Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Doit-on rester forgeron ou griot de père en fils?

Ely Ould Krombelé – Peut-on rester impassible quand son peuple s’entre-déchire, s’invective à raison de joutes verbales, d’insultes se référant à l’arbre généalogique de tel, ou la condition sociale de telle autre entité ? Tantôt ce sont les “griots” qui sont indexés, tantôt les “forgerons”, et quant aux haratines, c’est une constance que d’être traités de moins que rien…

Comme si le 28 Novembre 1960, jour de notre indépendance, la république de surcroît, islamique qui devrait pourtant garantir l’égalité des droits, n’avait pas été proclamée, et que le concept de citoyenneté n’avait été qu’un leurre.

Il est impératif de rappeler que depuis ce jour du 28 novembre 1960, ne sont forgerons, griots, ou esclaves que ceux qui le veulent ou ceux, peu éduqués ignorant leurs droits inaliénables devant toutes les juridictions nationales et internationales.

A moins que les moules qui leur ont été attribués par la société dans laquelle ils vivent, ne leur donnent une entière satisfaction. Certes, il arrive que des chaînes invisibles servent de freins à toute idée salvatrice, car ceux qui profitent de cette déplorable voire anachronique situation, n’encouragent pas au changement des mentalités rétrogrades.

Il arrive aussi que le maître et son esclave ou son forgeron soient emportés par le même ouragan de l’ignorance. En effet la dialectique élaborée par le philosophe allemand Hegel, précurseur du grand théoricien du matérialisme historique, Karl Marx, nous enseigne le rapport ambigu du degré de dépendance formelle(chez l’esclave)et de la dépendance matérielle (chez le maître).

Autrement dit si l’esclave dépend de son maître, autant le maître ne peut se passer de son esclave. C’est ainsi que la stratification de la société mauritanienne traditionnelle porte encore en elle-même les bourgeons de sa longévité ..

Aussi les vieilles traditions, surtout les nôtres qui évoluent dans un milieu peu enclin à la modernité, ont la peau dure, car il est très difficile de balayer d’un coup de baguette le naturel existant.

Même la construction de l’esprit scientifique au 20éme s’est heurtée à ce que le brillantissime philosophe Gaston Bachelard appelait l'”obstacle épistémologique”.

C’est en procédant surtout à la “psychanalyse de la connaissance”, après celle de la conscience avec Sigmund Freud, que l’homme s’est débarrassé des vieilles contingences issues de l’émotion, de l’intuition, de la phénoménologie et surtout de la connaissance populaire au profit cette fois de la rationalité ou connaissance scientifique.

Alors, cette rigoureuse démarche scientifique ne peut-elle pas être appliquée à nos sociétés “figées” dans le temps depuis la glorieuse Koumbi Saleh ?

Et pourtant notre Histoire parle d’elle-même. Nous n’avons pas besoin de vestiges encore moins de fouilles archéologiques pour mener des investigations nécessitant le recours à l’isotope du “carbone 14”. Notre passé est encore ….présent et notre espace géographique sur lequel nous avions et continuons d’évoluer est limité car lui-même….délimité.

Parce que nous sommes toujours le trait d’union entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire. Alors si nous sommes noirs , nous appartenons à l’ensemble Manding, lui-même dérivé du vieil empire Soninké du Ghana, ou encore issus de l’ensemble Peul dont sont dérivés les Hal pular du Fouta, et les “Walo-Walo de Mauritanie.

Les Soninké sont les premiers habitants de l’actuelle Mauritanie, en tout cas dans ses sphères centrale et australe. Chinguetti est un terme soninké, très connu surtout en Orient depuis plus d’un millénaire.

Si nous sommes blancs donc arabo-berbères, nous constituons un mélange entre les Sanhaja venant d’Afrique du Nord, qui ont (la sécheresse aidant) repoussé les Soninké vers le Sud jusqu’aux frontières malienne et Sénégalaise actuelles.

L’arrivée des Arabes Beni Hassan vers le 13ème siècle, n’a pas changé l’organisation sociale des populations, hormis l’instauration du système des émirats et la propension de la langue Arabe. Car le système de castes existait déjà en pays soninké.

Les griots maures feront l’exception, ces derniers n’ont existé qu’avec l’arrivée des Arabes Beni Hassan. Un adage maure ne dit-il pas que le “griot ne peut-être l’ami du marabout”? Les griots sont les amis des guerriers, ils les poussent à aller “casser la pipe” lors de nombreuses batailles intestines.

Sans les griots pour les galvaniser, beaucoup de guerriers se seraient cachés sous les “varou”(couverture en peau de bête), ou manqueront au retentissement du tobal”(tambour) qui fait appel à la guerre.

Pour dire vrai, la notion de forgeron est une “invention ” des Soninké, et la notion de griot une autre invention des Manding, peuple à cheval entre le Mali et l’actuelle Guinée Conakry, avant de se propager vers d’autres contrées; Gambie, Guinée Bissau, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sierra Léone, et le nord du Sénégal. Les Maures n’ont fait que “copier”.

A/ Le forgeron ou l’ “invention” Soninké :

Après la chute de l’empire du Ghana, un chef Sarakolé ou Soninké(c’est pareil), fonde dans la région de koulikoro, au Mali actuel, le royaume du Sosso, sous la dynastie des Diansso et qui règne jusque vers l’an 1180. A cette époque, les Kanté, clan de forgerons animistes et hostiles à l’islam dominent la région.

Ainsi un patriarche nommé Sosoe Kémoko a tenté d’unifier le Sosso et le Kaniaga. Son fils le célèbre Soumaoro Kanté ou Soumangourou (pour les français), qui lui succède en 1200, fait régner la terreur. Ce roi-sorcier à la fois craint et haï, a été cependant vaincu par Soundiata Keita en 1235 à Kirina, près de Koulikoro, au Mali actuel. Depuis cette date le lynchage de la caste des forgerons n’a pas cessé.

Au contraire, la malédiction s’est accentuée lorsque l’empire du Mali a étendu son influence dans toute la sous-région, le sud et le sud-est mauritaniens compris. En effet s’il y a des Maures blancs forgerons aujourd’hui en Mauritanie, c’est à cause de notre proximité d’avec les Soninké d’abord et le Mali ensuite.

L’idée selon laquelle les forgerons seraient descendants de juifs ..n’est qu’une théorie mensongère abjecte d’une ignorance intolérable. A l’origine un forgeron est un maure blanc ou noir. Etre forgeron est un métier, ce n’est pas une lignée de père en fils. Il est temps que cesse cette lobotomisation d’une importante frange de notre société, et qui perdure depuis 1235.

On naît libre, on peut devenir forgeron si on le veut. c’est juste un métier. Etre forgeron en pays maure commence à devenir aussi affligeant qu’en pays soninké, ces derniers étant à l’origine du concept, qui au début du 12éme siècle relevait plutôt du génie et de l’acquisition du savoir-faire, avant qu’une campagne sordide ne se dresse contre eux depuis le 13ème siècle.

B/ Le griot ou l’ “invention” mandingue (Mali)

Si le premier forgeron était un soninké, l’ancêtre des griots est un Manding, dont le plus célèbre selon l’épopée est Balla Fasséké Kouyaté. Il était le griot de Naré Famakan Keita, le père de Soundiata, vainqueur du roi du Sosso, l’invincible Soumaoro Kanté lors de la bataille de Kirina en 1235. Le griot, à défaut d’écriture, perpétue l’Histoire chez les peuples manding, il galvanise et conseille les princes de la cour, entretient la rente mémorielle de l’empire.

En Mauritanie la notion de griot, comme celle de forgeron, a été “importée” du Mali, surtout lors de l’arrivée des Arabes Beni Hassan, particulièrement la célèbre tribu des Oulad MBarek. L’idée selon laquelle les griots maures seraient originaires de l’Andalousie est à prendre avec des pincettes en…bois.

Aussi à l’origine la majorité des griots maures viennent de nobles familles. On peut citer Eli Nbeïtt Ould Haibala, Derdeli Ould Sidahmed Awlil, des patriarches qui nous ont donné des patronymes comme Ehel Ndjartou, Ehel Bowbe Jiddou, Ehel Ahmed Zeidane, Ehel Amar Tichitt etc…. Au Trarza il y a Manou Ould Tangala, ancêtre de Ehel Meidah.

C’est ainsi que de par leur proximité au Mali que les Oulad MBarek et leurs cousins les Oulad Nacer ont “triché” pour avoir leurs griots. Le répertoire musical des princes Oulad Mbarek a subi l’influence de la musique des Soninké du Baghnou, près de Nara, et des Bambara de Ségou. Les princes Oulad Nacer avait de l’influence sur le royaume Bambara du Kaarta dont la capitale était Nioro du Sahel.

Jusqu’en 1960, l’ambassadeur Mohamed Moktar Ould Bakar, représentait les intérêts de sa tribu et surtout de son frère, le chef traditionnel des Oulad Nacer, le prince Ethmane Ould Bakar, auprès des colons français à Nioro.

L’on constate que la notion de griot n’existe que dans les pays limitrophes du Mali, là où cet empire moyenâgeux a jeté ses tentacules. On ne naît pas griot ,on le devient. Mais de nos jours qui ne veut pas être griot? Je vois mal un Bouyagui Ould Nevrou, un Sedoum Ould Abbe ou une Malouma Mint Meïdah cesser de chanter les louanges de qualité pour ainsi amasser le pactole lors d’une seule soirée mondaine, pactole qui équivaudrait au salaire d’un ministre des finances, rien d’une nuit.

Comme quoi, de nos jours, être forgeron( poète) ou griot (musicien) est plus rentable que d’enseigner les sciences humaines ou normatives dans une université à Nouakchott, Dakar ou Bamako.

Enfin, on peut constater ici que les mauritaniens ignorent leur propre Histoire. Que la majorité de nos us et coutumes proviennent de nos voisins les Noirs: Soninké d’abord, ensuite Bambara et Wolofs. Si les Arabes ont apporté l’Islam et la langue Arabe, les Peuls quant à eux ont répandu la parole divine, le plus souvent avec l’écoulement de leur sang, du Fouta mauritanien jusqu’au Nigeria, en pays Haoussa.

Alors, doit-on être griot ou forgeron de père en fils? Non car notre sainte religion ne reconnaît pas cet “héritage” encombrant. Je persiste, de nos jours, ne sont griot, forgeron ou esclave que ceux que cette condition anachronique arrange. L’avènement d’une république islamique a tranché depuis 1960./.

Ely Ould Krombelé, France

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Mauritanie : l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz, incarcéré, opéré avec succès

Le Figaro – L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, en détention préventive depuis juin dans une affaire de corruption présumée, a subi samedi soir une opération de cathétérisme cardiaque «réussie» à l’hôpital national de cardiologie de Nouakchott. Le cathétérisme cardiaque permet d’élargir les veines aux fins d’améliorer la circulation du sang dans le corps du patient.

Mohamed Ould Abdel Aziz, 65 ans, avait été admis à l’hôpital militaire jeudi pour des «soins intensifs» après un malaise marqué notamment par des saignements du nez, avait indiqué un de ses avocats Me Mohameden Ould Icheddou.

«L’opération a été menée avec succès, avec l’accord sans hésitation de M. Aziz et après en avoir informé sa famille», précise le communiqué de l’hôpital national de cardiologie signé de son directeur qui est également le médecin personnel de l’ex-président.

Sa famille dit «craindre sa liquidation physique»

Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019 a été admis mercredi soir à l’hôpital militaire de Nouakchott pour des «soins urgents», avait indiqué jeudi un de ses avocats à l’AFP Mohameden Ould Icheddou, appelant les autorités à évacuer son client vers l’étranger pour des soins «intensifs».

La Cour d’appel de Nouakchott avait une nouvelle fois rejeté début novembre une demande de remise en liberté provisoire de l’ex-dirigeant mauritanien.

Dans un communiqué publié mercredi soir, sa famille avait dit «craindre sa liquidation physique» par le régime qui a «échoué dans ses tentatives de le liquider politiquement».

L’ex-chef de la Mauritanie a été inculpé en mars de corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice. Il a été placé en détention en juin dans une prison de Nouakchott pour non-respect des mesures de son contrôle judiciaire et trouble à l’ordre public.

Le Figaro avec AFP

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DES RÉFUGIÉS MAURITANIENS OBTIENNENT LA NATIONALITÉ SÉNÉGALAISE

Une cérémonie de levée des couleurs bien particulière s’est déroulée, ce mercredi 29 décembre, à l’État-Major particulier du président de la République, dans les locaux de l’ex-Primature, qui a abrité la cérémonie de remise de décrets de naturalisation à des réfugiés mauritaniens. Une récipiendaire ne s’est pas levée, lors de la diffusion de l’hymne national. A sa décharge, elle s’occupait de son bébé braillard.

51 décrets de naturalisation ont été signés par le chef de l’État, Macky Sall. Une dizaine parmi les nouveaux citoyens sénégalais ont reçu le précieux document. Les autres extraits seront remis par l’administration territoriale dans les lieux de résidence des récipiendaires, a appris Emedia, au cours de la cérémonie.

« La cérémonie à laquelle nous assistons, et qui est empreinte de symboles, constitue l’aboutissement d’un processus élaboré par les autorités étatiques en relation avec les différents partenaires », a, d’emblée, relevé le chef d’État-Major particulier du président de la République, le Général de division aérienne Joseph Mamadou Diop.

Hausse des naturalisations de réfugiés

Poursuivant, le président du Comité national chargé de la gestion de la situation des réfugiés rapatriés et personnes déplacées (CNRRPD) a souligné, pour s’en féliciter « qu’au titre, du bilan des naturalisations qui ont été accordées au cours des dernières années, une augmentation sensible a été enregistré. »

En effet, a-t-il ajouté : « si en 2019 et 2020, le nombre avait atteint respectivement quatre et dix, pour 2021, cinquante et un réfugiés vont bénéficier de décrets de naturalisation. » cela dénote, a-t-il apprécié, des « efforts inlassables consentis par l’État du Sénégal, pour une prise en charge efficiente de la situation des réfugiés parmi laquelle figure le projet de loi portant sur le statut de réfugiés et des apatrides qui garantira à terme une protection plus efficace de ces populations vulnérables. »

Le Sénégal félicité par la communauté internationale pour « sa courageuse et louable initiative »

Pour rappel, après avoir ratifié la Convention de 1954 relative au statut des apatrides et celle de 1961 concernant la réduction des cas d’apatridie, l’État du Sénégal a, par la loi 2013-5 du 8 juillet 2013 modifiant la loi 61-10 du 10 mars 1961 et déterminant la nationalité sénégalaise, introduit des dispositions destinées à prévenir l’apatridie dans la transmission de la nationalité par la filiation et le mariage, entre autres. Aujourd’hui, le gouvernement sénégalais est encouragé à aller de l’avant, en renforçant ses actions afin d’accélérer les progrès pour les personnes désireuses d’acquérir la nationalité sénégalaise.

En attendant, le coordonnateur du système des Nations Unies au Sénégal, Siaka Coulibaly, a apprécié cette étape « importante », soulignant que le gouvernement du Sénégal a beaucoup œuvré pour assurer la gestion et l’intégration de ces réfugiés.

D’autant plus qu’a-t-il souligné « la naturalisation apparait comme une importante solution durable mettant ainsi fait à leur statut de réfugiés. » et, « il est certain que leur intégration dans la Nation sénégalaise sera utile et enrichissante d’autant plus que la plupart de ces bénéficiaires exercent déjà des activités économiques et professionnelles d’un certain intérêt pour le pays, et marquent ainsi leur contribution au processus de développement du pays », a-t-il conclu, en présence de la représentante Multi-pays du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) au Sénégal, Monique Ekoko.Dié BA
Photos : Abdoulaye SYLLA

29 décembre 2021

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE: LES CONDOLÈANCES DES FPC AU PEUPLE MAURITANIEN

Les Forces Progressistes du Changement (FPC) viennent d´apprendre avec une grande tristesse le rappel à Dieu de l’ancien candidat de notre coalition à la présidentielle de juin 2019, Dr Kane Hamidou Baba,  président du MPR et de la CVE, décès survenu le lundi 27 décembre à Las palmas,  en Espagne.
Avec cette disparition, la Mauritanie vient de perdre un patriote sincère, un technocrate chevronné et un membre éminent de l’opposition démocratique du pays.
Le président Samba Thiam, avec qui le liaient des relations d’échanges suivis sur des sujets nationaux d’intérêts communs, et le Bureau Exécutif National des FPC, à travers lui, tous nos militants et sympathisants,  présentent leurs condolèances les plus attristées au peuple mauritanien dans son ensemble, sa famille biologique, sa famille politique suite à cette immense perte.
Nous prions qu´Allah le Tout Puissant l’ accueille en son Saint Paradis et que la terre de la Mauritanie qu’il aimait tant lui soit légère. Amine!
Adieu Hamdou.Et la lutte continue!
Nouakchott le 27 décembre 2021.
Le département de la communication

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Meeting UPR : Pari gagné ?

L’Union pour la République (UPR), principal parti de la majorité présidentielle a réussi le pari de la mobilisation lors du meeting qu’il a organisé, le samedi 25 décembre, dans l’après-midi, à l’ancien aéroport de Nouakchott, sous le thème de l’« équité ». C’est en tout cas le moins que l’on puisse dire, eu égard à la forte foule qu’il y a eu. Comment ? C’est la question que les observateurs se posent. Parce que ce sont des vagues de citoyens qui sont venus de tous les quartiers de Nouakchott, à pied ou à bord de véhicules. On a senti comme une espèce de « compétition » des différentes fédérations et hauts cadres dans la mobilisation. On s’est, par la même occasion, rappelé des méga meetings d’Ould Abdel Aziz en 2009 à la centrale thermique de Nouakchott quand il clôturait sa campagne présidentielle ou celle de l’aéroport en 2019, au terme d’une tournée au profit de son alter ego et candidat, Ould Ghazwani. Ce mega meeting renseigne que des leçons apprises depuis le PRDS de Ould Taya restent, au vu des pratiques, toujours vivantes. En dépit de belles paroles dont on nous arrose, les autorités mauritaniennes, les hauts responsables continuent à démontrer au peuple mauritanien combien ils sont passés maîtres dans la métamorphose politique. L’opportunisme et l’hypocrisie quand elles nous tiennent !

Un nouveau tournant ?

Si l’objectif de ce meeting était de réaffirmer le soutien du parti au président de la République, à ses engagements, l’UPR peut se frotter les mains. Et si on était dans une compétition électorale, on peut affirmer sans gros risque de se tromper que le président Ghazwani sortira victorieux, haut la main au premier tour de son 2e mandat. Seulement, on n’en est pas encore là. Il lui reste presque la moitié du parcours. Le président et son parti ont réussi cette rentrée politique et partant à renvoyer aux oubliettes, aussi bien l’ancien président Aziz qui ne baisse pas les bras et dont les soutiens continuent à se battre pour le sauver, mais également l’opposition dont les grands partis ont presque sombré dans un mutisme préoccupant

C’est là une situation paradoxale dans la mesure où ce meeting intervient dans un contexte social particulièrement difficile. Les prix des denrées de première nécessité ne cessent de flamber, rendant davantage précaire la vie de la majorité des populations. Au vu du meeting, on comprend pourquoi les mauritaniens qui grognent dans leur majorité ne manifestent pas, comme ailleurs contre la hausse des prix. Pourtant dans les rues, bureaux et transports, ils ne cessent de pester contre le pouvoir, contre la dégradation continue de leurs conditions de vie, contre les lenteurs dans les changements qu’ils attendent de leur Rais, lequel vient de se rendre compte, deux après son élection que ses promesses tardent à profiter aux populations. Aussi, il aura fallu que le président fasse le constat pour que l’UPR se rappelle peut-être que celui qu’elle avait choisi comme « référence » contre celui qui l’avait fondée, que celui-ci a besoin de son soutien. Un soutien pas très déterminant depuis son congrès de fin décembre 2019. Comme on dit ailleurs, quand le président tousse, c’est le gouvernement ou le Parlement qui s’enrhume.

Le contexte politique est quant à lui aussi grippé ; le dialogue en gestation peine à accoucher d’un consensus autour d’un comité de pilotage. Et si cela met en mal l’opposition, cette situation réjouit certains faucons de l’UPR et du gouvernement, opposés à toute idée de dialogue.

Au sortir de ce meeting dit de l’« équité », le président est conforté par sa majorité et peut désormais aborder un nouveau tournant dans sa gouvernance. Le recentrage de l’Inspection générale d’Etat, rattachée désormais à la présidence de la République et les changements opérés, il y a quelques jours à la tête des forces armées et de sécurité seraient-ils un prélude à la refonte du gouvernement et des établissements publics qui servent à caser « les recyclés » qui perpétuent la gabegie ? On ne fait pas du neuf avec du vieux, surtout quand l’équipe peine à gagner parce que constituée de gens « mouillés » jusqu’au cou. On a vu comment certains ont essayer de se repositionner à l’occasion du meeting de l’équité. Recyclage quand tu nous tiens !

« L’équité », disent-ils

Le meeting de l’UPR a été l’occasion de revisiter les thèmes de prédilection du président de la République, mainte fois répétés dans ses discours dont celui récent d’Ouadane. C’est celui- là qui a été le déclic pour sortir l’UPR du silence.

 Aussi, le président de l’UPR a-t-il repris ces thématiques. Il d’agit des archaïsmes sociaux et leurs pesanteurs sur certaines composantes du pays, victimes de marginalisation. « Le temps de la hiérarchisation sociale est révolu », a déclaré Ould Taleb Amar devant un public acquis à la cause ghazwanienne. Il a rappelé la volonté du président de la République de « rebâtir une société unique qui ne présente pas les personnes sur la base de leur appartenance à telle ou telle frange sociale. »  Enfin, pour le président de l’UPR, l’« État ne reconnaîtra le citoyen que sur la base de son rendement pour son pays et à son peuple », et « la justice est désormais consolidée et bâtie sur des bases solides et sures ». Il a aussi évoqué l’unité nationale, la cohésion sociale mais également les réalisations du président Ghazwani, lequel s’est offusqué, il y a quelques semaines des retards dans l’exécution de ses engagements électoraux.

En effet, dans son discours d’Ouadane, le président a prononcé plusieurs fois ce vocable d’ « unité nationale » dont on parle depuis des années sans qu’on sache exactement ce qu’il faut y mettre comme contenu, au point qu’il risque de devenir un slogan creux comme la « lutte contre la gabegie », «le président des pauvres » dont le nombre ne cesse d’augmenter dans le pays. Parce que depuis les évènements de 87-90, très peu de progrès ont été notés dans le règlement du passif humanitaire et les efforts faits pour régler la problématique de l’esclavage n’ont profité que très peu aux victimes de cette pratique et de ses séquelles. ANAIR, TADAAMOUN et aujourd’hui TAAZOUR ont nourri beaucoup plus les hommes d’affaires, les fonctionnaires qui y travaillent et entretenu le clientélisme à travers de juteux marchés qu’à leurs cibles. Il ne suffit pas de parler de cette unité nationale mais la mettre en œuvre, d’enrayer les pratiques qui l’entravent au lieu de traiter ceux qui en parlent de racistes, d’extrémistes et de traitres, A côté des « nominations et établissements monocolores », dénoncés par certains acteurs politiques, il y a aussi ce qui se passe dans les médias publics où des actes sont posés tous les jours pour donner à certains l’impression d’être des  citoyens étrangers dans leur propre pays. La HAPA a eu le courage de dénoncer ce non-respect de la diversité telle que préconisée par la Constitution. Construire l’Unité nationale passe par le respect de l’autre dans sa différence, non dans une volonté de l’« assimiler» à marche forcée.

On ne peut pas construire une unité nationale en oubliant de montrer dans des manifestations pareilles, ce que le pays compte comme diversité (Festival des villes du patrimoine). C’est l’une des raisons qui fait que nombre de citoyens ne se sentent pas concernés par ce genre de manifestations.

 

Exhibition de signes ostentatoires

Dans le contexte de COVID et de grande précarité de la majorité de la population, certains responsables devraient s’abstenir d’exhiber un luxe insolent dans les manifestions politiques. Ce qu’on a vu comme voitures de luxe dont certaines V8 sans immatriculation est tout simplement frustrant, voire provocant. On a assisté comme à un salon d’autos dernier cri. Bon Dieu, d’où ont-ils tiré cette richesse ? L’ont-elles acquise honnêtement ? On peut en douter. La gabegie et la vente de produits illicites pourraient aussi être à l’origine de ces richesses ostentatoires. Pour les étaler, certains responsables de Moughataa n’ont pas hésité à planter des tentes pour installer, avec nourriture et eau des populations dont certaines ignorent pourquoi elles sont là. D’autres distribuent masques et des bouteilles d’eau aux passants. Certaines sociétés ont déporté sur le terrain leur logistique pour se faire voir. On aura tout vu. Comme toujours ! C’est dire combien la tâche d’ éradiquer la gabegie avec ses corollaires, le faux et l’usage  de faux, le trafic d’influence et autres, l’incivisme, les inégalités reste encore comme une illusion.

 
                                                                                                                                                                             Dalay Lam

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