Mauritanie : le nouveau prêt saoudien sacrifie les nouvelles générations
Le nouveau prêt saoudien de 300 millions de dollars soit plus de 10 milliards d’ouguiya ou 100 milliards ancienne monnaie suscite des interrogations des observateurs qui pointent des difficultés de gestion du budget 2021-2022.
Cet emprunt important de l’Etat mauritanien de 20 ans avec 8 ans de différé est très avantageux à court terme mais à long terme cette dette sacrifie les nouvelles générations qui vont payer l’ardoise. En attendant le gouvernement en profite d’ici 2024 au moins pour renforcer le budget général qui s’élève à 80 milliards d’ouguiya en augmentation de 10 milliards par rapport à 2021. Pour renforcer cette tendance le prêt saoudien constitue de l’oxygène pour les finances publiques au moment où le gouvernement relance les investissements pour les secteurs productifs.
Mais le pays reste vulnérable à la prolongation du covid-19 et devra faire face aux risques sécuritaires dans la sous-région et au conflit prolongé en Ukraine. La sècheresse et les fortes pluies enregistrées en 2022 pourraient entraîner une baisse de la production agricole par conséquent une remise en cause de l’autosuffisance alimentaire et une augmentation de la pauvreté.
La viabilité budgétaire ne passe pas forcément par des emprunts qui ne font que reculer les échéances de remboursement. Plus la gestion de la dette est prudente mieux se portent les projets de développement en souffrance depuis des décennies et qui coûtent très cher au trésor public. C’est la condition sine qua non d’une bonne santé économique.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste