ont endeuillé leurs familles sont différents de ceux du Rwanda ?
Plus important encore, va-t-il appris quelque chose et si oui, comment compte-t-il appliquer ces leçons apprises afin que le pays puisse panser ses blessures ? J’espère sincèrement que cette commémoration du 7 avril incitera Président Ghazouani à répondre à l’appel persistant à la justice des victimes et de leurs familles en appliquant la justice transitionnelle conformément aux normes internationales et bonnes pratiques.
Comme cela a été clairement indiqué, ces crimes aussi odieux ne peuvent rester impunis. Sans aucun doute, ils résisteront à l’érosion du temps jusqu’à ce que la justice soit rendue. Le déni de justice n’est pas une option viable. En fait, la seule issue est de faire preuve de courage moral en s’attaquant véritablement à ce problème qui dure depuis trop longtemps.
La mort et la destruction laissent des cicatrices ouvertes qui ne peuvent être ignorées ou espérer qu’elles vont disparaitre d’elles- mêmes sans justice réparatrice. Comme au Rwanda, les blessures de la Mauritanie doivent être pansées. Nous devons repousser le «Start buttons» pour un nouveau départ.
En conclusion, nous adressons notre sincère expression de solidarité au peuple rwandais pour ce qu’il a enduré, et dénonçons la tragédie humaine en cours qui a coûté la vie à d’innombrables innocents Palestiniens dans leur patrie de Ghaza.
Le génocide, où qu’il soit commis, est une attaque contre notre humanité que nous ne pouvons en aucun cas tolérer. Des crises et des tragédies surviennent lorsque les dirigeants en charge manquent de sens moral. Il est de notre responsabilité collective de nous unir contre un tel mal afin que la paix et l’amour puissent s’épanouir.
Bakary Tandia, Human Rights Advocate
New York City, le 8, Avril 2024
Sénégal: Bassirou Diomaye Faye a prêté serment et devient le cinquième président du pays
RFI-Afrique – Bassirou Diomaye Faye a prêté serment ce 2 avril 2024 à Diamniadio. Il est devenu le cinquième président de l’histoire du pays. Il succède à Macky Sall, chef de l’État de 2012 à 2024.
Au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, qui était il y a un peu plus de deux semaines encore un candidat de l’opposition en prison ainsi que le candidat de substitution d’Ousmane Sonko – leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) – et qui a élu dès le premier tour de la présidentielle du 24 mars 2024, vient donc d’être investi cinquième et plus jeune président de l’histoire de son pays.
« Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois », a-t-il déclaré, la main droite levée, devant des centaines d’officiels sénégalais et huit chefs d’État africains au Centre des expositions de la ville nouvelle de Diamniadio, près de Dakar.
Bassirou Diomaye Faye a prononcé son discours d’investiture sous un tonnerre d’applaudissements.
Debout, l’écharpe verte, et le collier doré de l’ordre national du Sénégal barrant sa poitrine, le visage sérieux, dans son costume sombre, Bassirou Diomaye Faye a commencé par rendre hommage aux Sénégalais qui l’ont élu, relate notre correspondante Léa-Lisa Westerhoff. « Le 24 mars, c’est le Sénégal qui a gagné », a-t-il insisté sous les applaudissements.
Bassirou Diomaye Faye n’a pas manqué de revenir sur ce bras-de-fer de trois ans entre le président sortant, Macky Sall, et son parti, le Pastef. Bras-de-fer qu’il a mené en prison, mais dont il retient l’urgence de retrouver une cohésion nationale et un climat apaisé dans le pays. Un discours fédérateur et humble à l’image de ses déclarations précédentes.
Le jeune président s’est dit conscient du profond désir de changement des Sénégalais. Il a promis d’y travailler inlassablement, promis la stabilité, et la promotion de l’intégration africaine, plus de solidarité aussi avec les pays voisins face aux enjeux de sécurité. « Je souhaite un pays d’espérance, un pays apaisé, avec une justice indépendante et une démocratie renforcée, telle est ma promesse devant Dieu. » Voilà comment le président a conclu ce discours sous un tonnerre d’applaudissements et ces cris « Diomaye président ! »
C’est donc ainsi qu’a pris fin cette cérémonie d’investiture dans le hall d’exposition très bruyant du Centre de conférences de Diamniadio, en périphérie de Dakar.
Bassirou Diomaye Faye est ensuite attendu au Palais, au centre-ville, par le président sortant pour la passation de pouvoir. Macky Sall n’a pas assisté à cette cérémonie d’investiture ce mardi matin.
Huit chefs d’Etat étrangers ont fait le déplacement, comme le Nigérian Bola Ahmed Tinubu par exemple, président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), mais aussi le président de la Mauritanie, de la Gambie, de la Guinée-Bissau ou encore de la Guinée Conakry.
Particulièrement remarquée aussi, l’invitation qui avait été donnée aux trois dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Ce sont finalement les présidents des parlements de transition du Mali et du Burkina Faso qui sont venus. Et, selon des sources proches du président, Bassirou Diomaye Faye tenait à leur tendre la main aujourd’hui. Car il aimerait œuvrer à leur retour au sein de la Cédéao. L’investiture qui se termine marque, en tout cas, la troisième alternance par les urnes dans l’histoire du Sénégal.
RFI
FLAMNET- RETRO: Où allons-nous ? Par Samba THIAM président des FPC
Quand des tentatives de parjure se profilent à l’horizon et que les Ulémas observent sans rien dire,
Quand un Chief –justice encourage de vive voix la violation de la loi fondamentale dont il est censé être le garant,
Quand la sacralisation de « l’avoir »l’emporte sur tout, alliée à la fourberie, à l’hypocrisie, au mensonge,
Quand l’honnêteté cesse d’être une valeur cardinale, que la société se délite pour hisser au pinacle ceux qui pillent l’Etat,
Quand nos bouches convoquent sans arrêt l’Islam pendant que ses principes essentiels ( honnêteté, probité , hygiène , amour du prochain) sont à tous les instants foulés au pied,
Quand l’Unité nationale est scandée en toute occasion , à chaque ‘’ Ifthar ’’ comme une cantique, sans en crever l’abcès , et que persiste cyniquement ‘’l’unité du cavalier et de sa monture’’,
Quand la mère de famille chérit plus le fils qui rapporte de l’argent aux sources douteuses que le fils diplômé, mais hélas au chômage,
Quand le traditionnel respect dû aux personnes âgées, aux parents, aux aînés lentement s’évanouit,
Quand de pauvres patients des hopitaux nationaux se voient cyniquement réorientés vers des cliniques privées de ceux-là mêmes qui les traitent , pourtant fonctionnaires de l’Etat -,
Quand une ‘’épaulette’’ intimide le citoyen lambda, et même porte la main sur un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, dans l’impunité totale,
Quand la jeunesse, se détourne des idéaux d’antan et se laisse porter par la frénésie de l’enrichissement à tout prix, tout de suite, le souci de nomination du compte en banque, de la villa, de la voiture,
Quand des plaintes ici ou là sont mises sous le coude parcequ’un puissant serait passé par là,
Quand l’élite arabo-berbère continue de garder le silence devant la voie dangereuse et sans issue, jusqu’ici empruntée, et que l’autre élite – la plus concernée – choisit de se coucher,
Quand la loi est considérée comme une contrainte inutile à contourner, sans valeur aucune, juste bonne pour les autres,
Quand cette loi et le Prince ne font qu’un, la loi c’est le Prince, le Prince la loi,
Quand l’Etat reste perçu comme une fiction , au mieux comme une vache à lait au service du clan, de la tribu,
Quand, en toute impunité, chaque portion de l’espace public est squattée, transformée en boutique, en mosquée pour piéger ou capturer, en prédateurs, la manne du Golfe,
Quand des cours de l’Ecole publique sont bâclés, voire séchés au profit d’une course à toute vitesse vers les Ecoles privées, ou que des infirmiers refusent des gardes nocturnes au détriment des malades pour ces mêmes cliniques,
Quand la détention préventive devient parfois plus longue que celle des condamnés eux- mêmes,
Quand l’Administration tombe en déliquescence, que chacun porte sous le bras son dossier d’une administration à l’autre , ou le gage aux démarcheurs,
Quand pour le moindre droit auprès de cette Administration le bakchich semble devenu de règle,
Quand on crache sur les murs de l’hôpital et que l’on s’étale sur le perron devant la salle de consultation sans remontrances aucune,
Quand des ordures partout jonchent les rues , les coins des maisons, que des fosses septiques à ciel ouvert empestent l’air,
Quand des détenus de droit commun encombrent les prisons alors que les villes ploient sous les déchets,
Quand la circulation routière, des plus anarchiques, en rajoute par des infractions à deux vitesses de caractère sexiste,
Quand les mendiants envahissent les rues et se plantent au beau milieu de la chaussée en toute liberté,
Quand des malades mentaux, armés de gourdin, se dressent menaçants sur la chaussée, comme pour forcer l’ aumône des conducteurs,
Quand, sans scrupules, on brûle le feu rouge, ou passe un taxi au coffre ouvert chargé de passagers sous l’oeil indifférent de jeunes agents qui dévisent à l’ombre des arbres,
Quand Nouakchott envahie par des hordes de chiens errant, d’ânes, de chèvres et de vaches devient la norme,
Quand partout, enfin, règne la chienlit, le désordre total qui ne semble plus géner personne,
Quand personne ne se sent ni indisposé ni concerné , personne ne se sent fautif, que seul l’Etat –providence-est tenu pour responsable,
Quand………
Où donc allons-nous pardi ?
Il ne sera manifestement pas aisé de redresser cette Mauritanie profondément en crise qui a perdu ses repères, à moins que Dieu nous dote d’un homme d’Etat, un vrai; des « épaulettes » ? surtout pas !
La lutte continue !
Samba Thiam
Nouakchott 18 –Juin- 2016.
Quel régime politique pour la Mauritanie de demain ? Par Moussa Hormat-Allah, Professeur d’université -Lauréat du Prix Chinguitt
Le Calame – Chapeau introductif D’emblée, un bref éclairage pour les lecteurs qui ne sont pas familiers avec les arcanes des systèmes politiques. La typologie des régimes politiques telle que théorisée, notamment par John Locke et Montesquieu, est appliquée dans la quasi-totalité des Etats de par le monde. Il s’agit de la classification des régimes en fonction de la répartition des pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire.
Quand la séparation des pouvoirs est rigide, on parle de régime présidentiel. L’exemple type de ce modèle est le régime des Etats-Unis d’Amérique où les trois pouvoirs sont indépendants les uns des autres. Quand la séparation des pouvoirs est souple, on parle de collaboration des pouvoirs. On a alors un régime parlementaire. C’est le cas, en théorie, du régime français.
Enfin, quand il y a confusion des pouvoirs, on parle, notamment, de régime d’assemblée. Ce fut le cas en Russie (constitution 1918) et de la Suisse. Ces deux types de régime d’assemblée sont, cependant, très différents. Dans le cas suisse, il s’agit d’une sorte de démocratie directe, inspirée de l’agora de la Grèce antique, alors que dans le cas russe, il s’agit, au contraire, d’un système totalitaire.
Les régimes arabes n’obéissent à aucune de ces typologies. Ils ne sont, dans les faits, ni de type présidentiel, ni de type parlementaire et, encore moins, de type régime d’assemblée. Pour la plupart, ils sont soit autoritaires, soit totalitaires.
Leurs constitutions sont une pâle copie de celles des anciennes métropoles. Un mimétisme totalement inadapté aux réalités locales pour des raisons tant éthiques, culturelles, sociales qu’économiques. Ces régimes s’appuient, pour l’exercice du pouvoir, sur des lois fondamentales qui, au-delà des apparences et autres artifices de façade, permettent à un homme et à son clan de confisquer le pouvoir et s’accaparer les richesses d’un pays. De petits César, les couronnes de lauriers en moins, sans aucun véritable contrepoids pour refréner leur omnipotence et leur insatiable boulimie matérielle.
C’est dire qu’ils ne se soucient que de leur propre intérêt et de la préservation de leur pouvoir. La démission avilissante de la quasi-totalité des chefs d’Etat arabes devant les massacres effroyables perpétrés par les sionistes à Gaza en est la triste et pitoyable illustration.
Pour sortir de ce cercle vicieux qui obère la vie démocratique dans les pays arabes, on devra, en Mauritanie, élaborer une nouvelle constitution pour assurer de façon pérenne son développement et sa stabilité politique.
Est-il nécessaire de rappeler ici que la conjugaison de plusieurs facteurs, économiques, démographiques, culturels, politiques, sociaux, sociologiques et sociétaux, a radicalement bouleversé la scène politique nationale. C’est pourquoi il serait illusoire de vouloir continuer à gérer le pays avec un logiciel qui date du milieu du siècle dernier. Sauf à vouloir arrêter la marche inexorable du temps.
C’est dire qu’il est urgent de refréner les velléités néfastes des tenants du statu quo, des thuriféraires de tout poil et autres extrémistes qui ne voient ou ne veulent voir que la partie émergée de l’iceberg : Le confort du moment.
Pour désamorcer toutes ces bombes à retardement qui menacent, à terme, l’avenir et le devenir du pays, on devra, le moment venu, penser à l’élaboration d’une nouvelle constitution qui actera la naissance de la 3ème république. Il ne s’agira pas d’une révision, d’une réforme ou d’une modification de la constitution mais d’une refonte totale de l’actuelle Loi fondamentale.
En Mauritanie, on a déjà connu deux républiques : la première république (1960-1978), la deuxième république (1978-2029) au cas où l’actuel président est élu pour un second mandat. Si l’initiative proposée est retenue, la nouvelle constitution entrera alors en vigueur en 2029.
Un nouveau projet de société
Rien de durable ne peut être bâti sans fondation. Cette vérité élémentaire vaut, naturellement, pour la stabilité et la pérennité de l’Etat et de ses institutions.
Dans cette optique et au-delà du confort passager du moment, il devient urgent de bâtir un nouveau projet de société sur la base d’une répartition constitutionnelle du pouvoir entre les différentes composantes nationales. Une répartition juste, avec, comme corollaire, une redistribution plus équitable de la richesse du pays entre tous ses habitants.
Pas de méprise. Au-delà du discours hypocrite des professionnels du boniment et autres thuriféraires, il faut se rendre à une évidence : Pour peu qu’on se place dans une optique prospective, tout analyste averti conviendrait que la préservation de l’unité nationale, de la paix civile et sociale, voire de la pérennité de l’Etat lui-même, est à ce prix. L’avènement de la troisième république pourra, peut-être, constituer le salut tant attendu.
Dans une optique prospective, le modèle politique qui sous-tend cette troisième république est une synthèse entre l’Etat unitaire, une décentralisation poussée et, si les circonstances l’exigent, un certain type de fédéralisme.
Sans s’attarder sur les détails, passons en revue les principaux axes de cette nouvelle constitution. Une fois opérées, ces modifications constitueront un changement radical et une bouffée d’air frais dans la vie politique nationale. Cela concernera, notamment, un nouveau mode d’élection du président de la république, un retour au bicaméralisme avec le changement également du mode d’élection des membres de la haute chambre (Sénat), la bipolarisation de la vie politique nationale, et la création de 5 grandes régions autonomes en lieu et place des 12 actuelles. Tout en conservant, à part, Nouakchott, érigé en district…
Les régions autonomes
Dans cette optique, on pourra opérer un nouveau découpage territorial qui sera sous tendu par un objectif politique : une répartition plus hétérogène des populations. Les repères identitaires et géographiques disparaîtront avec le temps pour laisser place à de nouvelles grandes régions, plus viables économiquement.
En lieu et place de la douzaine de régions actuelles, nous aurons ainsi 5 grandes régions et un district : Nouakchott.
1. Région autonome Nord : Tiris Zemour, Adrar;
2. Région autonome Centre : Brakna, Tagant;
3. Région autonome Sud : Assaba, Gorgol, Guidimakha;
4. Région autonome Est : Hodh Chargui, Hodh el Gharbi;
5. Région autonome Ouest : Dakhlet Nouadhibou, Inchiri, Trarza;
District : Nouakchott.
Ces régions devront être dotées de nouvelles prérogatives pour les impliquer davantage dans la gestion des affaires locales. De même que des budgets régionaux conséquents.
Les budgets des régions autonomes pourront faire l’objet, le cas échéant, d’une étude séparée. Mais on peut dire, d’ores et déjà, que l’Etat central n’aura plus à gérer ces budgets. Son rôle se limitera à la conception des projets, au suivi et au contrôle. Les élus locaux prendront en main la gestion de leurs propres affaires.
On ne pourra plus invoquer, à décharge, le brouillard de la bureaucratie à Nouakchott, les détournements de fonds ou les pots de vin lors de la passation des marchés, notamment régionaux.
Avec des budgets conséquents (quelques centaines de milliards d’ouguiyas/MRO), les régions deviendront de nouveaux pôles économiques, notamment par la création d’emplois locaux, ce qui contribuera grandement à fixer les populations sur place et mettra fin à l’exode vers Nouakchott et les grandes villes du pays. On prendra alors conscience en Mauritanie, comme du reste dans tous les pays en développement, que le problème structurel demeure la répartition non équitable de la richesse nationale.
Les régions autonomes devront être dotées des infrastructures vitales : hôpitaux, universités, aéroports, caisses assurance maladie, etc.
Par ailleurs, chaque région autonome devra être dotée d’une cour de justice régionale qui coiffe les tribunaux départementaux. Les recours se feront au plan national auprès de la cour suprême. Les régions autonomes pourront se doter d’une police régionale qui viendrait épauler la police nationale, etc.
En matière d’administration territoriale, la tendance actuelle, de par le monde, consiste à desserrer l’étau du pouvoir central sur les entités régionales. Le monde est en mutation continue. Les collectivités locales ont une propension, de plus en plus affichée, pour s’émanciper de cette tutelle envahissante de l’État central. C’est pourquoi, on assiste, un peu partout, à des expériences de décentralisation poussée, qui sont le prélude à une future autonomie interne.
Ce schéma de régions autonomes est une formule entre une décentralisation poussée et une autonomie interne. Mais dans le cas d’espèce, il s’agira d’une autonomie interne dirigée, toujours dans le cadre de l’Etat unitaire.
Les instances des régions autonomes
Dans chacune de ces entités, le législatif local sera constitué par une Assemblée régionale, élue au suffrage universel. Pour sa part, l’exécutif local sera constitué par un Conseil exécutif et son président, tous désignés par l’Assemblée régionale. Les prérogatives, compétences et attributions des deux organes législatif et exécutif régionaux seront fixées par l’Etat. Les conseils municipaux resteront en place dans leur forme actuelle.
Les 5 régions autonomes et le district de Nouakchott conserveront des walis qui représentent l’Etat. Ils seront assistés dans chacune des anciennes régions par un wali-adjoint. Le wali de chaque région autonome sera nommé par le président de la République sur proposition du Conseil exécutif régional. Celui-ci proposera au chef de l’Etat trois noms parmi lesquels il en choisira un. Sur le plan protocolaire, le président de l’exécutif régional devra avoir la prééminence sur le wali et ce pour montrer l’importance qu’on accorde aux nouvelles régions autonomes.
L’Etat déterminera le champ des attributions respectives des instances des régions autonomes et des agents d’autorité (wali, walis-adjoints, hakems…). Ces instances des régions autonomes auront ainsi des compétences propres et des compétences partagées qui demanderont le contreseing du wali.
Le ministre de tutelle, en l’occurrence, le ministre de l’Intérieur, pourra annuler toute décision des régions autonomes qui, de l’avis du pouvoir central, ne seraient pas en accord avec la loi ou l’intérêt national. Les intéressés pourront, toutefois, contester le bien-fondé de cette décision en demandant l’arbitrage du chef de l’Etat.
Les membres des deux organes régionaux (exécutif et législatif) devront avoir une indemnité de fonction conséquente. Le président de l’Assemblée régionale et le président du Conseil exécutif devront, pour leur part, avoir des émoluments et des avantages similaires à ceux des ministres.
Servir son pays est, déjà, un objectif fort louable mais ceux qui sont à la manœuvre devront être placés dans des conditions matérielles convenables.
La création de régions autonomes, telle qu’esquissée plus haut, constituera, sans doute, une nouvelle donne stratégique sur l’échiquier politique national. Elle provoquera aussi, probablement, un engouement sans précédent et une émulation entre les différents acteurs politiques car tous les regards seront braqués vers ce nouveau et important centre d’intérêt. Ce qui, naturellement, atténuera la tension au niveau national.
A SUIVRE :
*Le président de la République, au terme du prochain mandat, devra, à l’avenir, être élu au suffrage universel indirect par un collège de grands électeurs. Cette disposition constitutionnelle est destinée à contrer de réelles et dangereuses velléités politiques sous-jacentes que beaucoup de gens n’entrevoient pas pour le moment.
*Pourquoi un retour au bicaméralisme et pourquoi les sénateurs devront-ils être élus au niveau de chaque région autonome ?
*Bipolarisation de la vie politique nationale. Le nombre des partis politiques devra être ramené, constitutionnellement à une dizaine sur la base de sensibilité commune et de projet de société. Ce regroupement des partis politiques (libéraux et conservateurs) devra se faire dans un cadre idéologique précis :
-socialiste
– libéral
– islamique
– nationaliste
– écologique
. Autres dispositions constitutionnelles
NB. Ci-joint carte des régions autonomes.
Découpage territorial proposé
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